Dossier
Les stratégies éditoriales des chaînes télévisées russes Rossia 1 et Perviy sur Telegram
L’article révèle les stratégies éditoriales contemporaines de deux chaînes télévisées fédérales russes sur Telegram. D’un côté, il démontre la manière dont Telegram parvient à contrôler la production de sens à travers les cadres et les formes de communication mis à disposition des médias éditeurs. D’un autre côté, il cherche à démontrer les moyens dont les éditeurs disposent afin de construire l’actualité en conformité avec leur propre identité éditoriale.
Le réseau Telegram étant un espace du pluralisme, les chaînes télévisées contrôlées par le Kremlin s’en saisissent efficacement afin de proposer aux usagers leur version de l’actualité. Elles parviennent en même temps à exploiter l’imaginaire du web participatif et à affirmer le poids des médias et du journalisme traditionnels. Rossia 1 et Perviy se saisissent de la souplesse des outils proposés par Telegram afin de diffuser une lecture de l’actualité conforme aux intérêts du pouvoir en place, tout en ciblant différents publics.
Regarder ensemble la politique à la télévision : la diffusion sur Twitch du débat télévisé d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle 2022.
Le 20 avril 2022, un débat entre les deux finalistes de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, a été organisé et diffusé par les principales chaînes de télévisions françaises. Nouveauté en 2022, ce débat a aussi été diffusé et commenté en direct sur plusieurs chaînes Twitch.
A travers une analyse des neuf streams ayant diffusé ce débat politique, nous cherchons à savoir dans quelle mesure Twitch constitue un espace alternatif aux médias traditionnels d’information, notamment la télévision. Malgré des formes a priori hétérogènes, ces dispositifs éditoriaux hybrident genres télévisuels et jeu vidéo. Ils constituent avant tout des espaces de partage pour les internautes qui choisissent de suivre ensemble ce moment de la vie politique.
« La culture, ça se partage ». L’audiovisuel public au cœur d’une mutualisation des pratiques du journalisme culturel
Notre objectif est d’analyser la manière dont l’audiovisuel public français repense l’information culturelle au sein d’un monde audiovisuel numérique en mutation. Ces reconfigurations, tout à la fois organisationnelles et techniques, interrogent l’évolution des pratiques professionnelles du journalisme culturel. Plus spécifiquement, nous prendrons le cas de Culture Prime, un dispositif pensé comme un « média 100 % vidéo » fournissant des contenus culturels sur les réseaux socio-numériques, lancé le 23 novembre 2018, par l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel public. Cet article entend dès lors questionner les coopérations envisagées entre France Télévisions, Radio France, l’Institut national de l’audiovisuel, France Médias Monde, Arte, TV5 Monde, ainsi que les enjeux politiques et institutionnels inhérents.
Une interview participative ? (Re)définir le rôle et les pratiques journalistiques dans « 20h22, la suite sur Twitch »
Lors de l’élection présidentielle française de 2022, France Télévisions propose pour la première fois une séquence sur la plateforme de streaming Twitch au cours de laquelle les journalistes Samuel Étienne et Alix Bouilhaguet interviewent les candidat.es à partir des questions postées par les internautes dans le chat. Présentée comme une innovation permettant de rendre les candidat.es directement accessibles aux questions du public, cette expérience exporte un genre télévisuel classique au sein d’une plateforme dont les contenus sont commentés en direct. Cela conduit à interroger le rôle et le positionnement des journalistes à l’égard des publics et des invité.es politiques. L’analyse porte sur le dispositif, les discours d’accompagnement et les pratiques des différents protagonistes, et plus particulièrement sur la sélection des questions, élément central de cette interview participative.
Introduction du dossier 2024B : Les reconfigurations de l’information télévisée
Dossier 2024 B Les reconfigurations de l’information télévisée Introduction du dossier 2024B : Les reconfigurations de l’information télévisée Céline Ségur Pour citer cet article, utiliser la référence suivante : Ségur Céline, « Introduction du dossier 2024B : Les...Dossier 2024 B : Les reconfigurations de l’information télévisée
Dossier 2024 BLes reconfigurations de l’information télévisée [Version PDF de 119 pages]Ce dossier a été coordonné par Céline Ségur➤ Introduction du dossier 2024B : Les reconfigurations de l’information téléviséeCéline Ségur➤ Les appropriations des chaînes...Les appropriations des chaînes d’information en continu (BFM TV et CNews/I-Télé) : émergence de nouveaux usages et fragmentation des publics
Les chaînes d’information en continu ont progressivement intégré les pratiques informationnelles des Français depuis une quinzaine d’années. Fondé sur une enquête qualitative menée entre 2015 et 2017, ce travail explore une partie de la relation qu’entretiennent les publics avec ces chaînes. La disponibilité permanente du flux d’information est à l’origine d’usages de l’information diversifiés reliés tant aux modes de vie contemporains qu’au rapport à l’actualité de chaque individu. Ainsi, les publics trouvent-ils, dans la pratique de ces chaînes, un moyen d’ajuster les temps dédiés à l’actualité dans leur quotidien et une fenêtre ouverte permanente sur l’état de la sphère publique. Cet article propose 5 idéal-types de profils d’usagers des chaînes d’information en continu : les Primo-accédants, les Minimalistes, les Modérés, les Assidus et les Intensifs.
Les mises en scène du territoire par les séries quotidiennes : représentations et réceptions
La télévision française a investi la région Occitanie pour situer trois séries quotidiennes, diffusées actuellement en access prime time (Demain nous appartient — TF1, Sète, 2017 ; Un si grand soleil — France 2, Montpellier, 2018 ; Ici tout commence — TF1, Saint-Laurent-d’Aigouze, 2020). Nous analyserons tout d’abord comment le territoire est mis en scène dans ces séries. Nous étudierons ensuite la mise en œuvre de visites guidées dédiées à ces séries. À partir d’observations de ces visites et d’entretiens réalisés avec les participant·es, nous observerons enfin comment ces « espaces-paysages »/« espaces à vivre » sont mis en récits et comment les différent·es acteur·trices impliqué·es configurent un rapport singulier au territoire.
Penser la construction sonore des territoires depuis la programmation des salles de musique ? Une étude des Smac en Occitanie
En adoptant une double perspective – étude des musiques populaires et approche communicationnelle- l’analyse de la programmation des scènes de musiques actuelles (Smac) en Occitanie propose de saisir la place de ces intermédiaires culturels dans la construction sonore de ce territoire. En tant que salles à la fois subventionnées par rapport à un projet territorial et inscrites dans la filière industrielle musicale, elles participent à représenter différemment cette région selon si elles utilisent des catégories musicales professionnelles (de « travail ») ou des catégories musicales de « communication » (destinées à leurs publics).
La construction de territoires créatifs contestée par la société civile : culture et création en conflits
Par l’analyse de conflits locaux induits par trois projets d’infrastructures pensés dans le cadre d’un paradigme créatif du développement socio-économique, cet article s’attache aux discours des acteurs et au cadre idéologique au sein duquel ils s’inscrivent pour caractériser les représentations qu’ont ces acteurs du territoire et des économies de la culture et de la création. Nous montrons que ces projets et les modalités de leur soutien par les décideurs publics tendent à mobiliser, parmi d’autres, des acteurs culturels locaux. Ces phénomènes induisent une politisation des projets en questionnant les formes de leurs attachements (ou leur absence) à l’économie locale de la création.
Roubaix en « Zone Interdite ». Un journal régional dans les rets de la « mal-traitance médiatique » d’une ville
Considérant « l’emballement médiatique » qui a suivi la diffusion, sur une chaîne de télévision nationale, d’un reportage sur l’islam radical en France, l’article s’intéresse à la polémique qui a concerné la ville de Roubaix. L’analyse du discours de la presse régionale diffusée sur ce territoire a permis d’identifier un phénomène ici qualifié de « mal-traitance médiatique ». L’article explique comment le journal étudié, tout en en étant partie prenante, s’est trouvé aux prises avec la polémique, entre autres dans son soubassement politique. Sur la fin, au-delà de pointer le statut et le rôle de l’image dans son rapport à la « vérité » en matière journalistique, l’article reprend à son compte la question de la « responsabilité sociale des journalistes », en l’occurrence face au procès médiatique, à portée « altérisante », d’une ville.
Le Pays Basque aujourd’hui au prisme des industries culturelles en Espagne
Les dernières années ont été marquées par une augmentation des représentations artistiques de l’histoire récente du Pays basque, destinées à un nouveau public et qui n’auraient pas été possibles sans la fin de la violence de Euskadi ta Askatasuna (ETA). Nous démontrons que malgré un engouement pour des séries, films et documentaires récents autour du Pays basque, ces productions médiatiques ont souvent tendance à diffuser une vision stéréotypée et parcellaire de la région et de ses habitants, notamment dans le contexte du conflit lié à l’ETA. Elles semblent en grande partie façonnées par les intérêts des acteurs médiatiques majeurs en Espagne, qui produisent des récits alignés sur la vision du gouvernement central, contribuant ainsi à l’uniformisation du discours sur le Pays basque. Néanmoins, ces représentations ne capturent qu’une facette de l’identité complexe et diversifiée de la région, soulignant la nécessité d’explorer des productions plus nuancées et contextualisées, notamment au niveau régional et local. Nous nous focalisons aussi sur des mouvements internes à la société basque et son dialogue avec la société espagnole à travers les industries culturelles depuis 2018, afin d’appréhender les nouvelles relations entre les Basques, la/les Nation(s) et l’État.
Le charme discret de la bourgeoisie. Les représentations de la « banlieue Ouest » dans la série Fais pas ci, fais pas ça
Lorsqu’il s’agit de « banlieue », l’imaginaire collectif et médiatique tend à associer le terme aux « quartiers défavorisés » et à la déviance alors même que l’appellation recouvre des réalités beaucoup plus disparates, notamment en région parisienne. Cet article s’interroge sur les représentations à l’œuvre dans la série Fais pas ci, fais pas ça, associant la banlieue ouest parisienne – par le truchement de la ville de Sèvres – à ses habitant.es, appartenant à une classe sociale supérieure, majoritairement blanche. Il s’agit donc d’abord de considérer Sèvres comme une métonymie de la banlieue Ouest, et le quartier comme un actant-sujet. Il ressort ainsi une représentation élaborée par effet de contraste qui entérine le « non-marquage » du territoire. Puis, nous étudions plus spécifiquement les régimes de monstration des minorités ethnoraciales et sexuelles dans la série ainsi que les conditions de leur « reconnaissance ».
Detroit dans le cinéma étatsunien : mise en doute du rêve américain et conflits de classe et de race
L’article s’intéresse aux représentations de la ville de Detroit dans le cinéma étatsunien et, en particulier, à la façon dont les films entrelacent un discours sur l’érosion du rêve américain et un discours sur les conflits de classe et de race. À partir de l’analyse d’un corpus de dix-sept films, je me demande à quel point les films mettant en scène Detroit remettent en cause le rêve américain et si la ville joue un rôle de marqueur territorial et symbolique associé à des conflits de classe et de race si profonds qu’ils compromettent la croyance dans cette idéologie.
La construction des territoires par les industries culturelles et médiatiques
Dossier 2024 A La construction des territoires par les industries culturelles et médiatiques La construction des territoires par les industries culturelles et médiatiques Alix Bénistant, Marion Dalibert, Sarah Lécossais Pour citer cet article, utiliser la référence...Dossier 2024 : La construction des territoires par les industries culturelles et médiatiques
Dossier 2024 A La construction des territoires par les industries culturelles et médiatiques [Version PDF de 123 pages] Ce dossier a été coordonné par Alix Bénistant, Marion Dalibert, Sarah Lécossais ➤ Introduction du dossier 2024 : La construction des...Dossier 2023 : Pouvoir local et dispositifs numériques
Dossier 2023 Pouvoir local et dispositifs numériques [Version PDF intégrale 130 pages] Coordination : Stéphanie Wojcik, Clément Mabi, Raphaël Lupovici ➤ Introduction du dossier : pouvoir local et dispositifs numériques Stéphanie Wojcik – Clément Mabi...À la recherche du citoyen « ordinaire », les publics imaginés de l’ouverture des données publiques au niveau municipal
À partir de l’étude du Portail des données ouvertes de la Ville de Montréal (Canada), cet article rend compte des publics de l’open data municipal à trois niveaux : les publics imaginés dans les discours, les publics configurés par le dispositif numérique, et les publics construits à travers les stratégies d’acteurs. Nous montrons comment la figure du citoyen « ordinaire » est travaillée discursivement et pratiquement, et comment les (non) usages du portail constituent des indices des attentes des publics effectifs qui, réinterprétés par les acteurs, contribuent à faire évoluer les publics et leurs représentations. Au-delà du constat de la non-équivalence entre les publics idéaux et les publics empiriques, l’étude encourage à prêter attention aux stratégies d’adaptation variées qui en résultent.
Facebook comme appui médiatique de l’action collective : fabrique des groupements et intégration du mouvement contre le barrage de Sivens
Dans cet article, nous analysons la manière dont les collectifs en lutte à Sivens ont utilisé les espaces « Groupe » et « Page » de Facebook comme espace de médiatisation de leur action collective. Ainsi, nous étudions comment les différents répertoires d’action militants du conflit s’incarnent dans des sous- répertoires médiatiques dont la fonction est double. Premièrement, l’animation éditoriale de ces dispositifs socio-techniques capacite la structuration spécifique de chaque entité mobilisée. Mais dans un second temps, la dynamique militante « hors ligne » qui ambitionne d’intégrer ces collectifs dans un mouvement contre le projet de barrage trouve une matérialité « en ligne » sur le réseau socio-numérique.
Actions collectives en ligne : un acte individuel pensé pour le bien commun ?
Les recherches sur l’action collective en ligne ont porté sur la possibilité d’une articulation entre objectifs partagés et initiatives individuelles. La nature peu astreignante voire peu consistante de celles-ci conduit parfois certain.es auteur.es à reléguer les questions de rationalité (au sens de M. Olson) et de « calcul » aux théories classiques de l’action collective. Cet article souhaite donc proposer une réflexion sur la manière dont, au sein d’actions collectives en ligne, un acte individuel peut tout à la fois s’avérer peu coûteux et malgré tout reposer sur une réflexion intentionnelle, non pas dans un état d’esprit strictement utilitariste mais orientée vers un but collectivement poursuivi. Deux modes opératoires, reposant sur des actions individuelles désireuses d’être utiles pour un projet commun, ont été extraits de notre analyse : le « porte-parole auto-désigné » et « l’astuce de l’effet cumulatif ».
Fabrication numérique à Barcelone : les effets sociopolitiques de la participation lors des Mercredis Makers
Cet article décrit les effets sociaux et politiques qui se dégagent des dynamiques participatives à l’œuvre lors des Mercredis Makers [DimecresFab] de la Fab Casa del Mig à
Barcelone. Ce texte s’appuie sur les sciences sociales et la perspective critique appliquée aux techniques et mobilise les données d’une étude empirique et qualitative fondée sur une ethnographie d’un an au sein du makerspace. En favorisant l’autonomie des usagers, la redistribution des savoirs et le développement de liens avec les réalités sociales et historiques locales, les Mercredis Makers permettent aux citoyens-usagers de déployer des capacités d’actions et de réflexions en matière technique. À la lumière de l’exploration et de l’analyse de ces sessions de fabrication numérique et d’électronique ouvertes et collectives, il apparaît que la participation contribue à démocratiser les techniques et à rendre visible leur dimension politique.
Expression citoyenne et usages d’une plateforme numérique participative locale
Cet article présente les résultats d’une recherche réalisée auprès d’habitants de Grenoble Alpes Métropole afin de recueillir leurs positions sur la place de la concertation dans leur vision de la politique locale et leurs manières d’appréhender l’usage d’une plateforme numérique participative institutionnelle. Plus précisément, nous présentons les usagers d’une plateforme numérique participative et nous documentons leurs pratiques numériques ainsi que la place qu’ils y accordent dans leur engagement citoyen, qu’il soit individuel ou porté par des collectifs. Ces usagers se perçoivent-ils comme des citoyens contributeurs ou comme un collectif formant un public ?