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Voir des œuvres au musée et/ou en ligne. Approches méthodologiques croisées des publics

Cet article discute des méthodes permettant de caractériser les publics des contenus muséaux en ligne, en se référant aux méthodes traditionnelles d’étude des publics et en intégrant les outils numériques. Plutôt que de se concentrer sur les publics d’un contenu spécifique, les auteures se penchent sur les publics touchés par des dispositifs numériques qui diffusent des contenus liés aux œuvres d’art et aux savoirs. La discussion s’appuie sur une double recherche : l’une sur les visiteurs des expositions en ligne proposées par des institutions et l’autre sur les publics touchés par les créateurs de contenus culturels sur les médias sociaux. Tandis que les compteurs d’audience sont aveugles aux caractéristiques sociodémographiques et à la réception, les questionnaires concernent soit la population dans son ensemble soit les pratiquants spécifiquement. Les démarches qualitatives doivent quant à elles combiner les outils traditionnels d’entretien et les incertitudes liées aux activités en ligne. L’association des méthodes reste donc nécessaire pour comprendre les déterminants de l’activité culturelle en général, et plus spécifiquement de celle en ligne.

Le livre d’art numérique : chronique d’une désillusion programmée. Le cas du catalogue d’exposition Edward Hopper, d’une fenêtre à l’autre.

Dans cet article, nous nous intéressons, à travers le cas du catalogue d’exposition numérique Edward Hopper, d’une fenêtre à l’autre, aux champs de tension multiples (économiques, sémiotiques, techniques…) qui dressent les contours de cet artefact culturel, au prisme des filtres interprétatifs de concepteurs et de lecteurs interrogés. Il s’agit de coupler de manière transversale et pluridisciplinaire l’étude des pratiques de conception et de réception avec l’analyse des formes et figures éditoriales. Cette analyse s’insère au sein du projet de recherche collectif « Catalogues d’exposition augmentés : zones de test », que nous avons mené entre 2015 et 2017, et qui proposait une première réflexion sur le livre d’art numérique en France, dix-huit ans après l’essor (et le déclin) des CD-Roms culturels. Nous en dressons ici le bilan rétrospectif, au vu des désillusions qui ont parsemé la courte existence de ce segment spécifique de l’édition d’art.

Exposer en ligne les collaborations. Ré-énonciations, et médiatisations numériques des collections.

L’article questionne et analyse les partenariats entre acteurs économiques et musées et notamment leurs produits dérivés élaborés en collaboration et exposés en ligne. La médiation est bouleversée : l’œuvre exposée dans le musée est transformée en produit dérivé disponible en ligne et cette ré-énonciation fait l’objet d’une médiatisation. Les enjeux symboliques et stratégiques des acteurs économiques et des institutions culturelles, les modalités sémio-discursives des collaborations exposées et les qualifications de la circulation des collections dans leurs divers régimes d’exposition sont au cœur du questionnement.

Google Arts & Culture. Représentations des institutions culturelles et substitutions des œuvres.

Cette contribution interroge la plateforme Google Arts et Culture en tant que dispositif numérique à prétention médiationnelle. Nous partons du principe que la plateforme repose sur une mise en scène dotée d’une spectacularité très intense et dont certains motifs permettent de l’analyser à travers sa dimension fantasmagorique. Nous étudions la présence des méta-formes qui organisent la lecture de la plateforme, ainsi que la façon dont cette lecture repose sur le principe du geste. A travers l’exploitation de petites formes numériques constitutives de la plateforme, nous observons de quelle manière cette dernière se construit en tant qu’industrie médiatisante. L’objectif est d’observer comment l’acteur Google capte et transforme les lieux où la culture est développée et contribue à sa circulation métamorphique. In fine, il s’agit de rendre compte de la tension entre la représentation numérique des espaces institutionnels et la façon dont cette représentation favorise des processus de substitution des œuvres virtuellement exposées. Cette tension est renforcée par le fait que les institutions sont garantes de la préservation et de l’exposition du patrimoine culturel et artistique.

Coopérer autour des dispositifs de médiation culturelle numériques au musée : acteurs, ajustements et contenus

Borne, projection visuelle, tablette en réalité virtuelle (RV), etc., se retrouvent aujourd’hui dans de nombreuses expositions des plus grands musées aux plus petits. Ce déploiement des dispositifs de médiation culturelle numérique in situ a été analysé par différents chercheurs qui ont notamment révélé les discours d’escorte et les imaginaires qui les entourent. Cependant, peu de travaux questionnent la manière dont ils sont concrètement produits. Là est l’enjeu de notre article qui questionne d’une part la stabilité des attentes envers ces dispositifs et d’autre part les relations de travail qui se nouent autour de leur déploiement. Notre résultat principal montre que les services de médiation ne sont pas associés d’emblée à leur conception et que des négociations s’opèrent entre service scientifique, de médiation et prestataire, ces derniers pouvant tantôt être cantonnés à un rôle de sous-traitant technique, tantôt être force de proposition.

Promotion, promesses et prophétie de la visite virtuelle au musée

Cet article propose de questionner les imaginaires de la visite virtuelle muséale par le prisme des entreprises qui les produisent et en font la promotion. Il émane d’une analyse du discours d’escorte d’un corpus récolté au cours de trois enquêtes ethnographiques dans deux salons professionnels internationaux dédiés aux secteurs de la culture et du tourisme : SITEM et Museum Connections. Si l’argumentaire promotionnel s’appuie d’abord sur des promesses technologiques et de médiation culturelle, l’analyse approfondie du corpus révèle l’idéologie du progrès technique et du solutionnisme technique qui soutient ce discours. L’article tente alors de mettre en lumière les intérêts sous-jacents au développement du marché de la visite virtuelle dans un contexte de structuration du secteur du numérique patrimonial.

Signifier l’ouverture tout en matérialisant la fermeture : les musées sur les réseaux sociaux numériques

Les confinements des années 2020 et 2021 ont amené les institutions culturelles à investir de façon privilégiée les dispositifs numériques. Et si ces dernières déployaient déjà des contenus en ligne, et notamment des « expositions virtuelles », tout en étant présentes sur les réseaux sociaux numériques, le contexte a fait de ces dispositifs des moyens privilégiés non seulement pour leur communication mais également pour leur médiation. S’appuyant sur l’analyse sémiotique et discursive des productions en ligne de quatre institutions culturelles en région et à Paris, cet article s’interroge sur la façon dont la fermeture les a amenés à investir de façon privilégiée les médias informatisés en venant naturaliser des enjeux de pouvoir.

Entrer par la documentation ? Modalités alternatives de visite des musées de Beaux-arts

Cet article, fondé sur des observations menées au cours des vingt-cinq dernières années, propose de revenir sur diverses tentatives de rendre numériquement accessible une part de la connaissance que les musées de Beaux-arts ont élaborée autour des objets de la culture qu’ils détiennent, en replaçant les projets analysés dans les contextes politiques et techniques dans le cadre desquels ils ont été portés. L’objectif est de montrer à partir de quelles représentations des missions du musée, de notre patrimoine culturel ainsi que des attentes des publics, ces propositions de découverte en ligne ont été conçues. L’étude met également en lumière les liens que ces nouvelles modalités d’accès à notre patrimoine culturel tissent entre les œuvres et les discours tenus sur elles par les professionnels chargés de les étudier et de les documenter.

Les dispositifs informatisés de médiatisation muséale et patrimoniale : préfigurations d’un questionnement

L’article traite de la manière dont les questionnements soulevés dans trois enquêtes, au moment de l’arrivée des dispositifs informatisés de médiatisation dans les musées à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci, préfigurent ceux actuels sur les relations entre ce type de dispositifs – ainsi que les industries qui les produisent – et les institutions muséales et patrimoniales. Après un rapide rappel du contexte, les trois enquêtes sont résumées et leurs résultats rappelés. Ces enquêtes portent respectivement sur les interactifs, cédéroms et sites de musée au Canada et en France ; sur les premiers usages des cédéroms de musée ; sur les audioguides informatisés et de leur usage, complétée d’une étude sur les applications mobiles de guidage pour musées ou sites patrimoniaux. Les principaux résultats font ensuite l’objet d’une analyse secondaire et d’une discussion qui ouvrent sur les questionnements actuels.

Véridicité de l’information : un concept opérationnel pour l’éducation critique aux médias

Muriel Béasse
Le phénomène des fake news est une opportunité d’interroger les liens entre journalisme et vérité en considérant, en miroir, la relation que les journalistes tissent avec leurs publics, et ce, au sein même de leurs récits d’information. Cette contribution s’intéresse à la notion de véridicité, au centre de l’énonciation journalistique, afin d’offrir des repères au cœur de la triade journalisme-vérité-publics. Elle s’avère pertinente pour comprendre la pluralité des pratiques d’écriture de l’information et servir d’outil dans le cadre de formations critiques aux médias. L’analyse d’indicateurs de véridicité dans des reportages multimédias et des enquêtes graphiques permet d’interroger les stratégies discursives du journalisme et leurs dimensions pédagogiques auprès des publics.

Quand l’émotion l’emporte sur la raison : les publics de RT France face au terme de fake news

Gulnara Zakharova
L’article examine le terme de fake news appliqué à RT France (anciennement Russia Today), chaîne transnationale d’information en continu financée par l’État russe. Accusée d’avoir diffusé des fake news depuis son lancement en 2017, la chaîne a été interdite dans l’UE en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Or, elle a déployé une stratégie de « retournement de situation », se présentant comme la victime de la censure et objet de discrimination, créant de fait un lien affectif avec ses publics, qui se sentent marginalisés et exclus de l’espace public dominant. En s’appuyant sur la théorie des contre-publics subalternes et à travers des entretiens semi-directifs des utilisateurs Twitter, l’article démontre que les sympathisants de RT perçoivent le terme fake news comme une « étiquette », injustement attribué à la chaîne, qui renforce leur confiance à l’égard de RT France au lieu de les avertir des risques potentiels de la consommation de ses contenus.

Loi française contre la manipulation de l’information en période électorale et pratiques professionnelles des journalistes face au phénomène des fake news

Mathieu-Robert Sauvé , Alexandre Coutant
Cet article propose d’analyser les conséquences de la loi contre la manipulation de l’information sur la production journalistique de la presse écrite durant les élections présidentielles de 2022 en France. De quelles manières les pratiques professionnelles ont-elles été affectées par ce nouvel encadrement juridique et quelle en a été la perception des journalistes ? Ces questions ont été explorées dans un questionnaire envoyé aux journalistes de terrain, une observation de leurs activités au travail et lors de dix entretiens avec des responsables de la rédaction de médias de France. L’analyse démontre que cette loi n’a eu à leurs yeux aucun effet sur la pratique du métier et n’a pas contribué à diminuer le nombre ni l’ampleur des fausses nouvelles. Les journalistes estiment que leur expertise est déjà fortement balisée par le droit français et renvoient la responsabilité de la vague de désinformation aux médias socio-numériques. Pour lutter contre la désinformation, c’est à leur impunité qu’il faut s’attaquer, clament-ils, en appelant à de meilleurs programmes d’éducation aux médias. Nous discutons cette perception du phénomène par la profession et questionnons ce que cela implique en termes de permanence de pratiques professionnelles.

La réception et le partage de (fausses) informations par les adolescents : des pratiques situées

Manon Berriche
À partir d’une approche pragmatique et interactionniste, cette étude examine comment la réception et le partage de (fausses) informations peuvent être favorisés ou au contraire entravés par certaines situations selon les contraintes énonciatives qui les sous-tendent. En reposant sur des entretiens collectifs, des observations et un dispositif expérimental, conduits au sein d’une classe de 4ème, cet article montre que les réactions des adolescents face aux (fausses) informations sont loin d’être une constante dépendant uniquement de variables cognitives et individuelles, mais varient selon le degré de publicité des situations.

Des « localiers » responsables de la diffusion de fausses informations ? Une défiance forte du politique.

Anaïs Théviot
Comment est vu le rôle du journaliste par les candidats et les militants dans la lutte contre la circulation rapide et massive de fausses informations en campagne électorale ? Cette interrogation sur la perception du rôle des localiers dans la diffusion de « fake-news » s’est fait jour lors de la conduite de notre enquête empirique sur le cas de l’élection municipale à Angers en 2020. Il est rapidement ressorti des entretiens avec les militants un climat de crainte autour de l’usage des réseaux sociaux justifié par la peur des fausses informations et de leur diffusion généralisée, même par ceux qui sont censés lutter contre. Nous verrons que la défiance est forte entre candidats et journalistes : les premiers accusant les seconds de participer à des campagnes de désinformation, en privilégiant le sensationnel et les polémiques à l’analyse. Ces accusations par le politique participent au dénigrement du métier de journaliste et interrogent sur les spécificités de la lutte contre les fausses informations dans l’espace local.

Fausser l’information journalistique pour mobiliser les algorithmes et les publics : comment les plateformes permettent-elles de faire du vrai avec du faux ?

Camille Alloing
Afin d’étudier la circulation des fake news en ligne, cet article propose une analyse info-communicationnelle du traitement endogène et automatisé des contenus journalistiques sur les médias socio-numériques dans un contexte de controverse environnementale. Regarder ce qui est fait avec ces contenus pour mobiliser des publics à soutenir une cause permet de définir une typologie de pratiques visant tant à les mettre en contexte qu’en circulation. Les contenus journalistiques étant eux-mêmes standardisés pour maximiser l’audience sur les plateformes, ils deviennent le meilleur moyen d’informer, de mobiliser comme de désinformer, sans avoir nécessairement à les reproduire de manière factice. La désinformation en ligne apparait ainsi comme une conséquence de la plateformisation de l’information et de la communication qui l’autorise voire la renforce.

Le debunking sur YouTube : une nouvelle pratique de lutte contre la désinformation en marge du ­journalisme

Florian Dauphin
Cet article s’intéresse à des acteurs en marge du journalisme, qui produisent des contenus pour lutter contre la désinformation. Ils réalisent des vidéos sur YouTube, qu’ils jugent avoir le plus d’efficacité afin de combattre, « debunker » selon leur terme, c’est-à-dire démystifier des théories, croyances ou informations qu’ils jugent fausses : « fake news », pseudo-sciences et théories complotistes. Ils se revendiquent sceptiques et partie prenante de la zététique. Notre interrogation consiste à comprendre les enjeux du debunking, et ses différences avec le fact-checking, en termes de stratégies et d’effets perçus par rapport aux publics.

L’autorité journalistique et ses failles : factualité, « bullshit » et « presque-vérité »

Alexandre Joux
Face aux fake news, le fact-checking rappelle les faits et atteste de leur véracité. Il passe toutefois sous silence la portée communicationnelle du journalisme qui, en s’adressant au public, vise aussi à donner du sens aux évènements. De ce point de vue, le journalisme semble démuni face au « bullshit », à savoir tous ces énoncés performatifs qui ignorent les faits plus qu’ils ne les trahissent. L’autorité du jour- nalisme s’en trouve affaiblie faute d’affirmer sa dimension politique, à savoir l’engagement qui consiste, pour son public, à interpréter les évènements dans une perspective la plus rationnelle possible. C’est ce qu’illustre le discours sur l’éducation aux médias associé au Décodex ou le fact-checking du débat de l’entre-deux tours de la présidentielle française de 2022 par CheckNews et les Décodeurs.

Accès à l’information : un enjeu de la participation citoyenne au Québec face aux projets miniers en région éloignée

Sara Germain
Dans le contexte québécois, bien que le Bureau d’audiences publiques en environnement (Bape) jouisse d’une bonne crédibilité en tant qu’institution de participation citoyenne (Gauthier & Simard, 2011), son efficacité fait curieusement défaut dans le cas de l’industrie minière où, malgré certains cas de forte opposition citoyenne, aucun projet d’exploitation n’a été refusé par le gouvernement (Deneault & Sacher, 2012). Cet article pose un regard critique sur les conditions de la participation citoyenne en regard de l’examen de projets miniers au Québec, particulièrement en région éloignée en analysant la mobilisation citoyenne découlant de l’annonce en 2017 du projet Authier Lithium de la minière Sayona Québec Inc. (SQI) en Abitibi.

La neutralité des journalistes à l’épreuve de la place des citoyens dans les dispositifs de consultation : la géothermie profonde en Alsace

Yeny Serrano, Jean Zoungrana
Cet article interroge la place du citoyen dans les discours d’information en contexte de controverse au sujet de la géothermie profonde dans l’Eurométropole de Strasbourg. Nous avons pris appui sur les dispositifs de consultation mobilisés au sujet de l’acceptabilité sociale de cette technique et la manière dont la presse quotidienne régionale en rend compte. En exploitant le discours des journalistes à travers un corpus constitué de 170 articles et de cinq entretiens, on observe que la neutralité journalistique revendiquée n’apparaît guère : la parole des opérateurs et élus demeure privilégiée au détriment de celle du citoyen cantonné à un rôle passif. La presse quotidienne régionale se présente ainsi comme un relais de la communication d’acceptabilité des industriels.

Débattre de l’énergie électronucléaire ? Conflictualités, participation et activisme délibératif des mouvements sociaux

Mikaël Chambru
Cet article propose une mise en perspective des approches de la délibération à partir du cas de l’énergie électronucléaire en France. En analysant la participation conflictuelle de la mouvance antinucléaire aux débats publics institutionnels, il montre la nécessité de dépasser la dichotomie traditionnellement établie entre acceptabilité sociale et « ensauvagement » dans les procédures délibératives. Puis, en s’appuyant sur une approche communicationnelle et politique de la délibération, cet article propose une conceptualisation des conflits et des désaccords au sein d’instances délibératives. Cette conflictualité est posée comme la base d’une nouvelle problématisation des rapports de force entre « opposants » et « promoteurs ».

La participation citoyenne au paysage au croisement d’initiatives institutionnelle et citoyenne : étude des cas d’un Plan de paysage et d’un Collectif forêt

Anne Carbonnel, Manon Desmartin Alissia Gouju
À partir de l’étude d’un Plan de Paysage et de l’émergence d’un Collectif citoyen dont l’objet est la forêt, cet article a pour objectif de réfléchir à la manière dont la sociologie de l’acteur réseau permet d’éclairer la participation des citoyens à des discussions portant sur le paysage. Cette étude compare deux démarches de participation citoyenne environnementale, institutionnelle d’une part et citoyenne d’autre part, pour mieux comprendre les ressorts et les freins de la participation.

Le budget participatif clermontois, exemple d’un dispositif participatif qui devient le catalyseur des enjeux environnementaux

Éric Agbessi, Nicolas Duracka

Le Budget Participatif de la Ville de Clermont-Ferrand est une politique publique qui répond à une triple situation de crise démocratique (de l’autorité politique et scientifique, de la participation démocratique et de la délibération publique). Sur les 32 projets votés par les citoyens, un quart ont une teneur écologique. Ainsi, les micros espaces publics délibératifs ouverts par l’initiative ont été marqués par une fragmentation. Premièrement, une tendance à produire des échanges régulés par une vision « instituée » du développement durable remettant très peu en cause notre modèle de développement citadin. Deuxièmement, l’émergence d’une forte incommunication et la marginalisation des porteurs de projets porteurs de visions transformatrices (décroissantes ou résilientes).

Justice environnementale et ressentiment vert : l’exemple d’arrondissements montréalais

Caroline Patsias
Cet article examine l’opposition des citoyens des classes moyennes et paupérisées aux politiques vertes dans deux arrondissements de Montréal. Via l’étude de conseils d’arrondissement, cette étude souligne comment la justice environnementale nourrit un ressentiment vert chez certains citoyens. Les citoyens observés ne sont pas idéologiquement contre les politiques environnementales. Ils se sentent plutôt emportés par une « révolution verte » dont ils supporteront la majeure partie des coûts sans en retirer de bénéfices à court terme. Leur conception de la justice environnementale croise une critique procédurale de la démocratie concernant la participation et la transparence et une critique substantielle des inégalités dans la répartition des coûts des politiques environnementales. Ces citoyens mettent également en avant un attachement à leur quartier qui lie l’environnement à une conception du bien commun.