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Friche ou tiers-lieu ? Le cas du pôle 109 (Nice) au prisme de la médiatisation des politiques culturelles

20 Oct, 2024

Résumé

Ce texte propose une étude des représentations médiatiques du 109, un espace culturel implanté dans un quartier prioritaire de la ville de Nice, à partir d’une analyse d’un corpus de discours médiatiques produits sur cet espace depuis deux décennies. Il s’agit notamment d’évaluer comment s’est opérée, dans les imaginaires des journalistes, la métamorphose du pôle 109 et sa transition progressive de l’état de « friche » à celui de « tiers-lieu culturel ». Une transition qui va dans le sens de l’institutionnalisation d’un type de lieu faisant l’objet d’une attention grandissante des pouvoirs publics. Nous analysons donc les formes que prend ce lieu au fil de ses représentations médiatiques. Ces démarches apportent un éclairage original sur les processus de construction des éléments identitaires des espaces urbains en transition, ceux qui permettent aux acteurs politiques de les valoriser et de se les réapproprier.

Mots clés

Tiers-lieux culturels, friches culturelles, requalification urbaine, politiques de la ville, politiques culturelles, discours et médiations médiatiques.

In English

Title

The time « in-between » of an underground brownfield to a third place through the prism of media: the case of the 109 in Nice.

Abstract

This article proposes a study of the representations of 109, a cultural space located in a priority neighborhood in the city of Nice, based on an analysis of a corpus of journalistic discourses produced about this space over two decades. The aim is to evaluate how, in the journalists’ imaginations, the metamorphosis of the 109 hub and its gradual transition from a « wasteland » to a « cultural third place » occurred. This transition aligns with the institutionalisation of a type of place that is receiving increasing attention from public authorities. We analyse the forms that this evolution place takes over the course of its media representations. This approach provides an original insight into the processes of constructing the identity elements of transitioning urban spaces, which allow political actors to assign them value and to reappropriate them.

Keywords

Cultural third places, cultural wastelands, urban regeneration, public policies, media discourses and mediations

En Español

Título

¿Basura o tercer lugar? El caso de Pôle 109 (Niza) a través del prisma de la cobertura mediática de las políticas culturales

Resumen

Este artículo propone un estudio de las representaciones mediáticas del 109, un espacio cultural situado en un barrio prioritario de la ciudad de Niza, a partir de un análisis de un corpus de discursos mediáticos producidos sobre este espacio durante dos décadas. Se trata, en particular, de evaluar cómo se ha producido, en los imaginarios de los periodistas, la metamorfosis del 109 y su transición progresiva del estado de « terreno baldío » al de « tercer lugar cultural ». Una transición que va en el sentido de la institucionalización de un tipo de lugar que recibe una creciente atención por parte de las autoridades públicas. Analizamos, por lo tanto, las formas que toma este lugar a lo largo de sus representaciones mediáticas. Estos enfoques aportan una perspectiva original sobre los procesos de construcción de los elementos identitarios de los espacios urbanos en transición, aquellos que permiten a los actores políticos valorizarlos y reapropiárselos.

Palabras clave

Terceros lugares culturales, terrenos baldíos culturales  eriales culturales, regeneración urbana, políticas públicas, discursos mediáticos

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Magkou Matina, Pélissier Nicolas « Friche ou tiers-lieu ? Le cas du pôle 109 (Nice) au prisme de la médiatisation des politiques culturelles », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2024/varia/friche-ou-tiers-lieu-le-cas-du-pole-109-nice-au-prisme-de-la-mediatisation-des-politiques-culturelles/

Introduction

Cet article porte sur le processus de mise en récit par les acteurs médiatiques de la trajectoire d’un espace plutôt délaissé par les médias et par les pouvoirs publics, vers un lieu de culture reconnu et valorisé en voie d’institutionnalisation et de légitimation dans l’espace public local. Nous nous appuyons sur une étude des représentations par la presse régionale et nationale du pôle 109, un lieu culturel implanté dans un quartier prioritaire de la ville de Nice. À partir d’une analyse du discours médiatique concernant ses transformations depuis deux décennies et en mobilisant une approche communicationnelle appliquée à ce lieu en transition, il s’agit d’appréhender la forme que prend ce dernier au travers de la narration médiatique.

Sachant que les lieux culturels « sont le point de jonction entre les dispositifs territoriaux et des processus artistiques » (Bazin, 2023), nous proposons ici une analyse diachronique d’un corpus de presse de plus de 20 ans, analyse qui permet de saisir les nouveaux usages et le processus d’institutionnalisation d’une friche parfois décriée sous la forme d’un tiers-lieu reconnu et valorisé. Notre questionnement porte en premier lieu sur le lien entre les politiques publiques relatives à cet espace, et ses représentations médiatiques et symboliques. Nous explorons plus concrètement l’objectif éditorial des journalistes de mettre en lumière ses transformations et de donner du sens aux politiques publiques en question, au travers de la question suivante : comment la médiatisation d’une friche culturelle devenue tiers-lieu reflète-t-elle une certaine évolution des politiques publiques culturelles au plan local et national ? Notre hypothèse principale est que les journalistes ont tendance à se faire les porte-parole d’élus locaux qui entérinent un changement de cap plus global allant dans le sens de l’institutionnalisation d’une forme prenant ses sources dans la contre-culture.

Ce questionnement nous amène, dans un premier temps, à exposer notre méthodologie, puis à examiner la manière dont certains chercheurs en sciences de l’information et de la communication (SIC) et en SHS ont analysé la montée en puissance des tiers-lieux culturels dans l’espace public. Puis, dans un deuxième temps, à réinterroger la notion de « territoire » à la lumière de la recherche en SIC, plus particulièrement dans le champ des travaux sur les médias et sur le journalisme. Enfin, nous présenterons les résultats de notre étude effectuée dans le cadre d’un projet financé par la région Sud et porté par le réseau régional CREAMED, et d’un contrat post-doctoral (obtenu par Matina Magkou et sous l’encadrement de Nicolas Pélissier) portant sur les évolutions récentes des tiers-lieux culturels à l’échelle locale, nationale et internationale.

Méthodologie

Notre étude s’appuie sur un corpus de 69 articles de presse1 composé d’archives en ligne exploitées via la plateforme Europresse et les archives départementales de Nice, répertoriées sur une période allant de 2002 à mars 2022. La recherche des articles a été menée en utilisant certains mots-clés : « Nice », « Le 109 », « les abattoirs », « les anciens abattoirs » « L’Entre-pont » ou encore « Sophie Duez », l’élue municipale chargée de mission sur le projet culturel du Chantier 109. Ce corpus n’est pas exhaustif car nous aurions pu utiliser aussi comme mots-clés les autres structures qui font partie des résidents du 109, à l’image de La Station, qui a été la première association des artistes installée dans la Halle Sud des anciens entrepôts frigorifiques mis à disposition par la ville de Nice. Cependant, une grande partie des articles qui constituent le corpus font référence à des compagnies résidentes au 109. Le corpus n’inclut pas non plus tous les articles qui font une simple référence à la programmation artistique du lieu. Notre intention était d’étudier un matériel discursif à partir d’un corpus représentatif sur le 109 en tant que lieu en transformation.

Parmi les médias du corpus ayant le plus publié d’articles sur le 109, le quotidien régional Nice-Matin arrive en première position avec 16 articles publiés sur notre période de référence. Mais la presse nationale quotidienne et hebdomadaire s’est également intéressée au lieu, notamment Le Point (13 articles), Le Monde et 20 minutes (7 articles), ou encore Le Figaro et l’Humanité (4 articles), ainsi que la presse spécialisée telle que Télérama et d’autres journaux régionaux. Ce corpus inclut ainsi des titres nationaux et régionaux, mais aussi des médias de sensibilités diverses en matière de politiques culturelles. Sans pour autant atteindre la notoriété de la friche de la Belle-de-Mai à Marseille devenue Capitale Européenne de la culture en 2013, le 109 et sa transformation depuis quelques années semble donc avoir suscité un intérêt certain de la part de l’ensemble des journaux parmi les plus influents de la presse française, notamment dans le champ culturel.

La taille de notre corpus, ainsi que l’objectif de notre recherche visant à décrire la représentation du 109 dans le temps, nous ont amené à ne pas effectuer d’analyse lexicométrique, telle que l’entend par exemple Alice Krieg-Planque. Une méthodologie d’analyse de discours a permis de repérer les champs lexicaux et les formules qui facilitent la mise en récit des transformations du 109, et d’illustrer les attentes et aspirations politiques relatives à ce lieu symbolique. Notre attention s’est portée plus particulièrement sur les moments-clés de l’histoire du lieu : sa naissance dans la mouvance des contre-cultures niçoises ; son implantation dans un quartier prioritaire ; sa prise en charge par la politique municipale à travers l’action d’une actrice vedette ; la diversification croissante de ses activités ; enfin, sa transformation en tiers-lieu culturel et sa place grandissante dans l’agenda municipal en vue de la candidature de Nice à la Capitale européenne de la culture.

Comme nous allons le voir, les « pics discursifs » sont liés à une événementialité territoriale dont la production médiatique se fait l’écho. Celle-ci met en avant, sinon en valeur, la volonté des élus locaux de transformer et s’approprier le 109. Cette volonté se décline en diverses étapes et différentes intensités, selon l’avancement des projets municipaux. Le 109 a été médiatisé entre 2008 et 2013, avec 28 articles parus. Toutefois, entre 2004 et 2008, le lieu n’a suscité a priori aucune couverture. Il en va de même entre 2013 et 2016 – période de travaux sur le site – avant de connaître un regain d’exposition de 2016 à 2022. Ainsi, 5 articles sont parus en 2016, 9 articles en 2017, 5 articles en 2018 et 2019 et 2 articles en 2020. Nous constatons un pic en 2017, avant une nette retombée de l’exposition médiatique jusqu’en 2020. Toutefois, entre 2021 et mars 2022, 12 articles sont publiés, dont la moitié concerne la place du 109 dans la candidature de Nice à la capitale européenne de la culture 2028. L’approche diachronique privilégiée ici donne la possibilité d’analyser l’évolution de la mise en récit du 109 dans un temps long et de constater une mue territoriale et socio-politique.

Des friches devenues tiers-lieux : un changement de cap des politiques culturelles ?

Depuis les années 1980, les friches culturelles incarnent des espaces en marge des dynamiques urbaines dominantes (Ambrosino et Andres, 2008), reflétant une volonté de requalification sociale et spatiale « par le bas » (Henri, 2016 ; Maunaye, 2004). Artistes, créateurs, artisans, et squatteurs ont fréquemment investi ces friches, transformant d’anciennes cathédrales industrielles en nouveaux pôles artistiques dits « créatifs » (Andres et Grésillon, 2011).

L’émergence actuelle des tiers-lieux culturels s’inscrit dans une dynamique plus large, celle des tiers-lieux, vus par les pouvoirs publics comme des acteurs clés de la cohésion et du développement territorial. Toutefois, certains auteurs qualifient cette tendance de « tiers-lieu mania » (Idelon, 2018), voire les considèrent comme un modèle parfois idéalisé de sortie de crise (Besson, 2018).

En outre, la montée en puissance du référentiel de la « créativité » dans les politiques publiques (Le Cerf, 2013), l’ancrage des industries culturelles et créatives dans des régions industrielles en mutation (Liefooghe, 2015), leur forte influence sur les processus d’innovation (Béraud et Cormerais, 2012), l’émergence de « clusters culturels » (Léfèvre, 2019) et de quartiers culturels et créatifs (Michel, 2022) vont dans le sens d’un véritable engouement des décideurs publics pour ces espaces de créativité. Tout en offrant aux responsables municipaux la possibilité de répondre aux objectifs de rénovation urbaine mais aussi de marketing territorial, le développement rapide et généralisé de ces lieux se heurte néanmoins au problème récurrent de leur institutionnalisation qui, pour certains, refléterait une « contre-culture domestiquée » (Pattaroni et al, 2020).

En effet, selon Nicolas Auboin (2018), il est essentiel de replacer les tiers-lieux actuels dans le contexte des espaces intermédiaires et indépendants, longtemps représentés par les friches. Certains lieux semblent avoir conservé la configuration d’une ancienne friche culturelle, mais ont été requalifiés en tant que « tiers-lieux » pour s’aligner sur le nouveau langage des politiques publiques. Friches ou tiers-lieux ? Andres (2006) distingue un temps de veille entre une « avant-friche » et une « après-friche ». Cette période correspond à l’intervalle temporaire entre l’abandon d’un terrain, l’émergence de la friche et son évolution puis la planification d’un projet de réutilisation. Nous proposons ici d’évoquer ce même temps de veille entre la forme de la friche et celle du tiers-lieu.

D’une période – courte ou longue – de « vacance de lieu » et de « temps de délaissement » (Bachimon, 2013), la friche oscille entre les stratégies des acteurs publics et un processus de reconquête « par le bas » (bottom-up). De fait, le terme de « friches culturelles » rend compte de la fonction contemporaine de ces sites en tant que terreaux fertiles propices à l’intervention de la société civile, via les artistes et autres acteurs culturels, dont l’influence est cruciale dans la phase de transformation du projet. De La Broise et Gellereau (2004, p.22) évoquent également une division temporelle entre un « avant » et un « après » de la friche, révélant une intervention humaine. Ils expliquent que ces lieux artistiques, « en train de se faire », représentaient il y a quelques décennies déjà un modèle alternatif de production artistique proposant un métalangage de l’art où le « contexte industriel servait d’abord de prétexte et de contexte à une interprétation plastique ou dramaturgique de la société » (idem, p.21).

Ces dernières années, les tiers-lieux culturels ont fait l’objet de multiples travaux académiques, mais plus rares sont les recherches sur cette thématique en sciences de l’information et de la communication (Fichet, 2019 ; Magkou et Lambert, 2021 ; Martin, 2021). Les plus récentes sont publiées dans les deux tomes de l’ouvrage Les tiers lieux culturels (Galli et alii et Aroufoune et alii, 2024) 2. Cependant, bien que la rénovation des territoires soit un sujet étudié en communication urbaine (voir les travaux d’Aiello, 2011 et 2016), les recherches sur la transformation des friches en lieux institutionnalisés, abordées d’un point de vue communicationnel, sont limitées. Les études empiriques sur la médiatisation de ces lieux dans l’espace public sont encore plus rares, justifiant ainsi notre recherche actuelle.

Or, les médias ne sont pas sans influencer la transformation et la légitimation des politiques publiques culturelles. Comme l’expliquent Négrier et Teillet : « La production des politiques nationales en ce domaine n’a ainsi pas donné l’exemple d’une mise en forme capable de servir de point de référence à l’écriture de projets culturels territoriaux. Plus encore, l’habitude a été prise de s’en référer principalement à une « volonté politique » essentiellement constituée de discours, de proclamations d’intention… » (Négrier et Teillet, 2019, p.41). D’où certaines tendances des acteurs locaux à mobiliser les médias pour soutenir et légitimer cette « volonté politique », – comme nous l’avions indiqué en hypothèse – une situation qui nous amène à nous pencher sur les travaux relatifs aux interactions complexes entre médias et territoires.

Médias et territoires : quelles interactions ?

Comme le précisent Pélissier et Pagès (2000) ou encore Girault (2008), l’usage récurrent et parfois abusif du terme de « territoire » fait de celui-ci un mot-valise qui peut être utilisé dans des acceptions qui vont du plus extensif au plus restrictif, selon sa conceptualisation ou réappropriation. Rappelons à ce propos que le territoire étudié ici est l’espace physique du 109, un lieu culturel visant à instituer une permanence de création dans toutes les disciplines artistiques et proposer de nombreux dispositifs de diffusion à l’intention de publics variés. Par extension, l’objet de cette étude est élargi au quartier dans lequel il s’est implanté, à l’Est de Nice sur les rives du Paillon. Il s’agit donc ici de questionner la mise en récit d’un lieu emblématique d’un territoire en voie de réhabilitation pour établir un diagnostic quant à sa représentation plurielle dans l’espace public. « Pour l’information qui s’y attache, le territoire est à la fois une donnée et une réalité construite, un input et un output, une ressource et une production, un objet et un projet. D’un côté, l’information emmaillote le territoire, l’ausculte, s’en nourrit et le digère ; de l’autre, le territoire co-produit et façonne, dans la durée, l’information qui en est issue » (Pélissier, 2003, p.234).

Pour revenir à la question de la représentation, nous postulons ici que les médias contribuent à la construction d’imaginaires territoriaux qui sont travaillés en profondeur par les acteurs des politiques publiques, notamment au plan local et régional. Cela a notamment été montré par les travaux au long cours d’Isabelle Pailliart (1995, 2013) et ceux qui interrogent (voir notamment Damian-Gaillard et alii, 2002 ; Ballarini, 2008 ; Bousquet, 2015) la transformation numérique des médias locaux, tout particulièrement la presse quotidienne régionale (PQR), et ses effets paradoxaux : déterritorialisation ou reterritorialisation ?

Le plus souvent inspirés par la sociologie critique et l’économie politique des industries culturelles, ces travaux soulignent que les médias traditionnels, et plus encore leurs déclinaisons en ligne, ont un effet à la fois sécurisant et déstabilisant sur le lien au territoire des publics de ces médias. Ils soulignent aussi la déformation de ce lien entretenue par la production d’un imaginaire territorial correspondant davantage aux stratégies politiques et aux objectifs de marketing des pouvoirs publics et acteurs économiques locaux, qu’au vécu quotidien et aux aspirations citoyennes des habitants (Bullich, Marty et Salles, 2023). Bénistant et Marty évoquent à ce sujet « des dynamiques territoriales se situant du côté de l’information service […] permettant difficilement de modifier un rapport étroit et bienveillant aux sources considérées comme légitimes dans le territoire ». Ils évoquent aussi, au sujet de la presse régionale, une « relative absence de débat de fond sur le territoire » (2018, p.15).

De leur côté, les médias communautaires et alternatifs proposent une grille de lecture territoriale souvent plus fine et privilégient la sociabilité, la citoyenneté et le vivre ensemble (Ferron, 2016), des objectifs qu’ils partagent d’ailleurs avec de nombreux tiers-lieux (Pélissier et Huret, 2024). Cependant, la faible audience de ces médias laisse supposer que leur influence dans l’espace public demeure limitée, et moins importante que celle des médias de masse d’information en matière de représentations dominantes d’un imaginaire territorial. C’est la raison pour laquelle nous privilégierons ici un corpus constitué d’articles issus de certains de ces médias relative à notre terrain d’étude, le pôle 109 à Nice, resitué dans son environnement local.

Le temps de veille du 109 et ses représentations

De l’avant friche à la conquête d’un nouveau terrain vacant

La création du 109 résulte d’une longue histoire de tentatives d’occupation, par des artistes et des collectifs n’ayant pas une existence institutionnelle clairement établie, de différents sites emblématiques ouverts et animés des quartiers de Nice (Idjéraoui-Ravez et Pérez, 2016 ; Kaminska et Idjéraoui-Ravez, 2022). En 2002, la municipalité acquiert les vastes entrepôts de l’entreprise Spada dans les quartiers Est de la ville. Quelques années plus tard, elle engage un projet de reconversion de ses anciens abattoirs en un pôle de cultures contemporaines, mutation qui a commencé en 2008 par l’installation, dans une partie du site, d’un collectif d’artistes (La Station) dont la presse va se faire l’écho.

Ainsi, l’article du corpus intitulé « À la conquête des quartiers Est… » (Fiammetti Philippe, Nice-Matin, 2 avril 2002) témoigne des ambitions de la Ville relatives à ce lieu culturel, mais aussi au quartier qui l’entoure. Donnant la parole aux différents représentants politiques locaux, le journaliste décrit les intentions de la Ville concernant ce « patrimoine à faire acquérir » qui fait des Abattoirs « un futur moteur économique qui contribuera à la transformation des quartiers délaissés de la Ville ». La participation des artistes, et notamment ceux du Collectif des Diables Bleus, ainsi que des populations du quartier en vue de la création d’équipements de proximité, sont soulignés par les autres élus locaux interrogés. Quelques temps plus tard, en 2004, quand l’initiative d’offrir des espaces aux artistes à un loyer maximum de 1300 euros par an et les clés de 1083 mètres carrés de la halle à trois associations représentant le spectacle vivant, le journaliste prendra une position un peu plus critique vis-à-vis de la politique municipale, redonnant la parole aux artistes concernés : « Nous sommes heureux de ce partenariat avec la Ville, mais restons vigilants sur la manière dont nous allons être associés aux décisions et aux futurs projets concernant la Halle » (Le Point, 18 novembre 2004). Dans le même article, le journaliste va jusqu’à affirmer : « Dans une ville où la participation citoyenne à la politique culturelle est réputée faible, l’inquiétude est palpable », tout en essayant d’expliquer que la nomination d’un nouveau Directeur des affaires culturelles de la Ville devrait changer la donne dans les années à venir.

Le « Sang neuf » comme fer de lance municipal du renouveau d’un quartier

L’équipe municipale met ainsi en place une mission de réflexion intitulée « Chantier Sang Neuf », animée par l’actrice et élue Sophie Duez, afin d’élargir ce processus de mutation à tout le site et à toutes les expressions artistiques afin de préparer les lieux susceptibles d’accueillir diverses programmations autour des musiques actuelles, des arts visuels, etc. Cette forme expérimentale du projet s’est déployée jusqu’en 2015 au travers de diverses actions de production, de résidences et de manifestations temporaires.

À la fin des années 2000, le discours est marqué par l’imaginaire d’un espace de vie prenant le pas sur un espace de mort symbolisé par les abattoirs : « Laissés à l’abandon depuis de longues années, les abattoirs auront donc droit à une seconde vie » (Richie Natalie, Nice-Matin, 20 septembre 2008). La plupart des articles adoptent une tonalité optimiste : « On y donnait la mort. Elle y donnera la vie » (Rinaudo Christine, Nice Matin, 1er novembre 2008), en faisant référence à la mission attribuée à Sophie Duez. L’ancienne actrice devenue élue municipale avait d’ailleurs prévenu : « Si je suis concentrée sur les abattoirs, c’est parce que j’y ai ressenti le symbole de la perte, du vide, de l’abandon. Ces 40.000m2 respirent l’ancrage humain, terrestre, viscéral de Nice ».

Cette période de renouvellement est aussi médiatisée dans la presse nationale, qui n’hésite pas à faire une comparaison entre le territoire autour de la friche et le reste de la ville :

« Le bâtiment des Abattoirs, construit en 1962, d’une centaine de mètres de long, pas haut (deux niveaux), est une belle structure industrielle et sobre, hormis ses tuiles rouges. Les bêtes s’abreuvaient une dernière fois dans le maigre Paillon tout près, arrivaient sur pied, étaient abattues et vendues sur place. Le système frigorifique était novateur. Ce sont les abattoirs qui animaient ce quartier populaire. Depuis sa fermeture, c’est une zone sans âme, constituée d’entrepôts et de logements fatigués, à l’entrée Est de la ville, que l’on nomme route de Turin. Une sorte de no man’s land qui provoque davantage l’envie de filer que de s’y arrêter. Tout l’opposé de la flamboyante entrée Ouest, avec la promenade des Anglais. » (Guerrin Michel, Le Monde, 29 décembre 2009)

Le projet est alors présenté comme un laboratoire d’expérimentations et une nouvelle offre culturelle à vocation touristique internationale, mais aussi et surtout comme un élément de la revitalisation des quartiers. « L’idée est bien de redynamiser l’est de Nice par la culture, confirme un responsable de la Ville qui suit le chantier de près […]. Reste à garder une cohérence à l’ensemble, en respectant les contraintes qu’imposent les zones franches » (Le Figaro, 14 avril 2009). Au cours de la même période, dans un autre article : « depuis la fermeture du site, cette portion de la ville ressemble à un no man’s land » mais la « volonté politique » (Négrier et Teillet, 2019), formulée par la présidente du quartier où s’installe le 109, reflète un ton d’espoir : « Cela va redonner vie au quartier. Les abattoirs seront à terme un vrai lieu de vie, ouvert sur la population » (Le Point, 12 novembre 2009). Le changement lexical du lieu va d’ailleurs dans ce sens : du fait de leur ancienne vocation, les installations du 109 ont longtemps été dénommées « Les anciens Abattoirs » ou « Les Abattoirs », puis « Sang Neuf », un jeu de mots ayant pour but de mettre en avant la « nouvelle énergie » du lieu tout en préservant la référence à son passé. Désormais, le site s’intitule « Le 109 » de manière plus courante : « un nouveau nom, qui évoque prudemment la métaphore douteuse du premier » (Le Point, 1 juin 2017).

De l’underground vers le middleground : le pôle 109

Le lieu entame alors une nouvelle phase, celle de « pôle de cultures contemporaine ». Notons cependant que rares sont les articles du corpus qui expliquent cette transition opérée entre 2011 et 2017. D’ailleurs l’émergence de l’appellation « 109 » n’a presque pas été médiatisée. Il est vrai que, d’après nos échanges avec les acteurs du territoire (Magkou et Kaminska, 2024), cette période coïncide avec une série continue de travaux dans la friche pour des raisons de sécurité.

En 2017, un nouveau directeur artistique est nommé, il s’agit du fondateur de La Station, première association à investir le site en 2008. Un article publié dans Nice-Matin en septembre 2017 (« La friche, vecteur de changement pour le quartier ») donne la parole à tous les acteurs impliqués, incluant les artistes-résidents. Pour ce nouveau directeur, le 109 a le potentiel de mettre en lumière les quartiers Est et il peut suivre d’autres exemples de réussite dans d’autres villes internationales. Son discours à cette époque semble représentatif de l’espoir qu’offre la reconquête d’un espace délaissé pour tout le quartier : « Quand il y a un quartier en déshérence, les artistes le repeuplent et, dix ans après c’est un quartier à la mode ; ça se vérifie à New York, à Londres, à Paris. Berlin en est un exemple flagrant. Et c’est pareil pour Nice. Le quartier Saint-Roch est un quartier où il y avait une très grande vie populaire, très animé. Il y a eu beaucoup de choses dans les années 80 et puis il a été un peu en déshérence dans les années 1990-2000. Aujourd’hui il est promis à renaître » (Nice-Matin, 26 septembre 2017).

Le journaliste, auteur de l’article, donne d’autres exemples de réussite : la Friche de la Belle-de-Mai à Marseille, la Condition Publique à Roubaix… autant de lieux qui « ont poussé dans des quartiers sensibles », « animés par la même ambition : réinventer la culture au sein d’espaces urbains apaisés ». La presse régionale reflète aussi le discours volontariste du directeur et programmateur culturel de la Ville : « Au 109, on veut construire ensemble l’avenir, avec la population, les associations, pour que chacun s’approprie l’outil et qu’il prenne sa place dans le quartier et rayonne en cercles concentriques sur toute la ville. C’est important de bien réussir ce maillage » (Nice-Matin, 26 septembre 2017).

Cette même presse montre aussi que des initiatives allant dans ce sens ne sont pas forcément portées par la municipalité, en évoquant un nouveau média alternatif situé au 109 : la webradio Ligne 16, qui propose des ateliers de web-reporters (un programme d’éducation aux médias et à l’information) aux adolescents des quartiers populaires Pasteur, Bon Voyage, Saint-Roch, situés autour du 109 à Nice-Est. Par cette initiative, artistes et opérateurs culturels du 109 prennent la parole et décrivent leur rôle social vis-à-vis du quartier : « Dans notre société, très individualiste, les gens sont très seuls. Des lieux de culture comme le 109 peuvent recréer des instances de mise en réseau. Quand ils s’inscrivent, comme c’est le cas ici, dans des tissus sociaux un peu fragilisés, ils peuvent contribuer à décloisonner, en faisant se rencontrer des gens de milieux très différents » (entretien Frédéric Alemany, Nice-Matin, 26 septembre 2017).

Vers une configuration en tiers-lieu : une consécration médiatique ?

Depuis le début de la décennie, le 109 se positionne comme « une interface essentielle à la création contemporaine dans le paysage culturel local, national et international » 3, mais aussi comme un espace d’accueil des acteurs les plus divers de la vie culturelle niçoise, via notamment les ateliers municipaux de plasticiens. En septembre 2021, un événement intitulé « Le 109 change de peau » a été organisé par la Ville de Nice et les acteurs du Pôle Culturel 109, dans le cadre du programme Fabriques de Territoires, coordonné par l’Agence nationale de la cohésion des territoires. La municipalité a alors annoncé que le 109 préparait une prochaine étape de sa transformation, fondée sur une nouvelle forme de coopération qui rassemblera la Ville de Nice, d’autres collectivités territoriales, les acteurs culturels du 109 et ceux de la société civile. Dès lors, les retombées médiatiques se multiplient autour de cette nouvelle transformation en « Tiers-lieu culturel ». « Après des années de projets, les anciens abattoirs de Nice vont encore se transformer. Cette fois, ce sera un tiers-lieu » (Martin Elise, 20 minutes, 12 juillet 2021).

Plus largement, nous observons qu’il existe une volonté éditoriale de mise en récit de cette évolution et une explication de ce que signifie une transformation en « tiers-lieu ». Dans certains articles, cette transformation est synonyme de « nouveaux moyens considérables » (Avargués Clément, Nice Presse, 23 mai 2021). L’extrait suivant, qui reprend le discours de l’Adjoint au Maire de Nice délégué à la culture, est assez représentatif de ce type de discours : « Les anciens abattoirs deviendront un « tiers lieu », ce qui permettra de réunir des « moyens importants », du privé comme du public. […] La belle était assoupie depuis quelques années. Il n’y a pas eu de projets, il ne s’y passait plus grand-chose. Depuis deux ou trois ans, le 109 est devenu quelque chose d’hyperactif » estime encore l’élu municipal » (Meffre Noémie, Nice-Presse, 1er octobre 2021). À la suite de l’événement « Le 109 change de peau », les articles de presse se multiplient autour de cette nouvelle transformation adoptant souvent une tonalité didactique pour expliquer cette notion. Le journal Nice-Matin estime que la transformation en tiers-lieu devrait faciliter les échanges d’idées et commente de la sorte l’évolution du site : « passé d’abattoir à friche industrielle pour finalement devenir un tiers-lieu, le 109 semble aujourd’hui avoir trouvé sa voie, celle de la culture » (Nice-Matin, 5 octobre 2021). Dans le même article, se trouve un extrait du discours du Président de l’association France Tiers Lieux qui explique : « un tiers-lieu, c’est un endroit qui hybride des activités pour répondre à un besoin du territoire. Il existe autant de définitions que de tiers-lieux ! ». Le même article présente cette transformation comme l’occasion de mettre en avant le développement en cours du site à partir du projet « 109, Tiers lieu 2.0 », avec un budget prévisionnel d’environ 8 millions d’euros sur cinq ans, chiffre qui comprend la construction d’une nouvelle structure de gestion, associant les différents acteurs culturels, institutionnels et associatifs.

Comme le soulignent aussi Magkou et Beguin (2024), la décision de la Ville de candidater à la Capitale européenne de la Culture 2028 a donné un nouvel élan au discours politique autour de la métamorphose du 109, dont les journalistes deviennent alors les porte-paroles. Dans un article du quotidien économique Les Échos (25 janvier 2022), le 109 est même présenté comme la « pierre d’angle » du projet de la Ville concernant la candidature. Le discours médiatique s’apparente alors davantage à une forme de promotion de l’action politique des élus et des institutions du territoire… au risque de passer sous silence la dimension plus sociale et citoyenne qui a longtemps fait l’identité du lieu. Le 109 apparaît aussi comme un levier d’attraction de financement à travers la configuration en tiers lieu et la candidature au label Capitale européenne de la Culture : « Nous allons atteindre notre objectif : en faire un lieu de fertilisation croisée de la culture. Le 109 va devenir un tiers-lieu, ce qui va principalement nous permettre d’y accueillir des investisseurs privés, aux côtés de la DRAC, de la Région, de l’État » (Nice-Presse, 23 mai 2021).

La transformation vers le statut de « tiers-lieu », largement adoptée par le langage municipal, est aussi liée à une approche opportuniste de développement économique. Cependant, le fait que des stratégies d’aménagement « domestiquent » (Pattaroni, 2021) les espaces culturels au point de les transformer en instruments efficaces et consensuels de reconversion des espaces urbains peut entrer en contradiction avec la vocation originelle de ces lieux : rassembler les populations dans leur diversité et faire de la culture un pilier de la cohésion sociale. Comme souligné ailleurs (Magkou et Beguin, 2024), la notion de « tiers-lieu » est remise en question par les acteurs culturels présents au 109 : certains considèrent que le 109 est d’ores et déjà un tiers-lieu, d’autres le perçoivent simplement comme « un nouveau terme », « un mot à la mode » ou « une réplique de la friche ». Bien que notre corpus couvre la période jusqu’en mars 2022, nous constatons également que, avec le report de la candidature de Nice comme Capitale européenne de la Culture, l’intérêt médiatique pour le 109 a diminué et se concentre désormais sur l’annonce de la programmation culturelle plutôt que sur un projet de territoire fort et mobilisateur.

Conclusion

« Si les mots qualifient les lieux, ils les situent aussi dans un environnement et un projet » (de La Broise et Gellereau, 2004, p.21). La transition entre friches et tiers-lieux culturels est certes une question sémantique (Lextrait, 2018), mais pas seulement. La mobilisation et réactualisation des discours médiatiques autour du 109 apportent un éclairage original sur les processus de construction des éléments identitaires des espaces urbains en transition.

L’analyse du corpus de presse permet de prendre la mesure des transformations du 109 en tant que fabrique culturelle d’une ville, ainsi que de rendre visibles les efforts entrepris par des élus pour donner du sens à ce lieu. À la suite d’un temps de déshérence et de « mise en veille », la presse est mobilisée pour communiquer sur une nouvelle légitimité sociale, politique et économique tournée vers l’avenir : celle du tiers-lieu. Dans la plupart des cas, ce discours n’est pas questionné, mais plutôt reproduit, et les imaginaires mobilisés conduisent à un futur prochain imaginé qui donnera la possibilité de réenchanter et de reconquérir la ville, le quartier et sa vie culturelle.

L’étude du corpus met en avant deux registres. D’une part, les propos médiatiques analysés montrent bien que le 109 devient un instrument de mise en récit d’une politique locale, jugée utile au développement économique du quartier, de sa cohésion sociale et présenté comme un intermédiaire essentiel pour faciliter les agendas locaux d’innovation dans un quartier prioritaire. D’autre part, les médias contribuent à une autre mise en récit, celle du lieu 109 et de son environnement. Les formulations langagières produites par la presse étudiée visent de facto à changer les représentations négatives du 109 et de son quartier. D’autant plus que les parties prenantes (pouvoirs politiques, médias, artistes, associations…) se sentent engagées et se mobilisent pour son développement.

Nous avons aussi montré de quelle manière l’espace est médiatisé en fonction du lexique des politiques urbaines, dans une logique de « langue retournée de la culture » (Simonet, 2017) exprimée par la transformation lexicale d’une « friche » en un « tiers-lieu culturel ». Comme constaté dans d’autres travaux, les tiers-lieux culturels émergent progressivement de l’ombre underground pour acquérir une visibilité accrue dans le paysage médiatique et pour gagner en crédibilité auprès des journalistes professionnels (Pélissier et Huret, 2024), qui relatent ce passage du « off » au « in » (Idelon, 2022).

De fait, notre hypothèse a été confirmée : la friche, autrefois en opposition aux politiques culturelles, est devenue un acteur clé, cessant d’être en marge des institutions pour devenir un outil emblématique du « troisième âge des politiques culturelles » (Besson, 2018), dépassant même le champ culturel pour devenir un levier de sortie de crise et de résilience. Ce faisant, ces lieux perdent aussi en partie leur potentiel de contestation sociale initial pour devenir des instruments de développement territorial. Bien qu’elle reste vive chez nombre d’acteurs du terrain, interrogés longuement dans le cadre de notre programme de recherche global, cette voix contestataire est peu valorisée par les journalistes, à quelques exceptions près.

Il serait d’ailleurs opportun de poursuivre cette étude en menant des entretiens avec ces mêmes journalistes afin de mieux comprendre les raisons de cette médiatisation d’escorte peu critique de la transformation de friche en tiers-lieux, dont ils sont globalement les porte-parole, bon gré mal gré Nous envisageons par ailleurs d’enrichir notre hypothèse en élargissant notre corpus à des études portant notamment sur des médias alternatifs, même s’ils sont peu nombreux, ainsi qu’à l’influence des réseaux socio-numériques développés par les acteurs culturels locaux, qui concurrencent aujourd’hui en grande partie la presse traditionnelle.

Ainsi, l’analyse des articles de presse des espaces « en veille » offre une riche palette de possibilités pour mieux comprendre la transformation des lieux de culture et leur institutionnalisation. Nous espérons que l’approche proposée dans cet article pourra être utile aux chercheurs souhaitant étudier d’autres lieux culturels en transition.

Notes

[1] Ce corpus a été constitué avec la collaboration de Johana Lureau et Rudy Pouly, étudiants du master DISTIC (Digital Studies, Information et Communication) et stagiaires en 2022 du SIC.Lab Méditerranée de l’Université Côte d’Azur.

[2] Ouvrages issus du colloque international Tiers-lieux culturels : regards croisés entre chercheurs professionnels et artistes, organisé à Toulon les 16-17 mars 2022 dans le cadre du projet TLC financé par la région Sud et porté par le réseau CREAMED.

[3] Présentation de la structure dans la rubrique « à propos » de son site internet : https://le109.nice.fr/page/a-propos-du-109 (consulté le 26 juillet 2023).

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Notes

Matina Magkou a bénéficié pour ce travail d’une aide du gouvernement français, gérée par l’Agence nationale de la recherche au titre du projet Investissements d’Avenir UCAJEDI portant la référence n° ANR-15-IDEX-01 et de EUR CREATES (projets émergents).

Auteurs

Matina Magkou

Matina Magkou est chercheuse associée au laboratoire SIC.Lab Méditerranée (Université Côte d’Azur), où elle a obtenu un contrat post-doctoral (ANR-15-IDEX-01, UCA-JEDI, 2021-2023) sur le développement des tiers-lieux culturels à l’international (France, Espagne, Grèce, Brésil et Afrique du Sud). Ses travaux de recherche portent sur les politiques et la coopération culturelles, la communication interculturelle, ainsi que sur les industries culturelles et créatives. Avec Émilie Pamart et Billel Aroufoune, elle a codirigé le deuxième tome de l’ouvrage Tiers lieux culturels, Paris, L’Harmattan, 2024.
stamatina.magkou@univ-cotedazur.fr

Nicolas Pélissier

Nicolas Pélissier est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Côte d’Azur, EUR Arts et Humanités, où il dirige le laboratoire SIC.Lab Méditerranée. Il co-anime par ailleurs, avec Franck Renucci, le réseau de chercheurs CREAMED (Création/Médiations) en région Sud. Chercheur en sociologie des médias et de la culture, il a codirigé, avec Vincent Lambert et Stefania Bejan, l’ouvrage Questionner la diversité culturelle : une mondialisation sous influence, Paris, L’Harmattan, 2023.
nicolas.pelissier@univ-cotedazur.fr