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Médiation des savoirs et légitimation des pratiques de santé : le cas de l’automédication au cannabis thérapeutique

8 Déc, 2025

Résumé

Cet article porte sur la question de l’automédication au cannabis thérapeutique. Cette recherche portait sur des processus de médiation liés aux usages sociaux de savoirs scientifiques et techniques. Nous avons étudié des forums d’usagers et cultivateurs de cannabis pour interroger les dimensions normatives de ces dispositifs. L’analyse a porté sur les logiques de légitimation des connaissances qui sous-tendent la diffusion des savoirs pratiques liés à l’automédication, en dehors, voire en opposition à l’autorité de santé. Nous présentons nos résultats concernant la légitimation des savoir-faire pratiques clandestins appuyés sur des connaissances scientifiques et techniques.

Mots clés

Communauté en ligne ; Santé ; Légitimation ; Expertise ; Cannabis ; Dispositif sociotechnique.

In English

Title

Mediation of Knowledge and Legitimization of Health Practices: The Case of Self-Medication with Therapeutic Cannabis

Abstract

This article is about the issue of self-medication with medical cannabis. It is focused on mediation processes related to the social uses of scientific and technical knowledge. We studied forums of cannabis users and growers to examine the normative dimensions of these mechanisms. The analysis focused on the logic of knowledge legitimization that supports the dissemination of practical knowledge related to self-medication, outside of, or even in opposition to, health authorities. Here, we wish to present our findings concerning the legitimization of clandestine practical know-how based on scientific and technical knowledge.

Keywords

Online Community, Health, Legitimization, Expertise, Cannabis, Sociotechnical device.

En Español

Título

Mediación del Conocimiento y Legitimación de las Prácticas de Salud: El Caso de la Automedicación con Cannabis Terapéutico

Resumen

Este articulo trata sobre la cuestión de la automedicación con cannabis terapéutico. El tema de esta investigación se centró en procesos de mediación relacionados con los usos sociales de conocimientos científicos y técnicos. Estudiamos foros de usuarios y cultivadores de cannabis para examinar las dimensiones normativas de estos dispositivos, así como las lógicas de legitimación del conocimiento que apoyan la difusión de sabere hacer prácticos relacionados con la automedicación, fuera o incluso en oposición a la autoridad sanitaria. Aquí deseamos presentar nuestros resultados concernientes a la legitimación de los saberes prácticos.

Palabras clave

Comunidad en línea, Salud, Legitimación, Pericia, Cannabis, Dispositivo sociotécnico

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Djahanchahi Stéphane « Médiation des savoirs et légitimation des pratiques de santé : le cas de l’automédication au cannabis thérapeutique », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°25/2, , p.37 à 51, consulté le lundi 8 décembre 2025, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2025/dossier/04-mediation-des-savoirs-et-legitimation-des-pratiques-de-sante-le-cas-de-lautomedication-au-cannabis-therapeutique/

Introduction

La question des savoirs sur le cannabis est complexe. En Occident, la consommation de cette plante et de ses dérivés est perçue comme un problème de santé publique et dans le même temps, comme une ressource médicinale. Le premier Codex Medicamentarius (définissant la pharmacopée officielle) pour la France, édité en 1818, intégrait le cannabis, mais il fut finalement écarté en 1933, car il était trop compliqué de le prescrire à cause de la variabilité de ses effets (Arveiller, 2013). Depuis le milieu du XXᵉ siècle, des études scientifiques ont approfondi la compréhension de ses principes actifs et des effets de leur consommation.

Malgré les restrictions légales qui existent encore 1, certaines recherches scientifiques sur le cannabis sont accessibles en ligne, et les États prohibant son usage n’ont pas pu empêcher le public de s’informer. Le cadre normatif de l’autorité de santé, qui fonde sa légitimité sur la recherche scientifique et le rapport risque-bénéfice, n’a pas réussi à justifier son bien-fondé auprès des populations, que ce soit pour les libertés individuelles ou les pratiques médicales chez les usagers ou leurs proches. De ce fait, différents savoirs ont servi à développer des pratiques de production et de consommation dans des cadres culturels, scientifiques et institutionnels particuliers. Plus précisément, différentes médiations autour de ces connaissances ont aidé à réduire les risques liés au mésusage en permettant aux usagers d’adapter leurs modes de consommation, de production et de préservation des principes actifs du cannabis. Avec Internet, des techniques de consommation et de production ont été diffusées, notamment via des forums en ligne depuis le début des années 2000, permettant le partage de savoir-faire pratiques et de témoignages d’usagers.

Les modalités de légitimation de savoirs clandestins

Notre recherche, menée dans le cadre d’une thèse financée par le LabEx LipSTIC, visait à comprendre de quelles manières les interactions en ligne contribuent au développement et à la légitimation de savoir-faire pratiques. Nous avons formulé l’hypothèse que ces interactions organisent et légitiment les connaissances dans des communautés de pratiques. Nous avons cherché les conséquences observables de cette hypothèse en étudiant la légitimation des savoir-faire pratiques sur des forums en ligne. De cette manière, nous avons questionné le potentiel rationalisant et la possible instrumentalisation de communautés en ligne pour qui cet usage est considéré comme un traitement alternatif. Les forums de cannabiculteurs participeraient à construire un ordre social normatif dans la relation au marché (prescriptions sur les méthodes de culture) et également pour des questions de santé (prescription des pratiques de consommation) via l’invocation de représentations symboliques par les participants. Celles-ci résonnent différemment selon les profils d’usagers, mais leur servent à négocier un monde commun. Elles renvoient tour à tour au capitalisme (logiques marchandes), au progrès technique (innovations pour la production ou la transformation), à la santé (réduction des risques et usages médicaux) et à la nature (rapport au vivant et à l’écologie).

En questionnant l’usage social des connaissances scientifiques, nous abordons la médiation comme un processus de construction de sens, fondé sur la mise en relation entre savoirs et publics à travers des dispositifs, autour de cette question de santé controversée. Nous revenons dans cet article sur la façon dont nous appréhendons les connaissances et les expertises mobilisées et revendiquées sur ces forums pour discuter des conséquences que cela entraîne sur la construction de l’objet de recherche, notre mode d’accès à ce dernier ainsi que le paradigme épistémologique qui nous permet de conduire une analyse. À partir de là, nous présentons la méthodologie développée pour analyser cette médiation des connaissances et nos résultats de catégorisation des connaissances et des expertises par leurs sources de légitimation, centrales pour la compréhension des usages sociaux des savoirs. Nous discutons enfin du rôle que jouent les dispositifs sociotechniques de communication numérique dans cette médiation, pour la représentation du risque en matière de santé au sein de communautés informationnelles et cognitives.

Jusqu’à la fin des années 1990, les études sur le cannabis thérapeutique étaient lacunaires, car centrées sur l’abus récréatif. Avec l’essor d’Internet, malgré la loi 2 interdisant de présenter le cannabis sous un jour favorable, l’accès à des contenus alternatifs s’est ouvert, notamment sur des forums spécialisés. La thèse a débuté en 2016, date à laquelle en France, le cannabis ne pouvait être qu’automédiqué. Dans ce sens et à titre d’exemple, Bersani et al., (2016) soulignent le grand nombre de témoignages liant la consommation de cannabis à la perte de poids tout en rappelant qu’Internet est la source d’information immédiate la plus populaire concernant les drogues illicites et leurs usages. En outre, des recherches en sciences de la communication sur des forums traitant de pratiques déviantes (usages de médicaments détournés) ont montré que des usagers de forums peuvent prendre le statut d’experts à l’intérieur de leur communauté (Orange et al., 2013). Ces brefs éléments de contexte permettent de rappeler que ces recherches sur les usages des savoirs répondent à une demande sociale.

Analyse un processus de médiation sur des connaissances illégales

Notre recherche s’inscrit dans le courant des études en communication numérique en santé, qui s’intéressent aux phénomènes véhiculés par les dispositifs sociotechniques d’information et de communication (Cordelier et Galibert, 2021, p. 5). Notre objet de recherche intègre ainsi à la fois la structure numérique et les discours qui y circulent, ensemble qui contribue à la légitimation de l’usage thérapeutique du cannabis.

Le Léviathan cannabique pour conceptualiser la légitimation des pratiques

Nous mobilisons la métaphore du Léviathan (Callon et Latour, 2006) pour conceptualiser la légitimation de l’usage thérapeutique du cannabis, qui dépend de l’articulation entre savoirs scientifiques, retours d’usagers et politiques publiques. Son développement est conditionné par un ensemble mouvant de croyances, de politiques de santé publique et de programmes de recherche ayant diverses finalités. Le Léviathan s’adjoint un maximum d’alliés (résultats d’études scientifiques, dispositions morales vis-à-vis des libertés individuelles, témoignages, lois de divers États, etc.) pour développer une vision produisant des discours normatifs et performatifs. La force du Léviathan—ou l’institutionnalisation de savoir-faire pratiques liés à l’automédication au cannabis—dépend de l’intensité de ses liens avec ces différents éléments. Parmi ces liens, les expertises occupent une place centrale : comprendre de quelles manières elles se légitiment et participent au renforcement de ce réseau constitue l’une des orientations de cet article.

Dans cette optique, l’usage thérapeutique du cannabis se structure autour d’une constellation d’acteurs, de savoirs et de pratiques, dont la légitimité repose sur leur capacité à s’articuler avec des éléments scientifiques, sociaux et politiques variés. Cette conceptualisation souligne la manière dont les expertises s’entrelacent pour renforcer ou pour freiner la légitimité de ces pratiques alternatives.

Posture du chercheur face aux savoirs d’une communauté de pratique controversée

Pour comprendre le sens que les acteurs attribuent à leurs pratiques, nous mobilisons des concepts issus de l’ethnométhodologie (pratique, indexicalité, réflexivité). Ils offrent la possibilité d’analyser la construction collective d’objets sociaux et symboliques, qui servent de références dans les discussions hébergées par les forums. Nous considérons que les références mobilisées n’ont pas de pouvoir en elles-mêmes : leur agentivité dépend du contexte et des usages que leur donnent les participants. En complément, la théorie de l’acteur-réseau permet d’élargir l’analyse au-delà des seuls échanges interpersonnels, en intégrant le rôle d’autres formes d’agentivité (documents, savoirs stabilisés, technologies).

Un paradigme constructiviste pragmatique

Si la nature physico-chimique du cannabis reste stable, sa reconnaissance comme ressource thérapeutique a varié au cours de l’histoire selon les cadres sociaux et développements scientifiques. Ce constat de l’existence d’une réalité matérielle stable et de la variabilité de ses significations sociales justifie une posture constructiviste pragmatique : elle articule réalisme critique et relativisme épistémique (Avenier et Thomas, 2015). Cette orientation méthodologique permet d’analyser les discours d’usagers sans adopter une position surplombante ni se limiter à leurs interprétations. Elle souligne ainsi l’importance du cadrage épistémologique dans la construction de l’objet de recherche et dans l’étude des processus de légitimation des savoirs.

Méthodologie : procédure d’enquête et dispositif d’analyse

Face aux difficultés institutionnelles d’interroger des acteurs militants français dont les pratiques sont illégales, nous avons choisi de rencontrer des acteurs pour lesquels l’usage de cannabis (thérapeutique comme récréatif) n’était pas systématiquement associé à la déviance, notamment en Amérique du Nord. Les connaissances scientifiques mobilisées étant souvent d’origine nord-américaine, il était pertinent d’interroger directement ces acteurs. Cette phase d’acculturation permit par la suite de procéder à un codage des messages de notre corpus en accord avec les représentations des usagers des forums, tout comme de qualifier leurs propositions ou d’en comprendre l’origine. Constitué de 24 fils de discussion, notre corpus est issu de trois forums de cultivateurs et consommateurs de cannabis, sélectionnés notamment pour leur fréquentation, l’orientation des échanges vers les savoir-faire pratiques et leurs possibles liens avec des acteurs marchands.

Nous avons mené une phase exploratoire lors de déplacements internationaux, combinant entretiens formels avec des médecins spécialisés et échanges informels avec des acteurs du circuit paralégal en Amérique et en Europe. Ces rencontres, enrichies de discussions avec des malades en automédication, ont permis d’identifier des enjeux centraux pour les usagers : disposer d’un produit suffisamment puissant tout en limitant les effets secondaires et les risques liés à la consommation. Cette phase a mis en évidence l’importance du mode de consommation, illustrée par la diversité des produits infusés au cannabis (boissons, aliments, gélules, herbe, résines, huiles) et leurs effets spécifiques.

Ensuite, une veille sur différents forums et sites web mentionnés par la communauté 3 a permis d’identifier trois catégories autour desquelles s’articulent les échanges : qualité, puissance, réduction des risques. Ces catégories articulent des repères symboliques, que nous appelons figures, qui sont mobilisées dans les discussions, par exemple, la question de la puissance est souvent liée aux différentes variétés de cannabis. Certaines étant plus fortes, elles sont considérées comme plus thérapeutiques, car il faut s’exposer à moins de risques inhérents à la consommation (les goudrons si le produit est fumé) qu’avec une variété à plus faible teneur en THC. Il apparait également que des extraits contenant l’ensemble des molécules aromatiques d’une variété de cannabis n’ont pas le même intérêt thérapeutique que ceux ne contenant que du THC et du CBD. On peut également évoquer la réputation des différents grainetiers qui produisent les variétés par croisements et par sélection, certaines firmes étant reconnues pour la qualité génétique et donc agronomique de leurs variétés (durée de floraison, résistance aux stress) quand d’autres usent de stratégies marketing pour vendre trop cher des produits qui ne sont pas à la hauteur des promesses qui les accompagnent, etc. Ces éléments ont mis en avant l’importance de la dimension expérientielle des discussions sur les savoir-faire pratiques, tout comme l’importance des logiques de reconnaissance intracommunautaire propres aux usagers des forums.

Sélection des sites analysés

En explorant les ressources mobilisées en lien avec les différentes figures, nous avons identifié divers supports numériques, y compris des sites marchands, pertinents pour notre étude, ainsi que des éléments conceptuels et symboliques mobilisés par les acteurs. Ces figures sont résumées dans le tableau suivant :

Concepts sensibilisateurs 

Figures associées

Qualité

Figures des modes de production (hydro, coco, terre)

Figures des types de plantes (CBD, génétiques, indica/sativa, black phenos)

Figures des types de transformations et d’extractions (BHO QWISO, rosin, ice-o-lator, dry-sift)

Figures de la maturation et de la préservation des principes actifs (trichomes, curing) 

Puissance

Figures des effets psychoactifs et de l’ivresse cannabique

Figures des types de produits consommés (extraits, fleurs) 

Figures de variétés et génétiques (réputation)

Réduction des risques (RdR)

Figures des industriels du secteur de la consommation 

Figures des engrais et additifs

Figures des modes de consommation (combustion, vaporisation, ingestion)

Figure 1 : Articulations des concepts sensibilisateurs à différentes figures identifiées dans les échanges.

Nous avons choisi des forums qui possédaient une activité discursive, francophone et anglophone, relativement régulière car la différence de contraintes légales importait. Nous avons analysé des discussions issues d’un forum anglophone et deux forums francophones en utilisant la grille d’analyse des dispositifs sociotechniques de Josiane Jouët et de Coralie Le Caroff (2013) pour étudier leur fonctionnement. Ces sites « présentent de fortes différenciations dans leur ligne éditoriale, leurs modalités de gestion, les qualités des participants, les types de contribution et les formes de discussion et de partage » (Jouët et Le Caroff, 2013).

Dans notre cas, la distinction s’est réalisée essentiellement selon le marqueur de leur financement et de leurs liens avec des acteurs économiques du secteur : l’un soutenu par un acteur économique reconnu dans le secteur du cannabis, l’autre adossé uniquement à un site annuaire, et qui avait été créé par un malade chronique (aujourd’hui décédé) désireux d’échanger et de partager sur des modes de culture et de consommation. C’est pourquoi nous avons pris en compte la présence de diverses formes de publicité ou de financement, et la potentielle orientation politique ou stratégique des échanges, renforçant ainsi la dimension critique de notre enquête. Finalement, l’analyse a porté sur un fil de 60 pages après avoir consulté 331 pages de discussion sur le forum anglophone conservé, trois fils de discussion après avoir consulté 448 pages sur le forum francophone lié à un acteur marchand, et enfin dix-huit fils de discussions sur 559 pages consultées, pour le forum francophone sans lien affiché avec des acteurs économiques.

 

Site 1, non lié au monde marchand (site francophone)

Site 2, soutenu par un acteur économique
(site francophone)

Site anglophone

messages au 27/10/2017

1 116 768

1 585 514

9 281 166

sujets au
27/10/2017

47580

358 215

319 854

membres au 27/10/2017

6390

NC

NC

messages au 30/03/2022

1 131 145

1 921 200

7 990 119

sujets au
30/03/2022

48 252

NC

270 272

membres au 30/03/2022

1 386

NC

211 180

création

2002

2003

NC

pages consultées

559

448

331

nombre de discussion(s) analysée(s)

18

3

1

Figure 2 :  Aperçu de l’activité discursive des sites étudiés

Méthodologie d’analyse des messages et discussions

Nous avons analysé les messages à la lumière de ce qui participait à donner du crédit à leurs propos dans les échanges. De cette manière nous avons repéré les types dominants de légitimation associés aux savoir-faire pratiques discutés sur les forums. Ces formes de légitimation des connaissances reflètent les diverses origines des expertises des membres qui prennent part aux échanges. Nous avons identifié les figures qui s’expriment à travers les acteurs et celles qui sont mobilisées par eux, selon les formes de légitimation employées.

Ces figures se déploient autour de trois concepts sensibilisateurs 4 (Blumer, 1931) qui sont comme trois pôles autour desquels nous retrouvons certaines qualités normatives des discussions et plus largement des forums -notamment pour le concept sensibilisateur de réduction des risques- mais également des dimensions prescriptives issues de discours produits par des acteurs marchands. Ces figures sont d’autant plus centrales que le lien qui relie les membres de ces communautés est une volonté de connaissance, comme précisée dans la conceptualisation de la « communauté informationnelle et cognitive » dont l’existence repose sur un primat informationnel et cognitif pour la participation (Galibert, 2014). Mais cette orientation vers le savoir n’exclut pas une forte dimension de camaraderie et de convivialité entre participants. L’utilisation de ces forums par leurs usagers entraine l’appropriation de ces représentations, qui se réfèrent à une diversité de savoirs et de sources de connaissances. Par exemple, mobiliser une source scientifique ou de « savoir stabilisé » (tel que Wikipedia pour des caractéristiques physico-chimiques de certains composés comme dans l’exemple en annexe 1) permet de renforcer la légitimité d’une proposition de recette, en prouvant que les températures proposées correspondent à la réaction recherchée. Si le recours à des savoirs stabilisés renvoie à une forme de légitimation institutionnelle, mobiliser une expérience de consommation et des effets identiques rapportés par d’autres usagers renvoie à une autre forme de légitimation, que nous appelons « ésotérique ». Enfin, quand l’usager explique avoir pensé à chercher telle information à tel endroit, il légitime son propos en mettant en avant sa capacité à s’orienter dans les informations disponibles, nous appelons alors cette légitimation « autodidacte ». Nous détaillons ces légitimations dans la section suivante. Pour les identifier et nous y référer lors de l’analyse, nous avons codé les messages sur le logiciel AtlasTI©. Le codage, dont un exemple est reproduit ci-dessous, consistait à marquer les types de sources et les intérêts des propositions dans les échanges pour identifier les figures mobilisées dans diverses stratégies de légitimation.

Figure 3 : Extrait des éléments de codages déployés sur le logiciel Atlas.TI

Notre démarche itérative a conduit à ne conserver que les figures participant à faire la différence dans les échanges et à comprendre à quoi elles étaient liées, certaines annotations ont ainsi pu être abandonnées et d’autres précisées. Nous allons à présent explorer la manière dont ces dynamiques se traduisent concrètement au sein des dispositifs sociotechniques de communication numériques, et la manière dont elles influencent les interactions et les discours autour de l’automédication au cannabis

les divers types d’expertises et de légitimations

Les résultats révèlent donc trois formes principales de légitimation des savoirs au sein des communautés d’utilisateurs de ces espaces : institutionnelle, autodidacte et ésotérique. Ces formes de légitimation se distribuent selon les types de savoirs mobilisés (théoriques ou pratiques) et en fonction des objectifs des échanges.

La légitimité perçue des connaissances joue un rôle central dans les processus de médiation des savoirs, particulièrement dans le contexte du cannabis thérapeutique. Les savoirs entourant cette pratique sont hybrides, combinant expériences pratiques, de consommation ou de production voire de transformation, et savoirs théoriques, qui soutiennent les différentes pratiques, comme les mécanismes d’absorption, la pharmacologie de différentes molécules ou encore des connaissances agronomiques ou de chimie pour la production ou la transformation des principes actifs.

Benner et al. (1997) ont montré que cette combinaison de savoirs pratiques et théoriques permet aux infirmières par exemple, de devenir expertes ; un processus similaire se produit chez les usagers du cannabis thérapeutique. Internet offre un accès simultané aux savoirs théoriques (dictionnaires, encyclopédies, reportages) et aux expériences personnelles (blogs, forums), et supporte une partie de ces processus de médiation en permettant la distribution de la cognition (Conein, 2004). Cependant, les savoirs pratiques ne peuvent être pleinement appréhendés par la simple lecture ; ils nécessitent une approche réflexive et empathique, souvent couplée à une nécessaire expérimentation personnelle. Les individus qui adaptent leurs pratiques en fonction des informations en ligne, qui expérimentent et qui discutent ensuite de façon critique, compilent alors des connaissances qui peuvent les conduire à s’exprimer en position d’expert. Même si leur expertise n’est pas liée à leur formation ou domaine professionnel, leur parcours est comparable à la notion de « carrière » décrite par Becker (1985), en y ajoutant que leur profession peut enrichir leur pratique en y apportant des compétences spécifiques.

La légitimation des expertises en question

L’expertise est définie comme la capacité d’un individu à fournir un diagnostic éclairé par des connaissances légitimes à une situation donnée. Elle peut aider à la décision et être incitative (Trépos, 2006). Elle est également instituante en définissant un problème qui nécessite une expertise, ou alors, plus classiquement, mandatée (Castel, 1985). Deux types principaux d’expertises existent dans le domaine de la santé : l’expertise institutionnelle, jugée crédible en raison de l’image de l’institution, et l’expertise expérientielle, crédibilisée aux yeux des pairs, des communautés concernées, parfois aussi des institutions car elle s’ancre dans l’expérience vécue.

En analysant les différents types d’expertises, des facteurs communs déterminant leur légitimité ont été identifiés. Les expertises académiques et technico-professionnelles tirent leur reconnaissance de cursus de formation et d’intégration dans des corps professionnels reconnus. De cette situation, découle une tension particulière entre l’expertise biomédicale et les savoirs d’expérience, particulièrement dans le cas du cannabis thérapeutique. Les usagers ressentent des bénéfices personnels alors que le discours médical officiel peut les considérer à risque. L’expertise expérientielle est alors légitimée par les pairs et se développe par l’expérimentation, indépendamment du statut hiérarchique.

Un modèle d’expert hybride émerge donc, combinant pratique informelle et formation formelle, et pour lequel nous proposons trois formes de légitimation : institutionnelle, ésotérique et autodidacte. Tout d’abord, un usager sera reconnu en qualité d’expert sur ces espaces numériques s’il est capable de délimiter son champ de compétence, de mobiliser des connaissances pertinentes, d’en indiquer les limites et si d’autres peuvent attester de sa compétence (Djahanchahi et al., 2021).

Ces trois formes de légitimation s’articulent avec les trois intérêts de connaissance identifiés par Habermas (1976) : l’intérêt technique, qui renvoie à la production d’un savoir visant le contrôle et l’efficacité ; l’intérêt pratique, qui vise la construction d’une compréhension partagée pour orienter l’action collective ; et l’intérêt émancipatoire, qui correspond à la capacité critique de se libérer de contraintes ou de dominations.

Légitimation institutionnelle et intérêt technique

Lorsque l’intérêt technique domine, la légitimation est institutionnelle. Elle provient d’un champ de connaissances stabilisé que les membres de la discussion veulent mobiliser pour améliorer leur pratique (s’exposer à moins de méfaits pour plus d’effets lors de la consommation). Ce premier extrait illustre la légitimation institutionnelle, où un usager mobilise un savoir stabilisé, ici d’ordre physico-chimique. L’argument prend la forme d’une analogie scientifique, empruntant ses codes à un discours biomédical et technique :

« Toute molécule est assez petite pour être volatile, tout dépend de sa forme, si le THC est présent dans de la weed, ou dissout dans du glycol, la t° de vaporisation ne sera pas la même, comme la nicotine dans du tabac ou dans du glycol. »

Ce propos ne se fonde pas sur l’expérience directe de l’usager, mais sur une référence implicite à des lois de la chimie et à un savoir académique reconnu. La citation illustre de quelle manière les membres mobilisent des connaissances scientifiques stabilisées pour renforcer la crédibilité d’une pratique (ici, l’adaptation de la vaporisation du THC), s’inscrivant ainsi dans une logique de contrôle technique de l’efficacité et des risques.

Légitimation ésotérique et intérêt pratique

Lorsque l’intérêt pratique domine, la légitimation est principalement ésotérique. Elle dépasse la seule dimension expérientielle, qui serait personnelle, en y intégrant une validation par les pairs, mais en dehors des institutions officielles. La légitimation ésotérique repose donc sur la reconnaissance au sein d’un cercle d’initiés. Ici, un usager partage le compte rendu d’une expérimentation personnelle sur la préparation d’un e-liquide enrichi au BHO 5, tout en soulignant ses limites :

« ça se dissout, j’ai dû taper plus ou moins 1 gramme (au pif) de BHO dans 10 ml de e-liquide (…) bof, ventre vide, ça ne me fait rien à part tousser. Je dirais qu’après avoir fumé, ça me permettrait d’éviter un demi joint … mais bon, c’est moi… donc pas universel. »

La valeur de ce témoignage ne tient pas tant à sa validité universelle qu’à son inscription dans une communauté d’initiés, capables d’évaluer la pertinence du retour d’expérience. Ici, l’expertise repose sur une logique de pairs : les autres membres reconnaissent à l’auteur une légitimité à s’exprimer, non pas en vertu d’une compétence institutionnelle, mais parce qu’il a « essayé » et accepte d’en partager les résultats, y compris négatifs. Ce processus illustre la logique pratique et communautaire de la légitimation ésotérique : l’expérience vaut par sa circulation et son évaluation collective.

Légitimation autodidacte et intérêt émancipatoire

Enfin, la légitimation autodidacte s’incarne dans les démarches d’usagers qui construisent seuls leur savoir, puis le mettent en débat. L’exemple suivant met en scène un participant qui partage à la fois son cheminement personnel, ses difficultés et ses découvertes :

« Bon, ca y est, j’ai fait le tour (enfin je crois) j’arrête là, je passe à la caisse et promis fini les pavés. Ce thread http://fuckcombustion.com/threads/… est une Fille de joie de mine d’or. Merci Sasha ! Tu as pu tester la nouvelle recette avec la teinture mère ? En tout cas c’est clair que le plus dur c’est de réussir à comprendre leurs jargons sans se retaper la totalité du thread c’est quasiment impossible. Un man a essayé de faire un lexique, j’ai zappé de le bookmarked. Je crois que l’on peut dire (vu le nombre de retours positifs et de photos) cette année que le ejuice au THC est tout à fait réalisable assez simplement. Et peu importe le « type » de concentré. »

Ce message met en avant l’humour et l’autodérision, tout en révélant la dimension émancipatoire de l’autodidaxie : l’auteur souligne l’importance d’une ressource collective (« mine d’or »), remercie un pair, exprime ses difficultés d’apprentissage (le jargon, les fils de discussion trop longs), puis conclut en ouvrant une perspective émancipatrice pour l’ensemble de la communauté (« le e-juice au THC est réalisable »). Ici, la légitimité découle de la capacité à s’orienter dans l’information, à reconnaître ses propres limites et à mettre ses acquis à disposition des autres, pour proposer une solution qui permette de consommer en limitant l’exposition aux risques inhérents à la fumée, comme c’est le cas dans l’usage de cigarettes électroniques dans une démarche de réduction des risques liés à l’inhalation.

Une articulation entre logiques de légitimation et dynamiques communautaires

Ces trois modes de légitimation se complètent et jouent un rôle prépondérant dans la médiation des connaissances, influençant la manière dont les individus perçoivent et intègrent les informations liées à leur santé. Leur distribution en fonction des intérêts de connaissance met en évidence une dynamique cognitive et sociale qui conforte l’intérêt d’une posture constructiviste pragmatique pour analyser la production de savoirs profanes. L’intérêt heuristique de cette typologie réside dans la mise en évidence de leur complémentarité : lorsqu’il y a un déficit de légitimation institutionnelle, la reconnaissance ésotérique par les pairs vient renforcer la crédibilité des savoirs en circulation, tandis que la démarche autodidacte comble les manques par une recherche et par une mise en cohérence individuelles. Ces dynamiques permettent de saisir la manière dont les communautés pallient l’absence d’encadrement officiel en construisant collectivement des formes hybrides d’autorité et d’expertise.

Conséquences sur la représentation du risque en matière de santé

Comprendre ces processus est essentiel pour l’autorité de santé afin d’adapter son message et de surmonter les blocages, les oppositions et les défiances. La prise en compte des dimensions cognitives de ces processus de légitimation peut favoriser une médiation plus efficace des connaissances scientifiques et améliorer la prévention sur les questions de santé. Ces dynamiques de légitimation reflètent des tendances plus larges dans la manière dont les risques sanitaires sont appréhendés. De cette manière, en élargissant notre perspective au-delà du cas spécifique du cannabis thérapeutique, il est possible d’identifier deux façons d’approcher la représentation du risque en matière de santé, qui se révèlent être soit théorique, soit pratique. Dans l’approche pratique, on tolère par exemple parfois des comportements risqués pour préserver le confort du malade, contrairement à l’approche théorique qui interdit strictement.

Dans l’approche pratique de la représentation du risque, les figures agissantes proviennent de l’expérience, qui peut être collective et pour l’accès à laquelle l’empathie joue un rôle prépondérant. Dans l’approche théorique du risque, les figures agentives proviennent du domaine scientifique et suivent donc une légitimation institutionnelle.

Il est possible de dire qu’à l’échelle individuelle, le libre arbitre de chacun met en relation les savoirs et expériences justifiant l’une ou l’autre de ces approches de la représentation du risque. Cela renvoie à la dimension instituante de la légitimation autodidacte : dans quel cadre approcher cette pratique de santé ? Cette fois-ci, les connaissances sont traitées et hiérarchisées à travers un intérêt émancipatoire. La légitimité perçue par l’individu des différentes sources de connaissances sera alors au cœur de ses choix. Ce processus d’évaluation de la validité de l’information peut également être rapproché de celui dans lequel est projeté le chercheur analysant la légitimation de l’usage de cannabis thérapeutique chez des publics qui cherchent à déborder le cadre du système de santé et confirme l’intérêt du constructivisme pragmatique pour ce type d’études.

Du point de vue collectif, les discours qui circulent au sein de ces espaces participent à la formation et à la reconnaissance de la communauté, aidant ses membres à échapper aux stigmates sociaux souvent associés à des pratiques controversées comme l’est la consommation de cannabis. Au-delà de produire des formes alternatives d’autorité, ces espaces numériques offrent d’une part un soutien affectif et interpersonnel, d’autre part la possibilité pour les membres de discuter et d’échanger sans subir le jugement de la société extérieure. Ce processus de reconnaissance contribue également à créer un espace où les individus peuvent affirmer leurs choix de manière rationnelle et acceptée par leurs pairs, préalable à des prises de décisions éclairées en matière de santé, et en accord avec des pratiques de soin dégagées des barrières moralistes qui enferment la pratique médicale par la loi dans certains états et à certaines époques.

Conclusion

Notre travail met en lumière la complexité des processus de médiation et de légitimation des connaissances liées à l’automédication au cannabis thérapeutique. Il met également en avant le rôle que prennent les dispositifs de communication numérique collaboratifs, en particulier ceux à vocation communautaire, dans la médiation des connaissances en créant des espaces de reconnaissance et de légitimation. Ces espaces donnent la possibilité aux usagers de naviguer entre normes collectives et savoirs personnels tout en échappant aux stigmates associés à leurs pratiques. Les réseaux socio-numériques favorisent la diffusion de connaissances souvent négligées voire intégralement rejetées par les pouvoirs publics. Ces connaissances découlent d’une autre forme de légitimation, parallèle aux instances officielles, qui obéit pourtant à une reconnaissance par les pairs. Les forums sur lesquels cette légitimation s’observe et se construit ont des dimensions normatives, notamment concernant les pratiques de consommation.

Les savoirs expérientiels d’usagers témoignant de leurs pratiques peuvent être plus directement accessibles que des savoirs institutionnels stabilisés, qui parfois paraissent éloignés de l’expérience vécue des individus. Leur légitimité dépend, au sens wébérien, plus du charisme des interlocuteurs que des marqueurs produits par les instances officielles productrices de normes et de savoirs, telles que des universités, tout en découlant de processus d’essai-erreurs et des discussions critiques qui les accompagnent. Nous appelons cette légitimation ésotérique car elle se développe au sein d’un cercle d’initiés, elle s’appuie sur des savoirs stabilisés tout comme sur l’expérience personnelle des individus, mais ne peut pas être reconnue comme telle par les instances médicales pour des raisons légales ou à cause de stigmates sociaux. Cette légitimation participe à renforcer le Léviathan du cannabis thérapeutique, soulignant les limites de la parole officielle sur certaines questions controversées.

Cette étude souligne ainsi l’importance de considérer les dimensions cognitives et sociales dans la légitimation des connaissances en santé, plus complexe qu’une simple question de littératie numérique ou de formation scientifique. Nos résultats invitent à réfléchir à l’articulation entre savoirs scientifiques, expérientiels, pratiques amateures et expertises qualifiées de profanes pour une meilleure compréhension et gestion des pratiques de santé, tout en valorisant – du moins en ne négligeant pas– l’autonomie et l’expérience des individus que les discours institutionnels peuvent avoir tendance à négliger, à mésestimer voire à mépriser.

Notes

[1] En France, la loi n° 70-1320 du 31 décembre 1970 a instauré un régime d’interdiction stricte du cannabis dans la continuité de la Convention unique de 1961. Tout usage récréatif reste puni d’un an d’emprisonnement et 3 750 € d’amende, et depuis 2019 passible d’une amende forfaitaire de 200€. Alors que l’accès médical au cannabis a débuté en Californie en 1996, au Canada en 2001 et aux Pays-Bas en 2003, puis que son usage récréatif a été légalisé en Uruguay en 2013, au Canada en 2018 et en Allemagne en 2024 ce n’est qu’en 2018 que l’ANSM a jugé pertinent d’autoriser son usage thérapeutique dans certaines indications. L’accès demeure limité à l’expérimentation nationale instaurée par le décret n° 2020-1230 et concerne 1683 patients au 27 février 2025. La culture personnelle à visée médicale reste interdite.

[2] Issu de la loi de 1970, l’article L.3421-4 du Code de la santé publique est toujours en vigueur en 2025 : « La provocation au délit prévu par l’article L. 3421-1 ou à l’une des infractions prévues par les articles 222-34 à 222-39 du code pénal, alors même que cette provocation n’a pas été suivie d’effet, ou le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »

[3] L’annuaire collaboratif Leafly.com a été un outil clé. Ce site répertorie les dispensaires et permet aux usagers de partager leurs expériences sur les variétés de cannabis, classées selon les effets récréatifs, thérapeutiques ou négatifs. Ainsi, les usagers sont guidés vers le produit le plus approprié pour leur situation en s’appuyant sur l’expérience d’autres utilisateurs. Nous avons également mobilisé le site collaboratif Seedfinder.nl, qui recense les variétés de cannabis selon les grainetiers (breeders) qui les produisent et permet d’en identifier les liens de parenté tout comme d’en donner les principales caractéristiques agronomiques et psychoactives.

[4] Pour Herbert Blumer, un concept sensibilisateur est un repère théorique qui suggère une direction d’analyse plutôt qu’une définition stricte d’un objet. Il sert de guide exploratoire en suggérant des dimensions pertinentes à investiguer, tout en laissant place à l’interprétation et à la découverte empirique.

[5] Butane Honey Oil ou Butane Hash Oil : concentré de cannabis extrait via du butane et dont l’aspect rappelle celui du miel et qui entre dans la catégorie « huile », c’est-à-dire les extraits les plus concentrés.

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Auteur

Stéphane Djahanchahi

Stéphane Djahanchahi est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication au département Information Communication de l’IUT Dijon Auxerre Nevers. Il est rattaché au laboratoire CIMEOS (UR4177) de l’Université de Bourgogne. Ses recherches portent sur la communication des marges et le rôle des dispositifs de communication numérique dans la légitimation des connaissances et des expertises sur des questions de santé.
stephane.djahanchahi@iut-dijon.u-bourgogne.fr