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Des médias publics aux médias nationaux. Le pluralisme des médias publics polonais en proie à des intérêts politiques

18 Fév, 2022

Résumé

« Réformer » les médias publics a été l’une des premières mesures prises par le gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne depuis octobre 2015. Considérant que ces médias ne remplissaient pas correctement le rôle de service public, ce gouvernement a entrepris une profonde transformation des médias publics polonais censés devenir des institutions culturelles « nationales » parrainées par un Conseil des médias nationaux. L’analyse d’une émission d’information de la TVP.info présentée dans cet article semble confirmer notre hypothèse que ces transformations, tout en mettant en cause le principe démocratique du pluralisme des médias, n’ont rien d’idéologique mais ont servi à convertir les médias publics polonais en un instrument de pouvoir.

Mots clés

Pologne, médias publics, médias nationaux, pluralisme des médias, instrumentalisation politique des médias

In English

Title

From public media to national media. Pluralism of Polish public media being prey to political interests

Abstract

“Reforming” the public media was one of the first measures taken by the ultra-conservative government of the Law and Justice Party (PiS), in power in Poland since October 2015. Considering that these media did not properly fulfill the role of public service, this government has embarked on a profound transformation of the Polish public media which is to become « national » cultural institutions sponsored by a National Media Council. The analysis of a TVP.info news program presented in this article seems to confirm our hypothesis that these transformations, while calling into question the democratic principle of media pluralism, are not ideological but have served to convert the Polish public media into an instrument of power.

Keywords

Poland, public media, national media, media pluralism, political instrumentalization of the media

En Español

Título

De los medios públicos a los medios nacionales. Pluralismo de los medios públicos polacos caer presa de los intereses políticos

Resumen

« Reformar » los medios públicos fue una de las primeras medidas tomadas por el gobierno ultraconservador del Partido de la Ley y la Justicia (PiS) en el poder en Polonia desde octubre de 2015. Considerando que estos medios no cumplían adecuadamente el papel del servicio público, esto gobierno se ha embarcado en una profunda transformación de los medios públicos polacos que se convertirán en instituciones culturales « nacionales » patrocinadas por un Consejo Nacional de Medios. El análisis de un programa de noticias de TVP.info presentado en este artículo parece confirmar nuestra hipótesis de que estas transformaciones, aunque cuestionan el principio democrático del pluralismo de los medios, no son ideológicas sino que han servido convertir los medios públicos polacos en un instrumento de poder.

Palabras clave

Polonia, medios públicos, medios nacionales, pluralismo de los medios, instrumentalización política de los medios

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Holubowicz Maria, « Des médias publics aux médias nationaux. Le pluralisme des médias publics polonais en proie à des intérêts politiques », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°22/2, , p.61 à 70, consulté le samedi 20 avril 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2021/dossier/06-des-medias-publics-aux-medias-nationaux-le-pluralisme-des-medias-publics-polonais-en-proie-a-des-interets-politiques/

Introduction : Le ressentiment comme force politique dans les démocraties dites illibérales

La transition démocratique de la Pologne après la chute du régime communiste en 1989 a été pendant longtemps considérée comme réussie à tous les niveaux et a valu à ce pays des palmes de ses voisins ouest-européens ainsi que celles des institutions internationales. (Mink, 2015) La création des institutions démocratiques et l‘institutionnalisation des règles de l’État de droit ont été accompagnées par la transition des médias. Ainsi les médias polonais se sont vite diversifiés, sans pour autant s’émanciper complètement par rapport au champ politique. Cette évolution a été accompagnée par les journalistes, parmi les premiers à être convaincus par la nécessité de la démocratisation des médias et de leur affranchissement des tutelles politiques après un demi-siècle de l’instrumentalisation de la fonction journalistique par le régime d’obédience communiste. (Holubowicz, 1998, 2002)

En même temps, les transformations post-1989, d’inspiration libérale, ont fait naître d’énormes frustrations dans de larges couches de la société polonaise. L’accroissement considérable du niveau de la richesse nationale par habitant s’étant accompagné d’un accroissement aussi considérable d’inégalités dans le pays, cet écart est perçu comme insupportable par de nombreux Polonais, même si le niveau de vie moyen en Pologne n’a pas cessé de croître depuis plus de 25 ans. D’autant plus que le problème de la pauvreté n’a pas été réglé dans de nombreuses régions périphériques du pays, éloignées des grands centres urbains et économiques.

Le rejet massif des élites politiques, économiques et sociales occidentalisées, associées surtout à l’idéologie libérale (alors que la généalogie de ces élites est d’abord à rechercher dans les transformations sociales de l’époque de la Pologne populaire (Leder, 2014), a été la conséquence directe d’un ressentiment profond nourri à l’encontre des classes moyennes supérieures occidentalisées, considérées comme se préoccupant avant tout de leur propre intérêt. Ce rejet a constitué un terreau idéal pour faire prospérer des projets populistes. Celui du parti souverainiste, identitaire et populiste [1] Droit et Justice (PIS) a pris corps en octobre 2015 lorsque ce parti est arrivé au pouvoir. Au lieu de parler de populisme, à cause de la polysémie de cette notion, certains auteurs, dont le sociologue politique, spécialiste de l’Europe centrale et orientale Georges Mink (2016), préfèrent parler des démocraties illibérales étant donné qu’une dérive autoritaire a préalablement touché d’autres pays de l’Europe centrale.

Ainsi, rappelle Mink, « en 2016, Hongrie, Pologne, Slovaquie et Croatie [étaient] gouvernés par des leaders souverainistes flirtant parfois avec les extrêmes droites antisystèmes, avec récupération d’éléments de leur idéologie. » (Mink, 2016, p.6) Dans les pays qui peuvent être qualifiés de la sorte, les gouvernants ont, certes, été élus démocratiquement mais instrumentalisent les institutions démocratiques à leur profit pour garder le pouvoir. Parmi ces mesures d’instrumentalisation, on peut citer les transformations de la Constitution, les attentes à l’indépendance de la justice ainsi que de nouvelles orientations dans la politique étrangère. En effet, dans ces pays, ces mesures de remodelage des institutions s’accompagnent d’un discours de justification et de mobilisation composé, en premier lieu, d’une narration historique nationaliste basée sur les éléments soigneusement choisis de l’histoire nationale, mais aussi sur d’autres éléments comme, par exemple, la peur de l’étranger étant donné que la Nation essentialisée se retrouve au centre des nouvelles narrations officielles. Ce discours a besoin d’un canal pour atteindre ses destinataires c’est pourquoi on n’a pas tardé à subordonner les médias publics aux projets partisans.

En ce qui concerne la Pologne, depuis qu’il dispose d’une confortable majorité à la Diète, le parti de la droite souverainiste PiS continue à mettre à profit le mécontentement et les frustrations d’une partie de la population polonaise pour façonner durablement le pays selon ses desseins. La politique sociale généreuse du gouvernement lui a gagné de nombreux électeurs qui lui restent fidèles. Mais en même temps, le pouvoir en place a entrepris une profonde transformation des institutions du pays (le Tribunal constitutionnel, l’institution judiciaire, les médias publics, le système éducatif) pour qu’elles servent ses desseins et ses intérêts, au point de les vider de leur essence démocratique, représentée, entre autres, par la séparation des pouvoirs, l’indépendance des médias, le respect des opinions minoritaires, etc. (Holubowicz, 2016) comme l’avaient déjà fait certains de ses voisins. Si bien que l’on parle de plus en plus de l’orbanisation (ou de la putinisation de la Pologne et de l’orbanisation des médias polonais (Schwertner, 2017 ; Blumsztajn, 2017)

Ainsi, selon le rapport de l’ONG américaine étudiant l’état de la démocratie dans le monde Freedom House, ces dernières années, la Pologne ne cesse de perdre des points dans le classement mesurant le niveau de liberté politique et des libertés publiques [2]. Dans le classement 2020 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, la Pologne occupe la 62ème place sur 180 et a perdu 3 places par rapport à l’année précédente et 8 places par rapport à l’année 2017. Selon le même classement, la Pologne occupait la 18ème place en 2015, avant l’arrivée du PiS au pouvoir. Selon RSF, ce déclassement s’explique par une nouvelle détérioration de la situation au regard des standards démocratiques. En effet, selon cet organisme, « les tentatives de mise au pas du système judiciaire par le pouvoir en place commencent à produire leurs effets sur la liberté d’expression dans les médias indépendants. On assiste ainsi à une pénalisation croissante des sanctions contre la presse en matière de diffamation » [3].

Dans le présent article, nous nous proposons de mettre en lumière certains de ces processus actuellement à l’œuvre à partir des transformations pouvant être observées dans les médias du pays, aux prises avec le pouvoir en place.

Le principe du pluralisme mis à mal dans les médias publics polonais instrumentalisés

Le principe de pluralisme (d’opinions, de partis politiques, de médias) est « l’un des marqueurs fondamentaux de la pratique démocratique » (Benoist, 2011). Considéré comme l’une des expressions de la diversité culturelle (Bouquillion, 2011) ce principe est aussi l’une des applications essentielles du principe de la liberté de communication. Dans le domaine des médias, il s’agit encore plus qu’ailleurs d’un principe idéologique plutôt que d’une situation de fait, c’est pourquoi la loi joue un rôle essentiel pour imposer un « devoir être » aux différents acteurs afin que le pluralisme y soit assuré et préservé (Isar, 2011).

Même si le principe de pluralisme des médias n’a pas été officiellement mis en cause en Pologne, dans les faits, il est mis à mal notamment par la transformation des médias publics en instrument de pouvoir au profit du parti du gouvernement PiS. Au point que, dans leurs structures, leur supervision et les contenus de leurs programmes d’information, ces médias s’apparentent aujourd’hui davantage aux médias d’État ou aux médias gouvernementaux tels qu’ils existent dans les pays aux régimes autoritaires, en Afrique par exemple (Balima, 2014).

En effet, « réformer » les médias publics a été l’une des premières mesures prises par le gouvernement ultraconservateur formé par le parti Droit et Justice. Considérant que ces médias ne remplissaient pas correctement le rôle de service public qui leur était confié, le gouvernement du parti téléguidé par Jaroslaw Kaczynski s’est fixé comme objectif de transformer les médias publics polonais fonctionnant, jusqu’à l’arrivée au pouvoir du parti Droit et Justice en octobre 2015 comme des sociétés de droit commercial contrôlées par l’État (Holubowicz, 2013, 2015) en institutions culturelles « nationales » parrainées par un Conseil des médias nationaux (Rada Mediow narodowych) [4].

Hormis les changements institutionnels, impliquant la modification des structures et le placement des cadres loyaux à la tête de différentes institutions des médias publics, cette transformation a aussi impliqué d’importants changements au sein des programmes ainsi que des modifications substantielles des standards journalistiques et des pratiques des journalistes dans le sens, par exemple, d’un choix et d’une hiérarchisation politiquement orientés des informations) qui doivent désormais servir plus que jamais la ligne directrice officielle. Cette nouvelle ligne directrice est désormais appliquée dans les médias publics principalement par les journalistes favorables au régime en place, peu importe que leur professionnalisme puisse parfois poser question [5]. Par conséquent, depuis, 228 journalistes ont été contraints de quitter différentes rédactions des médias publics comme l’indiquait l’association professionnelle Towarzystwo Dziennikarskie sur sa page web en octobre 2017 [6].

D’autres mesures, déjà prises ou à venir, visent les médias privés d’opposition. Ainsi, certains journaux ont déjà été mis en difficulté par la décision du gouvernement de la majorité au pouvoir de ne plus abonner les administrations publiques aux journaux qui lui sont hostiles. Les médias d’opposition sont également privés des annonces de la communication publique ainsi que des investissements publicitaires provenant des entreprises publiques ou contrôlées par l’État comme le démontre, dans son rapport, Tadeusz Kowalski, professeur de journalisme à l’Université de Varsovie. « Les dépenses publicitaires des entreprises publiques et parapubliques polonaises (SSP) se caractérisent avant tout par le fait d’éviter les médias qui ne sont pas pro-gouvernementaux, […] indépendamment de leur position sur le marché » conclut-il son analyse. (Kowalski, 2020, p.31)

Depuis longtemps, les médias privés critiques envers le PiS redoutaient aussi des mesures visant à limiter la participation des capitaux étrangers au sein des entreprises médiatiques polonaises. Affichées comme une « repolonisation » des médias en Pologne, elles ont été même considérées comme « une garantie de leur pluralisme » par Jaroslaw Gowin, ministre de la Science et de l’Enseignement supérieur, alors que le vice-président du Sénat Adam Bielan déclarait en juin 2019 que « la repolonisation des médias était plus importante que celle des banques ». (Kublik, 2019) Ces mesures, destinées en fait à mettre au pas les médias d’opposition dont les principaux, comme le newsmagazine Newsweek Polska ou la chaîne de télévision TVN sont effectivement détenus par les propriétaires étrangers [7], sont en train d’être prises. Le rachat de Polska Press, groupe de média détenu jusqu’alors par le groupe de presse allemand Verlagsgruppe Passau, par le groupe pétrolier PKN Orlen, était le premier pas dans ce sens. Ainsi, ce groupe contrôlé par l’État polonais et qui n’a rien à voir avec les médias, va détenir désormais 20 parmi 24 quotidiens de la PQR en Pologne, environ 120 hebdomadaires locaux, des journaux gratuits, quelques centaines de sites web d’information ainsi que quelques imprimeries. Selon le quotidien d’opposition Gazeta Wyborcza, après ce rachat, PKN Orlen, qui, en novembre 2021, a déjà racheté Ruch, le principal réseau de distribution de la presse en Pologne, « aura l’accès aux données de 17,4 millions d’utilisateurs de services web locaux ce qui lui permettrait de créer un réseau de portails régionaux de propagande fonctionnant à l’aide d’algorithmes et d’analyse de données. » (Szostak, 2021)

Ce rachat a été avalisé par L’Office de défense de la concurrence et des consommateurs début février 2021. (Kublik, 2021 ; Kublik & Imielski, 2020) La taxation des revenus publicitaires des médias est une seconde mesure formulée dans un projet de loi déposé le 2 février 2021. Cette nouvelle taxe visant avant tout les médias privés a été présentée par le gouvernement polonais comme une contribution des médias et du secteur des Tic à la lutte contre l’épidémie du Covid-19. Néanmoins, aux yeux des experts et des observateurs du secteur médiatique polonais en Pologne et à l’étranger, il n’y a pas de doute que les médias privés d’opposition sont les premiers visés par ce nouvel impôt qui, si elle est approuvée par le Parlement, va les fragiliser davantage. (Ostruszka, 2021)

Selon notre hypothèse, des indices de plus en plus nombreux montrent que la transformation annoncée des médias publics en médias dits nationaux n’a rien d’idéologique mais sert de paravent pour transformer ces médias en un instrument de pouvoir par le parti du gouvernement Droit et Justice.

Certes, cette politisation et instrumentalisation des médias publics dans la lutte politique existaient déjà avant l’arrivée du PiS au pouvoir, mais il semblerait que cette tendance s’est considérablement accrue depuis à tous les niveaux : au niveau de la politique des ressources humaines, mais aussi, bien entendu, au niveau de la programmation et du contenu des informations diffusées, de plus en plus orientées politiquement. Dans une étude publiée en septembre 2016 et intitulée « Disproportion inquiétante dans la couverture des partis politiques » KRRiTV, l’instance de régulation des médias audiovisuels polonais a même dénoncé la couverture croissante du parti gouvernemental PiS au détriment du principal parti de l’opposition PO par les médias publics polonais. Ainsi, dans le premier trimestre 2016, 83heures 23min. ont été consacrées au parti au pouvoir PiS contre 37h 11 min. pour le principal parti d’opposition Plateforme civique (PO). (Cf. Niepokojace dysproporcje w prezentowaniu partii politycznych w TVP, KRRiT, 2 septembre 2016).

KRRiTV commente cette disproportion comme suit sur son site web :
« Dans le cas de TVP et de Polskie Radio, on peut parler d’une disproportion en ce qui concerne le temps consacré à représenter deux plus grandes formations politiques. Il est compréhensible que les opérateurs publics consacrent plus de temps à présenter les positions du parti au pouvoir plutôt que du parti d’opposition (dans la 1ère moitié de 2015, 40heures de plus ont été consacrées à la présentation de PO [alors au pouvoir] par rapport au temps dédié à la présentation de PiS. Cependant, cette disproportion est flagrante. Durant les premiers six mois de l’année 2016, TVP a consacré plus de 100 heures de plus à la présentation des positions de PiS au détriment de PO [8].

Méthodologie

La démarche méthodologique adoptée pour vérifier l’hypothèse énoncée comporte des éléments suivants :

  • L’analyse détaillée de sept éditions de l’émission Serwis informacyjny, émission d’information assimilable à un journal télévisé et ponctuant tout le programme de la chaîne d’information en continu de la télévision publique polonaise TVP.info, à raison d’une émission par jour, parmi celles disponibles dans les archives en ligne.
  • L’écoute de la 1e chaîne (PR1) de Polskie Radio, chaîne de la radio publique la plus écoutée au niveau national (en août de 2016, 2017 et 2019, 2 semaines à chaque fois et, d’une manière plus intermittente, en avril-mai-juin 2020) ainsi que l’analyse de sa grille des programmes.
  • Une lecture analytique des articles des journaux polonais disponibles en ligne publiés entre septembre 2009 et mai 2020 sur les transformations en cours dans les médias polonais. La recherche d’articles a été effectuée essentiellement à partir des mots clés suivants : media publiczne, media narodowe, Telewizja Polska et aussi selon le principe de la boule de neige.
  • Des entretiens menés avec des journalistes et et/ou des responsables des instances médiatiques polonais.
  • Des conversations privées, notamment avec des personnes travaillant dans différents médias polonais et dont nous tairons l’identité pour ne pas mettre en péril leur position professionnelle.

Analyse du contenu des programmes de serwis informacyjny de TVP.info

Promotion du PiS plutôt que de l’identité nationale

En se penchant de plus près sur les programmes des médias « publics » polonais actuels, on peut constater très rapidement que les ex-médias publics ont été transformés en médias de communication en faveur du gouvernement en place. Certes, l’écoute des programmes du PR1 de Polskie Radio et l’analyse de sa grille de programmes montrent que de nouvelles émissions, axées sur la promotion d’une certaine conception de l’identité nationale y ont fait leur apparition, comme la lecture des classiques de la littérature polonaise qui, exaltant le patriotisme, font l’éloge d’une certaine idée de la polonité et de la grandeur de la nation polonaise. En font notamment partie les romans historiques et patriotiques de Henryk Sienkiewicz [9] publiés au tournant du XIX et du XXe siècle pour exalter le patriotisme et éveiller les consciences des Polonais dont la patrie était alors morcelée et occupée par de puissants voisins.

Mais lorsque l’on se penche sur les programmes que l’on peut qualifier de journalistiques, on remarque rapidement que le traitement impartial et équilibré de l’information, tendant à présenter des points de vue différents selon les standards du « journalisme démocratique » [10], en est absent. Car on y trouve surtout des informations ayant pour objectif de promouvoir, sans trop le dissimuler, le gouvernement actuel et le parti PiS tout en discréditant l’opposition politique, et en particulier le parti libéral Plateforme civique (Platforma obywatelska – PO), évincé à la suite des élections en octobre 2015 mais resté le principal opposant de la formation Droit et Justice, ainsi que de ses leaders.

Serwis informacyjny de TVP Info au service de la communication du PiS

Il est considéré actuellement en Pologne que c’est la chaîne de télévision d’information en continu TVP Info du groupe des « médias publics » qui constitue le vecteur principal de la communication gouvernementale. L’analyse du contenu de 7 éditions de l’émission d’information Servis informacyjny de cette chaîne diffusées à 8h59 ou à 15h29 du 2 au 9 octobre 2017, proposées sur le site web de la chaîne semble confirmer sa dimension communicationnelle voire de propagande en faveur du gouvernement en place.

Il s’agissait d’analyser les thèmes et le cadrage des sujets présentés dans ces émissions.

Les 7 émissions totalisent 41 sujets traités, ce nombre pouvant aller de 1 à 10 par émission.

L’analyse des sujets par catégorie permet de constater que :

  • La répartition des sujets entre ceux pouvant être qualifiés de « domestiques » et ceux concernant l’international est relativement équilibrée (17 sujets pour l’international, 23 sujets pour les affaires intérieures).

En ce qui concerne la répartition des sujets catégorisés dans International, le traitement semble assez logique du point de vue des standards journalistiques : les événements spectaculaires, comme les accidents et les catastrophes, même survenus dans les pays lointains, suscitent davantage l’attention des médias que, par exemple, des événements culturels, a fortiori lorsque les premiers provoquent de nombreux morts (selon le principe de hiérarchisation de l’information dit du « mort kilométrique »)

Figure 1 : Les sujets concernant l’international dans les émissions de TVP Info analysées : nombre de sujets par catégorie

Figure 2 : Les sujets concernant les affaires intérieures de la Pologne dans les émissions de TVP Info analysées : nombre de sujets par catégorie

Ce qu’il est cependant avant tout intéressant d’analyser ici, c’est le cadrage de certains sujets particulièrement significatifs du point de vue de notre problématique. Ces 8 sous-thématiques sont indiquées dans la légende des deux schémas présentés ci-dessus entre parenthèses. Nous les avons nommées comme suit, présentées dans l’ordre de la présentation, en fonction de leur nombre, de sujets qu’elles désignent : « propagande du succès », « critique de l’opposition », « immigration », « politique historique », « critique des pays hostiles au PiS », « menace russe », nouvelles alliances à l’étranger », « stratégie politique de la coalition au pouvoir ». Les sujets concernés sont au nombre de 21 soit plus de la moitié des 41 sujets recensés sur une semaine à raison d’une émission par jour analysée comme le montre le schéma suivant.

Figure 3 : Cadrage « signifiant » des nouvelles présentes dans les émissions de TVP Info analysées : nombre de sujets traités par catégorie

L’intérêt de ces sujets-là réside dans le fait qu’il s’agit des thématiques-clés dans le discours public de la coalition au pouvoir et, en tant que telles, elles méritent donc un commentaire particulier.

Propagande du succès : C’est ainsi que l’on qualifiait la propagande de la Pologne populaire présente dans les médias officiels du pays à cette époque-là et qui s’attachait avant tout à mettre en scène des succès du régime, réels ou imaginaires. Avec le gouvernement de PiS, le terme est de nouveau à la mode en Pologne, tant le message des médias contrôlés par la faction au pouvoir rappelle l’époque d’avant 1989. Dans notre analyse, 7 sujets peuvent être inclus dans cette catégorie. Il s’agit des sujets présentant les succès et les réalisations du gouvernement actuel dans différents domaines. La dimension très orientée des messages, souvent à l’opposé des standards de ce qu’on peut qualifier comme objectivité journalistique, est présente surtout dans les annonces des nouvelles, en particulier celles défilant sur le bandeau accompagnant le récit des présentateurs. Très fréquemment, ces annonces font fi des principes élémentaires de l’objectivation du langage exigé par les standards du journalisme que l’on peut qualifier d’informatif en suggérant sans grande finesse ni dissimulation ce qu’il faut penser à propos d’un tel ou autre fait relaté. (Exemple : « Ustawa dezubekizacyjna to przede wszystkim przywrocenie sprawiedliwosci » [Une loi permettant de retirer les privilèges aux ex-agents des services de sécurité du régime communiste, ce n’est que justice] (les propos du Premier ministre Beaty Szydlo (notre traduction) ; Serwis Informacyjny (SI), 03.10.2017, 8h59, sujet n°1)

Critique de l’opposition : Cette instrumentalisation du langage au profit des objectifs politiques est peut-être la plus perceptible dans l’annonce des nouvelles concernant l’opposition politique qui, dans l’immense majorité des cas, n’est mentionnée que dans le contexte des « affaires » qui auraient eu lieu sous le gouvernement de la coalition précédente. Pendant plusieurs mois, des irrégularités supposées durant la reprivatisation des biens nationalisés par le gouvernement communiste à Varsovie ont été mises sur la sellette avec la principale coupable toute désignée en la personne de Hanna Gronkiewicz-Walz, la présidente d’alors de la ville de Varsovie et l’une des principales figures de l’opposition. On peut supposer que cette personnalisation récurrente des personnalités de l’opposition doit plus particulièrement parler aux sympathisants du parti au pouvoir acquis à ses thèses et qui sont supposés (à tort ou à raison) peu rompus à des analyses présentant une quelconque complexité. Un traitement semblable a été réservé à Donald Tusk, l’ex-leader du principal parti d’opposition PO, réélu à la tête du Conseil européen en 2017 et devenu une véritable bête noire du PiS. (Ex.: « Afera reprywatyzacyjna w Warszawie : Złodziejska reprywatyzacja stolicy. Gronkiewicz-Walz obciążeniem dla Platformy. » [L’affaire de reprivatisation à Varsovie : une reprivatisation de voleurs dans la capitale] (SI, 09.10.2017, 15h29, sujet n°2&3 ; durée : plus de 9min. sur 15min.)

Immigration : L’obstination du gouvernement polonais de la droite souverainiste à refuser d’accueillir en Pologne les réfugiés qui « lui reviennent » selon le principe des quotas mise en place par les instances européennes a été souvent commentée par différents médias européens. Certes, en refusant un tel accueil aux réfugiés extra-européens, musulmans en particulier, le régime polonais ne fait que suivre une position très répandue au sein de la société polonaise dont presque 60% était hostile à un tel accueil en 2017 comme le montre le sondage de Dziennik Gazeta Prawna/Wprost publié le 24 mai 2017, même si le pays doit faire face à une crise démographique grave due à une émigration massive des Polonais, souvent jeunes et qualifiés, depuis l’ouverture des frontières, à un renouvellement de population insuffisant et à un manque croissant  de main d’œuvre. (Holubowicz, 2016). Avec 3 items présents, ce sujet est nettement sous-représenté dans le corpus analysé. En effet, nous avons pu observer que le sujet des (im)migrants dans un cadrage défavorable ponctue presque tous les jours les informations diffusées par les médias « publics » polonais. Il n’en reste pas moins que les immigrés y sont présentés d’une manière défavorable dans les sujets qui relatent, pour le premier, une attaque terroriste à Marseille du 1er octobre 2017, pour le deuxième, une arrestation de vendeurs à la sauvette, la plupart d’origine étrangère, sur le marché d’un village au sud-ouest de Varsovie et le procès d’un “gang de violeurs immigrés” en Italie en ce qui concerne le troisième sujet de cette thématique. (Ex. : « Akcja służb na bazarze w Wolce Kosowskiej. Większość zatrzymanych to głównie cudzoziemcy. Mieli zalegalizowany pobyt, ale działali wbrew przepisom » [Une action de police sur le marché de Wólka Kosowska. La plupart des personnes arrêtées sont d’origine étrangère. Ils séjournent légalement en Pologne mais ne respectent pas la loi] (SI, 03.10.2017 ; 8h59)

Politique historique : Une politique historique ou mémorielle occupe une position centrale dans le discours identitaire et la stratégie politique du PiS. Ses sujets de prédilection concernent d’abord des moments particuliers de l’histoire de la Pologne lorsque les Polonais s’étaient particulièrement illustrés par l’héroïsme. Héroïque quoique perdue d’avance, l’insurrection de Varsovie contre l’occupant allemand en août 1944, événement qui, jusqu’à maintenant, parvenait à rassembler autour de lui tous les Polonais, en fait partie mais pas seulement. Car cette politique mémorielle fait aussi preuve d’un révisionnisme qui divise, notamment en désignant Lech Walesa, figure centrale de la résistance polonaise au communisme et de la transition démocratique et, à ce titre, lauréat du prix Nobel de la Paix en 1983 comme un agent des services secrets du régime communiste. Une demande officielle du gouvernement souverainiste adressée à l’Allemagne de réparations pour les destructions (certes incommensurables) subies durant la Seconde Guerre mondiale par la Pologne en est un autre exemple marquant.

Selon l’historien polonais Andrzej Friszke, qui qualifie cette politique de “suicidaire” une telle politique historique, il s’agit « d’une tentative de reformuler des traditions et des valeurs nationales à son propre profit afin de créer des mythes d’une manière très drastique. […] Aujourd’hui, ajoute-t-il dans ses propos publiés par le quotidien du centre-droit Rzeczpospolita, la politique historique est un galimatias partisan qui doit être complètement incompréhensible au-delà des frontières nationales et qui, au pays, sert à exclure différents milieux et traditions. » (Rzeczpospolita, 10.09.2017)

Mariusz Janicki, le journaliste politique bien connu de l’hebdomadaire polonais d’opposition Polityka, quant à lui, définit cette politique mémorielle du PiS dans un article intitulé Polityka historyczna :

« Elle demande de cacher des conquêtes et des iniquités commises par son propre pays ou les justifier et les traiter comme des crimes si elles sont perpétrées par un autre pays. Elle permet de regarder avec indulgence l’histoire de sa propre nation, et d’adresser toute critique à d’autres nations. La politique historique élève au rang de la vertu l’égoïsme national, les silences, le fait de favoriser sa propre nation dans l’ordre du monde. Dans une telle optique, son propre pays est toujours victime d’intrigues et de conspirations alors que l’on abuse honteusement de sa noblesse que les autres, proférant des propos qui sont forcément sournois, honteux ou calomnieux ne connaissent pas. Le manque d’objectivité devient un devoir. » (Polityka, 8 septembre 2009)

L’historien britannique et spécialiste reconnu de la Pologne, Norman Davies, quant à lui, perçoit la politique historique du PiS, calquée sur celle menée par la Pologne populaire, comme une tentative xénophobe de réécriture de l’histoire. (Newsweek, 25.04.2016)

Critique des leaders des pays hostiles au gouvernement PiS : Dans le corpus d’émissions analysées, un sujet diffusé le 6 octobre 2017, que nous avons catégorisé comme indiqué ci-dessus, est consacré cette fois-ci à la critique du président français Emmanuel Macron. Cette-fois-ci car très souvent, c’est la chancelière allemande qui fait l’objet d’une telle critique, l’Allemagne étant le principal bouc émissaire de l’actuel gouvernement polonais. Et, cette fois-ci encore le traitement du sujet est pour le moins spécieux et n’a rien à voir avec l’objectivité journalistique (en elle-même étant un artefact) comme le prouve l’annonce même du sujet par le présentateur mêlant les faits et le commentaire sur le bandeau défilant en bas de l’écran :

  • « Des propos scandaleux du président français à l’adresse des sans emploi. »
  • Des problèmes du président français : des propos controversés et une chute de popularité. »

Menace russe : La Russie de Poutine est un autre épouvantail systématiquement agité par les médias de la droite souverainiste polonaise foncièrement russophobe, germanophobe et europhobe. Son arrivée au pouvoir a mis entre parenthèses de difficiles tentatives de réconciliation entre les deux nations entreprises par les gouvernements précédents (Mink, 2015). La critique du régime russe est donc un autre objet phare des médias publics au service du PiS. Le sujet du 7 octobre 2017 de l’émission Serwis Informacyjny concerne les manœuvres militaires « Zapad » (Occident) organisées par la Russie et la Biélorussie et qui sont, dans le reportage en question, commentées par le ministre de la Défense Antoni Macierewicz qui dénonce « la menace russe » en disant que les manœuvres qui ont eu lieu à la frontière orientale de l’OTAN et qui ont mobilisé 13.000 soldats russes et biélorusses, étaient organisées de manière à pouvoir tout de suite passer aux opérations militaires.

Nouvelles alliances à l’étranger : En revanche, le gouvernement polonais actuel, très antirusse et eurosceptique, noue de nouvelles alliances régionales. Sans surprise, ses alliés préférés, dont la Hongrie de Viktor Orban et la Turquie d’Erdogan, ont une conception semblable de la politique intérieure et de la politique étrangère. Le président de Turquie venait d’ailleurs de rendre visite en Pologne et le fait qu’il s’agit d’un pays musulman ne semble pas gêner le gouvernement du PiS à employer une rhétorique violemment antimusulmane en ce qui concerne la question des migrants. Par ailleurs, une apparition plutôt récente des séries télévisées turques sur l’écran de la télévision publique polonaise ainsi que la multiplication des produits turcs sur les étals des supermarchés polonais peuvent mettre la puce à l’oreille d’un observateur quelque peu attentif à propos de la réorientation de la politique extérieur de la Pologne ces dernières années.

L’un des sujets de notre corpus traite de la visite du poids lourd de l’actuel gouvernement polonais, ministre de la Défense Antoni Macierewicz en Croatie. Il semble utile de rappeler à ce propos que les deux pays ont été à l’initiative de l’alliance des pays de l’Europe centrale dite Initiative de Trois Mers (mer Baltique, mer Adriatique et mer Noire) lancée pour renforcer la coopération dans différents domaines entre les pays du centre de l’Europe sur l’axe nord-sud, membres de l’Union européenne (Richard, 2016). Aujourd’hui, 11 pays de la région en font partie. La création de cette alliance n’a pas tardé à alimenter les discours identitaires de la droite conservatrice polonaise. En effet, en s’appuyant sur les thèses développées par le géographe britannique Halford John Mackinder (1861-1947) et de l’Américain Nicholas J. Spykman (1893-1943) considérés comme pères fondateurs de la géopolitique, certains théoriciens et éditorialistes de cette droite polonaise avancent que cette alliance pourrait constituer « un bouclier de la civilisation européenne et de tout le monde libre » [11]. (Iszczuk, 2014)

Stratégie politique de la coalition au pouvoir : Dans une émission de Serwis Informacyjny du 8 octobre 2017, un sujet (5ème sur 8) est consacré à l’intervention du leader du PiS Jaroslaw Kaczynski à la convention du parti de la coalition au pouvoir Solidarna Polska. Le chef du parti Droit et Justice y invite à éviter les divisions pour gagner les futures élections afin de créer un État polonais fort. Les années écoulées depuis cet événement ont montré que le parti souverainiste a poursuivi cet objectif avec constance en gagnant de nouveau, et confortablement, les élections législatives en octobre 2019 et en venant de gagner, bien que de justesse, les élections présidentielles dont le second tour a eu lieu en Pologne le dimanche 10 juillet 2020.

En revanche, aucun sujet dans les six émissions de Serwis Informacyjny analysées n’est consacré à la critique de la politique du gouvernement en place, la majorité des invités de l’émission faisant partie ou étant favorable à la coalition au pouvoir. Les très rares propos rapportés des partisans de l’opposition actuelle ne contredisent pas, dans la plupart des cas, le cadrage des sujets diffusés dans les émissions analysées, cadrage qui est favorable au PiS.

Ce qui peut paraître surprenant, c’est aussi une faible place consacrée à la religion (1 sujet seulement, certes de 8 minutes environ, sur la XVIIème édition de la journée consacrée à l’enseignement du pape Jean-Paul 2) alors que la religion catholique est au centre de la conception de l’identité nationale polonaise proposée par le parti au pouvoir.

Sans même parler de la culture, même au sens large du terme, car un seul sujet peut être assimilé à cette thématique, et encore s’agit-il d’une nécrologie annonçant la disparition d’un célèbre rocker.

Aucun sujet dans les émissions du corpus n’est non plus consacré à l’Union européenne. Cependant, ceci n’est probablement que le hasard du calendrier et de l’actualité car l’Union européenne est traditionnellement une autre cible de choix dans le discours public du parti souverainiste et nationaliste Droit et Justice. (Holubowicz, 2007).

Par conséquent, la conception des médias nationaux pouvant être perçue à travers 7 éditions de l’émission Servis informacyjny de TVP Info se résume à la promotion tous azimuts du parti au pouvoir et à une charge constante contre les principaux concurrents politiques. Les résultats de l’analyse des éléments spécifiés ci-dessus semblent donc confirmer l’hypothèse énoncée, selon laquelle, pour rappel, la transformation des médias publics polonais en médias dits « nationaux » n’est qu’un paravent pour leur instrumentalisation politique par le parti Droit et Justice actuellement au pouvoir en Pologne.

Cependant, nous pouvons supposer qu’une telle orientation des nouvelles, s’apparentant à une propagande massive et sans finesse, ne puisse que prêcher les convaincus. Sur le long terme, les audiences sont en baisse constante pour la radio et la télévision publiques qui, désormais au service du parti au pouvoir, n’ont gardé que le nom de leur mission au service de l’intérêt général.

Certes, le contenu des nouvelles journalistiques dépend de l’actualité et il n’est donc pas question de porter les détails de cette analyse au rang d’une généralisation qui ne pourrait qu’être abusive. Nous n’avons pas non plus pu compléter l’analyse présentée ci-dessus par une plus récente du même type de corpus étant donné que nous ne sommes pas arrivée à visionner en ligne les émissions récentes archivées de Serwis Informacyjny de TVP Info, chaîne d’information en continu de Telewizja Polska. Un visionnage aléatoire de ces émissions, ainsi que la lecture de la presse d’opposition semblent cependant confirmer les résultats de notre analyse en montrant que la politique éditoriale des médias publics polonais demeure telle qu’elle a été décrite dans notre article. Ainsi, en novembre 2020, les manifestations massives contre une nouvelle loi durcissant les conditions de l’avortement en Pologne ont été commentées par Wiadomosci, le principal journal télévisé de TVP1, la 1ère chaîne de la télévision publique polonaise par un bandeau suivant : « Les bagarreurs de gauche veulent créer le chaos » [12], comme le dénonce Agnieszka Kublik, journaliste spécialiste des médias à Gazeta Wyborcza, une copie d’écran à l’appui. (Kublik, 20.11.2020)

Les analyses ponctuelles du contenu des principaux médias polonais, dont les médias « publics », réalisées par l’association des journalistes d’opposition Towarzystwo Dziennikarskie vont aussi dans le sens de nos conclusions. À l’issu du second tour des élections présidentielles en Pologne, organisé le 10 juillet 2020 et qui a permis au candidat du PiS Andrzej Duda de pouvoir occuper le fauteuil présidentiel pendant les cinq ans à venir, cette association a publié sur son site web la déclaration suivante, intitulée Les élections falsifiées à TVP et PR (télévision et radio publiques polonaise) :

« La campagne électorale dans les médias gouvernementaux permet de parler de la falsification des élections présidentielles. À la place du pluralisme, de l’objectivité et de l’équilibre [du message] nous avons eu, dans ces médias, l’apothéose d’un candidat et un odieux persiflage de l’autre durant toute la campagne, et même pendant le silence électoral.

Mensonges, transformations et omissions, manipulations langagières et celle de l’image, invectives et discours de haine ; distinction entre « nous » et « les autres », traque des minorités, dont LGBT, des personnes instruites, des élites sociales et des habitants des grandes villes, encouragement de l’orgueil national, supériorité et mépris à l’égard d’autres nations, le fait de favoriser l’antisémitisme ce sont les ingrédients de la propagande des journaux télévisées de TVP, de TVP Info ainsi que des émissions d’information de Polskie Radio [radio publique polonaise] et dont l’utilisation a constaté Towarzystwo Dziennikarskie dans leur suivi des médias. Très prochainement, nous publierons un rapport à ce sujet. » [13]

Nous rapportons cette déclaration dans son intégralité car elle résume bien non seulement les résultats de notre étude tout en confirmant ses conclusions concernant la situation actuelle des médias polonais, mais aussi un climat délétère de division et d’hostilité régnant en Pologne actuellement.

Conclusion : Vers une « dédémocratisation » des médias polonais ?

Personne n’est capable de dire aujourd’hui combien de temps le parti Droit et Justice, soutenu, grâce à sa politique pro-sociale, par la moitié de la société polonaise très polarisée, va encore rester au pouvoir. Le fait de remporter de nouveau les élections présidentielles, dont la fréquentation a été très élevée, en juillet 2020, lui procure un regain de légitimité pour continuer sa politique, qui prévoit, entre autres, une mise au pas des médias d’opposition. Mais, selon nos interlocuteurs, à l’issue de la période, impossible à déterminer, du gouvernement du PiS, il sera très difficile de réconcilier la société polonaise divisée par des discours haineux dictés par le ressentiment et motivés par des gains politiques à court terme. Il sera aussi difficile de (re)créer les médias publics dignes de ce nom, c’est-à-dire aussi apolitiques et pluralistes que possible, servant toute la société dans sa diversité.

Certes, différentes formes de résistance civiles et professionnelles à la politique autoritaire du PiS se sont développées depuis quelques années, comme, par exemple, marches et manifestations, certains très massifs, organisés en signe de protestation contre différentes mesures du gouvernement, celles, par exemple, visant à interdire l’avortement, ou celles ayant pour objectif de s’attaquer à l’indépendance de la justice. On peut aussi noter le retour en Pologne du théâtre politique se moquant du parti de Jaroslaw Kaczynski et de son programme. La politique du gouvernement polonais actuel est même dénigrée par la publicité. Ainsi, le 1er août 2017, jour anniversaire très célébré officiellement du début de l’insurrection de Varsovie en 1944, la marque Tiger a diffusé un spot publicitaire pour sa boisson énergisante se moquant ouvertement de la politique mémorielle en cours et de la sacralisation de certains événements de l’histoire de la Pologne. Même si le message de cette publicité, pouvant heurter la sensibilité de nombreuses personnes, reste très contradictoire [14], on devine aisément qu’il fait écho à ce que pensent tout bas bien des Polonais. Les médias d’opposition, bien que fragilisés, demeurent, eux aussi, toujours très actifs dans la critique du gouvernement en place, aussi dans leur propre intérêt. Ainsi, après une annonce, par le gouvernement, d’une nouvelle taxe sur les revenus publicitaires des médias, une journée de protestation a été organisée le 10 février 2021 par les médias privés d’opposition. Ce jour-là, les informations des unes des journaux et des écrans des chaînes de télévisions privées ont été remplacées par un écran noir portant l’inscription « Médias sans choix ». Cette action, appuyée par de nombreuses organisations émanant de la société civile, était sans précédent par son ampleur (50 médias participants) et sa coordination, depuis 1989, selon le newsmagazine Polityka (Rojewski, 2021).

Cependant jusqu’à maintenant, il ne semblerait pas que de telles manifestations de résistance aient été très nombreuses au sein des organisations journalistiques en Pologne. En tout cas, elles n’étaient pas très visibles. Et si l’association professionnelle Towarzystwo Dziennikarskie prend régulièrement position contre différentes mesures et actions du gouvernement, ce n’est pas le cas de la principale organisation professionnelle SDP dominée actuellement par les partisans de la droite au pouvoir.

Néanmoins, la Pologne n’est pas seule à être concernée par une politisation à outrance des médias. En effet, ce phénomène touchant de plein fouet les jeunes démocraties de l’Europe centrale et orientale est dénoncé depuis plusieurs années par des travaux académiques (cf., par exemple, Hallin & Mancini, 2004) mais aussi par des journalistes eux-mêmes. Aujourd’hui, cette politisation s’accompagne de plus en plus souvent de ce que nous proposons appeler le processus de leur « dédémocratisation », qui se manifeste, entre autres, par les atteintes délibérées à leur pluralisme, principe incontournable des systèmes médiatiques aspirant à être considérés comme démocratiques.

Ces atteintes au pluralisme des médias font partie d’une remise en question d’autres standards démocratiques consacrés, impliquant principalement un État de droit, la séparation des pouvoirs, l’existence de la liberté d’expression et des libertés publiques et traduisent cette fatigue de la démocratie dont parle Appadurai (2017). Une fatigue démocratique de plus en plus perceptible au sein même des démocraties libérales les plus anciennes à l’époque où la souveraineté nationale s’efface devant un capitalisme de plus en plus mondialisé. Ce processus conduit certains États-nations sur la défensive à se réfugier dans « des formes hautement dangereuses de l’identité nationale mues par des formes de racisme très agressives », comme le faisait remarquer Stuart Hall déjà à la fin des années 1990. (Hall, 1997) conduisant à des exclusions par rapport à de nouvelles narrations de « nous » créées de toutes pièces pour accéder et se maintenir au pouvoir coûte que coûte.

Ces évolutions mettent par ailleurs de nouveau en question l’approche de la transitologie qui supposait que la démocratie libérale deviendrait un horizon ultime et indépassable, notamment pour les pays de l’Europe centrale et orientale qui avaient quitté la sphère et le régime soviétique à partir des années 1990. La réapparition de régimes à tentation autoritaire, aujourd’hui désignés comme démocraties illibérales, dans ces pays tellement désireux de rejoindre « la vraie Europe » et ses valeurs démocratiques il y a à peine trois décennies, oblige plus que jamais à revisiter ces approches qui ne tiennent pas suffisamment compte de la complexité des changements sociaux au-delà d’un seul changement de régime politique comme le rappelle Bertrand Cabedoche (2020).

Cependant les situations sont très complexes et varient d’un pays à l’autre, surtout si l’on prend en compte les spécificités culturelles de chacun d’entre eux, et donc difficilement modélisables.

Note

[1] Dans l’acception que donne à ce terme Jan-Werner Müller (2016) et qui, en résumé, définit les partis populistes comme foncièrement antipluralistes qui fondent leur légitimité sur la notion du peuple mal représenté symboliquement construite mais non moins floue. Une fois arrivés au pouvoir, ces partis court-circuitent le processus démocratique et instrumentalisent les institutions à leur propre profit.

[2] Cf. https://freedomhouse.org/country/poland/freedom-world/2020 [Consulté le 12 juin 2020.]

[3] Cf. https://rsf.org/fr/classement [Consulté en avril 2020.]

[4] Cette institution collégiale créée en 2016 a notamment pour mission de nommer et de révoquer les dirigeants et les conseils de surveillance des médias publics, mission qui auparavant faisait partie des attributions de KRRiTV, instance de régulation des médias audiovisuels en Pologne.

[5] Selon une anecdote relatée par une connaissance connaissant bien la situation au sein des médias publics polonais, un journaliste nouvellement recruté ne saurait pas ce qu’est l’AFP.

[6] http://towarzystwodziennikarskie.pl/ [Consulté en octobre 2017 et en juin 2020.]

[7] Ainsi Newsweek Polska est la propriété d’un groupe helvético-allemand Ringier Axel Springer Polska (RASP) alors que la chaîne de télévision TVN est détenue à 100% par le groupe de communication américain Discovery.

[8] http://www.krrit.gov.pl/krrit/aktualnosci/news,2383,niepokojace-dysproporcje-w-prezentowaniu-partii-politycznych-w-tvp.html (Consulté le 23 avril 2020.)

[9] Henryk Sienkiewicz (1846 – 1916) : écrivain  et ardent défenseur de la cause polonaise à l’époque où l’État polonais n’existait pas, le territoire du pays ayant été démembré par ses puissants voisins : la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie. On considère que ses œuvres, et en particulier sa célèbre Trilogie (Par le fer et par le feu (Ogniem i Mieczem – 1884) ; Le Déluge (Potop – 1886) et Messire Wolodowski (Pan Wołodyjowski – 1888) représentant la grandeur de l’esprit et des faits d’armes polonais au XVIIe siècle, ont contribué à alimenter l’espoir de la renaissance nationale. À l’étranger, Sienkiewicz est surtout connu pour son roman Quo vadis ? (1896) qui met en scène la persécution des chrétiens à l’époque de Néron et pour lequel l’écrivain a obtenu le prix Nobel de littérature en 1905.

[10] Le rapport de l’Union européenne intitulé Des médias libres et pluralistes pour soutenir la démocratie européenne publié en 2013 stipule ce qui suit à propos de la fonction démocratique des médias : « C’est parce que personne ne peut prétendre détenir la vérité absolue qu’il est si important de garantir un environnement médiatique pluraliste, propice à l’expression d’une variété de points de vue. La démocratie exige un environnement dans lequel non seulement différentes versions des faits puissent être confrontées et vérifiées par le public, mais aussi où l’importance et la couverture accordées à ces faits soient variables. (2013, p.12)

[11] En s’inspirant lui-même de Mackinder, Spykman écrit : « Who controls the Rimland rules Eurasia ; who rules Eurasia controls the destinies of the world ». Nicholas Spykman, Geography of The Peace, 1969, p.43.

[12] En polonais : “Lewaccy zadymiarze chca wywolac chaos.“ (Notre traduction pour la version française.)

[13] Déclaration publiée par Towarzystwo Dziennikarskie le 13 juillet 2020, traduite par nos soins. http://towarzystwodziennikarskie.pl/ (Consulté le 15 juillet 2020.)

[14] La publicité représente un doigt d’honneur orné d’une cocarde rouge avec un commentaire suivant : 1er septembre – jour de mémoire : on s’en fout de ce qui a été, l’important, c’est ce qui sera. (en polonais : 1 sierpnia, dzien pamieci. chrzanic to, co bylo. Wazne to, co bedzie!)

[15] Par contre, aucune suite n’a été donnée à notre demande d’entretien avec la direction de Stowarzyszenie Dziennikarzy Polskich (SDP), la plus grande association des journalistes en Pologne, mais réputée d’avoir viré à droite, notamment en ce qui concerne sa direction.

Références bibliographiques

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Rapports

Groupe de haut niveau sur la liberté et le pluralisme des médias (2013), Des médias libres et pluralistes pour soutenir la démocratie européenne, UE, [en ligne en janvier 2013], consulté le 15 juillet 2020.

Tadeusz Kowalski (2020), Analiza wydatków reklamowych spółek skarbu państwa (SSP) w latach 2015-2019 [Analyse des investissements publicitaires des entreprises publiques [en Pologne] dans les années 2015-2019], consulté le 23 avril 2020, URL : https://www.researchgate.net/publication/339800640_Analiza_wydatkow_reklamowych_spolek_skarbu_panstwa_SSP_w_latach_2015-2019, DOI: 10.13140/RG.2.2.21092.73606.

KRRiT (2016), Niepokojace dysproporcje w prezentowaniu partii politycznych w TVP [Disproportion inquiétante dans la couverture des partis politiques à TVP], [en ligne 2 septembre 2016], consulté le 23 avril 2020, URL : http://www.krrit.gov.pl/Pdf/

Documents audiovisuels

Juliusz Braun gościem Dominiki Wielowieyskiej w Poranku Radia TOK FM [Juliusz Braun invité de Dominika Wielowiejska dans La Matinée de la Radio TOK FM], Radio TOK FM, ajoutée le 11 janv. 2016, consulté le 25.09.17, URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ay9Gfet5S3o

Krzysztof Luft gościem Dominiki Wielowieyskiej w Poranku Radia TOK FM [Krzysztof Luft invité de Dominika Wielowiejska dans La Matinée de la Radio TOK FM], Radio TOK FM, ajoutée le 4 janv. 2016, consulté le 25.09.17. https://www.youtube.com/watch?v=9wK02URxO9c

Sites web des organismes cités

Freedom House, URL : https://freedomhouse.org/

KRRiTV (Conseil national de la radiodiffusion et de la télévision), URL : http://www.krrit.gov.pl/

Rada Mediow Narodowych (Conseil des médias nationaux), URL : https://www.sejm.gov.pl/sejm9.nsf/page.xsp/rmn_sklad

Reporters sans Frontières, URL :  https://rsf.org/fr

Towarzystwo Dziennikarskie (Association des journalistes), URL :http://towarzystwodziennikarskie.pl/

Entretiens

réalisés en septembre 2017 avec :

  • Krzysztof Luft, journaliste, ancien membre de KRRiT, organe de régulation du secteur audiovisuel en Pologne ;
  • Przemysław Szubartowicz, ancien journaliste de la radio publique polonaise Polskie Radio, qui a démissionné lorsqu’une nouvelle direction de la radio a été imposée par PiS à son arrivée au pouvoir ;
  • Seweryn Blumsztajn, ancien opposant au régime communiste, l’un des fondateurs et président de l’association des journalistes Towarzystwo Dziennikarskie. [15]

Auteure

Maria Holubowicz

.: Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Grenoble Alpes (France) et membre du laboratoire Gresec (Groupe de recherche sur les enjeux de la communication). Ses recherches concernent principalement les thématiques suivantes : pratiques journalistiques, discours médiatiques, mutations des médias et du journalisme dans le contexte national et international, transformations des médias en Europe centrale et orientale, radios locales, régulation des médias audiovisuels. Depuis 2009, elle est, par ailleurs, membre du Comité territorial de l’audiovisuel de Lyon, instance régionale du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
maria.holubowicz@univ-grenoble-alpes.fr