Articles 2000 > 2020
Du goût pour la nature à la défense de la science. La redistribution sociale des visées de la médiation chez les agents d’un muséum
Anna Mesclon
À partir d’une enquête dans un muséum d’histoire naturelle français, cet article repose sur une analyse socio-historique d’une institution de culture scientifique entre 1950 et 2020, en se focalisant sur les visées que ses personnels attribuent à leur travail. Il montre la coexistence, dans l’équipe actuelle, de deux approches – « scolastique » et « naturaliste » – du rôle du musée dans la transmission des sciences. La première, qui correspond à l’approche centrale aujourd’hui, est investie par les agents les plus diplômés ; tandis que la seconde, ancrée de plus longue date au musée, y a suivi une trajectoire de sédimentation et de déclassement. En rapprochant la trajectoire du muséum et celle de ses travailleurs, l’article analyse des transformations et des variations dans la façon d’envisager la transmission des sciences dans une institution ancienne et peu étudiée par les sciences sociales, soulignant le rôle des socialisations scientifiques des travailleurs sur leurs propres perceptions.
Concevoir une émission de médiation scientifique à l’échelle d’une université : logiques d’acteurs et enjeux de médiation
Claudia Adrianzen Lapouble, Laure Bolka-Tabary, Éric Kergosien
La Grande Enquête !, émission télévisée au cœur du Projet MérLin – portée par l’Université de Lille dans le cadre du label SAPS – illustre l’implication croissante des universités dans la médiation scientifique. En tant que membres du comité de rédaction de l’émission, notre équipe de chercheur·e·s en Sciences de l’Information et de la Communication a participé à la conception et à la réalisation de cette émission télévisée scientifique, et observer la complexité des dynamiques éditoriales issues du partenariat entre université, chaîne de télévision et association de médiation scientifique. Grâce à une méthodologie mixte combinant entretiens semi-directifs avec les acteur·ice·s du projet, observation participante et analyse des émissions, l’article examine la construction éditoriale et la médiation des savoirs scientifiques dans une émission télévisée co-réalisée en contexte universitaire.
Résidence croisée journaliste-chercheur·e : questionner les représentations en jeu dans un dispositif de médiation scientifique
Marie-Noëlle Doutreix, Simon Gadras, Isabelle Hare, Annelise Touboul
Cet article porte sur les représentations en jeu dans un projet “Science Avec et Pour la Société”, une résidence croisée chercheur·e-journaliste. Nous avons observé l’importance, la place et le rôle de ces représentations dans la construction du dispositif ainsi que sa mise en œuvre. Ces représentations croisées émanant des trois instances en présence (organisatrices, journalistes et chercheure) se donnent à voir dans les restitutions, oscillant entre des idées-reçues à combattre et des “vérités” à restaurer.
La fabrication de masques pendant la pandémie de Covid19 : expertises en tension, entre savoirs spécialisés et bricolages techniques
Marie Després-Lonnet
Cet article analyse la façon dont des savoirs collectifs se sont construits autour de la conception et de la fabrication de masques en tissu lors de la pandémie de Covid-19. En analysant les échanges qui ont eu lieu dans un groupe Facebook de couturières bénévoles à la suite d’un partage d’informations officielles ou de documents de cadrage, il met en évidence les tensions entre savoirs institutionnels et savoirs pratiques, ainsi que les enjeux soulevés par la légitimation des normes et des discours scientifiques. L’étude révèle la manière dont un groupe, initialement conçu pour favoriser l’entraide entre couturières, s’est transformé en un espace de discussion favorisant l’appropriation, l’interprétation et parfois la remise en question des cadres normatifs et des savoirs afférents. Plus généralement, cet article examine le rôle des groupes de citoyens, et plus particulièrement des femmes, dans la diffusion et la stabilisation des connaissances en temps de crise.
Enjeux de légitimité dans la médiation scientifique : approche par les usages du livre
Émilie Kohlmann, Aude Inaudi, Amélie Coulbaut-Lazzarini
Cet article porte sur le statut du livre à la fois dans sa dimension symbolique et fonctionnelle afin d’interroger les évolutions de la médiation scientifique et les tensions entre différentes représentations de la science et du public, dans un univers où se croise une grande diversité d’acteurs. L’hypothèse est que pour répondre à leur objectif de reconnaissance, les acteurs de la médiation scientifique ont recours à différents éléments symboliques, dont le livre en tant que représentant d’une connaissance scientifique fiable et stabilisée. Objet-frontière, le livre permet d’articuler différents métiers et compétences de la médiation scientifique. Indirectement, il sert à asseoir la légitimité des discours et des acteurs, ainsi qu’à ouvrir sur des dispositifs dans lesquels la place du public est reconsidérée.
Outreach, ou la construction « légitime » du positionnement des grands groupes de l’édition scientifique dans le champ de la communication des sciences
Chérifa Boukacem-Zeghmouri
Le texte vise à rendre compte de la manière dont la restructuration du secteur de la publication autour des modèles ouverts et des plateformes numériques a conduit les grands groupes de l’édition scientifique à envisager le champ de la communication des sciences comme une extension du champ de la communication scientifique pour leurs luttes de domination et de légitimation. L’exemple des revues The Lancet et Nature, respectivement médicale et généraliste, et leurs stratégies éditoriales sur leurs comptes de réseaux sociaux grand public, montre la variété, la richesse et la complexité des contenus diffusés, au service d’une médiation socio-scientifique, qui fidélise un vivier de lecteurs et d’auteurs, mais qui permet aussi de se démarquer et de se distinguer vis-à-vis de leurs concurrents.
Apporter du fun, fabriquer des émotions ? Remarques sur l’identité professionnelle des médiateurs et médiatrices scientifiques
Sébastien Lemerle
Cet article propose quelques pistes exploratoires à propos de l’identité professionnelle des médiateurs et médiatrices scientifiques, au travers d’une enquête par entretiens réalisée en 2015-2017 sur la Semaine du cerveau à Paris. Son hypothèse que cette identité peut être comprise à partir du contexte social d’exercice de la profession, qui paraît en influencer, au moins partiellement, la définition, les missions et les pratiques. S’appuyant sur une comparaison avec des enquêtes plus récentes ainsi qu’avec la situation des bibliothécaires, il vise notamment à suggérer l’inscription instable de la profession de médiateur ou médiatrice scientifique entre trois pôles (professions de la culture, de la recherche et de l’enseignement), potentiellement génératrice de tensions internes à la profession.
La médiation scientifique dans l’enseignement supérieur et au sein des organismes de recherche : des enjeux de positionnement et d’identités professionnelles
Erika Ribéri
Depuis quelques années, la communauté scientifique se voit particulièrement incitée à investir la question des rapports sciences-société. Historiquement, pourtant, les structures et les actions qui y sont dédiées se sont développées en dehors des murs des universités et des organismes de recherche. À partir de deux terrains de recherche, cet article analyse les représentations de la médiation scientifique qu’ont les personnels de recherche. En identifiant à partir de celles-ci un certain nombre d’obstacles à une meilleure prise en compte des activités de médiation dans les pratiques et l’identité professionnelle des personnels de recherche, il montre que l’un des enjeux des universités et des organismes de recherche vis-à-vis de la relation entre sciences et société réside dans la construction d’un véritable positionnement sur ces questions, qui parvienne à impliquer pleinement la communauté scientifique.
Les interactions sciences et société en France et au Québec : identités narratives des chercheurs et traditions de recherche en SHS
Muriel Lefebvre
S’inscrivant dans un contexte parfois perçu comme une perte de confiance de la société envers la science moderne, le questionnement Science avec et pour la société (Saps), largement déployé aujourd’hui, englobe une réflexion large sur les interactions entre les lieux de production des savoirs et la société. Mais comment les chercheur·es et enseignant·es-chercheur·es envisagent-ils et elles ces interactions ? A travers l’analyse de récits d’universitaires en sciences humaines et sociales, en France et au Québec, nous avons mis à jour des expériences collaboratives complexes, souvent très éloignées des modèles de diffusion habituellement proposés par les acteurs de la culture scientifique.
Introduction du dossier 2025 A : dynamiques organisationnelles et professionnelles de la médiation scientifique
Marie-Christine Bordeaux, Mikaël Chambru
Dossier 2025 A – Médiation scientifique et usages sociaux des savoirs : dispositifs et acteurs
Dossier 2025 AMédiation scientifique et usages sociaux des savoirs : dispositifs et acteurs [Version PDF de 138 pages]Ce dossier a été coordonné par Marie-Christine Bordeaux et Mikaël Chambru➤ Introduction du dossier 2025 A : dynamiques organisationnelles et...
La résidence artistique en ruralité : martingale de l’action culturelle ?
Cécile Bando, Adeline Florimond-Clerc
Cet article s’appuie sur l’étude d’une résidence artistique en milieu rural. Qu’il soit porté par l’État ou les collectivités territoriales, le dispositif résidentiel dans ses formes, ses modalités d’attribution, ses conventions et ses critères d’évaluation, semble lisible et éprouvé et fait figure de nouvelle martingale de l’action culturelle en ruralité. Il serait gage de réussites artistique et territoriale et une réponse providentielle aux enjeux de la décentralisation et de la démocratisation culturelle. Or, paradoxalement, ce dispositif territorial est faiblement territorialisé. En effet, qu’en est-il dans les territoires d’accueil ruraux ? Comment les élus, les acteurs du développement culturel et les habitants s’engagent-ils dans ce cadre d’action et se l’approprient-ils ? La résidence artistique en ruralité a-t-elle véritablement la capacité de déjouer les limites antérieures des politiques publiques de la culture ?
Confiance et pratiques informationnelles d’accès à la science ouverte en SHS
Mariannig Le Bechec
Prenant en compte l’étude des usages des quatre plateformes d’OpenEdition, cet article considère que les publics des savoirs ouverts développent des pratiques informationnelles en lien avec leur cursus universitaire. L’objectif est de mieux prendre en compte la façon dont des liens se constituent entre les pratiques ordinaires d’accès aux publications scientifiques et la confiance décidée dans leurs pratiques informationnelles. L’étude qualitative présente un accès par des plateformes commerciales, une lecture sélective et des relais en interne ou par la conversation qui ne tiennent pas compte des métriques des articles scientifiques dans les choix de lecture.
Le discours publicitaire de la marque Nana, entre prétention militante et valorisation du produit
Claire Roubaud
Cet article analyse la communication publicitaire de la marque Nana et interroge la capacité des marques de protections périodiques à adopter un discours résolument engagé concernant les enjeux sociétaux liés à la menstruation. Comment la prétention militante de la marque se manifeste-t-elle en discours et comment s’articule-t-elle avec les impératifs marchands du discours publicitaire ? Pour répondre à cette question, un corpus composé de supports publicitaires est analysé dans une approche qualitative. Nos analyses mettent en exergue deux scénographies contradictoires, l’une centrée sur les engagements de la marque et l’autre sur le produit. La communication publicitaire de Nana oscille ainsi entre la déconstruction et la perpétuation des stéréotypes associés à la menstruation.
Varia 2025
Varia 2025 [Version PDF à paraître][display-posts taxonomy="type_article" tax_term="varia" taxonomy_2="annee" tax_2_term="2025" tax_operator=‘IN’ posts_per_page="-1" date_format="j M, Y" include_date="true" include_excerpt="true" order="ASC"...
L’empreinte du numérique sur les livres imprimés : étude des productions « artisanales » de romans-photos.
Iñaki Ponce Nazabal
En revenant sur le processus de numérisation de la filière du livre de ces trente dernières années, cet article vise à appréhender les incidences des innovations techniques sur les formes et sur les contenus des œuvres imprimées. La question des supports numériques de lecture est donc sciemment mise de côté pour interroger ce que le numérique fait au livre papier. Le cas du roman-photo et ses appropriations « artisanales » offrent la possibilité d’éclairer ces dynamiques. Il illustre la manière dont la numérisation de la filière, sans pour autant transformer le genre éditorial, a contribué au renforcement de ces pratiques marginales, à la rentabilité incertaine, qui rompent avec les contraintes d’une production industrialisée et participent ainsi, de manière distincte, à la disparité d’une offre éditoriale qui reste pour autant fragile.
Appel à articles : La diplomatie des données
Actualités Revue scientifique en sciences de l’information et de la communication [Télécharger le pdf] Numéro coordonné par Anne Lehmans, PU, Université de Bordeaux, IMS (UMR 5218)Les données (data) prennent une place considérable dans les discours et les pratiques...
Réceptions et interprétations des documents communaux d’information sur les risques majeurs : le cas des inondations.
Sébastien Rouquette, Fateh Chemerik
Avec le dérèglement climatique, la fréquence accrue des intempéries intenses, le risque d’inondation augmente. Or, les dégâts matériels et le nombre de victimes en cas d’inondation seront d’autant plus élevés que les habitants sont moins informés et préparés. En effet, la vulnérabilité concerne, non seulement, « la présence humaine exposée, biens et personnes » (d’Ercole et Pigeon, 1999, p. 340), mais aussi « la manière dont une société est organisée et organise un territoire » (Ibid, p.344). Cette vulnérabilité économique, sociale, culturelle, institutionnelle (Thouret, 2002, p. 520) est accentuée par la méconnaissance des campagnes de prévention mises en œuvre.
Pour atténuer ces risques, la loi de 1987 relative à la gestion des risques majeurs impose aux communes dont une partie du territoire est répertoriée comme inondable d’informer les habitants, notamment au travers d’un document d’information communication sur les risques majeurs (Dicrim). Quel est le résultat des campagnes d’information dans les villes ayant mis en place les Dicrim ? Pour répondre à ces questions, une enquête a été menée auprès de 170 habitants (50 entretiens et 120 questionnaires) de trois communes concernées par un risque d’inondation. Les résultats montrent que, aux yeux des riverains interrogés, les documents communaux n’informent pas, de manière claire, sur les dangers que représente une montée soudaine des eaux. Les photographies et les couleurs choisies ne sont pas interprétées comme de véritables signaux visuels d’alerte. Les images des inondations diffusées, neutres, sans réelles conséquences, ne les inquiètent pas. Ainsi, la multiplicité des faiblesses communicationnelles des DICRIM interroge sur les difficultés institutionnelles et politiques des municipalités à mettre en place ces campagnes de prévention.
Le questionnement éthique des internautes face à l’intelligence artificielle. Le cas ChatGpt sur X
Karen Nuvoli
De nombreux modèles génératifs d’intelligence artificielle ont récemment vu le jour, tels que l’agent conversationnel ChatGPT. Face aux bouleversements qu’annonce l’arrivée de tels outils, cet article examine la manière dont le questionnement et sa mise en œuvre sont tributaires de contextes situés, qui sont culturellement et socialement diversifiés. Cet article propose donc d’analyser et de comparer les principales stratégies discursives des usagers, afin de mieux comprendre les notions abordées par ces derniers ainsi que les préoccupations éthiques associées. Pour cela, nous proposons d’étudier deux corpus constitués à partir de tweets français et italiens.
Programmation musicale et « virage numérique » à Radio France : les pratiques des programmateurs face à l’évolution des matérialités de la musique.
Anastasia Choquet
Dans un contexte d’importance donnée au « virage numérique » des antennes de Radio France, nous nous intéressons dans cet article aux transformations des pratiques professionnelles des programmateurs musicaux à Radio France, et plus précisément à l’évolution des supports musicaux dans leurs tâches quotidiennes. À partir d’entretiens réalisés à Radio France entre 2016 et le début de l’année 2020, cet article s’inscrit dans une perspective interactionniste avec une approche méthodologique inductive et compréhensive. Il est fondé sur une analyse des « récits de pratiques » (Derèze, 2019) des programmateurs musicaux livrés en entretien et présente un accent particulier sur leur expérience de l’évolution des matérialités de la musique dans le cadre de leurs pratiques professionnelles quotidiennes à Radio France.
Le conseil en communication politique en Tunisie : la professionnalisation à l’épreuve de la « transition démocratique »
Rania Karchoud
Cet article analyse la reconfiguration de l’activité de conseil dans un contexte de professionnalisation de la communication politique. Il étudie la socialisation professionnelle des conseillers et par conséquent le processus de professionnalisation de la communication politique en Tunisie dans un contexte de « transition démocratique ». Comment l’activité en communication politique en Tunisie peut–elle s’institutionnaliser et se professionnaliser dans un contexte aussi instable ? Les résultats présentés ont été obtenus à travers une enquête par entretiens menée auprès des conseillers en communication politique. Les enquêtés ont été interrogés sur leurs trajectoires biographiques, leurs pratiques professionnelles en matière de communication politique, leur perception de la communication politique en Tunisie et le degré de professionnalisation du métier.
Friche ou tiers-lieu ? Le cas du pôle 109 (Nice) au prisme de la médiatisation des politiques culturelles
Matina Magkou, Nicolas Pélissier
Ce texte propose une étude des représentations médiatiques du 109, un espace culturel implanté dans un quartier prioritaire de la ville de Nice, à partir d’une analyse d’un corpus de discours médiatiques produits sur cet espace depuis deux décennies. Il s’agit notamment d’évaluer comment s’est opérée, dans les imaginaires des journalistes, la métamorphose du pôle 109 et sa transition progressive de l’état de « friche » à celui de « tiers-lieu culturel ». Une transition qui va dans le sens de l’institutionnalisation d’un type de lieu faisant l’objet d’une attention grandissante des pouvoirs publics. Nous analysons donc les formes que prend ce lieu au fil de ses représentations médiatiques. Ces démarches apportent un éclairage original sur les processus de construction des éléments identitaires des espaces urbains en transition, ceux qui permettent aux acteurs politiques de les valoriser et de se les réapproprier.
Les reconfigurations numériques de l’information télévisuelle en contexte d’outre-mer : des stratégies tâtonnantes
Dossier 2024 B Les reconfigurations de l’information télévisée Résumé Les deux principales chaînes de télévision réunionnaises, Réunion la 1ère et Antenne Réunion, atteignent ensemble près de 65 % d’audience cumulée. Elles sont confrontées,...
Les stratégies éditoriales des chaînes télévisées russes Rossia 1 et Perviy sur Telegram
L’article révèle les stratégies éditoriales contemporaines de deux chaînes télévisées fédérales russes sur Telegram. D’un côté, il démontre la manière dont Telegram parvient à contrôler la production de sens à travers les cadres et les formes de communication mis à disposition des médias éditeurs. D’un autre côté, il cherche à démontrer les moyens dont les éditeurs disposent afin de construire l’actualité en conformité avec leur propre identité éditoriale.
Le réseau Telegram étant un espace du pluralisme, les chaînes télévisées contrôlées par le Kremlin s’en saisissent efficacement afin de proposer aux usagers leur version de l’actualité. Elles parviennent en même temps à exploiter l’imaginaire du web participatif et à affirmer le poids des médias et du journalisme traditionnels. Rossia 1 et Perviy se saisissent de la souplesse des outils proposés par Telegram afin de diffuser une lecture de l’actualité conforme aux intérêts du pouvoir en place, tout en ciblant différents publics.
Regarder ensemble la politique à la télévision : la diffusion sur Twitch du débat télévisé d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle 2022.
Le 20 avril 2022, un débat entre les deux finalistes de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, a été organisé et diffusé par les principales chaînes de télévisions françaises. Nouveauté en 2022, ce débat a aussi été diffusé et commenté en direct sur plusieurs chaînes Twitch.
A travers une analyse des neuf streams ayant diffusé ce débat politique, nous cherchons à savoir dans quelle mesure Twitch constitue un espace alternatif aux médias traditionnels d’information, notamment la télévision. Malgré des formes a priori hétérogènes, ces dispositifs éditoriaux hybrident genres télévisuels et jeu vidéo. Ils constituent avant tout des espaces de partage pour les internautes qui choisissent de suivre ensemble ce moment de la vie politique.
« La culture, ça se partage ». L’audiovisuel public au cœur d’une mutualisation des pratiques du journalisme culturel
Notre objectif est d’analyser la manière dont l’audiovisuel public français repense l’information culturelle au sein d’un monde audiovisuel numérique en mutation. Ces reconfigurations, tout à la fois organisationnelles et techniques, interrogent l’évolution des pratiques professionnelles du journalisme culturel. Plus spécifiquement, nous prendrons le cas de Culture Prime, un dispositif pensé comme un « média 100 % vidéo » fournissant des contenus culturels sur les réseaux socio-numériques, lancé le 23 novembre 2018, par l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel public. Cet article entend dès lors questionner les coopérations envisagées entre France Télévisions, Radio France, l’Institut national de l’audiovisuel, France Médias Monde, Arte, TV5 Monde, ainsi que les enjeux politiques et institutionnels inhérents.
Une interview participative ? (Re)définir le rôle et les pratiques journalistiques dans « 20h22, la suite sur Twitch »
Lors de l’élection présidentielle française de 2022, France Télévisions propose pour la première fois une séquence sur la plateforme de streaming Twitch au cours de laquelle les journalistes Samuel Étienne et Alix Bouilhaguet interviewent les candidat.es à partir des questions postées par les internautes dans le chat. Présentée comme une innovation permettant de rendre les candidat.es directement accessibles aux questions du public, cette expérience exporte un genre télévisuel classique au sein d’une plateforme dont les contenus sont commentés en direct. Cela conduit à interroger le rôle et le positionnement des journalistes à l’égard des publics et des invité.es politiques. L’analyse porte sur le dispositif, les discours d’accompagnement et les pratiques des différents protagonistes, et plus particulièrement sur la sélection des questions, élément central de cette interview participative.