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Articles 2000 > 2020

Des « localiers » responsables de la diffusion de fausses informations ? Une défiance forte du politique.

Anaïs Théviot
Comment est vu le rôle du journaliste par les candidats et les militants dans la lutte contre la circulation rapide et massive de fausses informations en campagne électorale ? Cette interrogation sur la perception du rôle des localiers dans la diffusion de « fake-news » s’est fait jour lors de la conduite de notre enquête empirique sur le cas de l’élection municipale à Angers en 2020. Il est rapidement ressorti des entretiens avec les militants un climat de crainte autour de l’usage des réseaux sociaux justifié par la peur des fausses informations et de leur diffusion généralisée, même par ceux qui sont censés lutter contre. Nous verrons que la défiance est forte entre candidats et journalistes : les premiers accusant les seconds de participer à des campagnes de désinformation, en privilégiant le sensationnel et les polémiques à l’analyse. Ces accusations par le politique participent au dénigrement du métier de journaliste et interrogent sur les spécificités de la lutte contre les fausses informations dans l’espace local.

Fausser l’information journalistique pour mobiliser les algorithmes et les publics : comment les plateformes permettent-elles de faire du vrai avec du faux ?

Camille Alloing
Afin d’étudier la circulation des fake news en ligne, cet article propose une analyse info-communicationnelle du traitement endogène et automatisé des contenus journalistiques sur les médias socio-numériques dans un contexte de controverse environnementale. Regarder ce qui est fait avec ces contenus pour mobiliser des publics à soutenir une cause permet de définir une typologie de pratiques visant tant à les mettre en contexte qu’en circulation. Les contenus journalistiques étant eux-mêmes standardisés pour maximiser l’audience sur les plateformes, ils deviennent le meilleur moyen d’informer, de mobiliser comme de désinformer, sans avoir nécessairement à les reproduire de manière factice. La désinformation en ligne apparait ainsi comme une conséquence de la plateformisation de l’information et de la communication qui l’autorise voire la renforce.

Le debunking sur YouTube : une nouvelle pratique de lutte contre la désinformation en marge du ­journalisme

Florian Dauphin
Cet article s’intéresse à des acteurs en marge du journalisme, qui produisent des contenus pour lutter contre la désinformation. Ils réalisent des vidéos sur YouTube, qu’ils jugent avoir le plus d’efficacité afin de combattre, « debunker » selon leur terme, c’est-à-dire démystifier des théories, croyances ou informations qu’ils jugent fausses : « fake news », pseudo-sciences et théories complotistes. Ils se revendiquent sceptiques et partie prenante de la zététique. Notre interrogation consiste à comprendre les enjeux du debunking, et ses différences avec le fact-checking, en termes de stratégies et d’effets perçus par rapport aux publics.

L’autorité journalistique et ses failles : factualité, « bullshit » et « presque-vérité »

Alexandre Joux
Face aux fake news, le fact-checking rappelle les faits et atteste de leur véracité. Il passe toutefois sous silence la portée communicationnelle du journalisme qui, en s’adressant au public, vise aussi à donner du sens aux évènements. De ce point de vue, le journalisme semble démuni face au « bullshit », à savoir tous ces énoncés performatifs qui ignorent les faits plus qu’ils ne les trahissent. L’autorité du jour- nalisme s’en trouve affaiblie faute d’affirmer sa dimension politique, à savoir l’engagement qui consiste, pour son public, à interpréter les évènements dans une perspective la plus rationnelle possible. C’est ce qu’illustre le discours sur l’éducation aux médias associé au Décodex ou le fact-checking du débat de l’entre-deux tours de la présidentielle française de 2022 par CheckNews et les Décodeurs.

Supplément 2023 A : journalistes et publics face aux « fake news »

Supplément 2023 A Journalistes et publics face aux « fake news »   [Version PDF de 149 pages] Ce supplément a été coordonné par Vincent Carlino et Nathalie Pignard-Cheynel. ➤ Introduction du supplément 2023 A : Saisir les pratiques de production et de réception...

La chaîne télévisée russe Dojd : évolution du modèle économique d’un média indépendant grâce au web participatif

Vitaly Buduchev
L’article retrace l’évolution de la chaîne télévisée indépendante russe Dojd. Il analyse son modèle économique, fondé sur la rhétorique participative et la diffusion sur le web. L’adoption du format web et l’appui sur les publics permettent à la chaîne de s’installer dans le paysage médiatique russe et de s’adapter aux contraintes économiques imposées par le pouvoir. Dojd cherchait initialement à garder un équilibre entre son public et le pouvoir autoritaire qui contrôle les diffuseurs traditionnels. Finalement, le modèle participatif amène la chaîne à privilégier les aspirations de la communauté des publics critiques envers le pouvoir. Cela expose la chaîne aux pressions économiques du pouvoir, la prive d’accès aux publicitaires et aux diffuseurs traditionnels mais lui permet de continuer d’exister et de s’adapter aux contraintes imposées par le pouvoir.

Les podcasts natifs d’information en France : méthodologie pour un recensement de l’offre

Marie-Éva Lesaunier
Cet article présente la méthodologie employée pour le recensement des podcasts natifs d’information français dans le cadre de l’Observatoire du podcast (programme Obcast). Un tel recensement, dans un contexte de croissance rapide du secteur, contribue à une meilleure connaissance de l’offre, pour la recherche et pour le monde professionnel naissant, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Il constitue aussi un premier jalon, important pour les recherches en cours et à venir sur le secteur du podcast, puisqu’il permet de faire émerger des questions, des hypothèses et des terrains de recherche. Ainsi, nous montrons que les stratégies de valorisation des podcasts sur le site de leur producteur sont très hétérogènes et interrogeons le processus de normalisation technique et professionnelle à l’œuvre dans le secteur. Nous attirons enfin l’attention sur des corpus de podcasts revêtant un intérêt particulier du fait de leur thématique (coulisses du journalisme, notamment).

Télévision numérique au Sénégal et promesses politiques

Ngagne Fall
Le Sénégal a débuté un processus de passage des techniques analogiques vers les techniques numériques le 17 juin 2015. La transition s’effectue dans un contexte marqué par la notion d’« innovation » dans les discours politiques. Ceux-ci mettent en évidence le fait que le Sénégal est entré dans « l’ère du numérique ». Il s’agit de comprendre en quoi le numérique pourrait être considéré comme un outil au service des politiques, serait porteur d’enjeux communicationnels et favoriserait le développement économique du pays. L’analyse des discours confronte les promesses de la TNT avec les réalisations. Elle met en évidence le fait que les discours politiques sur la TNT sont fondés sur un fort technodéterminisme.

Dossier 2023 : Pouvoir local et dispositifs numériques

Dossier 2023 Pouvoir local et dispositifs numériques [Version PDF intégrale 130 pages] Coordination : Stéphanie Wojcik, Clément Mabi, Raphaël Lupovici ➤ Introduction du dossier : pouvoir local et dispositifs numériques Stéphanie Wojcik - Clément Mabi - Raphaël...

À la recherche du citoyen « ordinaire », les publics imaginés de l’ouverture des données publiques au niveau municipal

À partir de l’étude du Portail des données ouvertes de la Ville de Montréal (Canada), cet article rend compte des publics de l’open data municipal à trois niveaux : les publics imaginés dans les discours, les publics configurés par le dispositif numérique, et les publics construits à travers les stratégies d’acteurs. Nous montrons comment la figure du citoyen « ordinaire » est travaillée discursivement et pratiquement, et comment les (non) usages du portail constituent des indices des attentes des publics effectifs qui, réinterprétés par les acteurs, contribuent à faire évoluer les publics et leurs représentations. Au-delà du constat de la non-équivalence entre les publics idéaux et les publics empiriques, l’étude encourage à prêter attention aux stratégies d’adaptation variées qui en résultent.

Facebook comme appui médiatique de l’action collective : fabrique des groupements et intégration du mouvement contre le barrage de Sivens

Dans cet article, nous analysons la manière dont les collectifs en lutte à Sivens ont utilisé les espaces « Groupe » et « Page » de Facebook comme espace de médiatisation de leur action collective. Ainsi, nous étudions comment les différents répertoires d’action militants du conflit s’incarnent dans des sous- répertoires médiatiques dont la fonction est double. Premièrement, l’animation éditoriale de ces dispositifs socio-techniques capacite la structuration spécifique de chaque entité mobilisée. Mais dans un second temps, la dynamique militante « hors ligne » qui ambitionne d’intégrer ces collectifs dans un mouvement contre le projet de barrage trouve une matérialité « en ligne » sur le réseau socio-numérique.

Actions collectives en ligne : un acte individuel pensé pour le bien commun ?

Les recherches sur l’action collective en ligne ont porté sur la possibilité d’une articulation entre objectifs partagés et initiatives individuelles. La nature peu astreignante voire peu consistante de celles-ci conduit parfois certain.es auteur.es à reléguer les questions de rationalité (au sens de M. Olson) et de « calcul » aux théories classiques de l’action collective. Cet article souhaite donc proposer une réflexion sur la manière dont, au sein d’actions collectives en ligne, un acte individuel peut tout à la fois s’avérer peu coûteux et malgré tout reposer sur une réflexion intentionnelle, non pas dans un état d’esprit strictement utilitariste mais orientée vers un but collectivement poursuivi. Deux modes opératoires, reposant sur des actions individuelles désireuses d’être utiles pour un projet commun, ont été extraits de notre analyse : le « porte-parole auto-désigné » et « l’astuce de l’effet cumulatif ».

Fabrication numérique à Barcelone : les effets sociopolitiques de la participation lors des Mercredis Makers

Cet article décrit les effets sociaux et politiques qui se dégagent des dynamiques participatives à l’œuvre lors des Mercredis Makers [DimecresFab] de la Fab Casa del Mig à
Barcelone. Ce texte s’appuie sur les sciences sociales et la perspective critique appliquée aux techniques et mobilise les données d’une étude empirique et qualitative fondée sur une ethnographie d’un an au sein du makerspace. En favorisant l’autonomie des usagers, la redistribution des savoirs et le développement de liens avec les réalités sociales et historiques locales, les Mercredis Makers permettent aux citoyens-usagers de déployer des capacités d’actions et de réflexions en matière technique. À la lumière de l’exploration et de l’analyse de ces sessions de fabrication numérique et d’électronique ouvertes et collectives, il apparaît que la participation contribue à démocratiser les techniques et à rendre visible leur dimension politique.

Expression citoyenne et usages d’une plateforme numérique participative locale

Cet article présente les résultats d’une recherche réalisée auprès d’habitants de Grenoble Alpes Métropole afin de recueillir leurs positions sur la place de la concertation dans leur vision de la politique locale et leurs manières d’appréhender l’usage d’une plateforme numérique participative institutionnelle. Plus précisément, nous présentons les usagers d’une plateforme numérique participative et nous documentons leurs pratiques numériques ainsi que la place qu’ils y accordent dans leur engagement citoyen, qu’il soit individuel ou porté par des collectifs. Ces usagers se perçoivent-ils comme des citoyens contributeurs ou comme un collectif formant un public ?

Appel à articles : Les reconfigurations de l’information télévisée

Actualités Revue scientifique en sciences de l’information et de la communication Numéro coordonné par Céline Ségur, Crem, université de Lorraine (celine.segur@univlorraine.fr)Le dossier propose de s’interroger sur l’évolution de la production et de la réception de...

« L’ antisystème » : de la formule à la posture médiatique

Lucie Raymond
Partant du constat que le terme « antisystème » circule dans les sphères médiatiques et académiques sans pour autant faire l’objet d’une conceptualisation précise, cet article propose quelques pistes pour déconstruire ce terme flou et difficile à saisir. Il s’agit de cerner dans un premier temps les diverses définitions de l’« antisystème » et des études qui lui ont été dédiées, à l’appui d’une enquête sémantique, étymologique et scientifique du terme. Et ce, avant de proposer dans une seconde étape une analyse détaillée de ses usages médiatiques au sein de la presse nationale française, permettant de faire émerger la diversité et les caractéristiques des acteurs se revendiquant ou étant qualifiés d’« antisystème ».

Une marche « manquée » dans l’histoire du capitalisme médiatique ? Analyse des mutations du rôle des droits dans l’industrie musicale

Christophe Magis
Cet article propose d’analyser les transformations du rôle des droits d’auteur dans l’industrie musicale dans le cadre d’une approche en économie politique de la communication s’appuyant sur une articulation entre les apports de la socio-économie des industries culturelles et la proposition marxienne de périodisation du capitalisme. Il s’agit de différencier historiquement les modalités d’utilisation des dispositifs du droit d’auteur comme moyen de création de valeur au cours du développement de la filière. L’enjeu en est une relecture matérialiste de la modélisation socio-économique que propose la théorie des industries culturelles : ce que cette dernière nomme « modèle éditorial » est ici interprété au-delà de la simple gestion du risque comme une modalité historique de production de la valeur dans le capitalisme médiatique.

Le partage de données à l’échelle transfrontalière : analyse de dispositifs médiatiques de surveillance épidémiologique

Marie-Hélène Hermand
Cet article s’intéresse au processus de territorialisation et de présentation des données épidémiologiques à l’échelle transfrontalière. Après avoir identifié les discours qui légitiment le domaine de l’épidémiologie transfrontalière, nous étudions un corpus de neuf dispositifs médiatiques de surveillance épidémiologique transfrontalière. L’analyse discursive et sémio-pragmatique est complétée par des entretiens. Les résultats permettent de dégager les enjeux du partage transfrontalier de données épidémiologiques, de pointer la prolifération des dénominations des dispositifs, de dégager un principe d’organisation sémiotique et de mettre en évidence les logiques d’acteurs. La conclusion propose d’approfondir deux problématisations : le déséquilibre informationnel et l’articulation des compétences spécialisées.

Accès à l’information : un enjeu de la participation citoyenne au Québec face aux projets miniers en région éloignée

Sara Germain
Dans le contexte québécois, bien que le Bureau d’audiences publiques en environnement (Bape) jouisse d’une bonne crédibilité en tant qu’institution de participation citoyenne (Gauthier & Simard, 2011), son efficacité fait curieusement défaut dans le cas de l’industrie minière où, malgré certains cas de forte opposition citoyenne, aucun projet d’exploitation n’a été refusé par le gouvernement (Deneault & Sacher, 2012). Cet article pose un regard critique sur les conditions de la participation citoyenne en regard de l’examen de projets miniers au Québec, particulièrement en région éloignée en analysant la mobilisation citoyenne découlant de l’annonce en 2017 du projet Authier Lithium de la minière Sayona Québec Inc. (SQI) en Abitibi.

La neutralité des journalistes à l’épreuve de la place des citoyens dans les dispositifs de consultation : la géothermie profonde en Alsace

Yeny Serrano, Jean Zoungrana
Cet article interroge la place du citoyen dans les discours d’information en contexte de controverse au sujet de la géothermie profonde dans l’Eurométropole de Strasbourg. Nous avons pris appui sur les dispositifs de consultation mobilisés au sujet de l’acceptabilité sociale de cette technique et la manière dont la presse quotidienne régionale en rend compte. En exploitant le discours des journalistes à travers un corpus constitué de 170 articles et de cinq entretiens, on observe que la neutralité journalistique revendiquée n’apparaît guère : la parole des opérateurs et élus demeure privilégiée au détriment de celle du citoyen cantonné à un rôle passif. La presse quotidienne régionale se présente ainsi comme un relais de la communication d’acceptabilité des industriels.

Débattre de l’énergie électronucléaire ? Conflictualités, participation et activisme délibératif des mouvements sociaux

Mikaël Chambru
Cet article propose une mise en perspective des approches de la délibération à partir du cas de l’énergie électronucléaire en France. En analysant la participation conflictuelle de la mouvance antinucléaire aux débats publics institutionnels, il montre la nécessité de dépasser la dichotomie traditionnellement établie entre acceptabilité sociale et « ensauvagement » dans les procédures délibératives. Puis, en s’appuyant sur une approche communicationnelle et politique de la délibération, cet article propose une conceptualisation des conflits et des désaccords au sein d’instances délibératives. Cette conflictualité est posée comme la base d’une nouvelle problématisation des rapports de force entre « opposants » et « promoteurs ».

La participation citoyenne au paysage au croisement d’initiatives institutionnelle et citoyenne : étude des cas d’un Plan de paysage et d’un Collectif forêt

Anne Carbonnel, Manon Desmartin Alissia Gouju
À partir de l’étude d’un Plan de Paysage et de l’émergence d’un Collectif citoyen dont l’objet est la forêt, cet article a pour objectif de réfléchir à la manière dont la sociologie de l’acteur réseau permet d’éclairer la participation des citoyens à des discussions portant sur le paysage. Cette étude compare deux démarches de participation citoyenne environnementale, institutionnelle d’une part et citoyenne d’autre part, pour mieux comprendre les ressorts et les freins de la participation.

Le budget participatif clermontois, exemple d’un dispositif participatif qui devient le catalyseur des enjeux environnementaux

Éric Agbessi, Nicolas Duracka

Le Budget Participatif de la Ville de Clermont-Ferrand est une politique publique qui répond à une triple situation de crise démocratique (de l’autorité politique et scientifique, de la participation démocratique et de la délibération publique). Sur les 32 projets votés par les citoyens, un quart ont une teneur écologique. Ainsi, les micros espaces publics délibératifs ouverts par l’initiative ont été marqués par une fragmentation. Premièrement, une tendance à produire des échanges régulés par une vision « instituée » du développement durable remettant très peu en cause notre modèle de développement citadin. Deuxièmement, l’émergence d’une forte incommunication et la marginalisation des porteurs de projets porteurs de visions transformatrices (décroissantes ou résilientes).

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