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Varia 2024

 

Réceptions et interprétations des documents communaux d’information sur les risques majeurs : le cas des inondations.

Sébastien Rouquette, Fateh Chemerik
Avec le dérèglement climatique, la fréquence accrue des intempéries intenses, le risque d’inondation augmente. Or, les dégâts matériels et le nombre de victimes en cas d’inondation seront d’autant plus élevés que les habitants sont moins informés et préparés. En effet, la vulnérabilité concerne, non seulement, « la présence humaine exposée, biens et personnes » (d’Ercole et Pigeon, 1999, p. 340), mais aussi « la manière dont une société est organisée et organise un territoire » (Ibid, p.344). Cette vulnérabilité économique, sociale, culturelle, institutionnelle (Thouret, 2002, p. 520) est accentuée par la méconnaissance des campagnes de prévention mises en œuvre.
Pour atténuer ces risques, la loi de 1987 relative à la gestion des risques majeurs impose aux communes dont une partie du territoire est répertoriée comme inondable d’informer les habitants, notamment au travers d’un document d’information communication sur les risques majeurs (Dicrim). Quel est le résultat des campagnes d’information dans les villes ayant mis en place les Dicrim ? Pour répondre à ces questions, une enquête a été menée auprès de 170 habitants (50 entretiens et 120 questionnaires) de trois communes concernées par un risque d’inondation. Les résultats montrent que, aux yeux des riverains interrogés, les documents communaux n’informent pas, de manière claire, sur les dangers que représente une montée soudaine des eaux. Les photographies et les couleurs choisies ne sont pas interprétées comme de véritables signaux visuels d’alerte. Les images des inondations diffusées, neutres, sans réelles conséquences, ne les inquiètent pas. Ainsi, la multiplicité des faiblesses communicationnelles des DICRIM interroge sur les difficultés institutionnelles et politiques des municipalités à mettre en place ces campagnes de prévention.

Le questionnement éthique des internautes face à l’intelligence artificielle. Le cas ChatGpt sur X

Karen Nuvoli
De nombreux modèles génératifs d’intelligence artificielle ont récemment vu le jour, tels que l’agent conversationnel ChatGPT. Face aux bouleversements qu’annonce l’arrivée de tels outils, cet article examine la manière dont le questionnement et sa mise en œuvre sont tributaires de contextes situés, qui sont culturellement et socialement diversifiés. Cet article propose donc d’analyser et de comparer les principales stratégies discursives des usagers, afin de mieux comprendre les notions abordées par ces derniers ainsi que les préoccupations éthiques associées. Pour cela, nous proposons d’étudier deux corpus constitués à partir de tweets français et italiens.

Programmation musicale et « virage numérique » à Radio France : les pratiques des programmateurs face à l’évolution des matérialités de la musique.

Anastasia Choquet
Dans un contexte d’importance donnée au « virage numérique » des antennes de Radio France, nous nous intéressons dans cet article aux transformations des pratiques professionnelles des programmateurs musicaux à Radio France, et plus précisément à l’évolution des supports musicaux dans leurs tâches quotidiennes. À partir d’entretiens réalisés à Radio France entre 2016 et le début de l’année 2020, cet article s’inscrit dans une perspective interactionniste avec une approche méthodologique inductive et compréhensive. Il est fondé sur une analyse des « récits de pratiques » (Derèze, 2019) des programmateurs musicaux livrés en entretien et présente un accent particulier sur leur expérience de l’évolution des matérialités de la musique dans le cadre de leurs pratiques professionnelles quotidiennes à Radio France.

Le conseil en communication politique en Tunisie : la professionnalisation à l’épreuve de la « transition démocratique »

Rania Karchoud
Cet article analyse la reconfiguration de l’activité de conseil dans un contexte de professionnalisation de la communication politique. Il étudie la socialisation professionnelle des conseillers et par conséquent le processus de professionnalisation de la communication politique en Tunisie dans un contexte de « transition démocratique ». Comment l’activité en communication politique en Tunisie peut–elle s’institutionnaliser et se professionnaliser dans un contexte aussi instable ? Les résultats présentés ont été obtenus à travers une enquête par entretiens menée auprès des conseillers en communication politique. Les enquêtés ont été interrogés sur leurs trajectoires biographiques, leurs pratiques professionnelles en matière de communication politique, leur perception de la communication politique en Tunisie et le degré de professionnalisation du métier.

Friche ou tiers-lieu ? Le cas du pôle 109 (Nice) au prisme de la médiatisation des politiques culturelles

Matina Magkou, Nicolas Pélissier
Ce texte propose une étude des représentations médiatiques du 109, un espace culturel implanté dans un quartier prioritaire de la ville de Nice, à partir d’une analyse d’un corpus de discours médiatiques produits sur cet espace depuis deux décennies. Il s’agit notamment d’évaluer comment s’est opérée, dans les imaginaires des journalistes, la métamorphose du pôle 109 et sa transition progressive de l’état de « friche » à celui de « tiers-lieu culturel ». Une transition qui va dans le sens de l’institutionnalisation d’un type de lieu faisant l’objet d’une attention grandissante des pouvoirs publics. Nous analysons donc les formes que prend ce lieu au fil de ses représentations médiatiques. Ces démarches apportent un éclairage original sur les processus de construction des éléments identitaires des espaces urbains en transition, ceux qui permettent aux acteurs politiques de les valoriser et de se les réapproprier.

Les stratégies éditoriales des chaînes télévisées russes Rossia 1 et Perviy sur Telegram

L’article révèle les stratégies éditoriales contemporaines de deux chaînes télévisées fédérales russes sur Telegram. D’un côté, il démontre la manière dont Telegram parvient à contrôler la production de sens à travers les cadres et les formes de communication mis à disposition des médias éditeurs. D’un autre côté, il cherche à démontrer les moyens dont les éditeurs disposent afin de construire l’actualité en conformité avec leur propre identité éditoriale.
Le réseau Telegram étant un espace du pluralisme, les chaînes télévisées contrôlées par le Kremlin s’en saisissent efficacement afin de proposer aux usagers leur version de l’actualité. Elles parviennent en même temps à exploiter l’imaginaire du web participatif et à affirmer le poids des médias et du journalisme traditionnels. Rossia 1 et Perviy se saisissent de la souplesse des outils proposés par Telegram afin de diffuser une lecture de l’actualité conforme aux intérêts du pouvoir en place, tout en ciblant différents publics.

Regarder ensemble la politique à la télévision : la diffusion sur Twitch du débat télévisé d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle 2022.

Le 20 avril 2022, un débat entre les deux finalistes de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, a été organisé et diffusé par les principales chaînes de télévisions françaises. Nouveauté en 2022, ce débat a aussi été diffusé et commenté en direct sur plusieurs chaînes Twitch.
A travers une analyse des neuf streams ayant diffusé ce débat politique, nous cherchons à savoir dans quelle mesure Twitch constitue un espace alternatif aux médias traditionnels d’information, notamment la télévision. Malgré des formes a priori hétérogènes, ces dispositifs éditoriaux hybrident genres télévisuels et jeu vidéo. Ils constituent avant tout des espaces de partage pour les internautes qui choisissent de suivre ensemble ce moment de la vie politique.

« La culture, ça se partage ». L’audiovisuel public au cœur d’une mutualisation des pratiques du journalisme culturel

Notre objectif est d’analyser la manière dont l’audiovisuel public français repense l’information culturelle au sein d’un monde audiovisuel numérique en mutation. Ces reconfigurations, tout à la fois organisationnelles et techniques, interrogent l’évolution des pratiques professionnelles du journalisme culturel. Plus spécifiquement, nous prendrons le cas de Culture Prime, un dispositif pensé comme un « média 100 % vidéo » fournissant des contenus culturels sur les réseaux socio-numériques, lancé le 23 novembre 2018, par l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel public. Cet article entend dès lors questionner les coopérations envisagées entre France Télévisions, Radio France, l’Institut national de l’audiovisuel, France Médias Monde, Arte, TV5 Monde, ainsi que les enjeux politiques et institutionnels inhérents.

Une interview participative ? (Re)définir le rôle et les pratiques journalistiques dans « 20h22, la suite sur Twitch »

Lors de l’élection présidentielle française de 2022, France Télévisions propose pour la première fois une séquence sur la plateforme de streaming Twitch au cours de laquelle les journalistes Samuel Étienne et Alix Bouilhaguet interviewent les candidat.es à partir des questions postées par les internautes dans le chat. Présentée comme une innovation permettant de rendre les candidat.es directement accessibles aux questions du public, cette expérience exporte un genre télévisuel classique au sein d’une plateforme dont les contenus sont commentés en direct. Cela conduit à interroger le rôle et le positionnement des journalistes à l’égard des publics et des invité.es politiques. L’analyse porte sur le dispositif, les discours d’accompagnement et les pratiques des différents protagonistes, et plus particulièrement sur la sélection des questions, élément central de cette interview participative.

Dossier 2024 B : Les reconfigurations de l’information télévisée

Dossier 2024 BLes reconfigurations de l’information télévisée [Version PDF de 119 pages]Ce dossier a été coordonné par Céline Ségur➤ Introduction du dossier 2024B : Les reconfigurations de l’information téléviséeCéline Ségur➤ Les appropriations des chaînes...

Vivre des deux côtés de la frontière numérique : des pratiques d’ajustement des russes aux blocages communicationnels en temps de guerre

Ilya Kiriya
Après le début de la guerre en Ukraine, l’espace médiatique intérieur russe a considérablement changé en raison des restrictions répressives d’auto-expression et de la censure paramilitaire. Pourtant, ce ne sont pas seulement les pratiques d’auto-expression dans l’espace médiatique qui sont touchées par cette guerre, mais aussi de nombreuses pratiques médiatisées qui façonnent la vie quotidienne des Russes (telles que les transports, les paiements électroniques, le commerce électronique). À cause des blocages d’accès vers les plateformes numériques par le gouvernement et le départ volontaire de certains services numériques étrangers (comme Netflix) du marché russe, ces pratiques médiatiques ont beaucoup évolué. Dans cet article, nous essayons essentiellement d’étudier ces pratiques pendant la période de guerre débutée en 2022 entre la Russie et l’Ukraine. Pour s’adapter aux blocages des services communicationnels, à l’impossibilité d’avoir accès à la production occidentale à l’intérieur de la Russie et respectivement à la production de divertissements russes en Occident, les gens ordinaires des deux côtés de la frontière utilisent des tactiques pour contourner les restrictions quotidiennes. Ces tactiques redéfinissent constamment des frontières numériques entre le numérique dit « souverain » et celui considéré comme mondial en contrebalançant les tentatives des États et des plateformes de définir ces frontières.

Mutations et indéterminations de l’Espace Public contemporain

Bernard Miège
Le présent article provient du constat selon lequel les travaux de recherche portant sur l’Espace Public ont significativement diminué au cours de la dernière décennie, se distinguant en cela des deux décennies précédentes. Il s’attache à montrer en quoi la perspective de l’Espace Public reste heuristique dans les recherches info-communicationnelles, marquant la différence avec les sociétés non-démocratiques, et la spécificité des approches des sciences de la communication (notamment en France les sciences de l’information et de la communication), par rapport à la sociologie ou à la science politique. Il insiste sur le fait que cette perspective a été profondément contestée (ou ébranlée) dans la dernière décennie, en relation avec la numérisation des médias, historiques ou nouveaux, mais également par la survenue de crises (entre autres sanitaires) ainsi que de guerres, qui mettent au premier plan les stratégies de communication politique, et de façon générale les actions relevant de la médiatisation.

Varia 2024

  Varia 2024   [Version PDF à paraître] Mutations et indéterminations de l’Espace Public contemporain 18 Oct, 2024 - Le présent article provient du constat selon lequel les travaux de recherche portant sur l’Espace Public ont significativement diminué au...

Les appropriations des chaînes d’information en continu (BFM TV et CNews/I-Télé) : émergence de nouveaux usages et fragmentation des publics

Les chaînes d’information en continu ont progressivement intégré les pratiques informationnelles des Français depuis une quinzaine d’années. Fondé sur une enquête qualitative menée entre 2015 et 2017, ce travail explore une partie de la relation qu’entretiennent les publics avec ces chaînes. La disponibilité permanente du flux d’information est à l’origine d’usages de l’information diversifiés reliés tant aux modes de vie contemporains qu’au rapport à l’actualité de chaque individu. Ainsi, les publics trouvent-ils, dans la pratique de ces chaînes, un moyen d’ajuster les temps dédiés à l’actualité dans leur quotidien et une fenêtre ouverte permanente sur l’état de la sphère publique. Cet article propose 5 idéal-types de profils d’usagers des chaînes d’information en continu : les Primo-accédants, les Minimalistes, les Modérés, les Assidus et les Intensifs.

Voir des œuvres au musée et/ou en ligne. Approches méthodologiques croisées des publics

Irène Bastard, Marie-Laure Bernon, Marie Ballarini
Cet article discute des méthodes permettant de caractériser les publics des contenus muséaux en ligne, en se référant aux méthodes traditionnelles d’étude des publics et en intégrant les outils numériques. Plutôt que de se concentrer sur les publics d’un contenu spécifique, les auteures se penchent sur les publics touchés par des dispositifs numériques qui diffusent des contenus liés aux œuvres d’art et aux savoirs. La discussion s’appuie sur une double recherche : l’une sur les visiteurs des expositions en ligne proposées par des institutions et l’autre sur les publics touchés par les créateurs de contenus culturels sur les médias sociaux. Tandis que les compteurs d’audience sont aveugles aux caractéristiques sociodémographiques et à la réception, les questionnaires concernent soit la population dans son ensemble soit les pratiquants spécifiquement. Les démarches qualitatives doivent quant à elles combiner les outils traditionnels d’entretien et les incertitudes liées aux activités en ligne. L’association des méthodes reste donc nécessaire pour comprendre les déterminants de l’activité culturelle en général, et plus spécifiquement de celle en ligne.

Le livre d’art numérique : chronique d’une désillusion programmée. Le cas du catalogue d’exposition Edward Hopper, d’une fenêtre à l’autre.

Alexandra Saemmer, Nolwenn Trehondart
Dans cet article, nous nous intéressons, à travers le cas du catalogue d’exposition numérique Edward Hopper, d’une fenêtre à l’autre, aux champs de tension multiples (économiques, sémiotiques, techniques…) qui dressent les contours de cet artefact culturel, au prisme des filtres interprétatifs de concepteurs et de lecteurs interrogés. Il s’agit de coupler de manière transversale et pluridisciplinaire l’étude des pratiques de conception et de réception avec l’analyse des formes et figures éditoriales. Cette analyse s’insère au sein du projet de recherche collectif « Catalogues d’exposition augmentés : zones de test », que nous avons mené entre 2015 et 2017, et qui proposait une première réflexion sur le livre d’art numérique en France, dix-huit ans après l’essor (et le déclin) des CD-Roms culturels. Nous en dressons ici le bilan rétrospectif, au vu des désillusions qui ont parsemé la courte existence de ce segment spécifique de l’édition d’art.

Exposer en ligne les collaborations. Ré-énonciations, et médiatisations numériques des collections.

Caroline Marti
L’article questionne et analyse les partenariats entre acteurs économiques et musées et notamment leurs produits dérivés élaborés en collaboration et exposés en ligne. La médiation est bouleversée : l’œuvre exposée dans le musée est transformée en produit dérivé disponible en ligne et cette ré-énonciation fait l’objet d’une médiatisation. Les enjeux symboliques et stratégiques des acteurs économiques et des institutions culturelles, les modalités sémio-discursives des collaborations exposées et les qualifications de la circulation des collections dans leurs divers régimes d’exposition sont au cœur du questionnement.

Google Arts & Culture. Représentations des institutions culturelles et substitutions des œuvres.

Eleni Mouratidou, Sarah Labelle
Cette contribution interroge la plateforme Google Arts et Culture en tant que dispositif numérique à prétention médiationnelle. Nous partons du principe que la plateforme repose sur une mise en scène dotée d’une spectacularité très intense et dont certains motifs permettent de l’analyser à travers sa dimension fantasmagorique. Nous étudions la présence des méta-formes qui organisent la lecture de la plateforme, ainsi que la façon dont cette lecture repose sur le principe du geste. A travers l’exploitation de petites formes numériques constitutives de la plateforme, nous observons de quelle manière cette dernière se construit en tant qu’industrie médiatisante. L’objectif est d’observer comment l’acteur Google capte et transforme les lieux où la culture est développée et contribue à sa circulation métamorphique. In fine, il s’agit de rendre compte de la tension entre la représentation numérique des espaces institutionnels et la façon dont cette représentation favorise des processus de substitution des œuvres virtuellement exposées. Cette tension est renforcée par le fait que les institutions sont garantes de la préservation et de l’exposition du patrimoine culturel et artistique.

Coopérer autour des dispositifs de médiation culturelle numériques au musée : acteurs, ajustements et contenus

Caroline Creton, Arnaud Jooris, Julie Pasquer-Jeanne
Borne, projection visuelle, tablette en réalité virtuelle (RV), etc., se retrouvent aujourd’hui dans de nombreuses expositions des plus grands musées aux plus petits. Ce déploiement des dispositifs de médiation culturelle numérique in situ a été analysé par différents chercheurs qui ont notamment révélé les discours d’escorte et les imaginaires qui les entourent. Cependant, peu de travaux questionnent la manière dont ils sont concrètement produits. Là est l’enjeu de notre article qui questionne d’une part la stabilité des attentes envers ces dispositifs et d’autre part les relations de travail qui se nouent autour de leur déploiement. Notre résultat principal montre que les services de médiation ne sont pas associés d’emblée à leur conception et que des négociations s’opèrent entre service scientifique, de médiation et prestataire, ces derniers pouvant tantôt être cantonnés à un rôle de sous-traitant technique, tantôt être force de proposition.

Promotion, promesses et prophétie de la visite virtuelle au musée

Allison Guiraud
Cet article propose de questionner les imaginaires de la visite virtuelle muséale par le prisme des entreprises qui les produisent et en font la promotion. Il émane d’une analyse du discours d’escorte d’un corpus récolté au cours de trois enquêtes ethnographiques dans deux salons professionnels internationaux dédiés aux secteurs de la culture et du tourisme : SITEM et Museum Connections. Si l’argumentaire promotionnel s’appuie d’abord sur des promesses technologiques et de médiation culturelle, l’analyse approfondie du corpus révèle l’idéologie du progrès technique et du solutionnisme technique qui soutient ce discours. L’article tente alors de mettre en lumière les intérêts sous-jacents au développement du marché de la visite virtuelle dans un contexte de structuration du secteur du numérique patrimonial.

Signifier l’ouverture tout en matérialisant la fermeture : les musées sur les réseaux sociaux numériques

Camille Rondot
Les confinements des années 2020 et 2021 ont amené les institutions culturelles à investir de façon privilégiée les dispositifs numériques. Et si ces dernières déployaient déjà des contenus en ligne, et notamment des « expositions virtuelles », tout en étant présentes sur les réseaux sociaux numériques, le contexte a fait de ces dispositifs des moyens privilégiés non seulement pour leur communication mais également pour leur médiation. S’appuyant sur l’analyse sémiotique et discursive des productions en ligne de quatre institutions culturelles en région et à Paris, cet article s’interroge sur la façon dont la fermeture les a amenés à investir de façon privilégiée les médias informatisés en venant naturaliser des enjeux de pouvoir.

Entrer par la documentation ? Modalités alternatives de visite des musées de Beaux-arts

Marie Després-Lonnet
Cet article, fondé sur des observations menées au cours des vingt-cinq dernières années, propose de revenir sur diverses tentatives de rendre numériquement accessible une part de la connaissance que les musées de Beaux-arts ont élaborée autour des objets de la culture qu’ils détiennent, en replaçant les projets analysés dans les contextes politiques et techniques dans le cadre desquels ils ont été portés. L’objectif est de montrer à partir de quelles représentations des missions du musée, de notre patrimoine culturel ainsi que des attentes des publics, ces propositions de découverte en ligne ont été conçues. L’étude met également en lumière les liens que ces nouvelles modalités d’accès à notre patrimoine culturel tissent entre les œuvres et les discours tenus sur elles par les professionnels chargés de les étudier et de les documenter.

Les dispositifs informatisés de médiatisation muséale et patrimoniale : préfigurations d’un questionnement

Jean Davallon
L’article traite de la manière dont les questionnements soulevés dans trois enquêtes, au moment de l’arrivée des dispositifs informatisés de médiatisation dans les musées à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci, préfigurent ceux actuels sur les relations entre ce type de dispositifs – ainsi que les industries qui les produisent – et les institutions muséales et patrimoniales. Après un rapide rappel du contexte, les trois enquêtes sont résumées et leurs résultats rappelés. Ces enquêtes portent respectivement sur les interactifs, cédéroms et sites de musée au Canada et en France ; sur les premiers usages des cédéroms de musée ; sur les audioguides informatisés et de leur usage, complétée d’une étude sur les applications mobiles de guidage pour musées ou sites patrimoniaux. Les principaux résultats font ensuite l’objet d’une analyse secondaire et d’une discussion qui ouvrent sur les questionnements actuels.