Le chercheur face à ses semblables travaillant sur un terrain sensible : de la posture réflexive à la négociation des rôles sous tension
Résumé
Cet article explore les enjeux méthodologiques liés à une étude par entretiens portant sur les pratiques de communication des chercheurs travaillant dans un domaine controversé, les neurosciences cognitives chez le primate non humain. La nature sensible de leur sujet nécessite pour eux d’acquérir une certaine maîtrise du discours dans leurs communications publiques. Après avoir détaillé les conditions d’accès à cette population, ce texte s’interroge sur le dispositif d’entretien mis en place, combinant une approche biographique, au prisme de la carrière, et compréhensive autour des pratiques de communications entre pairs et avec les publics non professionnels de la science. Il analyse les inattendus de ces entretiens, en particulier autour de la dynamique des rôles occupés par chacun et la nécessaire réflexivité lors d’un échange entre personnes partageant une proximité à plusieurs niveaux.
Mots clés
Entretien biographique, réflexivité, récit de carrière, pratiques de vulgarisation, controverse
In English
Title
Researchers facing their peers working in sensitive areas: from a reflective stance to negotiating roles under pressure
Abstract
This article explores the methodological issues involved in an interview study initially focusing on the communication practices of researchers working in the controversial field of non-human primate cognitive neuroscience. The sensitive nature of their subject requires them to acquire a certain mastery of discourse in their public communications. After detailing the conditions of access to this population, this text examines the interview system put in place, combining a biographical approach through the prism of career, and a comprehensive approach based on communication practices between peers and with non-professional scientific audiences. It analyzes the unexpected aspects of these interviews, in particular the dynamics of the roles occupied by each person and the need for reflexivity during an exchange between people sharing a proximity at several levels.
Keywords
Biographical interview – reflexivity – career story – popularization practices – controversy
En Español
Título
El investigador frente a sus pares que trabajan en un terreno delicado: de la postura reflexiva a la negociación de roles bajo tensión.
Resumen
Este artículo explora las cuestiones metodológicas que plantea un estudio de entrevistas centrado inicialmente en las prácticas comunicativas de investigadores que trabajan en el controvertido campo de la neurociencia cognitiva de primates no humanos. El carácter sensible de su tema les obliga a adquirir cierto dominio del discurso en sus comunicaciones públicas. Tras detallar las condiciones de acceso a esta población, este texto examina el sistema de entrevistas que se puso en marcha, combinando un enfoque biográfico a través del prisma de la carrera, y un enfoque global basado en las prácticas de comunicación entre pares y con públicos científicos no profesionales. Analiza los aspectos inesperados de estas entrevistas, en particular la dinámica de los papeles ocupados por cada uno y la reflexividad necesaria durante un intercambio entre personas que comparten una proximidad a varios niveles.
Palabras clave
Entrevista biográfica – reflexividad – trayectoria profesional – prácticas de divulgación – polémica
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Nicolas Brard, « Le chercheur face à ses semblables travaillant sur un terrain sensible : de la posture réflexive à la négociation des rôles sous tension », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°25/3, 2025, p.35 à 47, consulté le lundi 22 décembre 2025, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2025/supplement-a/04-le-chercheur-face-a-ses-semblables-travaillant-sur-un-terrain-sensible-de-la-posture-reflexive-a-la-negociation-des-roles-sous-tension/
Introduction
L’utilisation des animaux à des fins de recherche suscite un débat croissant, amplifié par la reconnaissance dans la loi, en 2015, de leur statut d’être sensible et par des évolutions législatives visant l’amélioration de leur bien-être (2019, 2021). Dès 2010, une directive européenne, retranscrite dans le droit français par la suite, imposait de nouvelles règles quant au statut des animaux utilisés à des fins de recherche (Cellules AFiS [MESR], 2024). Malgré l’intégration croissante de normes éthiques (Brun-Wauthier et al., 2011), la controverse demeure vive, alimentée par des visions inconciliables et par la difficulté d’un dialogue entre les acteurs impliqués (Rondaud, 2011).
L’opposition des Français à l’expérimentation animale est toujours forte, et c’est encore plus le cas pour certains animaux comme les chiens et les singes, comme le soulignent deux enquêtes menées par Ipsos, l’une pour le GIRCOR, l’autre pour l’association OneVoice 1. Au sein de cette controverse, l’expérimentation sur les primates non humains (PNH) cristallise des enjeux spécifiques. Bien qu’ils représentent seulement 0,5 % des animaux utilisés en recherche, soit 3459 animaux en 2023 en France, leur proximité phylogénétique et cognitive avec l’humain leur confère un statut particulier (Vitale et Borgi, 2018), influençant à la fois les représentations sociales, l’acceptabilité publique (Bradley et al., 2020) et les pratiques des chercheurs eux-mêmes (Ndjangangoye-Gallino, 2021). Parallèlement, les médias entretiennent une attention régulière à ces pratiques : au moment de la présente enquête (février-avril 2024), le sujet a été remis sur le devant de la scène par plusieurs reportages sur l’élevage et sur l’utilisation des primates, notamment un article du Monde et un reportage d’Envoyé Spécial en juin 2023, dans le contexte post-pandémie de COVID-19 2.
Ce cadre nourrit une controverse publique complexe qui témoigne de la perception différente d’une situation par plusieurs acteurs de la société (Dionne et al., 2018), et que nous distinguons de la controverse scientifique, s’établissant entre pairs (Gingras, 2014, p. 10), bien que celle-ci ne soit, bien sûr, pas à écarter ici. Cette controverse s’inscrit dans un champ de forces où se croisent revendications militantes, injonctions institutionnelles, réflexions éthiques, pressions médiatiques et défenses des pratiques d’une communauté de scientifiques. Elle correspond à ce que la sociologie de la traduction identifie comme un processus de négociation et d’enrôlement d’acteurs hétérogènes (Callon, 2006). Les chercheurs impliqués dans ces pratiques se trouvent cependant dans une position que l’on pourrait qualifier de « en tension » : à la fois au sein du réseau d’acteurs de la controverse, en raison de la pression publique et médiatique, et du fait d’expériences personnelles d’intrusions militantes dans des laboratoires 3 ou de manifestations les ciblant 4. Ces tensions se traduisent par une vigilance forte dans leurs prises de parole, et par un rapport prudent, voire méfiant, vis-à-vis des sollicitations extérieures. Il s’agissait ainsi de se demander de quelle manière ces chercheurs reconstruisent un discours cohérent autour de leurs parcours et de leurs pratiques face à la perception qu’ils ont de l’opinion publique sur leur travail.
Mais comment interroger cette population à la fois « chercheuse », donc partageant des caractéristiques sociales avec l’enquêteur, et rôdée au discours public sur ses pratiques, du fait de la dimension controversée de ces dernières ? Le présent texte se propose de revenir sur les conditions d’une recherche par entretiens menée auprès de chercheurs en neurosciences cognitives fondamentales utilisant le primate non humain comme modèle. Les entretiens étaient annoncés comme portant sur les pratiques de communication professionnelle et de médiation scientifique de ce groupe de chercheurs. Cette enquête a soulevé de nombreuses réflexions méthodologiques. Elles portent à la fois sur la construction et sur la conduite de l’entretien, en amont par l’anticipation de problématiques posées par cette population en tension, et, en aval, dans l’analyse des situations d’entretiens. Ainsi, la réflexivité intervient non seulement face à l’objectif de scientificité dans l’enquête, mais aussi « comme une condition commune à n’importe quel type de communication sociale entre des personnes exploitant une certaine proximité culturelle » (Le Marec et Faury, 2013, p. 1). Tout comme Le Marec et Faury, nous interrogeons ici des chercheurs en étant nous-mêmes chercheur. Cette proximité, qui implique un partage de références, de codes ou d’expériences communes, a nécessairement des conséquences sur la dynamique de l’entretien, tant dans sa conduite que dans les modalités de son analyse. De plus, dans la présente enquête, l’entretien s’est affirmé comme organisateur de situations de communication multiples (Le Marec, 2002). Cet échange social a non seulement pris la forme d’un partage de commun, mais il s’est également affirmé comme négociation dans laquelle « l’intention de recrutement » de l’enquêteur par les enquêtés (Broitman, 2014) s’est manifestée de plusieurs façons, parfois inattendues, comme nous le développons par la suite.
Dans cette enquête, nous nous sommes attardé plus précisément sur l’investissement des chercheurs dans des opérations de communication scientifique. Ce sujet a fait l’objet de nombreuses études, ne parvenant à dégager que peu de facteurs prédictifs stables de la participation, notamment en lien avec la théorie du comportement planifié comme l’expérience passée en matière de communication, la croyance en sa capacité à mener de telles actions, ou l’attitude positive vis-à-vis de ces pratiques (Besley et al., 2018 ; Maillot, 2018). Face à ce constat, Besley suggérait qu’une approche ciblée sur des groupes spécifiques donne la possibilité de mieux cerner ces dynamiques. Dans un contexte où le sujet de recherche peut être contesté par une partie de l’audience, l’entretien s’est imposé comme une méthode clé, afin d’explorer le détail des pratiques de médiation des chercheurs, mais aussi de comprendre la manière dont ils structurent leurs discours sur ces expériences, justifient leurs actions et perçoivent les publics non professionnels de la science.
L’enquête a consisté en 11 entretiens semi-directifs (>1h-1 h30) avec des chercheurs et enseignants-chercheurs titulaires, en milieu et jusqu’en fin de carrière, âgés de 40 à plus de 60 ans, entre février et avril 2024. Le choix de chercheurs à ce stade de leur carrière est guidé par la volonté d’obtenir un récit d’expériences multiples de la recherche chez le primate non humain et de la communication sur celle-ci. Il offre la possibilité également d’explorer les évolutions des pratiques communicationnelles et de leur contexte au cours des trois dernières décennies, en retraçant les parcours de carrière de ces scientifiques, depuis la thèse — soutenue entre la fin des années 1980 et celle des années 2000 — jusqu’à leur situation actuelle. Cette approche fait émerger les changements perçus dans le regard porté par la société sur l’expérimentation animale, dans l’évolution des réglementations et des pratiques, ainsi que dans les manières de communiquer autour de ces recherches. Nous voulions obtenir des entretiens avec des scientifiques provenant des principaux centres menant des recherches en neurosciences chez le primate comme l’indique le site du GDR Biosimia, le groupement de recherche du CNRS dédié à la recherche chez ces animaux. Des chercheurs de Paris, Toulouse, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux ont ainsi répondu à nos demandes. Les entretiens ont porté sur leur parcours académique et professionnel, puis sur leurs pratiques de communication, d’abord entre pairs, ensuite vis-à-vis des publics externes, lors d’opérations de médiation. Il ne s’agissait évidemment pas ici de rechercher une quelconque représentativité, mais de relever une diversité de pratiques et de parcours, susceptibles d’être mis en cohérence les uns avec les autres.
Dans un premier temps, nous précisons les conditions d’accès et d’interaction avec cette population en tension. Nous détaillons ensuite le dispositif mis en place pour recueillir les discours des chercheurs, en tenant compte des éléments que nous avions anticipés concernant la situation d’entretien. Nous développons notamment les spécificités de la conduite des entretiens, menés en une approche biographique au prisme de la carrière, puis compréhensive autour des pratiques de communication scientifique entre pairs et avec les publics non professionnels de la science. Ensuite, nous abordons les inattendus de ces entretiens, et la réflexion a posteriori que nous avons menée, à propos des conséquences du dispositif mis en place sur la dynamique des rôles occupés par chacun pendant celui-ci, de la discussion entre collègues à la découverte des objectifs des enquêtés autour des résultats de ces entretiens.
Mettre en place des entretiens avec des scientifiques en tension
La conduite d’entretiens avec des chercheurs en neurosciences cognitives intervenait comme une forme de retour aux sources, l’enquêteur ayant eu la charge de la communication d’un institut de recherche dans ce domaine, et ayant été confronté lui-même aux difficultés de l’institution à communiquer sur l’expérimentation animale, en particulier chez le primate non humain. Au-delà de l’accès difficile à cette population de chercheurs, il fallait réfléchir aux conditions dans lesquelles mener les entretiens pour atteindre l’objectif initial de l’enquête, c’est-à-dire obtenir un récit des pratiques de vulgarisation et de la perception des attentes des publics non professionnels de la science. Il était indispensable de prendre en compte notre expérience passée en tant que communiquant autour du sujet de l’expérimentation animale et des primates, et de saisir par quels éléments nous pouvions obtenir un discours riche de détails et qui donne à lire le vécu des chercheurs.
L’accès à une population peu visible et méfiante
Obtenir des entretiens avec ces chercheurs, membres d’une communauté restreinte, s’est avéré une tâche complexe. Le choix d’une population aussi spécifique a été largement guidé par notre capacité à y accéder. La méfiance étant de mise de leur part, nous n’aurions ainsi jamais pu rencontrer ces chercheurs sans l’aide de contacts antérieurs dans ce domaine, du fait de notre passé professionnel. Cette situation nous a été confirmée par plusieurs scientifiques interrogés, qui ont initialement considéré notre démarche d’entretien avec suspicion, malgré une prise de contact par mail très détaillée sur les conditions de l’entretien, la nature totalement anonyme de celui-ci, son objectif et l’usage des données. L’indispensable recommandation par une ancienne collègue, chercheuse en neuroscience cognitive et familière de la recherche chez le primate non humain, a été étendue grâce à deux enquêtés qui nous ont apporté leur soutien. Nous avons perçu cette démarche de soutien différemment chez les deux interlocuteurs. Le premier semblait voir dans notre projet une occasion d’apporter des données pour appuyer les réflexions sur la communication autour de la recherche chez le primate, comme ses propos nous l’ont confirmé à la fin de l’entretien :
« La question de communiquer sur la recherche fondamentale pour nous ça a toujours été le truc le plus compliqué, très compliqué (…) Et donc là il doit y avoir des mécanismes, des façons de faire… Je ne sais pas si vos travaux vont nous apporter des lumières dans ce sens, mais ça nous intéresse quand même d’avoir ça. » (23 février 2024)
C’est d’ailleurs grâce à lui que nous avons obtenu une majorité de nos entretiens, probablement du fait de sa position importante dans l’animation de cette communauté de chercheurs. L’autre soutien s’est proposé de relancer une personne ne nous ayant pas répondu et de contacter par la même occasion l’une de ses collaboratrices : « (Chercheur) je peux le relancer, et (nom d’une autre chercheuse) vous l’avez contacté ? (…) parce que sinon je peux lui dire aussi, leur dire, allez-y (rire) » (2 avril 2024). Ce propos souligne tout de même la méfiance préexistante sur la nature de l’entretien, ses objectifs et probablement vis-à-vis de la personne les conduisant, mais aussi cde quelle manière l’échange est parvenu à la réduire. Malgré ces soutiens, notre taux de réponses a été de 50 %, avec 11 répondants sur les 22 chercheurs et chercheuses contactés. Parmi ces 11, nous avions eu des contacts professionnels antérieurs avec deux d’entre eux, ce qui a donné une tonalité différente à l’entretien, tant dans le ton du discours que les références évoquées.
Initier un partage de références communes
Une première approche intégrée lors de la préparation des entretiens était d’informer les enquêtés de notre parcours, en biologie et en communication, ainsi que notre certaine familiarité avec le sujet de l’expérimentation animale. Notre but était de renforcer l’idée d’un partage d’éléments communs avec les enquêtés, dont nous espérions qu’il permette la mise en avant d’expériences plus précises ou de ressentis personnels, allégeant également la nécessité de vulgarisation et le recours à un vocabulaire cadré, comme cela peut être requis sur des sujets sensibles. Pour autant, cette présentation initiale, qui avait aussi un objectif de mise en confiance, a sans nul doute modifié la dynamique des échanges avec les enquêtés (discuté dans la seconde partie de cet article). Elle a notamment pu générer des ambiguïtés sur notre positionnement : sommes-nous perçu comme chercheur en communication ou comme praticien de la communication ? Comme pair académique ou comme relais potentiel ? Le rapport entre praticien et chercheur est un champ déjà exploré, en particulier dans l’étude des figures hybrides de « chercheur-communicant » ou « communicant-chercheur » (Cotton, 2020). Ces travaux montrent que cette double appartenance est à la fois une ressource et un facteur de fragilité, exposant à des attentes contradictoires et à des interprétations ambivalentes par les différents interlocuteurs. Si Anne-Marie Cotton s’intéresse ici à deux types d’interlocuteurs : chercheurs en sciences de l’information et de la communication d’une part et professionnels de la communication d’autre part, une logique similaire peut s’appliquer à la communauté que nous étudions. Chercheurs comme nous, ils ne perçoivent pas forcément les spécificités de notre champ disciplinaire, ce qui a pu renforcer la confusion entre communication et recherche en communication.
Compte tenu de la sensibilité du sujet et des précédents d’instrumentalisation du discours et des images de la recherche chez le primate non humain, une appréhension, et donc la mise en place dans une certaine mesure d’un discours se voulant convaincant ou sur la défensive apparaissent toutefois inévitables. Pour autant, nous n’étions pas ici dans la recherche d’une vérité quelconque sur les actions de communication publique des scientifiques autour de leur recherche. Notre objectif était de reconstruire une pluralité ou une éventuelle unicité de discours qui renseignent sur ce que projettent ces acteurs à propos de la perception de leur domaine par les publics non professionnels de la science et de leurs intentions affichées en matière d’investissements dans la vulgarisation.
Multiplier les approches dans l’entretien
Nous avons mis en place une combinaison d’approches lors de la construction de la grille d’entretien. Interroger d’emblée les chercheurs sur leurs pratiques de communication autour des primates, sans même manifester une volonté de compréhension de leur démarche scientifique et de l’objectif de leurs recherches, aurait risqué de les replacer dans une posture de justification. Une telle posture, à laquelle ils ont potentiellement déjà été confrontés, favorise un discours préparé, en rupture avec la spontanéité recherchée dans ce type d’échange (Fenneteau, 2015).
Plusieurs enquêtés ont d’ailleurs mentionné avoir suivi des formations à la communication publique (media training), souvent proposées par l’Inserm ou par le CNRS. Il était donc probable qu’ils mobilisent, consciemment ou non, des éléments issus de ces formations. Nous connaissions certains de ces discours standardisés — pour en avoir nous-mêmes rédigés — mais leur présence soulevait une question d’interprétation : « récitation » stratégique ou expression sincère ? Conçus pour assurer clarté et cohérence, ces éléments de langage anticipent les modalités de réception des messages (Krieg-Planque et Oger, 2015), notamment auprès des publics non professionnels : journalistes, militants ou participants à des événements de médiation. Ils peuvent ressurgir dans d’autres espaces, comme l’entretien de recherche. Les media trainings, souvent animés par des journalistes, visent aussi à préparer les chercheurs à des cadrages adverses (Francisco, 2018, p. 123). Ce conditionnement peut induire une prudence discursive particulière, perceptible dans nos échanges. Ainsi, l’analyse des entretiens nécessite une attention particulière aux stratégies discursives employées, en tenant compte des formations reçues, mais aussi du profil des enquêtés, de leur parcours et de leurs expériences en matière de communication. Cela permet de mieux comprendre la manière dont les chercheurs construisent leur discours pour répondre aux attentes des différents publics, tout en négociant leur positionnement dans un contexte controversé et en préservant l’intégrité de leur message scientifique.
Dans ce contexte, nous avons structuré les entretiens en deux temps. La première partie a suivi une approche biographique (Bertaux, 2016), dans le but d’observer une communauté de l’intérieur et de l’extérieur, et de reconstruire des récits d’expérience, comme l’interaction du chercheur et de son environnement. Cette approche a été enrichie d’apports de la sociologie interactionniste, autour de la notion de carrière (Becker, 1985) et certains de ses nouveaux développements, notamment parce qu’elle permet « d’appréhender l’articulation entre les dimensions objectives et subjectives de la vie sociale » (Pilote et Garneau, 2011), les aspects observables et le vécu. En se fondant sur ce récit pour retracer le parcours des chercheurs, il devient possible d’en analyser la double dimension interactive, entre des facteurs personnels et un environnement source d’opportunités et de contraintes, et réflexive, par l’appropriation d’un parcours, par sa justification et par sa mise en forme (Zimmermann, 2013). L’entrée biographique favorisait une mise en cohérence du cheminement professionnel, ouvrant sur la seconde partie de l’entretien. Celle-ci portait sur les pratiques de communication professionnelle et publique des chercheurs, leurs perceptions des publics non scientifiques, mais aussi leur système de représentation et les valeurs et représentations associées (Kaufmann, 2016).
Cette structuration de la grille d’entretien a donné la possibilité d’instaurer une forme de confiance. Les chercheurs se sont souvent montrés prolixes sur leur parcours académique, parfois davantage que nous ne l’avions anticipé. L’explication des projets scientifiques, très détaillée — de la thèse au poste actuel —, a pu relégué la question du primate non humain au second plan. À certains moments, le récit de cette carrière a pris une dimension plus négative, soulignant les difficultés liées à la recherche chez le primate non humain et la crainte d’une interdiction de celle-ci.
Les limites du partage dessinées par une dynamique des rôles
Nous avons constaté a posteriori que nos entretiens étaient traversés par une dynamique de rôles en constante évolution. Au-delà des positions d’enquêteur et d’enquêté, nos statuts personnels — chercheur en communication et communicant — ont influencé les échanges de manière plus marquée que nous ne l’avions anticipée, interrogeant ainsi la nature même de certaines interactions. L’analyse des situations d’entretien rencontrées dans le cadre de cette enquête nous a amenés à interroger les éléments partagés entre les chercheurs enquêtés et le chercheur enquêteur pour mieux comprendre ce qui se joue pendant l’échange. Si le partage de la carrière a été important dans le contexte de l’entretien, il a d’abord renforcé le lien existant entre enquêteur et enquêté.
Une méfiance inévitable
Bien que nous nous y attendions, les efforts déployés pour instaurer un climat de confiance — posture de compréhension (Demazière, 2012), intérêt pour leur recherche, échanges fluides — n’ont pas suffi à éviter une négociation constante des discours ni à dissiper chez certains une forme de méfiance. Le caractère sensible du sujet et la crainte de se livrer ont donné lieu à différentes situations. Plusieurs enquêtés ont montré une attention particulière au vocabulaire utilisé. Ils nous ont parfois repris sur certains termes, notamment lorsqu’étaient évoqués des parallèles entre la recherche sur les primates et celle sur l’humain, perçus comme dévalorisant la première. Cela témoigne d’un enjeu fort autour de la précision, non seulement scientifique, mais aussi stratégique, les entretiens étant perçus comme porteurs potentiels de message. À cela s’ajoutaient, plus rarement, des préjugés sur notre positionnement. L’un d’eux, par exemple, a répondu : « Oui, mais alors pas forcément dans le sens que vous pensez », puis : « Moi je pense que vous pensez un sens ». Toutefois, aucun ne s’est opposé à la méthodologie ou n’a cherché à contrôler l’entretien. Tous ont joué le jeu, posant parfois des questions de clarification sans remettre en cause nos choix.
Comme nous l’avons dit précédemment, il n’était pas question ici de chercher à nous extraire d’un discours qui contiendrait des éléments de langage, pour tenter de repérer, au cours de l’entretien, ce qui relèverait de la composante informationnelle et ce qui relèverait de la composante relationnelle (Le Marec, 2002). La formulation de ces éléments du discours renseigne en effet sur la compréhension et les croyances du chercheur de ce qu’est la communication elle-même sur son sujet de recherche. Ainsi, le récit de carrière n’a pas permis de trancher entre sincérité et récitation stratégique, mais il a mis en lumière un système de valeurs structurant leur discours : rigueur, responsabilité, rapport aux publics. Plusieurs évoquaient d’ailleurs, de façon explicite ou implicite, des normes mertoniennes (Merton, 1973) — désintéressement, communalisme — perceptibles tant dans leur manière de parler de leurs pratiques de communication que dans leur rapport aux collègues.
Enfin, sans grande surprise, la méfiance s’est manifestée dans les entretiens, mais n’a pas révélé d’éléments inattendus. L’approche biographique a favorisé l’émergence d’éléments plus personnels sur leur rapport à la controverse, tout en modifiant la dynamique de l’entretien par le partage de références communes, nous surprenant sur la multiplicité des rôles occupés par l’enquêteur et les enquêtés.
Le dialogue entre chercheurs
Lors de la préparation des entretiens, nous n’avions pas réellement envisagé la possibilité d’un dialogue entre pairs. Pris par l’anticipation d’une méfiance de la part des enquêtés, nous n’avions pas intégré l’éventualité qu’une relation de confiance puisse s’installer, alors même que le cadre du récit de carrière pouvait s’y prêter. Ce partage de références communes autour de la recherche s’est particulièrement exprimé lors des discussions sur les institutions, enjeu central tant dans les parcours que dans les pratiques de communication. Quatre chercheurs ont évoqué l’impact de leur travail sur le primate non humain dans leur recrutement, perçu comme un atout, bien que formulé avec prudence. Mais à l’inverse, une méfiance s’est exprimée quant au soutien institutionnel, notamment en cas de tensions liées à la communication vers les publics non scientifiques, une chercheuse précisant que son institution « va se protéger avant de protéger les individus. » Ce rapport à l’Institution et au fonctionnement de la recherche, qu’il soit exprimé à propos de la carrière ou des pratiques de communication, s’est aussi construit par le dialogue avec l’enquêteur. Un chercheur soulignait par exemple les atouts d’institutions comme le CNRS ou l’Inserm, où les scientifiques « font leurs recherches à plein temps », sans être impliqués dans le « bazar des universités », les jugeant plus propices à la productivité (20 février 2024, a). L’évocation du financement de la recherche a également suscité de nombreuses remarques. Deux aspects nous ont particulièrement marqués. Le premier a porté sur le soutien à la recherche fondamentale, qui faisait largement écho à notre propre champ de recherche en sciences humaines et sociales. L’un d’eux déplorait qu’il faille « leur expliquer qu’à la fin vous allez sauver le monde et soigner la maladie de Parkinson » pour obtenir des fonds, alors « que l’objectif de la science ce n’est pas d’être monnayable, mais c’est d’améliorer les connaissances » (20 février 2024, b). Une chercheuse signalait même une prise de conscience dans le contexte de l’entretien à propos de ses projets de recherche fondamentale sur le primate non humain, autrefois financés : « là je vois bien que ça ne marche plus en fait » (2 avril 2024).
Au-delà d’une expérience partagée du fonctionnement de la recherche, la plupart des chercheurs interrogés ont laissé entendre, au fil des entretiens, l’existence de connaissances communes. Cela s’est manifesté par des remarques spontanées faisant appel implicitement au savoir supposé de l’enquêteur sur la recherche chez le primate non humain. Contrairement à la question de la vulgarisation scientifique, au travers de laquelle les enquêtés se sont arrêtés sur notre compréhension de leurs projets, notre connaissance de certains événements liés à cette recherche particulière a été à plusieurs reprises présupposée. Une chercheuse précisait par exemple : « Là on est effectivement, je suis sûre que vous savez, dans une pénurie de macaques » (21 mars 2024) ; tandis qu’un autre, évoquant la situation internationale, signalait : « Vous savez comment c’est. Les dérives qu’il y a surtout aux États-Unis ou en Angleterre ou dans d’autres pays. » (7 mars 2024, b) ; ou encore de la part d’une autre scientifique : « Alors bon depuis l’Allemagne il s’est passé d’autres choses, je pense que vous êtes au courant, mais à ce moment-là ce chercheur était parti, il avait dit “maintenant ça suffit, moi je pars” » (2 avril 2024).
Il n’était toutefois pas évident de déterminer la place que les enquêtés attribuaient à l’enquêteur. Nous avons pris conscience qu’à leurs yeux, nous étions déjà une partie prenante du sujet de la communication autour du primate non humain. Mais nous percevaient-ils d’abord comme l’ancien communicant ou le chercheur en communication, familier de son terrain d’étude ? Cette ambiguïté a perduré lors de l’analyse des entretiens, nous amenant à questionner la position que nous occupions réellement dans la relation d’enquête.
Chercheur en communication ou communicant : une ambiguïté persistante
L’entretien place ces chercheurs dans un registre discursif particulier. Ils deviennent l’objet de la recherche et non plus le conducteur. Pour autant, venant des sciences biologiques, ils n’en perçoivent pas forcément les méthodologies. Les discussions en amont et en aval de l’entretien ont souligné la grande curiosité des enquêtés pour notre recherche et pour son approche. Nous précisions à la fin de l’entretien que les publications utilisant les entretiens leur seraient envoyées, dans une démarche de transparence, mais plusieurs nous ont précisé que leur intérêt à lire la publication n’était pas seulement de « vérifier » l’usage de leurs propos, mais aussi de comprendre les conclusions de notre enquête.
Il est finalement nécessaire d’interroger ici la posture du chercheur comme un professionnel du discours. De quel discours parle-t-on ? Le chercheur maîtrise avant tout un discours scientifique entre pairs, dans ce qu’Eliséo Véron qualifie de communication endogène, structurée par une symétrie de compétences et de statuts. Face à d’autres publics, hors du cadre académique, son discours bascule vers une communication trans-scientifique, où l’asymétrie entre énonciateur et destinataire suppose des ajustements (Véron, 1997). Ce déplacement implique la production d’un nouveau discours, dont la maîtrise n’est pas acquise d’emblée et nécessite un apprentissage spécifique, par exemple lors de formation de média training. De plus, sur ce terrain controversé, un troisième type de discours est apparu, marqué par des enjeux communicationnels spécifiques. Il ne s’agissait plus seulement de défendre une pratique, mais aussi de convaincre, pour qu’en tant qu’enquêteur, nous retranscrivions un certain point de vue de cette recherche chez le primate. Un chercheur le suggère même de façon assez consciente : « Ça paraît un peu… ce que je vais dire va vous paraître peut-être de la survente, mais en fait c’est très vrai » (23 février 2024).
Mais ce double statut de communicant-chercheur de l’enquêteur a été intégré par plusieurs enquêtés. L’un d’entre eux précisant « Après voilà, après toi tu fais ta recherche donc tu ne t’es pas là, tu n’es plus le communiquant… mais quand même je viens discuter avec toi, je donne mon point de vue… parce que j’y crois. » (7 mars 2024). L’ambiguïté entre la communication et la recherche en communication a persisté à certains moments. En conclusion de l’entretien, lorsque nous demandions aux chercheurs s’ils avaient des questions, la plupart sollicitaient des précisions sur les finalités de la recherche. Une nouvelle interaction apparue avec un chercheur a révélé une autre dimension possible et inattendue de cet intérêt pour notre travail. Ce dernier a évoqué la difficulté à dialoguer avec des scientifiques ou médecins aux « a priori très négatifs » sur la recherche animale, et la nécessité de chercher « des moyens de communiquer avec cette communauté » (23 février 2024). Ainsi, l’entretien se devait d’être analysé sous un nouveau jour, par la dimension utilitaire qu’il pouvait représenter pour des chercheurs finalement en demande d’accompagnement autour de la communication. L’enquêteur s’est avéré être aussi une cible à convaincre, au même titre que les collègues évoqués par ce chercheur, voire un sujet pour tester un certain discours de vulgarisation autour de la recherche chez le primate non humain. Si l’idée que les chercheurs aient pour objectif de nous convaincre paraît assez évidente dans ce contexte, le fait d’être autant une cible qu’un moyen nous a davantage surpris et interroge finalement plus profondément sur la nature des rapports entre les chercheurs et la communication.
Conclusion
Cette enquête, menée auprès de chercheurs travaillant dans un domaine sensible, visait à interroger leurs pratiques de communication à travers un dispositif d’entretien combinant récit de carrière et approche compréhensive. Elle a permis de mieux comprendre la façon dont ces scientifiques construisent leur discours, négocient leur positionnement et articulent leurs valeurs face aux attentes, réelles ou supposées, qui pèsent sur eux. La dimension d’espaces de partage, de négociation et parfois de mise à l’épreuve des discours s’est révélée particulièrement prégnante au fil des entretiens. S’interroger sur les conditions de réalisation des entretiens et sur le partage de caractéristiques avec notre population d’enquêtés a suggéré plusieurs pistes méthodologiques que nous proposons ici à la discussion pour aborder l’exercice auprès de chercheurs travaillant en contexte sensible. En structurant l’entretien autour du récit de carrière puis des pratiques de communication, le dispositif a permis de multiplier les situations de communication et de recueillir des récits riches, parfois ambigus, témoignant des tensions vécues par les chercheurs : entre attachement aux valeurs scientifiques, contraintes institutionnelles et nécessité de prendre en charge leur propre communication. Les entretiens ont ainsi mis en évidence la négociation opérée par ces chercheurs entre discours stratégique et expression sensible de l’expérience vécue, tout en interrogeant les normes implicites qui structurent leur rapport au public.
Plusieurs pistes pourraient être explorées pour renforcer ou compléter l’analyse, et mener des entretiens avec ce type de population. Tout d’abord, la diversité des expériences évoquées et leur variabilité interindividuelle malgré de nombreux communs, suggèrent l’intérêt d’envisager la tenue de focus groups. Ces échanges permettraient de confronter les représentations, de faire émerger des consensus ou des désaccords sur les usages de la communication, et de mieux comprendre la dimension communautaire de ces discours. En parallèle, il serait pertinent d’intégrer le point de vue des communicants d’institutions scientifiques ou d’universités. Dans quelles mesures le partage ou la confrontation de normes entre groupes différents peuvent-ils influencer la perception de la communication ? Les normes mertonniennes relevées au cours de l’entretien sont un indice important de la situation. Les entretiens, et l’approche méthodologique développée ici, soulignent à quel point le partage de communs influence les discours et la posture adoptée par les parties prenantes. Dans un contexte institutionnel, qui, nous l’avons vu, est crucial pour les chercheurs vis-à-vis de la communication publique autour de leurs projets, il serait intéressant de confronter les normes de chaque groupe, chercheurs et communicants. Des tensions ont déjà été relevées, conduisant à une certaine autonomisation des pratiques de communication dans les institutions scientifiques par rapport aux pratiques scientifiques (Babou et Marec, 2008), mais nos données suggèrent aussi une forme de convergence, peut-être liée à la sensibilité du sujet, qui pourra être explorée davantage. Il serait alors pertinent de repérer les éléments présents dans le discours des communicants et les pressions mutuelles qui peuvent s’exercer entre le communicant et le chercheur, pour mieux comprendre l’action de ce dernier.
Finalement, cette enquête ne nous a pas seulement donné accès à des discours de chercheurs sur la communication, elle a aussi constitué un observatoire privilégié des effets du dispositif d’entretien lui-même dans un contexte sensible. L’entretien révèle autant qu’il produit des positionnements, des stratégies et des tensions. Cette dimension invite à le considérer, dès la conception de la grille et jusqu’à l’analyse, autant pour les discours et pour les expériences qu’il permet de recueillir que pour les interactions qu’il fait émerger, en particulier lorsque l’enquêteur partage une proximité avec les enquêtés, et lorsque le sujet en discussion est source de controverses.
Notes
[1] GIRCOR (2023), « Sondage IPSOS : Les Français et la recherche animale », 30 novembre 2023 [en ligne], consulté le 8 mai 2025, https://www.gircor.fr/sondage-ipsos-les-francais-et-la-recherche-animale/.
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[2] France 2 (2023), « Recherche : Le sacrifice des singes », Envoyé spécial du 8 juin 2023, consulté le 8 mai 2025, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-recherche-le-sacrifice-des-singes_5874239.html.
[3] Le Parisien (2017), « VIDEO. Une association dénonce les tests d’un laboratoire parisien sur des singes », 6 janvier 2017 [en ligne], consulté le 8 mai 2025, https://www.leparisien.fr/societe/video-une-association-denonce-les-tests-d-un-laboratoire-parisien-sur-des-singes-06-01-2017-6533352.php.
[4] ETA France (2024), « Journée mondiale pour les animaux dans les laboratoires : des « primates » protestent contre les expériences atroces que subissent des singes », 24 avril 2024 [en ligne], consulté le 8 mai 2025, https://www.petafrance.com/actualites/journee-mondiale-pour-les-animaux-dans-les-laboratoires-primates-protestent/.
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Auteur
Nicolas Brard
Nicolas Brard est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Tours. Ses recherches portent sur l’engagement public des chercheurs, les marginalités dans la recherche scientifique et la vulgarisation scientifique sur les réseaux socio-numériques.
nicolas.brard@univ-tours.fr