Appel à articles pour le Dossier 2017
Le dossier sera coordonné par
Aude Inaudi (UGA, France)
et Jean-Stéphane Carnel (IUT2 UGA, France).
Appel à contribution :
L’information au prisme des professionnels qui la produisent, la gèrent et l’utilisent
L’information, en sciences de l’information et de la communication, est étudiée sous l’angle de sa production, de sa diffusion, de son organisation mais aussi des pratiques, des usages, des situations qu’elle génère ou qui lui sont associés. Si la notion n’apparaît plus comme objet d’étude explicite pour les SIC1, elle reste fortement mobilisée par les chercheurs pour étudier la « société de l’information »2 et ses répercussions sur le monde professionnel.
L’objectif du dossier 2017 des Enjeux est d’appréhender l’information à travers l’étude des professionnels qui la produisent, qui la gèrent et qui l’utilisent.
L’information est certes leur matière première et le fruit de leur travail, mais on ne peut s’en tenir à ce lieu commun. Ils sont qualifiés de « professionnels de l’information »3, ils exercent des « métiers de l’information »4, ils sont formés dans des écoles ou des filières universitaires dédiées à l’information…, mais que recouvrent réellement ces expressions ? Autrement dit, qui sont ces professionnels ? Quels métiers exercent-ils ? Que peuvent-ils nous dire de l’information qu’ils traitent au quotidien ? A l’inverse que nous dit l’information ainsi créée, de ceux qui en sont à l’origine ?
De plus ces professionnels ne sont plus les seuls à produire, traiter, organiser, diffuser, utiliser, consommer divers types d’information. D’autres acteurs, professionnels, amateurs (Flichy, 2010 ; Mathien, 2010) ou encore expert (Mounier, 2013) se positionnent dans les sphères de la production et de la diffusion de l’information. S’il convient de rappeler que de nombreux métiers (documentaliste, archiviste, journaliste…) dont la spécificité réside dans le traitement de l’information existaient et existent toujours (Cotte, 2013), leur champs d’action et leur dénomination semblent pourtant subir divers ajustements (document controller, responsable référencement, record manager, data journaliste… 5 ). Il apparaît pertinent d’éclaircir ce qui soutient ces changements, les conditions dans lesquelles ils ont lieu et les conséquences en termes de pratiques professionnelles.
Le dossier s’intéresse enfin au contexte dans lequel exercent les professionnels. La puissance des systèmes de traitement automatique de l’information, des algorithmes, des calculs ne cesse de croitre (Cardon, 2015). Ces outils occupent aujourd’hui une place centrale dans le processus de création et de diffusion de l’information. Porteurs d’opportunités, ils participent aussi à la construction d’environnements où les enclosures apparaissent toujours plus nombreuses (Ertzscheid, 2015). Les réflexions portant sur les enjeux économiques et politiques (Junghans, 2014), en termes de formation des professionnels, d’accès à l’information, de droit d’utilisation, de liberté d’expression voire d’éthique apparaissent ainsi nécessaire.
1. cf. évolution récente de la présentation des SIC sur le portail du CNU
2. Société qui serait « régie par l’information » où la mathématique est convoquée « comme modèle du raisonnement et de l’action utile » (Mattelart, 2001, p.5)
3. Voir les associations professionnelles, les revues spécialisées comme Archimag ou I2D…
4. Voir la multiplicité d’articles, de portails traitant des métiers de l’information, des Licence ou des Masters, des Écoles qui y forment…
5. Voir le référentiel métier de l’ADBS: http://www.adbs.fr/l-observatoire-de-la-fonction-information- 27613.htm?RH=PROD_EMPLOIS
Les contributions à ce dossier peuvent s’inscrire dans les trois axes suivants :
Axe 1 – Les métiers entre contrainte et opportunité
La diversité des sources d’information primaires semble se tarir, les professionnels tendent à s’alimentent aux mêmes sources (agences de presse, bases de données bibliographiques, …), les outils de création et de diffusion deviennent accessibles à tout un chacun (coût, prise en main…). En quoi ces phénomènes ont-ils des conséquences sur l’information qui circule, sur sa diversité et sur son originalité (explosion de la redondance –retweet, citation, copie -) ? Que change ce flux continu mais aussi la généralisation du calcul et du traitement sur la manière dont les professionnels appréhendent l’information ? De quelles opportunités doivent-ils se saisir ? A quelles contraintes doivent-ils se soumettre importance des formats, obligation de s’y insérer, acceptation des conditions de l’outil…) ? En quoi participent-ils à l’alimentation du flux ? Quel est leur impact sur la diversité et l’origine de l’information produite ? Voit-on apparaitre une évolution vers une logique de la description et du commentaire plus que de l’investigation et de l’analyse ?
Axe 2 – Unité et professionnalité en question
Dans un environnement professionnel qui évolue en fonction des avancées techniques, où des outils performants prennent en charge et automatisent un certain nombre de fonctionnalités auparavant synonymes de professionnalité (indexation, classement, sélection de l’information, diffusion) comment identifier les professions ? Existe-t-il encore des identités métiers repérables, comme l’était celle des journalistes, celle des documentalistes… ? Ou assiste-t-on à une porosité des compétences propres à chaque métier ? S’il y a convergence vers un métier, celui de l’information, quelles sont ses caractéristiques propres ? Sous ce terme générique englobant, sont rassemblées une multitude d’appellations différentes, parfois propre à une entreprise ou à un champ d’activités. Quels repères donner à ceux qui souhaitent s’y engager et s’y former ? Et quelles conséquences sur la formation alors que le cadre institutionnel évolue peu et maintient des domaines professionnels traditionnels6 ?
Axe 3 – Mutations et nouveaux questionnements face aux enjeux industriels et politiques
Diverses lois protègent (et limitent) le droit de diffuser, d’informer et de mettre à disposition l’information. De même les politiques conduites participent à développer l’accès à l’information, aux données tout en circonscrivant ce qu’il est possible d’en faire. Parallèlement le domaine de l’information apparait de plus en plus organisé par quelques grandes entreprises (par exemple le développement des relations entre Google et les bibliothèques). Dès lors comment se positionnent les professionnels ? Quelles articulations entre ceux qui conçoivent les algorithmes et ceux qui utilisent une information déjà traitée ? Avec quelle information peuvent-ils, doivent-ils travailler ? Dans quel cadre ? Comment s’organisent-ils avec les règles implicites et explicites, les normes, les recommandations ? Que devient leur propre capacité de traitement et d’analyse ?
6 cf. nomenclature des masters et licences 2014 : journalisme, information-documentation, information- communication, information-médiation scientifique et techniques, métiers du livre et de l’édition
Modalités
Le dossier 2017 des Enjeux de l’information et de la communication sollicite des analyses récentes et des contributions originales sur les questions évoquées supra. Les approches relevant des sciences de l’information et de la communication sont privilégiées. Les travaux portant sur des expériences menées dans d’autres pays que la France sont les bienvenus. Les propositions d’articles indiquant problématique et méthodologie d’environ 600 mots sont à envoyer (en français, en anglais ou en espagnol) pour le 15 octobre 2016.
Après sélection des propositions par le comité de lecture, les premières versions complètes des textes (de 25 000 signes espaces non compris et rédigés selon les normes éditoriales des articles de la revue disponibles à cette adresse : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/revue/soumettre) sont à transmettre pour le 15 janvier 2017. Elles comprennent un titre en français, en anglais et en espagnol, un résumé de 800 signes espaces compris, dans ces trois langues, et cinq à sept mots-clés dans ces trois langues.
La mise en forme doit être sobre, la moins enrichie (polices, couleurs…) possible, le nombre de notes de bas de pages est limité à cinq pour un article, les références bibliographiques sont indiquées entre parenthèses dans le texte même.
L’article est écrit soit en français soit en espagnol soit en anglais.
Les articles sont soumis ensuite à une évaluation en double aveugle. A la suite de cette phase, la version définitive du texte est attendue pour le 1er avril 2017.
Calendrier
Réception des résumés : le 15 octobre 2016
Réception des articles : le 15 janvier 2017
Version définitive des articles : le 1er avril 2017
Mise en ligne : été 2017
Réception du résumé de l’article, en double envoi, aux adresses suivantes :
Aude Inaudi : aude.inaudi@univ-grenoble-alpes.fr
Jean-Stéphane Carnel : jean-stephane.carnel@univ-grenoble-alpes.fr
Site web de la revue : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr
Bibliographie
Cardon, Dominique, A quoi rêvent les algorithmes ?, Seuil, 2015
Cotte, Dominique et al., « Les métiers, entre traditions et modernité », Documentaliste-
Sciences de l’Information, 2013/3, Vol. 50, p. 42-59
Ertzscheid, Olivier, « Usages de l’information numérique : comprendre les nouvelles enclosures algorithmiques pour mieux s’en libérer », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 6, 2015, consulté le 27 juin 2016, http://rfsic.revues.org/1425
Flichy, Patrice, Le sacre de l’amateur, Seuil, 2010
Junghans, Pascal, « Transformer les risques en opportunités : le pouvoir de l’information »,
Documentaliste-Sciences de l’Information, 2014/3, Vol. 51
Mathien, Michel, « Tous journalistes ! Les professionnels de l’information face à un mythe
des nouvelles technologies », Quaderni, 2010, n°72
Mattelart Armand, Histoire de la société de l’information, La découverte, 2001
Mounier, Evelyne, « L’information en milieu professionnel : le rôle des experts », in Clavier,
Viviane & Paganelli, Céline, L’information professionnelle, Lavoisier, 2013, p. 129-149