-

Varia 2024

 

Les mises en scène du territoire par les séries quotidiennes : représentations et réceptions

La télévision française a investi la région Occitanie pour situer trois séries quotidiennes, diffusées actuellement en access prime time (Demain nous appartient — TF1, Sète, 2017 ; Un si grand soleil — France 2, Montpellier, 2018 ; Ici tout commence — TF1, Saint-Laurent-d’Aigouze, 2020). Nous analyserons tout d’abord comment le territoire est mis en scène dans ces séries. Nous étudierons ensuite la mise en œuvre de visites guidées dédiées à ces séries. À partir d’observations de ces visites et d’entretiens réalisés avec les participant·es, nous observerons enfin comment ces « espaces-paysages »/« espaces à vivre » sont mis en récits et comment les différent·es acteur·trices impliqué·es configurent un rapport singulier au territoire.

Penser la construction sonore des territoires depuis la programmation des salles de musique ? Une étude des Smac en Occitanie

En adoptant une double perspective – étude des musiques populaires et approche communicationnelle- l’analyse de la programmation des scènes de musiques actuelles (Smac) en Occitanie propose de saisir la place de ces intermédiaires culturels dans la construction sonore de ce territoire. En tant que salles à la fois subventionnées par rapport à un projet territorial et inscrites dans la filière industrielle musicale, elles participent à représenter différemment cette région selon si elles utilisent des catégories musicales professionnelles (de « travail ») ou des catégories musicales de « communication » (destinées à leurs publics).

La construction de territoires créatifs contestée par la société civile : culture et création en conflits

Par l’analyse de conflits locaux induits par trois projets d’infrastructures pensés dans le cadre d’un paradigme créatif du développement socio-économique, cet article s’attache aux discours des acteurs et au cadre idéologique au sein duquel ils s’inscrivent pour caractériser les représentations qu’ont ces acteurs du territoire et des économies de la culture et de la création. Nous montrons que ces projets et les modalités de leur soutien par les décideurs publics tendent à mobiliser, parmi d’autres, des acteurs culturels locaux. Ces phénomènes induisent une politisation des projets en questionnant les formes de leurs attachements (ou leur absence) à l’économie locale de la création.

Roubaix en « Zone Interdite ». Un journal régional dans les rets de la « mal-traitance médiatique » d’une ville

Considérant « l’emballement médiatique » qui a suivi la diffusion, sur une chaîne de télévision nationale, d’un reportage sur l’islam radical en France, l’article s’intéresse à la polémique qui a concerné la ville de Roubaix. L’analyse du discours de la presse régionale diffusée sur ce territoire a permis d’identifier un phénomène ici qualifié de « mal-traitance médiatique ». L’article explique comment le journal étudié, tout en en étant partie prenante, s’est trouvé aux prises avec la polémique, entre autres dans son soubassement politique. Sur la fin, au-delà de pointer le statut et le rôle de l’image dans son rapport à la « vérité » en matière journalistique, l’article reprend à son compte la question de la « responsabilité sociale des journalistes », en l’occurrence face au procès médiatique, à portée « altérisante », d’une ville.

Le Pays Basque aujourd’hui au prisme des industries culturelles en Espagne

Les dernières années ont été marquées par une augmentation des représentations artistiques de l’histoire récente du Pays basque, destinées à un nouveau public et qui n’auraient pas été possibles sans la fin de la violence de Euskadi ta Askatasuna (ETA). Nous démontrons que malgré un engouement pour des séries, films et documentaires récents autour du Pays basque, ces productions médiatiques ont souvent tendance à diffuser une vision stéréotypée et parcellaire de la région et de ses habitants, notamment dans le contexte du conflit lié à l’ETA. Elles semblent en grande partie façonnées par les intérêts des acteurs médiatiques majeurs en Espagne, qui produisent des récits alignés sur la vision du gouvernement central, contribuant ainsi à l’uniformisation du discours sur le Pays basque. Néanmoins, ces représentations ne capturent qu’une facette de l’identité complexe et diversifiée de la région, soulignant la nécessité d’explorer des productions plus nuancées et contextualisées, notamment au niveau régional et local. Nous nous focalisons aussi sur des mouvements internes à la société basque et son dialogue avec la société espagnole à travers les industries culturelles depuis 2018, afin d’appréhender les nouvelles relations entre les Basques, la/les Nation(s) et l’État.

Le charme discret de la bourgeoisie. Les représentations de la « banlieue Ouest » dans la série Fais pas ci, fais pas ça

Lorsqu’il s’agit de « banlieue », l’imaginaire collectif et médiatique tend à associer le terme aux « quartiers défavorisés » et à la déviance alors même que l’appellation recouvre des réalités beaucoup plus disparates, notamment en région parisienne. Cet article s’interroge sur les représentations à l’œuvre dans la série Fais pas ci, fais pas ça, associant la banlieue ouest parisienne – par le truchement de la ville de Sèvres – à ses habitant.es, appartenant à une classe sociale supérieure, majoritairement blanche. Il s’agit donc d’abord de considérer Sèvres comme une métonymie de la banlieue Ouest, et le quartier comme un actant-sujet. Il ressort ainsi une représentation élaborée par effet de contraste qui entérine le « non-marquage » du territoire. Puis, nous étudions plus spécifiquement les régimes de monstration des minorités ethnoraciales et sexuelles dans la série ainsi que les conditions de leur « reconnaissance ».

Detroit dans le cinéma étatsunien : mise en doute du rêve américain et conflits de classe et de race

L’article s’intéresse aux représentations de la ville de Detroit dans le cinéma étatsunien et, en particulier, à la façon dont les films entrelacent un discours sur l’érosion du rêve américain et un discours sur les conflits de classe et de race. À partir de l’analyse d’un corpus de dix-sept films, je me demande à quel point les films mettant en scène Detroit remettent en cause le rêve américain et si la ville joue un rôle de marqueur territorial et symbolique associé à des conflits de classe et de race si profonds qu’ils compromettent la croyance dans cette idéologie.