Étudier la pluralité des voix en situation de controverse : analyse réflexive de l’usage de l’entretien semi-directif
Résumé
Cet article propose une analyse réflexive portant sur la mobilisation de l’entretien en tant qu’outil méthodologique capable de saisir les voix moins audibles dans le débat animant deux controverses locales. Les phases de négociation en amont et in situ sont exposées, soulignant leurs écueils et suggérant, à travers un dialogue avec la littérature, des pistes d’ajustement pour de futures études. Elle pointe l’importance d’une articulation entre entretiens et observations (n)ethnographiques et souligne l’importance d’inclure dans l’analyse les obstacles rencontrés ainsi que les ajustements effectués afin de situer les propos recueillis dans les rapports de force propres à chaque controverse.
Mots clés
Entretien semi-directif, controverses, rapports de force, méthodes mixtes
In English
Title
Questioning the Role of the Semi-Structured Interview in the Communicational Analysis of Controversies
Abstract
This study offers a reflexive analysis of how interviews can be mobilized as a methodological tool to capture less audible voices in the debate surrounding two local controversies. The negotiation phases, both upstream and in situ, are presented, highlighting their pitfalls and, through dialogue with the literature, suggesting possible adjustments for future studies. It emphasizes the importance of articulating interviews with (n)ethnographic observations and underlines the value of integrating both obstacles encountered and adjustments made into the analysis, in order to situate the collected statements within the power relations specific to each controversy.
Keywords
Semi-structured interview, Controversies, power relations, Mixed methods
En Español
Título
Cuestionar el papel de la entrevista semiestructurada en el análisis comunicacional de las controversias
Resumen
Este estudio propone un análisis reflexivo sobre el uso de la entrevista como herramienta metodológica capaz de captar las voces menos audibles en el debate que anima dos controversias locales. Se exponen las fases de negociación previas y in situ, señalando sus obstáculos y sugiriendo, en diálogo con la literatura, posibles ajustes para futuros estudios. Se subraya la importancia de articular entrevistas con observaciones (n)etnográficas, así como de incluir en el análisis los obstáculos encontrados y los ajustes realizados, a fin de situar los discursos recogidos en los juegos de poder propios de cada controversia.
Palabras clave
Entrevista semiestructurada, controversias, relaciones de poder, métodos mixtos
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Catherine Quiroga Cortés, « Étudier la pluralité des voix en situation de controverse : analyse réflexive de l’usage de l’entretien semi-directif », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°25/3, 2025, p.79 à 90, consulté le lundi 22 décembre 2025, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2025/supplement-a/07-etudier-la-pluralite-des-voix-en-situation-de-controverse-analyse-reflexive-de-lusage-de-lentretien-semi-directif/
Introduction
Les controverses publiques sont traversées par des affrontements discursifs entre des acteur·ices hétérogènes cherchant à imposer leur propre cadre interprétatif dans le débat public. Or, en contexte de controverse, tous·tes les acteur·ices ne s’expriment pas de la même manière, ni dans les mêmes arènes (Rennes, 2016), ce qui conduit à des inégalités dans l’accès à la parole publique et à un déficit de visibilité, de poids ou d’autorité de certaines paroles dans l’espace public. Ces asymétries découlent d’une inégale distribution des ressources, en particulier les compétences linguistiques et discursives nécessaires aux activités revendicatives (Ferron et al. 2025), mais aussi d’une inégale connaissance et capacité à maîtriser la matérialité des arènes d’expression (Badouard et Mabi, 2015).
L’étude des controverses sous une approche communicationnelle exige dès lors une prise en considération de ces asymétries, limite souvent pointée aux approches latouriennes-calloniennes auxquelles il est reproché d’aplatir le social (Huët et Sarrouy, 2015). Afin de pallier cette limite, il convient de porter une attention particulière aux moins audibles (Haraway, 1988). Juliette Rennes insiste, en citant Nancy Fraser, sur la nécessité de traquer les expériences des moins audibles en collectant et en exploitant des matériaux d’enquête qui ne bénéficient point de la même publicité que ceux disponibles au sein des arènes institutionnelles ou médiatiques (Fraser, 2001 ; Rennes, 2016). L’entretien apparaît comme un outil idéal pour la collecte de ces données.
Des travaux en sciences de l’information et de la communication portant sur des controverses publiques identifient des traces des individus les moins audibles sur les réseaux socio-numériques (Tra, 2024). En effet, cherchant des stratégies alternatives de publicisation de leurs revendications ou une autonomie médiatique (Thiong-Kay, 2020), certain·es acteur·ices investissent des espaces d’expression au sein des plateformes socio-numériques. On observe souvent dans cette première catégorie de travaux une mobilisation de méthodes quantitatives ou encore de digital methods (Rogers, 2009) permettant de collecter et d’analyser des jeux de donnés importants issus de ces plateformes pour caractériser les usages à l’œuvre (Smyrnaios et al., 2021).
D’autres travaux misent davantage sur des protocoles empiriques dits « mixtes ». Beaucoup ont pour point commun de mobiliser l’entretien, sous diverses formes. Dans les travaux de Laurent Thiong-Kay portant sur la controverse autour du barrage de Sievens, l’entretien est articulé avec un travail archéologique en ligne de contenus publiés des années auparavant sur Facebook (Thiong-Kay, 2023). Ou encore, dans l’analyse de la controverse dite de Tim Hunt se déployant sur Twitter, Nathanaëla Andrianasolo (2019) mène des entretiens avec des utilisateurs et journalistes, qu’elle articule avec une analyse de contenu.
Notre étude de deux controverses publiques se déployant autour de projets d’aménagement territorial, menée dans le cadre d’une recherche doctorale, s’inscrit dans cette seconde catégorie de travaux. Nous interrogions le rôle joué par Facebook dans la circulation de récits à travers lesquels les acteurs des controverses rapportaient des faits et des événements d’actualité. Le protocole adopté, inspiré de la cartographie des controverses sous une conceptualisation contemporaine (Venturini et Munk, 2021), s’est construit de manière itérative et a été traversé par de nombreux ajustements, dans une quête constante d’échapper à la surreprésentation des voix dominantes et à la minorisation des voix moins audibles. Mêlant approches quantitatives comme qualitatives ainsi que des digital methods, nous avons accordé une place centrale à l’entretien sous sa forme semi-directive dans le cadre d’une enquête qui s’est étalée sur deux ans.
Nous proposons ici de nous livrer à un exercice réflexif afin de faire émerger des pistes méthodologiques capables d’enrichir la mobilisation de l’entretien dans le cadre de futures analyses communicationnelles de controverses, soucieuses de saisir la pluralité des voix qui animent – en dépit des degrés de visibilité variables – ces phénomènes. Nous analyserons notre démarche en deux temps correspondant à ce que Gilles Bastin (2012) nomme l’envers (la négociation et la préparation) et l’endroit (la conduite) de l’entretien. Pour chaque phase, nous traiterons d’abord des écueils auxquels nous nous sommes confrontée, puis nous analyserons les tentatives d’ajustement mises en place, axées sur une recherche d’inclusivité d’acteur·ices peu ou moins audibles. Nous montrerons à chaque fois la manière dont ces écueils ont été pris en compte dans l’analyse et ce qu’ils ont révélé ou enrichi.
La cartographie des controverses comme méthodologie
Afin de tenir compte des acteurs invisibilisé·es dans l’analyse des deux controverses étudiées, nous avons d’abord mobilisé la cartographie à des fins d’identification des individus à solliciter ensuite dans le cadre d’entretiens semi-directifs.
À la recherche des voix peu audibles
Nous avons mené une étude comparative de deux controverses portant sur des projets d’aménagement territorial. La première (dite « Saint-Brieuc ») s’est déployée sur près de quinze ans dans le territoire environnant la baie de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). Porté par l’État, le projet est soutenu par les élus de la majorité au Conseil Régional. Les incertitudes portant sur l’impact environnemental du parc, mises en avant par des riverains, par des activistes écologistes et par des pêcheurs, ont occupé une place centrale dans la controverse. Le second cas (dit « Amazon ») était situé dans la zone périurbaine de la métropole nantaise (Loire Atlantique). Le projet controversé était l’implantation de ce qui aurait été le plus grand centre logistique Amazon en France. Élus locaux et conseillers régionaux issus du groupe majoritaire, ainsi que des riverains soutenaient le projet. Militant·es et syndicalistes écologistes ou « anticapitalistes nantais·es » ont rejoint des riverain·es inquiets par les incidences d’un tel projet pour les populations avoisinantes.
Nous nous sommes fortement appuyée sur la cartographie des controverses, telle qu’elle est conceptualisée et opérationnalisée par Tomasso Venturini et Anders K. Munk (op. cit.). Nous avons retenu principalement deux principes : porter une attention particulière aux rapports de force à l’œuvre dans les controverses et, comme le suggèrent les apports de la branche féministe et critique de la sociologie des sciences et des techniques (Haraway, op. cit.), inclure dans l’analyse les voix peu audibles et minorisées au sein du débat public. Celles-ci doivent retrouver leur place dans l’enquête si nous souhaitons obtenir une compréhension fine des asymétries de pouvoir qui traversent une controverse et qui ne soit pas définie par les perspectives de ceux qui dominent le débat.
Dans les deux cas étudiés, les acteur·ices dominant la narration autour de la controverse dans l’arène médiatique disposent de compétences discursives confirmées ou s’appuient sur des personnes ressources spécialistes des relations publiques que l’on peut qualifier d’experte·s de la parole (Broustau et al., 2012). Élus locaux, portes paroles activistes ou syndicalistes, chargé·es de communications pour des industriels ou des ONG sont quelques un·es des acteur·ices « dominants ». Facebook se présente alors à ceux et à celles qui ne disposeraient pas de ce même capital médiatique comme une arène d’expression alternative facile d’accès et d’usage. Dans chacune des controverses, nous y retrouvons principalement les voix d’acteur·ices locaux, habitant·es-riverain·es, souvent pas ou peu structurés mais fortement actifs et actives sur la plateforme. Publiés dans des groupes ou pages publiques, ces paroles sont accessibles. Cependant, la logique algorithmique du dispositif pèse sur leur visibilité qui peut dès lors échapper également au regard des chercheur·es.
L’entretien semi-directif au cœur du protocole « cartographique »
La cartographie des controverses repose également sur une hybridité de matériaux et de méthodes, l’articulation de données de type qualitatif et quantitatif donnant une granularité importante à l’analyse. Nous avons construit un protocole méthodologique associant une diversité de méthodes de collecte de matériaux empiriques et d’analyse (voir tableau 1). Nous avons collecté entre septembre 2020 et septembre 2022 des articles de presse (plus de 1 500), des publications Facebook (6 000) et des tweets (4500) qui ont fait l’objet d’analyses textométriques opérées via le logiciel Iramuteq (Ratinaud, 2014). Un travail de collecte documentaire (documents administratifs, communiqués et dossiers de presse, tracts et brochures) et des analyses statistiques descriptives ont également été menés. Sur le plan qualitatif, nous avons réalisé des observations participantes en ligne et hors ligne ainsi que des entretiens semi-directifs traités ensuite par le biais de codages thématiques.
| Étape | Données | Analyses |
| Reconstitution de la controverse |
Documentation Observations Entretiens semi-directifs |
Description Codage inductif |
| Étude des relations |
Données statistiques Observations en ligne Entretiens semi-directifs |
Analyses statistiques descriptives Codage inductif |
| Études des pratiques info-communicationnelles |
Analyses statistiques descriptives Codage semi-inductif selon étapes de production discursive |
|
| Étude de la circulation discursive | Corpus textuels (Facebook, Twitter, Médias) |
Analyses textométriques (CHD et Chi2) Appui sur données qualitatives |
Tableau 1. Synthèse des étapes d’analyse
Ces derniers ont occupé une place centrale dans le protocole. Ils constituent notre matière principale d’analyse, et ont par conséquent été mobilisés à chaque étape analytique (voir Tableau 1). Comme le souligne Philippe Démazière, l’entretien est l’outil idéal « pour appréhender les interprétations que les individus font des situations et mondes auxquels ils participent » (2012, p.30). Il donne la possibilité alors de partir des expériences vécues pour mieux comprendre les « attitudes » en situation de controverse (Gaillaguet, 2022). Ceci semble particulièrement pertinent dans notre étude, celle-ci s’intéressant aux usages des plateformes socio numériques. En effet, en révélant les trajectoires des acteurs, l’entretien conduit alors à « comprendre les objectifs associés aux usages » des plateformes (Thiong-Kay, op. cit, p.95).
L’entretien permet également de saisir la dimension sensible des controverses et de relever les systèmes de valeurs moteurs de l’action (Badouard et Mabi, op. cit.). Il repose sur le recueil de la parole, mais aussi sur le ressenti des enquêté·es. Ces émotions, souvent oubliées par les chercheur·es et pourtant constitutives des expériences (Huët et Sarrouy, op. cit.), doivent être intégrées dans l’analyse.
Nous avons mobilisé la modalité semi-directive. Elle conduit à mener l’entretien en s’appuyant sur un guide de thèmes à traiter qui fonctionnent en tant que « mémento » ou « pense bête » (Combessie, 2007), plutôt que comme une liste de questions fermées. Cette grille est alors suffisamment flexible pour permettre aux chercheurs de s’adapter aux différentes situations d’entretien ainsi qu’à des interlocuteurs aux attitudes et ressources discursives hétérogènes. Par ailleurs, les thèmes listés – qui devront être abordés dans chaque entretien – servent de repères pour atteindre une certaine homogénéisation du corpus, garante d’une analyse cohérente (ibid). Ainsi, l’entretien semi-directif assure la reproductibilité de l’enquête et apporte de la rigueur à l’approche comparative.
| Étape | Objectif de connaissance |
| Ouverture | Trajectoire personnelle et d’implication |
| Raconter la controverse | Perspective personnelle de la controverse |
| Se raconter dans la controverse |
Positionnement et revendications Valeurs et motivations Pratiques communicationnelles |
| Raconter les autres dans la controverse | Représentation et perception du réseau relationnel |
| Clôture |
Précisions ou thèmes non abordés Suggestion de contacts |
Tableau 2. Synthèse de la grille des entretiens semi-directifs
Entre mars 2021 et novembre 2022, nous avons mené 30 entretiens auprès de 32 enquêté·es, 12 pour le cas « Amazon » et 18 pour le cas « Saint-Brieuc ». Au total, nous avons échangé avec 6 catégories de personnes impliquées dans les controverses (voir tableau 3). Les entretiens ont été menés en présentiel, par visio-conférence ou par téléphone, chaque modalité ayant un impact sur la négociation et sur la conduite des entretiens, ce que nous montrerons dans la suite de cet article. La durée varie entre 42 minutes et 2h30, les plus courts étant généralement réalisés au téléphone.
| Catégorie | Amazon | Saint-Brieuc | Modalités |
| Médiatique | 3 | 7 | Visio (2), Téléphone (5), présentiel (3) |
| Politique | 2 | 2 | Visio (1), téléphone (3) |
| Activiste | 6 | 2 | Visio (6), téléphone (1), présentiel (1) |
| Riveraine | 1 | 2 | Visio (1), téléphone (1), présentiel (1) |
| Industrielle | 0 | 1 | Téléphone |
| Professionnel·le de la pêche | 0 | 6 | Présentiel (6) |
Tableau 3. Catégorisation des interlocuteur·ices et modalités des échanges
L’ensemble des entretiens a été enregistré avec l’accord explicite des interlocuteurs. Ils ont été anonymisés afin d’éviter le risque d’exposer publiquement certains acteur·ices vulnerables. Nous le précisions lors de nos prises de contact, en espérant que cette attitude rassure certain·es, ce qui s’est avéré être le cas pour des interlocutrice·s hésitant·es. Les transcriptions ont été ensuite réalisées « à la main » ou assistées par logiciel (Trint), suivies d’une réécoute pour vérification et ajustement.
Négocier la pluralité des voix
En suivant les principes de l’approche cartographique des controverses, nous avons tenté de donner la parole aux moins audibles. Or, leur faible visibilité dans le débat public a rendu leur identification et la prise de contact plus ardue. La méthode d’échantillonnage a par conséquent été amenée à évoluer progressivement en suivant une approche itérative, les écueils rencontrés sur le terrain nous menant à diversifier nos démarches pour négocier les entretiens.
Des stratégies d’échantillonnage favorisant les « expert·es »
Dans la première phase de notre travail de terrain, nous avons été confrontée à une surreprésentation d’interlocuteur·ices expert·es de la parole. Notre échantillon final en est la preuve : sur trente entretiens, vingt ont été menés auprès de personnes classé·es dans les catégories médiatique, politique, activiste et industrielle. Afin d’identifier nos interlocuteur·ices, nous nous sommes d’abord appuyée sur un travail de veille mené sur Facebook et Twitter afin d’identifier des acteur·ices s’exprimant publiquement et de manière réitérée. Ce sont ceux et celles que nous avons contacté·es dans un premier temps. La veille s’est poursuivie tout au long de l’enquête. Cette stratégie apparaît dans d’autres études portant sur des controverses publiques (Andrianasolo, op. cit.). Or, elle n’est pas dépourvue d’écueils. Étant façonnées par l’infrastructure technique des dispositifs, elle-même construite pour répondre à des intérêts économiques et stratégiques des concepteurs, les données issues des plateformes socio-numériques sont porteuses de représentations propres aux dispositifs (Loubère, 2021) et par conséquent ne peuvent être considérées comme neutres. Cette méthode d’échantillonnage conduit alors à privilégier, dans un premier temps, ceux et celles qui maîtrisent le mieux les codes algorithmiques de la plateforme et dont les publications sont mises en avant. Un travail de veille complémentaire a été mené sur les sites web des principaux titres de presse régionale couvrant les territoires des controverses étudiées. Celui-ci a aussi favorisé l’identification et prise de contact d’acteur·ices bénéficiant d’une visibilité médiatique.
Ensuite, nous avons mobilisé la méthode dite « boule de neige » reposant dans la constitution progressive d’un échantillon d’enquêté·es en demandant aux premièr·es de recommander d’autres personnes susceptibles de participer à l’enquête. Si elle peut s’avérer efficace, elle peut aussi conduire à une forte homogénéisation de l’échantillon (Sauvayre, 2021). Ainsi, appliquée à des acteur·ices dominant le débat dans les controverses, cette stratégie a renforcé leur surreprésentation. Dans le cas « Amazon », l’effet boule de neige nous a amenée à multiplier les entretiens avec les activistes membres du même réseau d’opposition dotés d’un capital communicationnel et médiatique important.
Cette surreprésentation des expert·es cache les nombreux refus et difficultés à accéder à certain·es d’entre-eux et elles. Très souvent, nous avons été confrontée au silence : malgré nos relances multiples, de nombreux élu·es régionaux, membres de l’administration, ou chargé·es de communication pour des groupes industriels ne nous ont jamais adressé une réponse. De nombreux refus nous ont également été adressés, principalement de la part de journalistes localiers.
La (n)ethnographie, une démarche compréhensive et inclusive des moins audibles
Afin d’élargir notre échantillon et de contrecarrer la représentation des expert·es, nous avons adopté par la suite des méthodes ethnographiques à visée compréhensive. Plus précisément, nous avons privilégié une modalité proche de la (n)ethnographie telle qu’Irène Despontin-Lefebvre la conçoit, à savoir comme une sorte de continuum entre observations des espaces en ligne et hors-ligne (2023), ce qui suppose de considérer qu’ils sont tous les deux constitutifs d’un même phénomène social.
Nous nous sommes rendue sur le terrain dès que cela a été possible (à deux reprises, une semaine à chaque fois à une année d’interval). Nous voulions nous familiariser avec l’environnement, rencontrer des enquêté·es en personne et discuter avec les habitants ordinaires dans l’espoir de trouver des paroles moins audibles. En parallèle, nous avons mené, de manière plus ou moins régulière et sur une durée proche d’une année, des observations ethnographiques au sein de groupes Facebook, régionaux ou thématiques, concernant les territoires et les objets étudiés 1. En observant ces arènes moins légitimées dans le débat, nous avons alors pu suivre des échanges « à bas bruit » (Da Silva, 2022) invisibles dans les arènes médiatiques ou institutionnelles et pourtant essentiels à la compréhension des dynamiques relationnelles à l’œuvre dans les controverses (voir Figure 1). De même, ce type de méthode a permis – à défaut de pouvoir nous entretenir avec une large partie des utilisateur·ices – de situer leurs paroles étudiées par le biais d’une méthode statistique et donc découplée du contexte de production.

Figure 1. Capture d’écran issue d’un groupe public Facebook étudié pour la controverse « Saint-Brieuc » révélant un « débat à bas bruit »
Un regard compréhensif a également été posé sur les échanges qui n’ont finalement pas abouti à un entretien. En effet, si la négociation n’est pas toujours fructueuse, elle donne la possibilité pour autant de faire émerger des éléments substantiels capables d’enrichir l’analyse et la compréhension des rapports de force à l’œuvre. Dans le cas « Saint-Brieuc », de échanges avec des journalistes localiers ont, par exemple, révélé le caractère hautement sensible de la controverse : certain·es s’étaient mis·es en retrait pour des raisons de sécurité. Cette même attention compréhensive a été apportée aux silences qui sont devenus par moments des objets d’enquête en soi, que des entretiens menés nous ont aidé en partie à éclairer, comme l’illustrent les propos de ce journaliste au sujet du mutisme des élus régionaux et locaux dans la controverse :
« L’interview avec le président du Conseil régional… J’ai négocié 6 mois pour l’obtenir. C’est parce que il voulait pas s’expliquer, le sujet est trop sensible, il y a trop d’enjeux … Il y a aussi des élus qui étaient pour mais ne voulaient pas trop le dire pour pas se mettre à dos ceux qui sont contre en période électorale »
L’approche (n)ethnographique s’est avérée d’une part fructueuse, nous donnant accès à des acteur·ices qui avaient échappé aux premières méthodes d’échantillonnage. Pêcheurs, activistes locaux et peu actifs sur les réseaux socio-numériques ou encore riverains sont ainsi venus rejoindre notre échantillon et ont offert une vision davantage plurielle et inclusive des phénomènes observés. D’autre part, dès lors qu’elle revêt d’une dimension compréhensive des logiques sociales à l’œuvre (Weber et Beaud, 2003), la (n)ethnographie a permis de situer les paroles des enquêté·es à l’égard des jeux d’acteurs à l’œuvre dans la controverse et d’apporter ainsi une granularité plus importante à l’interprétation des analyses textométriques et statistiques.
Négocier la posture du chercheur en entretien
Une fois l’entretien négocié, l’adaptation est tout de même restée le mot d’ordre. Les tensions qui traversent une controverse ne peuvent disparaître lors de l’entretien. Et ce d’autant plus lorsque l’enquête est menée alors que la controverse est ouverte et que les acteur·ices y sont plongé·es. Comme le souligne Gilles Bastin, « le contrôle de l’interview est l’objet d’une dispute dont il n’est pas toujours sûr que celui qui pose les questions puisse sortir vainqueur » (op. cit., p. 46). En effet, les tentatives de recrutement et de ralliement à la cause des interlocuteur·ices sont récurrentes dans les analyses de controverses (Allard-Huver, 2021). Nous avons alors été placée par nos interlocuteur·ices dans différentes postures non exclusives : celle d’arbitre devant laquelle il faudrait plaider sa cause, celle d’une confidente qui leur prête une oreille attentive ou encore celle d’une interlocutrice supposée ignorante des faits à laquelle il faudrait tout « faire comprendre ». Les modalités de ralliement et les postures qui nous sont assignées varient entre interlocuteur·ices « experts de la parole » et ceux ou celles peu habitué·es à l’exercice de l’entretien sociologique ou à la prise de parole en public. Afin de neutraliser autant que possible ces tensions pendant l’entretien et d’éviter la perte de contrôle, Venturini et Munk (op. cit.) suggèrent d’éviter d’adopter une position supérieure aux enquêté·es, leur imposant notre propre cadre interprétatif, ou inférieure, notamment vis- à-vis des expert·es de la parole, maîtrisant des codes langagiers qu’ils et elles chercheraient à imposer. Un équilibre qui n’est pas toujours facile à atteindre.
Soupeser les tentatives de renversement des « expert·es »
Chez les « expert·es », les tentatives de ralliement sont surtout passées par des manœuvres de renversement de l’entretien. La monopolisation de la parole a été particulièrement présente dans les entretiens menés auprès d’élus. Celle-ci a pu être favorisée par notre méthode de négociation en amont. Ayant obtenu peu de réponses de cette catégorie d’acteur·ices, nous avons accepté les termes qu’ils ont imposés : modalités à distance (téléphone ou visio conférence) ou encore temps d’échange limité (le plus long de ces entretiens dure 52 minutes). Bien que plus subtiles, des tentatives de renversement de l’entretien ont également été déployées par des journalistes. Certain·es font recours à la pratique du off. Se pose alors un double questionnement éthique : devons-nous respecter le souhait de l’interlocuteur·ice ou bien nous tenir à une rigueur scientifique qui voudrait analyser l’ensemble des données collectées ? D’autres journalistes, situé·es « dans une posture inversée par rapport à [leurs] interactions traditionnelles » et « connaissant les ficelles de la pratique » (Broustau et al., op.cit., p.9), renversent les rôles et nous adressent leurs propres questions au sujet de nos observations et interprétations.
In situ, ces tentatives peuvent déstabiliser. Les modalités à distance, et notamment les appels téléphoniques, renforcent l’inconfort et compliquent la reprise en main de l’entretien. C’est alors que le retour à la grille d’entretien est particulièrement utile. Bien que cela puisse casser parfois maladroitement la fluidité apparente de l’échange, des formules telles que « Je vous remercie. Si cela ne vous dérange pas je voudrais maintenant que nous abordions [x thème] ». A posteriori, ces manœuvres de recrutement sont porteuses d’informations, il convient alors de les noter en cours d’entretien. Par exemple, certaines postures des enquêté·es nous semblaient indiquer une familiarité avec le milieu médiatique. Le croisement dans l’analyse des propos recueillis avec les résultats textométriques, les observations (n)ethnographiques et le travail de documentation révèlent que ces enquêté·es ont souvent mobilisé, lors des échanges, des éléments discursifs présents dans d’autres situations d’énonciation, notamment médiatiques : communiqués de presse, tweets, interviews. Un autre exemple est celui des propos tenus en off. Ils échappent au codage thématique et ne seront pas publiés. Or, ils sont exposés, au même égard que les notes de notre journal de terrain, à un exercice de contextualisation contribuant à situer les paroles codées. Ou encore, les questions que les enqûété·es nous adressent ont pu éclairer leurs postures ou intérêts. Encore une fois, elles échappent au codage thématique, mais sont mobilisées dans la triangulation analytique.
Accorder une place aux émotions dans l’analyse
Du côté des non-expert·es, nous avons constaté une stratégie de ralliement – consciente ou pas – appuyée sur une forte charge émotionnelle. Des longs silences, des voix cassées ou une hausse soudaine du ton sont autant de signes qui traduisent colère, tristesse ou frustration chez certain·es enquêté·es. Nous retrouvons dans notre carnet de notes des remarques consignées pendant le temps de l’entretien, ou juste après, qui témoignent de nos impressions vis-à-vis des émotions de nos interlocuteur·ices et de notre propre ressenti au moment de l’échange.
Dans certains terrains sensibles, l’échange en visio conférence favoriserait le « dévoilement de soi » (Milon, 2022). Notre expérience indique le contraire : les émotions se dévoilent davantage lorsque l’entretien a lieu en présentiel. Lorsque nous avons rencontré nos enquêté·es en personne, nous leur avons laissé le choix du lieu. Cafés, bords de mer, marchés… Certains de ces lieux bruyants, exposés au vent ou à la pluie ont réduit la qualité des enregistrements et compliqué la transcription par moments. Cela a également impliqué que nous nous déplacions dans des lieux parfois difficiles d’accès ou inconnus. Ici encore, ce renoncement aurait pu compromettre la négociation in situ. Or, il nous semble que l’inverse s’est produit : les enquêté·es se sentant à l’aise, ils et elles sont plus rapidement entré·es en confiance, nous laissant finalement conduire l’échange. La difficulté ici rencontrée a été de trouver un équilibre entre offrir une écoute attentive, accompagnée d’un haut degré d’empathie nécessaire à la mise en confiance de l’enquêté·e et trouver la juste distance afin d’éviter autant que possible de jouer un rôle actif et d’exercer une influence sur le terrain (Boumaza et Campana, 2007).
Dès lors que les émotions peuvent influencer la perception du terrain (ibid.), nous attendions plusieurs semaines avant d’initier l’analyse de ce type d’entretien afin de trouver une distanciation nécessaire à l’objectivité. Pourtant, il ne s’agissait pas d’effacer les émotions : ni les nôtres, utiles à l’exercice réflexif et à une analyse située, ni celles de nos enquêté·es. Souvent oubliées dans l’analyse des controverses, ces dernières sont pourtant constitutives du phénomène (Huët et Sarrouy, op. cit.). Les émotions relevées chez nos intetlocuteur·ices et répertoriées dans les notes d’entretien ont été intégrées au codage thématique des entretiens. Dans un premier temps, un code « émotion y » a été utilisé. Dans un second temps, ces codes ont été rattachés aux thématiques principales de la grille d’analyse. Par exemple, la thématique « identité » tient compte des émotions codées (telles que « frustration » ou « dégoût ») qui éclairent les positionnements ou motivations des enquêté·es. Pour la thématique « accès, sélection et tri de l’information », les émotions (telles que « confiance » ou « fierté ») se révèlent être un critère de sélection des sources d’information. Ces émotions codées ont aussi éclairé sur les modes d’action empruntés par les enquêté·es moins visibles dans le débat. Nous comprenons par exemple que l’usage récurrent et intensif de Facebook par ce type d’acteur·ices n’est pas uniquement lié à une facilité d’accès ou à une familiarité avec la plateforme, mais aussi à l’usage réactif qu’elle accorde, les émotions pouvant alors y être exposées à vif.
Conclusion
L’exercice réflexif auquel nous nous livrons dans cet article fait émerger plusieurs pistes pour des futures analyses communicationnelles de controverses soucieuses d’éviter la minorisation des acteur·ices moins audibles dans l’analyse des rapports de force. Cet exercice confirme la pertinence d’articuler la conduite des entretiens avec une démarche (n)ethnographique immersive dans les territoires d’ancrage des controverses ainsi que dans des espaces numériques moins visibles. Une présence prolongée ou réitérée, armée d’une méthodologie d’observation bien préparée contribuerait à constituer un échantillon d’enquêté·es « par le bas ». Elle renforcerait aussi la familiarité des chercheur·es avec le terrain afin de mieux comprendre en amont des entretiens les tensions qui traversent la controverse. Cela faciliterait l’adaptation de sa posture lors de l’échange et permettrait de situer avec finesse les propos recueillis dans le contexte social étudié. La démarche (n)ethnographique gagnerait à être entamée dans une phase exploratoire qui permettrait de mieux anticiper l’entrée dans le terrain (Despontin Lefèvre, op. cit.) ce qui a manqué à notre démarche.
Dans cette même logique, l’intégration de la dimension émotionnelle qui peut prévaloir pour certains entretiens dans l’analyse à froid donne accès à une lecture des phénomènes plus fine, fondée sur l’expérience sensible des acteur·ices. S’engager dans cette démarche nécessite également une prise de conscience, préalable à l’enquête par entretien, de la capacité des chercheur·es à peser sur la situation analysée et de la reconnaissance par certains enquêtées de cette influence potentielle, qu’ils ou elles tentent de mobiliser à leur avantage. Il semble alors essentiel in situ de noter les dynamiques à l’œuvre dans la négociation du contrôle de l’entretien et a posteriori de l’intégrer dans la triangulation analytique des matériaux. Cela offre la possibilité d’éclairer les positions que les acteur·ices veulent imposer au sein de la controverse tout en intégrant une démarche réflexive à l’analyse.
Notes
[1] « Contre l’aéroport de notre-dame-des-landes », « Gilet jaune Loire-Atlantique », « Oui Amazon Montbert », « Ensemble pour un littoral sans éoliennes », « Petite pêche de Bretagne Nord », « Vents et Territoires », « contre les éoliennes en baie de saint Brieuc »
Références bibliographiques
Allard-Huver, François (2021), « Ce que les SIC font aux controverses environnementales, ce que les controverses environnementales font aux SIC », Revue française des sciences de l’information et de la communication, [en ligne], consulté le 10 janvier 2025, http://journals.openedition.org/rfsic/10215.
Andrianasolo, Nathanaëla (2019), « L’engagement des acteurs de l’information lors de mobilisations féministes à l’ère du numérique : le cas de Tim Hunt sur Twitter », Les Cahiers du numérique, vol. 15, n° 3, p. 81-104.
Badouard, Romain ; Mabi, Clément (2015), « Le débat public à l’épreuve des controverses ». Hermès, La Revue, n° 71, p. 145-151.
Bastin, Gilles (2012), « Le “cas Mathieu” ou l’entretien renversé », Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo, vol. 1, p. 40-51.
Boumaza, Magali ; Campana, Aurélie (2007), « Enquêter en milieu “difficile” : Introduction », Revue française de science politique, vol. 57, n° 1, p. 5-25.
Broustau, Nadège ; Jeanne-Perrier, Valérie ; Le Cam, Florence ; Pereira, Fabio H (2012), « L’entretien de recherche avec des journalistes. Propos introductifs », Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo, vol. 1, n°1, p. 6-12.
Combessie, Jean Claude (2007), « II. L’entretien semi-directif » (p. 24-32), in Combessie, Jean Claude, La méthode en sociologie, Paris : La Découverte.
Da Silva, Jaércio (2022), Un concept sur la toile. Circulation et traduction à bas bruit de l’intersectionnalité, thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Panthéon-Assas.
Demazière, Didier (2012), « L’entretien de recherche et ses conditions de réalisation. Variété des sujets enquêtés et des objets de l’enquête », Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo, vol. 1, p. 30-39.
Despontin Lefèvre, Irène (2023), « Négocier sa position en et hors ligne en terrain féministe », Communication, [en ligne], consulté le 19 janvier 2025, http://journals.openedition.org/communication/18019.
Gaillaguet, Jérôme (2022), « Comprendre l’expérience critique ordinaire : Enjeux épistémiques et méthodologiques d’une enquête sur l’hésitation vaccinale », Questions Vives. Recherches en éducation, n° 37, [en ligne], consulté le 10 janvier 2025, http://journals.openedition.org/communication/18019.
Haraway, Donna (1988), « Situated Knowledges : The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective », Feminist Studies, vol. 14, n° 3, p. 575-599.
Huët, Romain ; Sarrouy, Olivier (2015), « Le fleuve et ses berges : la sociologie des controverses, ou la négation de l’existence », Hermès, La Revue, vol. 73, n°3, p. 101-108.
Loubère, Lucie (2021), « Mouvements sociaux sur Twitter et Digital Methods : Des données aux analyses », Terminal, [en ligne], consulté le 12 mai 2025, http://journals.openedition.org/terminal/7054.
Milon, Catherine (2022), « Ce(lles) que la visioconférence rend visible(s) », Socio-anthropologie, n°45, p. 179-195.
Ratinaud, Pierre (2014), Iramuteq : Interface de R pour les analyses multidimensionnelles de textes et de questionnaires, http://www.iramuteq.org/.
Rennes, Juliette (2016), « Les controverses politiques et leurs frontières », Études de communication, n° 47, p. 21-48.
Rogers, Richard (2009), The End of the Virtual : Digital Methods, Amsterdam : Amsterdam University Press.
Sauvayre, Romy (2021), « Chapitre 4. La prise de contact », (p. 61-85) in Sauvayre, Romy, Initiation à l’entretien en sciences sociales, 2e ed., Paris : Armand Colin.
Smyrnaios, Nikos ; Tsimboukis, Panos ; Loubère, Lucie (2021), « La controverse de Didier Raoult et de sa proposition thérapeutique contre la COVID-19 sur Twitter : Analyse de réseaux et de discours », Communiquer, [en ligne], consulté le 10 janvier 2025, http://journals.openedition.org/communiquer/8309.
Thiong-Kay, Laurent (2020), « L’automédia, objet de luttes symboliques et figure controversée. Le cas de la médiatisation de la lutte contre le barrage de Sivens (2012-2015) », Le Temps des médias, vol. 35, n°2, p. 105-120.
Thiong-Kay, Laurent (2023), « Facebook comme appui médiatique de l’action collective : Fabrique des groupements et intégration du mouvement contre le barrage de Sivens », Les Enjeux de l’information et de la communication, vol. 23/4, p. 91-108.
Tra, Bi Zamblé Mathieu (2024), Polyphonie sur les médias socionumériques : Le cas des interactions sur YouTube à propos des feux de forêt d’Amazonie, thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Bourgogne Franche-Comté.
Venturini, Tommaso; Munk, Anders Kristian (2021), Controversy Mapping : A Field Guide, Cambridge : Polity Press.
Weber, Florence ; Beaud, Stéphane (2003), Guide de l’enquête de terrain : Produire et analyser des données ethnographiques, Paris : La Découverte.
Auteure
Catherine Quiroga Cortés
Maîtresse de conférences à l’Université de Toulouse rattachée au Laboratoire d’études et de recherches appliqués en sciences sociales. Elle s’intéresse à la production de l’information journalistique à l’échelle infranationale et en contexte de controverse environnementale. Elle étudie également le rôle des plateformes socio-numériques dans la circulation de l’information, particulièrement en lien avec les problématiques environnementales.
catherine.quiroga@iut-tlse3.fr