Les reconfigurations numériques de l’information télévisuelle en contexte d’outre-mer : des stratégies tâtonnantes
Résumé
Les deux principales chaînes de télévision réunionnaises, Réunion la 1ère et Antenne Réunion, atteignent ensemble près de 65 % d’audience cumulée. Elles sont confrontées, ici comme ailleurs, à la concurrence des Gafa. Partagées entre la nécessité de conserver un public, encore conséquent, attaché aux programmes linéaires, et celle de concevoir de nouveaux formats numériques, elles doivent penser de nouvelles stratégies techno-économiques d’éditorialisation. À partir d’études de cas de ces reconfigurations et d’enquêtes effectuées dans les rédactions, l’article interroge les contextes de production et, dans une moindre mesure, de réception de ces médias locaux. Il souligne également la permanence, depuis la création des télévisions d’outre-mer, des discours technicistes vantant les mérites de la « modernité ».
Mots clés
Information télévisuelle, Numérique, Reconfigurations TV/Web, Convergences médiatiques, Ile de La Réunion
In English
Title
Editorial strategies of russian tv channels rossia 1 and pervii on telegram
Abstract
The article reveals the editorial strategies of two Russian federal TV channels on Telegram. On the one hand, it demonstrates the way in which Telegram manages to control the production of meaning through the frames and forms of communication made available to publishing media. On the other hand, it seeks to demonstrate the means available to publishers to construct news in accordance with their own editorial identity.
The Telegram network being a space of pluralism, the television channels controlled by the Kremlin use it effectively in order to offer users their version of the news. At the same time, they manage to exploit the imagination of the participatory web and assert the weight of traditional media and journalism. Rossia 1 and Perviy take advantage of the flexibility of the tools offered by Telegram in order to broadcast a reading of the news consistent with the interests of those in power, while targeting different audiences.
Keywords
Russian federal television, formatting of information on the web, digital strategies of television channels, editorial identity.
En Español
Título
Estrategias editoriales de los canales de televisión rusos
Resumen
El artículo revela las estrategias editoriales de dos canales de televisión federales rusos en Telegram. Por un lado, demuestra la forma en que Telegram logra controlar la producción de significado a través de los marcos y formas de comunicación puestos a disposición de los medios editoriales. Por otro lado, busca demostrar los medios de que disponen los editores para construir noticias de acuerdo con su propia identidad editorial.
Al ser la red Telegram un espacio de pluralismo, los canales de televisión controlados por el Kremlin la utilizan eficazmente para ofrecer a los usuarios su versión de las noticias. Al mismo tiempo, logran explotar la imaginación de la red participativa y afirmar el peso de los medios y el periodismo tradicionales. Rossia 1 y Perviy aprovechan la flexibilidad de las herramientas que ofrece Telegram para transmitir una lectura de noticias coherente con los intereses de quienes están en el poder, dirigiéndose a públicos diferentes
Palabras clave
Televisión federal rusa, formato de información en la web, estrategias digitales de canales de televisión, identidad editorial.
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Idelson Bernard, « Les reconfigurations numériques de l’information télévisuelle en contexte d’outre-mer : des stratégies tâtonnantes », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°24/3, 2024, p.101 à 115, consulté le samedi 21 décembre 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2024/dossier/06-les-reconfigurations-numeriques-de-linformation-televisuelle-en-contexte-doutre-mer-des-strategies-tatonnantes/
Introduction
Cet article propose de confronter des discours de professionnels des médias avec quelques-unes de leurs productions d’information télévisuelle, à propos des dispositifs numériques, de leur pratique et de leur représentation des publics [1]. L’observation concerne deux études de cas effectuées à Réunion la 1ère (chaîne du groupe France Télévisions [2]) et à Antenne Réunion (chaîne privée, première en audience). Elle s’intéresse notamment aux dispositifs sociotechniques visant une convergence des programmes d’information télévisuelle, en quelque sorte dupliqués vers différents relais et plateformes numériques. Nous visons deux objectifs : poursuivre l’analyse socio-historique de la télévision locale réunionnaise au prisme de ses reconfigurations numériques apparues il y a plus d’une décennie ; interroger la notion de contextes de production et, dans une moindre mesure, de réception de la télévision (Paganelli, 2016). Pour le premier point, il s’agit de mettre en évidence la corrélation des discours très anciens, et souvent technicistes, sur les promesses de la modernité exaltée à chaque innovation de support de diffusion (Idelson, 2013), avec les pratiques informationnelles récentes et de les stratégies techno-économiques d’éditorialisation. Concernant le second, il sera question d’observer le contexte informationnel d’outre-mer qui (ré)interroge les catégories de télévision locale et télévision globale, non sans rappeler le landscape médiatique d’Arjun Appadurai (2015). En effet, les deux chaînes sont liées à des grands groupes médiatiques, France Télévisions pour Réunion la 1ère et, dans une moindre mesure, TF1 pour Antenne Réunion, lesquels déploient des stratégies numériques, de captation des usagers du web et des réseaux socio-numériques (RSN), identiques à ceux d’autres groupes multinationaux. Elles n’en restent pas moins confrontées, chacune à leur manière, à la concurrence des Gafa avec l’accroissement des nouveaux marchés qu’elle génère.
Une recherche située, contextualisée et menée sur un temps long
L’enquête ponctuelle présentée s’inscrit dans une problématique plus générale portant sur les médias audiovisuels locaux en contexte d’outremer post-colonial. Il s’agit donc de l’appréhender comme une « recherche située » (Le Marec, 2002 ; Idelson, Molinatti, 2022) qui met, sinon à l’épreuve, du moins en discussion, quelques concepts et catégorisations forgés dans des aires géographiques de pays industriels dits du « Nord ». Si La Réunion est une région monodépartementale française, insérée institutionnellement dans l’Europe, par son statut de Région Ultrapériphérique Européenne (RUP), ses médias d’information ne peuvent être qualifiés « d’infra-nationaux » (Bousquet, 2015). Le contexte insulaire, situé à plus de 9000 km de l’Hexagone, a pour conséquence que leur analyse implique de fournir préalablement quelques éléments précisément de contextualisation [3]. Les travaux de chercheurs vivant à La Réunion analysent les transformations de ces médias d’information, changements progressifs qui sont autant déterminés par la sociohistoire que par l’évolution des dispositions techniques.
Ainsi, l’hypothèse principale suggère que l’espace médiatique réunionnais actuel s’appréhende à l’aune, certes des conversions numériques qui interviennent depuis la fin des années 1990, mais également des contextes socio-politiques, en particulier depuis la libéralisation des ondes réunionnaises (par la fin du monopole de la télévision d’État), au début de cette même décennie 1990. La proposition formulée est qu’il découle de cette sociohistoire des médias des habitus professionnels propres aux journalistes : actes de production et représentations des professionnels y sont ainsi étroitement liés (Idelson, Lauret, 2020 [4]). La notion d’habitus désigne ici des pratiques socio-professionnelles construites et susceptibles d’évoluer dans le temps (Neveu, 2013, p. 38). Plusieurs séquences d’actions des responsables des médias ont déjà été décrites par les chercheurs. Elles correspondent à diverses phases de représentations : enchantement d’internet et déterminisme technique (1990-2000), désenchantement économique (2000-2003) et stratégies d’adaptation autour de la mise en ligne des contenus (2003-2007). La période la plus récente (de 2008 à aujourd’hui) voit s’affirmer « des modèles économiques » choisis par les opérateurs, modèles dominés à la fois par une approche marketing caractérisée par l’observation et par le contrôle des flux, ainsi que par l’insertion des contenus dans les réseaux socio-numériques (RSN) (Idelson, Lauret, 2020, p. 171-172).
La presse d’information réunionnaise (écrite ou audiovisuelle) fonctionne ainsi à l’échelle d’un « petit pays » ; sa cartographie montre qu’elle est par ailleurs composée de petites structures liées à un « capitalisme local fragmenté » (Lauret, 2023, p. 2) et qu’elle ne correspond pas au phénomène de concentration de grands groupes qui caractérise la presse régionale de l’Hexagone. Pour autant, la question de sa singularité apparaît complexe à saisir en raison du fait que ses contenus médiatiques se diffusent désormais, et comme partout dans le monde, à grande échelle du fait de l’extension du numérique. Notre problématique pourrait ainsi proposer un autre point de vue excentré en s’agrégeant aux travaux menés sur la presse régionale française, notamment sur la circulation de ses contenus en lien avec leur plateformisation et sur le phénomène de collusion entre l’économique et l’éditorial (Bousquet, Marty, Smyrnaios, 2015 ; Rebillard, Smyrnaios, 2019 ; Bousquet, Amiel, 2021 ; Tredan, Gestin, 2023). Sur un temps long (de près de trois décennies) d’études sur les médias et le journalisme réunionnais et indianocéaniques, nous nous intéressons aussi aux discours, souvent enchanteurs, des opérateurs de télévision (Idelson, 2013), à l’imaginaire du progrès technique (Flichy, 2003) ainsi qu’aux traces de l’histoire politique de l’île dans les représentations médiatiques. Dans cet article, à l’occasion de cette dernière strate d’enquête (relativement plus courte que les précédentes), il s’agit de les mettre en miroir avec les stratégies informationnelles que nous qualifions de tâtonnantes dans les rapports entre le local et le global (Appadurai, 2015) déjà évoquée précédemment.
Questions de méthode
L’observation d’un tel processus d’hybridation info-communicationnelle repose sur des enquêtes et des entretiens approfondis avec les responsables de pôle TV/Web et des journalistes des deux chaînes à partir des grilles de programmes, des sites web de ces médias et de séquences promotionnelles de leurs présentations. Douze rencontres in situ ont été réalisées de juillet à août 2022 au sein des rédactions. Menées durant la préparation des Journaux Télévisés, elles ont consisté à des échanges assez brefs avec les journalistes mobilisés par leurs tâches. Une journée d’observation a été programmée dans chacune des rédactions. Elles ont été complétées par cinq entretiens approfondis plus formels avec le directeur régional, le directeur éditorial, le responsable administratif, ainsi qu’une responsable du développement numérique des pôles télé, radio et web de Réunion la 1ère. À Antenne Réunion, nous avons interrogé la rédactrice en chef et son adjoint ainsi que le chef d’édition web [5].
Comme nous l’avons précisé, ces enquêtes s’appuient, en les revisitant, sur de précédentes recherches menées sur un temps très long dans les mêmes rédactions. Afin d’analyser les transformations numériques, la notion de contexte est mobilisée dans plusieurs de ses aspects, socio-historiques, territoriaux et organisationnels. L’objectif est d’adopter une distance avec une approche qui serait trop techno-centrée, souvent inhérente aux études sur les transformations numériques de l’information (Paganelli, 2016). Le travail présenté s’inscrit ainsi dans une archéologie des médias régionaux qui tient compte des transformations en diachronie, tout en s’intéressant aux organisations des entreprises d’informations. Quelques données d’audiences (2020-2023) sont proposées et les différences structurelles des deux entreprises sont évoquées.
Concernant la récolte de la parole des producteurs, nous relatons des entretiens réalisés sur les lieux de productions, entretiens « topographiques » (Oger, 2009) qui permettent de saisir les discours en action, ou tout le moins de les confronter aux pratiques observées. Il s’agit de porter attention aux « discours d’escorte », ou discours d’accompagnement (Jeanneret, Souchier, 2001, p. 33), émis à propos de l’utilisation des techniques. À Antenne Réunion par exemple, au cours de deux enquêtes distinctes (l’une en 2018, l’autre en 2002 : Fig. 1), nous repérons sur le bureau de journalistes de l’info.re (Pôle Web de la chaîne) un poste de radio branché sur la fréquence d’une radio locale de grande audience, Radio FreeDom. À l’antenne de celle-ci, 200 000 auditeurs, producteurs profanes d’information, ont la possibilité d’intervenir à tout moment pour signaler petit ou grand incident de la vie quotidienne, et notamment les perturbations du trafic routier. C’est l’occasion pour le chercheur d’interroger les journalistes web sur leur usage de cette station qui alerte sur le moindre fait divers, usage fréquent dans d’autres rédactions de l’île (Simonin, Wolff, Idelson, 2010). Nous pouvons y voir le paradoxe d’une situation quotidienne dans laquelle l’analogique apparaît toujours bien présent dans la production de contenus digitaux. Mais ce qui relie finalement l’usage des deux techniques est l’importance de rester attentif à l’immédiateté de l’information, ce que Jean-François Tétu désigne comme le « présent absolu », évoquant le média radiophonique (Tétu, 1994, p. 85). Ce paradigme de la nécessité de l’instantanéité des contenus informationnels reste très prégnant dans les discours des responsables éditoriaux des deux chaînes à propos des reconfigurations qu’ils tentent de mettre en œuvre.
Ajoutons que cette immersion auprès des journalistes n’est pas sans difficulté pour le chercheur qui doit s’insérer, pour poser ses questions, dans le tempo de la fabrication de l’information (biquotidienne pour les JT) et quasi permanente (pour les pôles web). La question de la confrontation du chercheur à des temporalités propres (aux journalistes et aux chercheurs) reste complexe. Nous ne la développons pas dans cet article, mais elle fait l’objet de plusieurs travaux en études sur le journalisme (Demers, Le Cam, Pereira, Ruellan, 2001 ; Idelson, 2017). Il convient d’indiquer également que les entretiens recueillis dans cette dernière enquête sont à considérer comme des éléments fragmentés de représentations de journalistes ou de responsables de contenus éditoriaux. Il s’agit par conséquent de ne les appréhender que dans leur singularité. L’enquête ne dégage aucune régularité ponctuelle de points de vue, mais elle nous apparaît toutefois significative, précisément parce qu’elle vient compléter d’autres recherches, des habitus rédactionnels évoqués au prisme des techniques numériques. Elle permet enfin de faire ressortir des différences de stratégies entre deux organisations ne disposant pas des mêmes moyens financiers et ne partageant pas les mêmes contraintes.
Les quelques illustrations de productions des deux chaînes (types de sujets, catégories journalistiques) ont été sélectionnées et présentées comme des exemples prototypiques des tendances éditoriales. Elles sont issues d’un corpus recueilli lors d’une veille des sites web d’Antenne Réunion et de Réunion la 1ère durant la semaine correspondant à la période d’enquête in situ pour chaque chaîne [6]. Un traitement quantitatif sur une plus longue période permettrait bien entendu d’affiner les résultats, mais les tendances repérées (par exemple le pourcentage important d’occurrences de sujets d’actualité ou de traitements de faits divers révélés dans les titres des sujets) ont pu être corroborées aux justifications des pratiques des professionnels, recueillies pendant les entretiens.
Enfin, d’une manière générale, les travaux sur le journalisme menés au sein du Laboratoire de recherche sur les espaces créoles et francophones (LCF) de l’université de La Réunion s’inscrivent dans une tradition de recherche qui donne priorité aux données descriptives de terrain. Celles-ci sont ensuite abordées dans une perspective théorisante qui repose sur une démarche empirique « irréductible » (Schwartz, 2011) propre à quelques chercheurs de cette unité [7].
Approche comparative de deux rédactions
Les enquêtes au sein des rédactions des deux entreprises permettent de comparer le fonctionnement d’une chaîne privée, bien implantée dans le paysage médiatique local, et celui d’une chaîne dépendant d’un cahier des charges public, que nous résumons succinctement, quelques verbatims à l’appui.
Chaîne publique régionale « historique », créée en 1964, Réunion La Première (nommée ainsi depuis 2010) est une des antennes du Pôle Outre-mer du groupe audiovisuel public France Télévisions. Nous retrouvons chez les dirigeants de la chaîne un discours promotionnel, en lien avec les transformations numériques, déjà repéré lors de précédentes enquêtes (Idelson, 2013) : « Le numérique est au cœur de notre culture, et c’est tout récent […]. Car la pleine intégration du numérique, chez nous, c’est avant tout un changement, pour ne pas dire une révolution culturelle. » (Entretien avec le directeur régional, 01/07/22). Ces discours accompagnent néanmoins des changements organisationnels récents qui ne sont pas sans conséquence sur la production informationnelle. Les transformations s’observent dans la diffusion d’images numériques, la production d’émissions natives, le recours à des duplex en visioconférences (inaugurés durant la période pandémique de la Covid) et surtout une restructuration du pôle web qui se positionne dorénavant comme interface des différentes rédactions télé et radio, s’efforçant de produire des reportages « à quatre mains », pour reprendre l’expression de la rédactrice en chef adjointe chargée du pôle web (Entretien, 29/07/22). La métaphore qualifie le travail de collaboration entre les journalistes reporters d’images (JRI) et les journalistes radio qui envoient des images et des sons depuis le terrain, afin d’alimenter le site dont les contenus sont aussi réinvestis essentiellement sur la page Facebook (FB) de la chaîne publique ainsi que sur d’autres réseaux socio-numériques [8]. Cependant, précisons que l’enquête porte essentiellement sur les pratiques et la production informationnelle de la télévision, ainsi elle ne prétend pas apporter de résultats qualitatifs à propos des usages des récepteurs (si ce n’est quelques données sur leur localisation [cf. Fig. 5], ainsi que sur les représentations que les responsables éditoriaux se font de leurs attentes).
L’homogénéisation entre les programmes informationnels, produits par des journalistes professionnels, d’une télévision hors ligne classique et l’animation du site web, inséré dans l’architecture du portail outre-mer du groupe FTV, avec des contenus réalisés par des « éditeurs web », ne semble pas encore effective. La première catégorie est constituée par les deux rendez-vous quotidiens du JT, les émissions d’informations spéciales et bien sûr les journaux et la matinale radio. Elle reste la marque de fabrique de la chaîne qui annonce mettre l’accent sur les débats d’actualité (proposés, par exemple lors des dernières élections législatives), la qualité et la déontologie du travail journalistique (Entretien avec le directeur régional, 01/07/2022). Les reportages télé peuvent également être utilisés sur le site web, en illustration des articles, sans attendre l’heure du prochain JT, pour être diffusés. La seconde concerne essentiellement les contenus en ligne locaux du portail de l’outre-mer de FTV.
Les différences de formats techniques (16/9e pour la télévision traditionnelle, carré pour la diffusion numérique privilégiant le mobile first [9]) et de temporalités, sont soulignées par les responsables du développement numérique pour la chaîne. Pour autant, des expériences hybridant les deux genres (en ligne et hors ligne) sont entreprises. Certaines donnent même la possibilité « d’inverser le paradigme », selon l’expression du responsable du développement numérique de Réunion la 1ère, qui prône la nécessité de la conversion de la télévision au tout numérique. Publié en juillet 2022 sur le site de la chaîne et réalisé par les éditeurs web, l’article lançant l’appel au classement du « Top 10 des samoussas », illustre ce phénomène. Cette consultation des internautes, à propos de leur préférence concernant les meilleurs samoussas [10], petits beignets salés, très prisés des consommateurs réunionnais, a permis d’obtenir 303 000 vues, soit en première place durant quatre jours, avec 1200 commentaires, 7200 likes, et 92 000 followers sur FB. Le module FB a ensuite été décliné en format reels [11] sur le réseau Instagram. Puis, il a été redirigé vers un format télé, avec des teasers lancés durant les JT, au cours desquels des QR codes, à scanner à partir des écrans télé, permettaient d’accéder directement à l’article sur le site web.
Si le tout « multimédia » ou le « cross media » prônés lors du lancement de la TNT en 2011 ne sont plus évoqués (Idelson, 2013), l’idée de complémentarité entre web et télévision linéaire apparaît ici, tout en distinguant les modes de productions, et quitte à réorganiser physiquement les locaux (cf. Fig.2) comme le démontre ce verbatim : « On a cassé des murs en Guyane, pour que ça communique, pour faire de la convergence, l’idée c’était de relier les pôles, c’est pour cela que cette station [Réunion la 1ère] est bien conçue par rapport à d’autres. » (Entretien avec la rédactrice en chef adjointe chargée du pôle web, 29/07/22).
Toutefois au cours d’entretiens informels, un journaliste bi-qualifié (JRI et cadreur), un journaliste de radio (20 ans d’ancienneté) et une journaliste (10 ans d’ancienneté) nous manifesteront, à peu près dans les mêmes termes, leur désapprobation et leur défiance par rapport aux transformations en cours : « Ils veulent en fait regrouper les rédactions, faire des économies d’échelle sur le dos des journalistes. Il s’agit de supprimer des postes de journalistes et de les remplacer par des emplois assis ou des robots. Ce qui est grave et inquiétant pour un service public. » (Entretien informel hors les murs de Réunion la 1ère avec un journalise, 01/03/23)
Enfin, la nouvelle stratégie de « notoriété » repose à part égale sur le référencement (notamment avec la page Facebook de Réunion la 1ère) et sur l’éditorial web. Toutefois, est-il précisé, cette recherche de reconnaissance de la « marque Réunion la 1ère » exclut « la course aux clics » ainsi que « les chiens écrasés », « l’information vérifiée » étant encore une fois mise en avant dans le propos (Entretien avec le Directeur éditorial, 07/09/2022). Nous retrouvons aussi dans le propos directorial une certaine volonté de revendiquer des valeurs propres à une « culture de service public » déjà repérées dans d’autres travaux consacrés au groupe FTV (Alexis, 2019, p. 185).
Antenne Réunion est lancée en mars 1991 et s’inscrit dans le mouvement de libération des ondes réunionnaises, en s’attaquant au monopole de la télévision d’État, RFO-Réunion (Idelson, 2006 : 144). Des accords d’échanges de programmes, que chaque entreprise rémunère à l’autre, sont effectifs depuis plusieurs années avec TF1. Elle devient leader en termes d’audiences et appartient successivement à plusieurs entreprises privées locales, la dernière étant le groupe multimédia Cirano (depuis 2021) [12].
À Antenne Réunion, la priorité semble être de conserver la confortable avance d’audience sur la chaîne publique, en maintenant les moyens concentrés sur la fabrication classique des deux rendez-vous quotidiens du JT à 12 h 30 et à 19 heures. « Nos téléspectateurs sont attachés à la télé et ils continuent de la regarder chez eux. Plus tard on mettra en place un certain nombre de mesures car on est attentifs à l’évolution des choses, pour l’instant ce n’est quand même pas le cas. On est dans le modèle classique » (Entretien avec la Rédactrice en chef, 01/09/2022). À l’instar de sa concurrente publique, l’information est présentée comme prioritaire. Elle est produite dans sa forme journalistique classique, étoffée à la rentrée (de septembre 2022) par un dispositif interactif avec les téléspectateurs et avec un nouveau magazine de 52 minutes, intitulé Dann rézo qui propose de commenter et de vérifier les nouvelles circulant sur le net.
Les transformations numériques, visibles depuis quelques années, sont liées à la possibilité d’accès permanent aux replays des JT, ainsi qu’aux séries (dont les telenovelas « très prisées » sur le site Antenne Reunion.re). Par ailleurs un autre site web, Linfo.re, est animé par le pôle web de la rédaction.
Si comme à Réunion la 1ère, des interactions existent entre les JRI affectés à la fabrication du JT, les stratégies éditoriales sont annoncées comme davantage distinctes. L’audience de l’Info.re est en permanence scrutée, grâce aux outils d’analyse du web. Afin de maintenir le flux de fréquentation, le site privilégie des articles locaux de faits divers. L’actualité nationale ou internationale est sous-traitée par une équipe située à Madagascar à qui le chef d’édition web adresse chaque matin une liste de sujets à préparer. « Mon objectif est d’arriver à 100 000 interactions sur FB par jour, auxquelles je compte en plus l’application, les personnes qui vont sur le site automatiquement et les pushs, il y a d’autres paramètres. On s’est aperçus qu’en se consacrant davantage à l’info locale sur linfo.re, on augmentait l’audience, tout ce que je publie désormais est local. Sauf si bien sûr, il s’agit d’une info nationale importante, mais en général, nous privilégions le local sur le national ou l’international. » (Entretien avec le Chef d’édition web, 01/09/2022).
Si l’équipe de linfo.re opère une veille permanente sur le web, à la recherche de sujets jugés « accrocheurs », des limites éditoriales sont toutefois posées : « On discute avec la rédaction télé de l’opportunité de traiter tel ou tel sujet. Si je trouve une information qui fait buzzer, on essaie de trouver un consensus, voire de modifier l’article, et nous floutons les visages » (Entretien avec le Chef d’édition web, 01/09/2022). Par ailleurs, l’interactivité avec les JRI de la rédaction est bien réelle : des « coquilles », articles composés d’un titre, d’un chapeau, d’un texte et d’une vidéo reprise dans un sujet du JT, sont régulièrement postées, mais en fonction d’un choix éditorial de captation des internautes (privilégiant les faits divers et les témoignages censés, dans les représentations des producteurs, susciter l’émotion des récepteurs).
Ainsi, l’organisation des pôles web diffère quelque peu entre les deux chaînes. Liées à leur propre histoire et à leurs propres ressources, elles sont toutes deux insérées dans un écosystème médiatique local, avec les contraintes inhérentes à celle d’un territoire insulaire caractérisé notamment par un marché publicitaire limité. Une logique d’économie libérale s’impose à Antenne Réunion qui doit faire face à la concurrence des Gafa, son financement dépendant davantage de la publicité que celui de la station historique. Réunion la 1ère, s’inscrit dans un fonctionnement relevant d’une entreprise publique, mais la chaîne est confrontée précisément (à l’instar du groupe dont elle dépend [13]) à la baisse des financements de l’État, incertitude ravivée par la suppression récente de la redevance audiovisuelle. La publicité (introduite depuis 1984) y alimente quand même une part des recettes. In globo, les deux médias sont soumis à une même injonction de visibilité numérique.
La télévision régionale dans son rapport au global au prisme de ses reconfigurations numériques
Un autre paradoxe relevé, et partagé par les acteurs des deux chaînes, réside dans la nécessité de rester mobilisé sur la production de programmes informatifs « classiques » inhérents à une télévision « traditionnelle ». Les quelque 524 800 téléspectateurs (âgés de plus de 13 ans), sur une population de 913 000 habitants, comptabilisés en audience cumulée [14], y resteraient attachés pour l’instant, malgré une lente érosion (cf. Fig. 4). Les deux structures doivent développer des stratégies de conquête des usagers du numérique. La situation sociodémographique particulière de La Réunion (population plus jeune que celle de métropole, mais avec souvent plusieurs générations cohabitant au sein du foyer familial) permettrait ainsi aux opérateurs de miser sur leur propre savoir-faire de production télévisuelle locale. Des enquêtes menées au niveau national révèlent d’ailleurs que si les jeunes (dont les diplômés) se détournent massivement de la télévision traditionnelle, cette dernière « semble ne pas avoir disparu des pratiques de consommation médiatique des Français et s’encastre dans une consommation multimédia » (Dejean, et al., 2021, p. 43).
Globalement, la télévision régionale d’outre-mer n’échapperait donc pas aux incertitudes partagées par les chaînes nationales. Il est sans doute nécessaire de réinterroger ce que François Jost appelle le « lien de la télévision au téléspectateur » (2007, p. 16), objet du « contrat de communication » défini, au temps de la télévision analogique, par Charaudeau (1997, p. 73), entre autres auteurs. Dès lors que l’exposition des internautes aux contenus informatifs des chaînes de télévision s’opère en fonction de logiques algorithmiques et métriques, elle ne dépendrait plus désormais de leur libre choix, mais de leur « profil ».
Cependant, la particularité des chaînes régionales, et notamment celles d’outre-mer, suscite de les appréhender, comme nous l’avons déjà évoqué, d’une manière contextualisée. Ces particularités territoriales ont fait l’objet de plusieurs travaux. Dans la poursuite des analyses d’Isabelle Pailliart (1993), les chercheurs se sont interrogés sur le rapport entre le lieu de production et celui de diffusion des médias locaux, au prisme d’internet. Ils se demandaient alors si les potentialités de « reterritorialisation » allaient connaître une « effectivité sociale » (Rebillard, 2002, p. 41). De même, Benoit Lafon a évoqué la « place particulière » de la télévision régionale « à la jonction du national et du local, (produisant) images et discours sur les territoires, contribuant de ce fait à la construction des identités territoriales » (Lafon, 2012, p. 23) ; l’apparition de cette télévision décentralisée du début des années 1980 aurait ainsi participé à l’expression quasi revendicative des collectivités territoriales. Dans les DOM-TOM, les stations de FR3 vont alors être regroupées dans le Réseau France Outre-Mer (RFO) qui se prolonge, en quelque sorte, dans le Pôle Outre-mer actuel au sein de FTV.
Rappelons que dans les années 1960-1970, l’information locale était considérée comme séditieuse par les tenants (départementalistes) de l’assimilation totale avec la France, au sein d’un environnement indianocéanique en voie de décolonisation. Les décennies 1980 et 1990 furent celle de l’apparition du credo informationnel, partagé par l’ensemble des rédactions, de « proximité » avec « les Réunionnais ». Cette quasi assignation à l’information locale constitue un habitus éditorial fort, toujours prégnant dans les discours des professionnels lorsque, par exemple, ils présentent à chaque rentrée leur programmation (Idelson, 2006 ; Idelson, Lauret, 2020).
Aujourd’hui, l’intérêt pour les sujets régionaux (essentiellement réunionnais d’ailleurs et peu indianocéaniques) semble mobiliser une communauté de téléspectateurs depuis La Réunion et en France hexagonale, ce qui constitue un atout indéniable pour les deux chaînes.
Les opérateurs des deux chaînes ont bien conscience de l’érosion à venir des audiences et du détournement des usagers plus jeunes au profit des pratiques en ligne, et des supports et écrans mobiles, tel le smartphone qui « fait figure de terminal prodigue » (Sonet, 2021, p. 14), mais les stratégies techno-éditoriales qu’ils déploient restent somme toute graduées. Malgré les perspectives que leur confère une communauté interprétative d’usagers (en ligne ou hors ligne) attachés à l’information locale (Idelson, Magdelaine-Andrianjafitrimo, 2015, Idelson, 2022), ils perçoivent les effets d’homogénéisation et de captation informationnelles en cours produits par les RSN et les algorithmes dans la hiérarchisation des informations (Cardon, 2015).
Conclusion
En fonction des sociohistoires et surtout des ressources propres de leur entreprise, les opérateurs tentent alors de mettre en place des stratégies d’éditorialisation et de reconfigurations tâtonnantes – plus progressives qu’éruptives – afin de s’adapter à la numérisation. Ces adaptations pragmatiques dans les politiques éditoriales relèvent ainsi de plusieurs bipolarités, apparemment paradoxales, entre local et global, entre ligne et hors ligne, entre linéaire et web. Il faut signaler à ce propos que ces stratégies évoluant en permanence, avec des acteurs changeant souvent de postes, voire d’entreprise. La temporalité de la recherche a pour conséquence qu’il n’est guère possible, dans le cadre d’un tel article, de faire état des stratégies les plus récentes, d’où la nécessité d’explorer les changements sur un temps long. Cette enquête a néanmoins permis de questionner deux études de cas dans le but d’appréhender des pratiques informationnelles de chaînes de télévision régionale. Les pratiques numériques d’information, les transformations des formats (davantage que leur « éclatement », terme utilisé dans la présentation de ce numéro) s’inscrivent ainsi dans un continuum de représentations et de discours technicistes, somme toute tenus dès la création de leur support par les professionnels locaux de l’audiovisuel (Idelson, 2013).
La question travaillée depuis trois décennies par les chercheurs est de trouver, à partir et depuis La Réunion, des voies qui pourraient contribuer à la montée en généralité des études sur le journalisme et les médias (Idelson, Molinatti, 2022). En effet, les acteurs professionnels observés évoluent dans des communautés et des environnements télévisuels spécifiques, mais qui s’insèrent, tout en les subissant, dans des transformations globales générées par l’essor des Gafa et leur captation (actuelle ou à venir) des ressources financières.
Notes
[1] Par discours, nous entendons des isotopies discursives recueillies auprès des professionnels de la télévision, repérées et contextualisées, en diachronie, au cours de différentes enquêtes (Idelson, 2013).
[2] Groupe France Télévisions, désormais « FTV » dans le texte.
[3] Des précisions de contextualisation sont souvent demandées aux chercheurs travaillant sur des objets d’outremer, ce qui n’est en général pas le cas si l’enquête concerne d’autres chaînes régionales. Le site tvenfrance.com en répertorie une soixantaine, incluant les treize stations régionales de France 3, mais sans qu’y soient mentionnées Réunion la 1ère, ni Antenne Réunion : http://www.tvenfrance.com/tvlocalesFrance.html, (consulté le 12/02/2024).
[4] Le.la lecteur.trice se reportera à cet article (Idelson, Lauret, 2020) qui retrace les différentes périodes de la généalogie des médias réunionnais constitutive des transformations permanentes des organisations, en particulier des deux chaînes de télévision. Voir également la contextualisation comparée des transformations numériques des médias réunionnais et mauriciens (Idelson, 2022).
[5] D’autres contacts, plus informels, ont eu lieu à l’occasion de rencontres liées à l’interconnaissance que nous avons pu développer (ayant appartenu nous-même à ce groupe professionnel des journalistes), puis au sein de la sphère académique durant les collaborations pédagogiques et de recherche qui existent entre les médias locaux et le département Sciences de l’information et de la communication de l’Université de La Réunion. Signalons également que plusieurs professionnels au sein des rédactions sont des anciens étudiants de la filière « Info-Com » de l’université de La Réunion, ce qui facilite les échanges.
[6] Antenne Réunion/Linfo.re : veille du 29/07/22 au 4/08/22 ; Réunion la 1ère : du 1/08/22 au 7/08/22.
[7] Voir la présentation en ligne du LCF : https://lcf.univ-reunion.fr/accueil, (consulté le 20/02/2024).
[8] Les contenus de Réunion la 1ère sont disponibles sur Facebook, Instagram, Youtube, X. L’application mobile de la 1ère est également accessible via les plateformes App Store et Google Play. Les contenus de linfo.re et d’Antenne Réunion sont disponibles sur Facebook, Instagram et X ; l’application mobile étant de même accessible via App Store et Google Play.
[9] Programmation destinée en priorité aux publics s’informant online (notamment sur des smartphones).
[10] Voir : https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/top-10-on-a-classe-subjectivement-les-meilleurs-samoussas-de-la-reunion-1302576.html, (consulté le 10/09/2022).
[11] Reels (de l’anglais bande, ou bobine) : très courtes vidéos (de 15 à 30 secondes) avec effets spéciaux, adaptés au format des RSN.
[12] Le sondage Médiametrie-Métridom indique une audience cumulée de 40 % (période de sept.-nov. 2023) et de 43,1 % (sept./nov. 2022) pour Antenne Réunion, et de 23,5% (période de sept-nov. 2023) et de 26,9% (sept-nov. 2022) pour Réunion la 1ère. Voir : https://www.mediametrie.fr/system/files/2023-12/2023%2012%2013_CP%20TV%20RADIO%20Réunion.pdf (consulté le 7/05/2024).
[13] France Télévisions chiffre la baisse des subventions de l’État pour le service public audiovisuel à 1,1 milliard d’euros entre 2011 à 2022. Voir : meta média, site prospectif de FTV, https://www.meta-media.fr/2022/07/23/liens-vagabonds-le-casse-tete-du-remplacement-de-la-redevance-audiovisuelle.html, (consulté le 24/08/2022).
[14] Voir : Médiamétrie, vague avril-juin 2023, https://www.mediametrie.fr/sites/default/files/202307/2023%2007%2004_CP%20TV%20RADIO%20Réunion.pdf, (consulté le 27/09/2023).
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Auteur
Bernard Idelson
Bernard Idelson est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de La Réunion et membre du Laboratoire de recherche sur les espaces Créoles et Francophone (LCF-UR 8143). Abordés au prisme d’approches sociobiographiques, ses travaux portent principalement sur les espaces publics médiatiques indianocéaniques, les transformations du journalisme ainsi que les liens entre médias numériques et territoires.
bernard.idelson@univ-reunion.fr