Déconstruire l’argument de la diversité de l’information à l’heure du numérique : le cas des nouvelles internationales
Résumé
L’essor du web est présenté, avec insistance, comme ayant provoqué l’avènement d’une économie de l’information en réseau qui s’affranchirait des filtres qui limitaient auparavant la production et la dissémination des nouvelles et qui se traduirait par une plus grande diversité de l’offre d’informations. L’objectif de cet article est, en s’intéressant au cas des nouvelles internationales, de déconstruire cet argument. Nous montrons comment, à chaque vague d’études sur l’information internationale en régime numérique, émerge le même type de croyances qui ne peuvent s’imposer qu’au prix d’un oubli des réalités de l’économie politique qui continuent pourtant, pour une large part, à régir les logiques de production et de circulation des nouvelles sur l’étranger.
Mots clés
Économie politique de l’information, diversité, information internationale, web, réseaux socio-numériques.
In English
Title
Questioning the argument of news diversity in the digital era: the case of international news
Abstract
The rise of the web has been accompanied by the widely held assumption that it would have given shape to a new networked information economy. This is presented as having eliminated some of the main filters that used to limit the production and circulation of news and, as such, as having given rise to an increased diversity of news offer. Based on the study of the literature on international news, this article aims at deconstructing this argument. Considering the different waves of research on this topic, we show that, contrary to what the proponents of the diversity thesis claim, the political economy constraints still play a great role in organizing the production and distribution of international news in the digital era.
Keywords
Political economy of news, diversity, international news, web, social networks.
En Español
Título
De construir el argumento de la diversidad de la información en la era digital: el caso de las noticias internacionales
Resumen
El desarrollo de la web ha sido, con insistencia, presentado como habiendo contribuido al advenimiento de una economía de la información en red, capaz de liberarse de los filtros que solían limitar la producción y diseminación de las noticias. Esto permitiría el aumento de la diversidad de la oferta de información. Basándonos sobre el caso de las noticias internacionales, de construimos aquí este argumento. Sintetizando la literatura sobre el tema, mostramos que, al contrario de lo que pretenden los partidarios de la tesis de la diversidad, las lógicas de la economía política siguen jugando un importante papel en la estructuración de la producción y de la distribución de la información internacional en la era digital.
Palabras clave
Economía política de la información, diversidad, noticias internacionales, web, redes socio-digitales
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Mattelart Tristan, «Déconstruire l’argument de la diversité de l’information à l’heure du numérique : le cas des nouvelles internationales», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°17/2, 2016, p.113 à 126, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2016/dossier/07-deconstruire-largument-de-diversite-de-linformation-a-lheure-numerique-cas-nouvelles-internationales/
Introduction
La montée en puissance du web a suscité, depuis la fin des années 1990, une floraison d’analyses célébrant la capacité qu’auraient désormais les individus ordinaires de contribuer à la fabrique et à la circulation de l’information. Grâce aux nouveaux outils numériques, explique Jay Rosen, celles et ceux « qu’on appelait autrefois audiences » auraient maintenant « les moyens de parler au monde entier » (Rosen, 2006). Les audiences ne seraient ainsi plus seulement en mesure de se montrer « actives » à l’égard des informations qu’elles « lisent, écoutent et voient », mais seraient dorénavant, aux yeux d’Axel Bruns, « en mesure de s’engager dans le processus » de production et de distribution de l’information lui-même, et capables, à ce titre, de suppléer aux déficiences du « journalisme industriel » (Bruns, 2010, p. 133).
Ce type de raisonnement a fait naître l’argument, récurrent dans la littérature, selon lequel l’avènement du web se serait traduit par un accroissement de la diversité de l’offre d’information. C’est cet argument que nous nous proposons de déconstruire ici, dans la continuité de travaux ayant déjà été réalisés sur ce sujet (Rebillard, 2012 ; Rebillard, Loicq, 2013), mais en nous intéressant au cas peu traité de l’information internationale. Celle-ci constitue un bon observatoire : le web étant représenté comme, par nature, sans frontières, il devrait permettre l’expression d’une plus grande diversité de l’offre d’information sur le monde. Après avoir rapidement dessiné les contours de cet argument qui présente la diversité comme une des caractéristiques inhérentes de l’économie de l’information à l’heure du numérique, nous considérerons les différentes vagues de travaux sur l’information internationale dans ce nouvel environnement et discuterons, vague par vague, le postulat de la diversité.
Célébration de la diversité de l’information à l’ère numérique
L’influent ouvrage de Yochai Benkler, La richesse des réseaux (2006), offre un bon point de départ pour exposer l’argument de la diversité de l’information à l’heure numérique. La diversité est en effet, dans ce livre, l’une des premières richesses que produisent les réseaux.
L’un des postulats clés de Yochai Benkler est que les médias, d’une part, et le web, d’autre part, sont régis par des logiques radicalement différentes. Dans « l’environnement mass-médiatique », les coûts de diffusion de l’information sont extrêmement élevés. En conséquence, dans cette économie de l’information — qu’il caractérise comme une « économie industrielle de l’information » —, le nombre des acteurs en mesure de diffuser des informations est très limité (Benkler, 2006, p. 165-166).
Le développement du web a cependant bouleversé cette économie industrielle de l’information en faisant émerger une « économie de l’information en réseau » qui est capable de s’affranchir des filtres qui limitaient auparavant la production et la dissémination des nouvelles. La diminution des coûts permise par le web et l’infrastructure transnationale qu’il offre permettent « une augmentation radicale du nombre » d’acteurs faisant circuler des informations, ce qui accroît de façon non moins radicale la « diversité des perspectives [qui sont par ce biais offertes] sur le monde », tant en termes quantitatifs qu’en termes qualitatifs (Benkler, 2006, p. 9, p. 166-167).
On retrouve, sous une autre forme, cet argument chez un autre auteur, Brian McNair (2006). Au cœur du raisonnement de celui-ci, il y a aussi cette hypothèse qu’avec l’essor du web, il y a eu une modification (non moins décisive que celle décrite par Yochai Benkler) de l’environnement dans lequel est produite et distribuée l’information. L’auteur résume cela à l’aide d’une suite d’oppositions binaires qui caractériseraient les deux périodes, avant et après l’essor du web : « hiérarchie » versus « réseau », « rareté de l’information » versus « abondance de l’information », « exclusivité » versus « accessibilité », « homogénéité » versus « hétérogénéité (diversité) » (McNair, 2006, p. 201).
On serait ainsi passé, sous l’effet de l’émergence du web, d’un environnement fortement hiérarchisé de l’information à un environnement en réseau ; d’une situation marquée par la « rareté » des informations à une autre où celles-ci seraient surabondantes ; d’un monde où la production et la circulation des nouvelles étaient exclusivement réservées à un tout petit nombre d’industriels de ce secteur, à un univers où cette production et cette distribution sont accessibles à des acteurs en beaucoup plus grand nombre. Et l’auteur, pour finir, de souligner que « l’augmentation notable du degré de diversité » est l’un des grands traits distinctifs de « l’environnement de l’information » à l’ère numérique (McNair, 2006, p. 201).
De manière intéressante, le constat d’un changement irrévocable de la nature de l’environnement de l’information formulé par Brian McNair se double chez celui-ci d’un appel à transformer l’appareillage théorique utilisé pour rendre compte des grands enjeux relatifs à celle-ci. Il s’attaque en particulier à l’économie politique qui a, dès les années 1970, joué un rôle central dans la théorisation des grands enjeux relatifs à la circulation internationale des nouvelles (McNair, 2006, p. VIII-IX).
Il est difficile d’esquisser en quelques lignes les grands traits de cette économie politique de l’information. Rappelons néanmoins que celle-ci a pris corps à un moment où faisaient rage, dans le cadre des revendications en faveur d’un Nouvel ordre international de l’information, les débats dénonçant les inégalités structurant le trafic des nouvelles dans le monde. Dans ce cadre, cette économie politique a très tôt souligné la nécessité, pour comprendre la réalité des processus de production et de circulation de l’information internationale, de se pencher sur les conditions matérielles qui organisent celles-ci. Elle a ainsi mis à nu les grands déséquilibres qui organisent la circulation internationale des nouvelles, dont témoignent la sous-représentation des pays des Suds dans le menu des informations des médias du monde, de même que leur mal-représentation, ces pays tendant à n’être traités qu’à l’occasion de crises. Voir le résumé qu’offre de ces études Jaap Van Ginneken (Van Ginneken, 1997, p. 127 et suivantes).
S’efforçant d’entendre les causes de ces déséquilibres, cette littérature a mis en évidence la responsabilité partagée qui incombait, en la matière, aux principaux acteurs de la circulation internationale de l’information — agences de presse internationales, médias nationaux… Les chercheurs de l’économie politique critique ont de cette façon, dès la fin des années 1970, identifié le rôle central de « gatekeepers » que jouent les grandes agences de presse internationales (Boyd-Barrett, 1980 ; Boyd-Barrett, Palmer, 1981), de même que les principaux médias nationaux (Sreberny-Mohammadi et al., 1985) dans ce trafic international des nouvelles, ces acteurs constituant autant de filtres pour qu’un événement s’étant déroulé dans le monde se transforme en information dans les médias du Nord comme du Sud.
L’émergence d’un nouvel environnement de l’information à l’heure du numérique aurait, aux yeux de Brian McNair, déclassé cette perspective. Destinée à entendre les réalités d’un environnement marqué à la fois par de forts rapports de « hiérarchie » en matière de production et distribution des nouvelles, par la « rareté » de ces dernières et par la domination écrasante exercée par une poignée d’acteurs, cette économie politique ne serait plus à même de traduire les logiques d’un environnement de l’information « en réseau », où un grand nombre de nouveaux agents sont en mesure d’intervenir dans la production et la circulation de l’information. L’« économie politique » de l’information, conclut Brian McNair, « n’est pas en mesure de rendre compte des dynamiques complexes du système [de l’information] du XXIe siècle » (McNair, 2006 : VIII-IX).
Ainsi qu’on le voit, chez cet auteur, célébration de la diversité et liquidation de l’économie politique sont liées. Pour célébrer la diversité comme caractéristique inhérente de la nouvelle ère, il faut avoir au préalable renoncé à étudier les contraintes de l’économie politique qui structurent la production et la circulation internationale de l’information.
Notre propos ici sera à l’opposé de celui de Brian McNair. Tournant le dos aux oppositions binaires qui structurent son analyse, nous allons au contraire montrer que la prise en compte des conditions socio-économiques pesant sur la production et la diffusion de l’information permet de nuancer les discours célébrant l’avènement d’une ère de diversité grâce au numérique.
L’avènement de « réseaux d’information alternatifs et planétaires »
Dès sa naissance, le web a été présenté comme constituant un support permettant de s’affranchir du contrôle exercé par les grands médias sur la production et la circulation de l’information internationale et comme un moyen d’assurer une plus grande diversité de l’information sur le monde. Howard Rheingold ne décrivait-il pas, en 1993, la « communication assistée par ordinateur » comme un moyen de créer des « réseaux d’information alternatifs et planétaires » (Rheingold, 1993, p. 12). Nous synthétisons, dans cette section et les deux suivantes, des éléments du chapitre de mise en perspective des travaux produits sur la circulation transnationale de l’information, que nous avons publié dans un ouvrage coordonné avec Olivier Koch (Mattelart, 2016, in Koch et Mattelart, 2016).
Un événement va largement contribuer à répandre cette idée qu’Internet constitue, même pour les groupes les plus marginalisés, un réseau alternatif permettant de distribuer leurs informations internationalement. Cet événement, c’est la façon dont les communiqués du mouvement zapatiste au Chiapas vont, dès le milieu des années 1990, circuler à une échelle transnationale, via différentes listes de diffusion ou sites web. Manuel Castells ira jusqu’à qualifier les Zapatistes comme le « premier mouvement de guérilla informationnelle » : « Un usage extensif de l’Internet a permis aux Zapatistes d’instantanément diffuser leurs informations et revendications au monde » (Castells, 1997 [2010], p. 82-84).
Cette affirmation est exemplaire de la tendance qu’a ce type de littérature à louer les capacités d’Internet à faire circuler informations et revendications par-delà les frontières, tout en négligeant les conditions matérielles de cette diffusion. En effet, réfugiés dans la forêt Lacandone au Chiapas, les Zapatistes sont, à cette date — le milieu des années 1990 — loin d’avoir un accès systématique à un ordinateur, à un téléphone, voire même à l’électricité…
Ce ne sont pas eux qui font circuler leurs informations internationalement, mais un réseau de sympathisants d’Amérique du Nord ou d’Europe occidentale. Mieux, le premier site qui est créé, relayant les informations des Zapatistes, l’est par un étudiant de l’Université de Pennsylvanie qui, au départ, ne redistribue pas les informations sur le mouvement zapatiste en espagnol… mais en anglais (voir Ferron, 2012, p. 403-407).
Les travaux menés sur les Zapatistes à la fin des années 1990 préfigurent le développement d’autres travaux au début des années 2000 sur la manière dont des mouvements alter-mondialistes mobilisent le web pour donner corps à des réseaux alternatifs transnationaux d’information. Le réseau transnational Indymedia, créé en 1999, dans le cadre des manifestations altermondialistes contre le sommet de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle, est à cet égard paradigmatique.
La littérature qui lui est consacrée souligne bien la façon dont ce type de nouveaux acteurs peut contribuer à la diversification du champ de l’information internationale. Elle montre comment les 150 centres de médias indépendants qui forment la toile mondiale du réseau Indymedia ont été en mesure de produire une « contre-information, opposée à celle des géants médiatiques » (Kidd, 2003, p. 60, 64). Elle met en évidence comment le réseau a pu en particulier faire écho, « de diverses manières, à travers Internet, à une variété de causes de mouvements sociaux » qui auraient été tues ou présentées autrement par les médias (Morris, 2004, p. 348).
En revanche, ces recherches ne s’interrogent guère sur la matérialité des flux d’information produits au sein de ce réseau, ni sur la réalité de leur circulation. Ce faisant, elles ne disent pas grand chose sur la capacité de ceux-ci à toucher de façon durable un large public, tant à une échelle nationale que transnationale. Or, cette dimension est essentielle pour pouvoir mesurer la façon dont ce type d’acteurs participe à la diversification du champ de l’information internationale.
Une étude menée par Joanna Redden et Tamara Witschge en 2007 sur Indymedia au Royaume-Uni est intéressante à cet égard. Elle souligne la capacité d’Indymedia dans ce pays à offrir un contenu différent par rapport à celui, relativement « homogène », des sites web des grands médias d’information britanniques, mais elle note aussi « combien il est difficile pour [le] contenu [du site alternatif] d’atteindre une vaste audience ». Ce qui tempère aux yeux des auteurs « les espoirs » qui avaient été initialement nourris de voir ce type de site « rivaliser avec les conglomérats transnationaux » (Redden, Witschge, 2009, p. 180-181).
Avec le développement du dit web 2.0, ce ne seront plus seulement les groupes d’activistes qui seront représentés comme pouvant mobiliser la toile pour faire circuler leurs informations, mais aussi les simples citoyens. Ainsi, John Maxwell Hamilton et Eric Jenner vont-ils jusqu’à affirmer que, « armé d’une caméra légère et d’un ordinateur portable, avec la possibilité en un clic de souris de poster images ou mots sur des sites web, n’importe qui à l’étranger peut [désormais] devenir un correspondant international », sans avoir besoin, pour cela, de disposer d’une « carte de presse » ou de travailler ni pour une grande agence, ni pour un grand média (Hamilton, Jenner, 2003, souligné par nous-même).
Cet argument repose sur l’hypothèse, déjà évoquée, que, par son architecture en réseau et le moindre coût des liaisons transnationales qu’il favorise, le web (et encore plus le dit web 2.0) permettrait d’échapper aux contraintes matérielles qui structuraient auparavant la fabrication et la circulation internationale de l’information. Cela donnerait à « n’importe qui à l’étranger » le pouvoir de devenir producteur et distributeur de nouvelles internationales. Il est bien évidemment nécessaire d’interroger la validité de cette hypothèse. Pour ce faire, il est d’abord nécessaire de mobiliser plusieurs travaux de l’économie politique, ceux-là même dont Brian McNair disait qu’ils étaient incapables de rendre compte des dynamiques complexes de l’information à l’heure du numérique.
Quand l’environnement en ligne reproduit les logiques de l’information internationale hors ligne
Plusieurs travaux relevant de cette économie politique de l’information vont montrer que, contrairement à ce que prétendent Yochai Benkler et Brian McNair, l’environnement de l’information internationale en ligne est structuré par certaines des mêmes logiques qui organisent son homologue hors ligne. On retrouve en particulier, dans l’un comme dans l’autre, la dépendance à l’égard des fournisseurs de dépêches que constituent les grandes agences de presse occidentales.
Une recherche pionnière de Chris Paterson est, à cet égard, révélatrice. Celui-ci interroge, en 2006, l’origine des informations internationales publiées par les sites web de CNN, MSNBC ou du New York Times — qui sont parmi les principaux sites d’information internationale aux États-Unis. Et il met en évidence le fait que les informations de ces sites proviennent très largement des dépêches offertes par Reuters et Associated Press, mais aussi des nouvelles proposées par la BBC, dont le verbatim est largement reproduit en ligne (Paterson, 2007, p. 63).
L’intérêt de sa recherche est également de prendre en compte les agrégateurs d’information, tels que Yahoo News ! ou Google News qui se sont imposés, depuis le début des années 2000, comme de nouveaux intermédiaires centraux dans l’environnement de l’actualité sur l’étranger, jouant un rôle de plus en plus important dans la façon dont les gens accèdent à celle-ci. Dans son étude, Chris Paterson montre que Yahoo News ! et Google News sont aux États-Unis, directement ou indirectement, dans un état de « dépendance totale » à l’égard des contenus offerts par les deux agences de presse anglo-américaines. Ce qui l’invite à conclure : « L’économie politique de l’information [internationale] en ligne n’est pas celle de la diversité, mais celle de la concentration » (Paterson, 2007, p. 61-63).
L’étude de Paterson privilégiait la couverture de l’actualité internationale par les principaux sites web des grands médias d’information états-uniens. D’autres recherches, relevant, elles aussi, de l’économie politique critique, vont se pencher sur la représentation du monde que dessinent les sites d’information de grands médias. Celles-ci sont explicitement inscrites dans le prolongement de celles menées dès les années 1970 et 1980 qui montraient combien les pays du Sud étaient, dans les informations du monde, quantitativement sous-représentés et qualitativement représentés de façon négative, surtout à l’occasion de crises.
Itai Himelboin, Tsan-Kuo Chang et Stephen McCreery procèdent ainsi en 2007 à une analyse quantitative de l’actualité sur l’étranger offerte par 223 sites web de journaux et télévisions de 73 pays du monde. Ils mettent à nu une « structure très hiérarchisée de l’information » où seule une « poignée de pays », issus du « centre » (États-Unis, France, Royaume-Uni) ou de pays « semi-périphériques » ou « périphériques » en crise sont couverts, les autres nations des Suds y demeurant largement invisibles (Himelboin et al., 2010, p. 308-310).
Kohei Watanabe s’intéresse, lui, aux deux grands agrégateurs d’information, Yahoo ! News et Google News. Procédant à une analyse comparative de la couverture de l’actualité internationale par Yahoo ! News et Google News aux États-Unis et en Inde, à partir d’une analyse de contenu assistée par ordinateur de plus de 65 000 articles parus sur ces derniers au début 2011, il montre qu’il existe une étonnante convergence dans la manière dont les deux agrégateurs, dans les deux nations, couvrent le monde. Chacun « surreprésente » l’actualité relative aux pays développés et tend à sous-représenter les pays en développement (Watanabe, 2013, p. 148-149).
Tranchant par rapport aux analyses d’un Brian McNair qui postulait l’avènement d’une nouvelle ère de l’information internationale, ces études soulignent, à partir de l’étude de quelques acteurs dominants du web d’actualité, la permanence des déséquilibres dans le traitement de l’information internationale. Cette permanence des déséquilibres est, dans ces travaux, pour une large part attribuée au poids que continuent d’occuper, comme source de cette information sur l’étranger, les grandes agences internationales occidentales.
Loin de s’en être totalement émancipé, l’environnement de l’information internationale en ligne a ainsi, de bien des manières, « reproduit » certaines des principales caractéristiques du « traitement de l’information sur l’étranger des médias hors ligne » (Chang et al., 2009). Ce qui amène à relativiser la portée des analyses célébrant de façon emphatique la plus grande diversité qui caractériserait le monde de l’information en ligne.
La limite de ces analyses relevant de l’économie politique de l’information, c’est qu’elles se concentrent sur les acteurs majeurs du web d’actualité — les plus importantes agences de presse, les principaux sites de médias ou agrégateurs — et qu’elles ne prennent pas en compte la multitude de sites d’information de taille plus réduite ou les blogs animés par des journalistes ou des amateurs désireux d’offrir un autre traitement des nouvelles.
Il est d’autant plus important de s’intéresser à eux que certains auteurs soulignent la contribution qu’ils peuvent apporter à la circulation de l’information internationale. Ainsi, Andrew Chadwick considère-t-il que la « couverture des événements internationaux » par la blogosphère est précisément l’un des domaines où la production amateur de l’information sur le web a pu « indubitablement changer les règles du jeu » (Chadwick, 2006, p. 305). Quelle peut être la contribution de cette variété d’acteurs amateurs à la circulation de l’information internationale ?
Une redéfinition des « règles du jeu » de l’information internationale ?
L’un des premiers à avoir abordé cette question est Ethan Zuckerman, dans un texte de 2005 où il s’interroge sur la contribution de la blogosphère à la couverture de l’actualité internationale. De manière intéressante, le raisonnement de l’auteur part d’une critique du peu d’attention qu’accordent les médias états-uniens, dans leurs plages d’information, aux pays du monde non occidental : il va jusqu’à faire siennes certaines des revendications émises dans le cadre des débats autour d’un Nouvel ordre international de l’information. Puis, il se demande si la blogosphère s’intéresse davantage à ce monde non occidental et procède pour cela à une analyse quantitative des billets de blogs indexés sur plusieurs mois début 2005 par Blogpulse. Sa conclusion est révélatrice : « Les blogueurs ignorent encore plus les nations en développement que les médias mainstream dans leur couverture de l’actualité ». Mieux, ils tendent à ne s’intéresser à l’actualité de ces pays que quand elle a fait l’objet d’une couverture au préalable dans les médias traditionnels (Zuckerman, 2005, p. 27-29). Ce qui invite au moins à interroger la capacité de la blogosphère à apporter plus de diversité dans ce domaine que les médias traditionnels.
Au-delà, une poignée de travaux se sont développés qui analysent la façon dont certains blogueurs des pays des Suds ont pu s’imposer comme de nouveaux acteurs de la couverture de l’actualité étrangère. Pour essayer de comprendre ce qui se joue dans ce domaine, il faut faire appel aux études ayant été consacrées au phénomène des « bridgebloggers » vivant dans les pays non occidentaux.
Les bridgebloggers sont des blogueurs qui, à la différence de la plupart des autres blogueurs, ne s’adressent pas à un public local ou national, mais essaient de viser, le plus souvent en anglais, un public international, de manière à établir entre leur réalité et celui-ci une sorte de « pont ». Et certains de ces bridgebloggers vivant dans des pays non occidentaux ont de fait eu un rôle non négligeable dans la couverture de l’information internationale.
Historiquement, l’un des premiers bridgebloggers a été « Salam Pax », un Irakien ayant créé un blog quelques mois avant la guerre en Irak de 2003. Son blog, rédigé en anglais, va attirer un public non négligeable d’internautes anglophones qui y trouveront des « perspectives alternatives » sur le conflit, offertes par un civil le vivant au plus près (Allan, 2006, p. 110). Salam Pax a ainsi indubitablement contribué à diversifier le type de sources sur lesquelles l’internaute anglophone a pu s’appuyer pour s’informer pendant la guerre d’Irak.
Cependant, il faut noter que le profil de Salam Pax est loin d’être celui d’un citoyen irakien ordinaire. Il est issu des couches supérieures de la société irakienne, a vécu en Occident, a fait ses études universitaires en Autriche, il est architecte et écrit dans un anglais parfait. De plus, son succès, il est important de le souligner, Salam Pax le doit aussi à la BBC qui l’a abondamment cité et au quotidien britannique The Guardian qui, ayant compris l’apport qu’il pouvait représenter, l’a engagé quelques semaines après le début de la guerre comme correspondant (Cammaerts, Carpentier, 2009).
Un autre cas intéressant pour comprendre les enjeux de ce phénomène de bridgeblogging est celui des bridgebloggers en Chine populaire, étudiés par Rebecca MacKinnon. Celle-ci montre que ces bridgebloggers rendent un « service inestimable » aux correspondants occidentaux en Chine. Ils servent en effet d’intermédiaires plus ou moins obligés — des « gatekeepers », écrit-elle — à partir desquels les correspondants peuvent obtenir des informations en provenance de la très vaste blogosphère chinoise. L’auteur décrit cependant l’économie des bridgebloggers influents comme étant concentrée autour d’un nombre limité d’acteurs, tous parfaitement anglophones — certains étant des Occidentaux sinisants expatriés — et basés à Pékin ou à Hong-Kong (MacKinnon, 2009).
Dans la continuité de ces recherches sur les bridgebloggers, d’autres travaux qui ont été consacrés au rôle que jouent les amateurs dans la couverture de certains événements internationaux aboutissent au même type de conclusions.
C’est en particulier le cas d’une recherche menée par Pradip Thomas (2012) qui a cerné la manière dont les médias internationaux ont fait appel à des contenus d’amateurs à l’occasion des attaques commises par des terroristes islamistes à Mumbai en novembre 2008. Il met lui aussi en évidence la manière dont certains acteurs se sont progressivement imposés comme d’incontournables médiateurs entre les contenus produits par des amateurs et les principaux médias internationaux.
En effet, les médias du monde anglophone n’ont pas, pour couvrir cette crise, puisé dans les contenus amateurs directement à partir de l’immensité du web, mais sont passés par l’entremise de Gaurav Mishra qui a opéré comme un « curateur […] en temps réel », sélectionnant les contenus pendant cette crise (Thomas, 2012, p. 155).
Gaurav Mishra est ainsi devenu un « intermédiaire obligé », jusqu’à être en position de « monopole ». On a là également à faire à un nouveau type de gatekeeper de l’information internationale, à la sociologie bien particulière. La fonction de « curateur » qu’il occupe l’est de fait, avance Pradip Thomas, par des personnes possédant, comme Gaurav Mishra, les « bonnes “distinctions” », note l’auteur en faisant une référence explicite à Pierre Bourdieu, en termes de « classe, de caste, de formation et d’aisance en anglais ». (Thomas, 2012 : 149, p. 155-156).
Les travaux menés dans ce champ encore en friche viennent donc contredire les visions béates qui traversent certains essais sur le journalisme international à l’heure du numérique, qui laissent entendre que « n’importe qui à l’étranger » peut se muer en correspondant spécial… Si ces travaux montrent clairement que de nouveaux intermédiaires ont pu émerger sur le web qui constituent autant de nouveaux gatekeepers des processus de circulation de l’information internationale, ils soulignent également que leur sociologie est bien spécifique et qu’ils sont pour une grande part tributaires des médias traditionnels pour avoir une large couverture.
Il faudrait néanmoins pouvoir mesurer avec une plus grande finesse que ne le font les études existantes quelle est, sur la durée, en dehors des situations de crise, la contribution effective de ces nouveaux acteurs à la couverture de l’information internationale et quelles sont les conditions qu’ils doivent remplir pour accéder à ce statut.
Des « changements sismiques dans la structure de la couverture des informations internationales » ?
La meilleure façon de relativiser les analyses pronostiquant l’avènement d’une plus grande diversité à l’ère des réseaux socio-numériques est cependant de faire part des doutes qui assaillent les chercheurs qui ont établi ce type de constats. Il en va ainsi d’Ethan Zuckerman qui a été l’un des premiers, on l’a dit, à s’interroger sur la façon dont la blogosphère pouvait contribuer à pallier les lacunes de la couverture du monde non occidental par les médias états-uniens.
En 2010, dans un article écrit à chaud au lendemain des manifestations de masse en Iran et leur répression à la suite de l’élection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, Ethan Zuckerman s’enthousiasme ainsi sur le potentiel que peuvent représenter, entre les mains d’amateurs, les réseaux socio-numériques pour le traitement de l’actualité internationale. Faisant part de la façon dont plusieurs médias américains ont contourné les interdictions signifiées à leurs correspondants sur place de couvrir l’événement en mobilisant des vidéos en provenance d’Iran ou de la diaspora iranienne, l’auteur décrit cet usage de contenus amateurs comme représentatif « de petits, mais remarquables, changements sismiques dans la structure de la couverture des informations internationales ». Il va jusqu’à dépeindre cet usage sous les traits d’« une révolution tranquille transformant la façon dont nous entendons les événements dans d’autres pays » (Zuckerman, 2010, p. 66).
L’optimisme est alors d’autant plus de mise que les événements en Iran ont fait, au sein de la twittosphère aux États-Unis, l’objet de très nombreux commentaires. Les usagers de Twitter, « plutôt que de consommer passivement les informations », ont joué un rôle actif, note Ethan Zuckerman, « dans l’amplification [de l’audience] des nouvelles [fournies par des amateurs] provenant d’Iran », ce qui, à ses yeux, suscitait l’espoir de voir les réseaux socio-numériques encourager les gens à davantage s’intéresser à l’actualité sur l’étranger et, ce faisant, laissait présager que ces réseaux pourraient contribuer à lutter contre « l’esprit de clocher » (parochialism) (Zuckerman, 2010, p. 74).
Las, dans un ouvrage publié une poignée d’années plus tard, Rewire (2013), Ethan Zuckerman sera amené à se montrer beaucoup plus pessimiste sur la capacité de ces réseaux d’accroître la variété des vues sur la planète. Les réseaux socio-numériques — qui jouent un rôle croissant dans la façon dont les populations, du moins celles qui sont connectées, s’informent — ne sont de fait pas aussi à même d’ouvrir leurs usagers ordinaires sur le monde que leur capacité technique à s’affranchir des frontières pourrait le laisser croire. S’informer au travers des réseaux socio-numériques, c’est, explique Ethan Zuckerman, le faire auprès de « nos amis en ligne qui ne sont pas aussi divers que la population du pays dans lequel nous vivons, et certainement pas aussi divers que le monde dans son ensemble ». On peut, en lisant un journal ou en regardant un JT, « ne pas prêter une grande attention aux dernières nouvelles en provenance du Paraguay », note l’auteur, mais au moins nous disposons d’une information sur celui-ci, fût-elle a minima, alors qu’à « l’âge de la recommandation en ligne, nous pouvons ne jamais entendre parler de ce pays, à moins d’avoir des amis paraguayens dans notre cercle » (Zuckerman, 2013, p. 110).
À des lieues de l’optimisme qu’il exprimait quelques années plus tôt, Ethan Zuckerman conclut qu’« il est probable » qu’à l’ère des réseaux socio-numériques « nous accédions à des visions du monde moins diverses que celles que nous connaissions du temps des médias » traditionnels. Ce qui amène le chercheur à exprimer ses craintes que les « médias sociaux » ne constituent, à rebours de ce qu’il espérait en 2010, une source de « parochialism » (Zuckerman, 2013, p. 110).
D’autres chercheurs empruntent néanmoins, il faut le reconnaître, le chemin inverse. C’est le cas de H. Denis Wu qui, alors qu’il invitait en 2007 à considérer avec circonspection la capacité du web à contribuer à une diversification de l’offre internationale d’information, loue, une dizaine d’années plus tard, le potentiel que recèlent certains réseaux socio-numériques dans ce domaine.
Dans une enquête, inscrite dans la continuité des travaux évoqués de Chris Paterson, H. Denis Wu comparait les nouvelles sur l’étranger parues en 2003 dans le New York Times ou diffusées par CNN avec celles publiées sur leurs versions en ligne et notait le peu de différences, en dépit de la différence de support : les uns comme les autres privilégiaient les « élites économiques et [l]es principales puissances militaires » ou des pays périphériques en crise. Cette homologie dans la représentation du monde s’expliquait, comme dans les autres études citées sur le sujet, par la permanence de la dépendance de ces divers médias en ligne ou hors ligne vis-à-vis des principales agences de presse globales. Ce qui amenait le chercheur à considérer que ce résultat « décevra ceux qui voyaient dans le web un médium véritablement global à même de défaire les obstacles systémiques qui empêchent de fournir davantage d’informations — et plus diverses — » sur le monde (Wu, 2007, p. 549).
Le même auteur va cependant, dans un article postérieur, co-écrit avec deux collègues, mettre en avant la capacité de Twitter de bouleverser la géographie des informations du monde, telle que dessinée par les médias traditionnels. Procédant à une analyse quantitative des mentions faites à des pays dans des tweets écrits en anglais tout au long de l’année 2013 — représentant plus de 1,16 milliards de tweets —, les chercheurs établissent une carte du monde des nations auxquelles il est le plus fait référence, où tendent à dominer les pays de la « semi-périphérie » ou de la « périphérie » et où les pays du « centre » sont relativement marginalisés. Sans cependant — traitement exclusivement quantitatif oblige — que l’on ait la moindre idée du type de représentation donné, dans ces tweets, de ces pays. Ne s’interrogeant pas sur le type de contenu véhiculé, les auteurs ne cernent pas l’origine des informations tweetées, ce qui leur interdit d’évaluer le poids qu’occupent les contenus des acteurs traditionnels de l’information internationale, tels que les grandes agences, dans la circulation des informations au sein de cette plateforme, alors que H. Denis Wu soulignait, quelques années plus tôt, l’importance de prendre en compte le rôle de celles-ci. Cela n’empêche pas les auteurs de souligner combien « l’image du monde sur Twitter […] est totalement différente par rapport à celle du menu traditionnel d’informations » offertes par les médias (Wu et al., 2016, p. 1867-1868).
Conclusion
On mesure, à travers ces derniers exemples, combien les savoirs produits au sein de ce champ de l’information internationale à l’heure du numérique sont fragiles. À quelques années d’intervalle, sous l’effet de la montée en puissance de nouvelles technologies acheminant les nouvelles, s’opèrent, chez les mêmes auteurs, des revirements à 360 degrés, dans un sens comme dans l’autre. Il n’est pas facile, dans ce contexte, de cerner les mutations à l’œuvre.
Il nous semble cependant que ce qui ressort plus ou moins clairement des analyses évoquées ci-dessus, c’est la nécessité de ne pas considérer l’environnement de l’information en ligne comme étant structuré par des logiques radicalement opposées à celles qui organisent l’information hors ligne. Cela revient, pour le dire autrement, à remettre en question le jeu d’oppositions binaires sur lesquelles sont basés les raisonnements de Yochai Benkler ou de Brian McNair et qui leur permettent de célébrer le web comme un lieu d’épanouissement de la diversité de l’information.
On pourrait en fait caractériser les conceptions de la diversité promues par un Yochai Benkler ou un Brian McNair comme étant des conceptions « naïves » de la diversité, qu’a condamnées Kari Karppinen. Celui-ci critique en effet avec force ceux qui, pour mieux chanter l’avènement d’une « ère d’abondance informationnelle ou de choix illimité » à l’heure du numérique, « passent sous silence ou ignorent les questions de pouvoir » (Karppinen, 2013 : 14-15).
En soulignant, au contraire, le besoin de davantage se pencher sur la matérialité des processus de production et de circulation de l’information internationale, qu’elle soit hors ligne ou en ligne, et en ayant mis en relief la permanence des relations de domination qui continuent de structurer ceux-ci, nous espérons avoir contribué à déconstruire ces visions naïves de la diversité.
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Auteur
Tristan Mattelart
.: Tristan Mattelart est professeur à l’Institut français de presse (IFP), Université Paris II, chercheur au Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias (Carism). Ses travaux portent sur les enjeux sociaux, culturels, politiques et économiques de la transnationalisation des médias et des technologies de communication. Son dernier ouvrage est Géopolitique des télévisions transnationales d’information (en co-direction avec Olivier Koch, éd. Mare et Martin, 2016).
Plan de l’article
Célébration de la diversité de l’information à l’ère numérique
L’avènement de « réseaux d’information alternatifs et planétaires »
Quand l’environnement en ligne reproduit les logiques de l’information internationale hors ligne
Une redéfinition des « règles du jeu » de l’information internationale ?
Des « changements sismiques dans la structure de la couverture des informations internationales » ?