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Facebook comme appui médiatique de l’action collective : fabrique des groupements et intégration du mouvement contre le barrage de Sivens

10 Juin, 2023

Résumé

Dans cet article, nous analysons la manière dont les collectifs en lutte à Sivens ont utilisé les espaces « Groupe » et « Page » de Facebook comme espace de médiatisation de leur action collective. Ainsi, nous étudions comment les différents répertoires d’action militants du conflit s’incarnent dans des sous- répertoires médiatiques dont la fonction est double. Premièrement, l’animation éditoriale de ces dispositifs socio-techniques capacite la structuration spécifique de chaque entité mobilisée. Mais dans un second temps, la dynamique militante « hors ligne » qui ambitionne d’intégrer ces collectifs dans un mouvement contre le projet de barrage trouve une matérialité « en ligne » sur le réseau socio-numérique.

Mots clés

Facebook, action collective en ligne, médiactivisme, travail symbolique, médiation journalistique.

In English

Title

Facebook as media support for collective action: building militant collectives and integrating the movement against the Sivens dam 

Abstract

In this article, we analyze how the collectives in struggle in Sivens used the Facebook “Groups” and “Pages” as spaces for media coverage of their collective action. Thus, we study how the different repertoires of militant action are embodied in media sub-repertoires, which have a dual function. Firstly, the editorial animation of these socio-technical spaces enables the specific structuring of each mobilized entity. But in a second step, the “offline” militant dynamic which aims to integrate these collectives into a movement against the dam project finds an “online” materiality on the digital social network.

Keywords

Facebook, online collective actions, mediactivism, symbolic work, journalistic mediation

En Español

Título

Facebook como soporte mediático para la acción colectiva: construyendo colectivos militantes e integrando el movimiento contra la represa de Sivens 

Resumen

En este artículo analizamos cómo los colectivos en lucha de Sivens utilizaron el «Grupo» y la «Página» de Facebook como espacios de cobertura mediática de su acción colectiva. Así, estudiamos cómo los diferentes repertorios de acción militante se plasman en subrepertorios mediáticos, que tienen una doble función. En primer lugar, la animación editorial de estos espacios sociotécnicos posibilita la estructuración específica de cada entidad movilizada. Pero en un segundo paso, la dinámica militante «offline» que pretende integrar a estos colectivos en un movimiento contra el proyecto de represa encuentra una materialidad «online» en la red social digital.

Palabras clave

Facebook, acción colectiva en línea, mediactivismo, trabajo simbólico, mediación periodística.

 

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Thiong-Kay Laurent, , « Facebook comme appui médiatique de l’action collective : fabrique des groupements et intégration du mouvement contre le barrage de Sivens », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°23/4, , p.91 à 108, consulté le dimanche 28 avril 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2023/dossier/06-facebook-comme-appui-mediatique-de-laction-collective-fabrique-des-groupements-et-integration-du-mouvement-contre-le-barrage-de-sivens/

Introduction

Aujourd’hui connu pour la mort tragique de Rémi Fraisse, le barrage de Sivens est un ancien projet d’infrastructure publique, relancé à la fin des années 2000. Principalement porté par le département du Tarn, le barrage doit être érigé sur la zone humide du Testet, qui se trouve au sein d’une forêt de Sivens très appréciée par les habitants de la région Occitanie. Contre le redéploiement de ce projet qui entraînera d’importants travaux de déboisement, des groupements militants s’organisent. Leurs répertoires d’action collective diffèrent nettement. La mobilisation commence ainsi avec le « Collectif (pour la sauvegarde de la zone humide du) Testet ». Composé de militants locaux, membres ou proches de partis politiques et d›associations écologistes (EELV, FNE), il utilise un répertoire « expert-légaliste » (Ollitrault, Villalba, 2014) en menant des études d’impact, en contestant l’expertise de la puissance publique et en utilisant le levier du recours en justice. En dépit de ces actions, le Conseil général valide le lancement des travaux, dont le démarrage est fixé au 1er septembre 2014. Le Collectif « Tant qu’il y aura des Bouilles » s’organise alors en envisageant d’occuper illégalement les lieux. Des militants à la socialisation politique « écopunk» (Hein, Blake, 2016), en provenance de Notre-Dame-des-Landes, le rejoignent. La ZAD du Testet naît. Sa vocation première est d’empêcher l’avancée des travaux. Mais la ZAD est aussi un laboratoire politique qui s’autonomise partiellement des termes du conflit pour réaliser une alternative anti-capitaliste et démocratique. Dans ce cadre, l’horizon théorique du « Grand Soir » révolutionnaire fait place à un engagement de type « préfiguratif » : il trouve son sens dans l’action (Pleyers, 2016). Par conséquent, sur ce front de mobilisation 1, et comme nous le présenterons plus en détails, les groupements divergent sur de nombreux plans. Mais en dépit de ces différences qui occasionneront des tensions entre entités, elles sont mobilisées l’une à côté de l’autre mais aussi l’une avec l’autre contre le barrage. Cette situation, déjà observée sur d’autres théâtres de mobilisation par la sociologie des mouvements sociaux, oblige les composantes de la  « lutte » à stabiliser un « fragile accord cognitif » et construire un « bien-entendu opératoire » (Contamin, 2005) pour cimenter leur action collective. À ce sujet, sur le terrain de Sivens, nous montrons que l’utilisation militante de Facebook joue un rôle précis.

En effet, dans le cadre de cette mobilisation, le réseau socio-numérique se présente comme un répertoire médiatique qui confère une matérialité en ligne aux répertoires d’action militants hors-ligne. Le rôle de cette matérialité du numérique est à prendre en compte, notamment, « dans la construction et la circulation des discours » (Mabi, 2016). Tout d’abord, en prenant garde de ne pas surinvestir le numérique comme facteur explicatif des conditions de possibilités de la mobilisation (Monnoyer-Smith et Wojcik, 2014), il s’agit de montrer que ce répertoire « Facebook » accompagne la fabrique (politique, idéologique, argumentative, logistique, médiatique) de chaque groupement. L’utilisation militante de Facebook vise ici à capaciter l’autonomie organisationnelle des entités mobilisées (Sedda, 2022), tout en produisant des formes de visibilité. Mais, dans un second temps, cette enquête nous permet de contribuer aux réflexions qui portent sur les « fragilités » de l’Internet militant, caractérisé par «  (le) fractionnement des fronts de lutte et des revendications, (la) balkanisation des espaces numériques, (la) tendance à l’individualisation, (et l’) affaiblissement des liens sociaux » (Sedda, 2022). Au contraire, nous démontrerons que les espaces numériques étudiés ont également joué un rôle de courtier (broker) (Milan, 2015) dans les processus de construction du sens du mouvement. En matérialisant « en ligne » les dynamiques sociales « hors ligne » qui tentent d’intégrer les groupements dans une seule mobilisation, les utilisations du réseau socionumérique soutiennent la constitution d’un sens du collectif (Kavada, 2015) élargi.

Méthodologie, corpus et échantillon d’acteurs

Ce travail sur l’investissement de Facebook par les militants de Sivens s’est effectué de manière asynchrone au déroulé de la mobilisation. Une telle enquête a posteriori ne pouvait que circonscrire nos ambitions heuristiques. Difficile d’accès (en termes de récolte des données, d’acteurs à retrouver et d’analyses à recontextualiser), ce terrain n’a pas permis d’évaluer les effets précis des utilisations du réseau socio numérique sur le nombre de soutiens ralliés ou sur la capacité du dispositif à faire pénétrer la mobilisation dans l’espace public central. En revanche, il nous a semblé ici possible d’interroger les objectifs qui sous-tendent les usages, notamment sous l’angle du « travail symbolique » (Milan, 2015) du mouvement. Comme nous le verrons, la ligne éditoriale des dispositifs étudiés a été peu théorisée en amont par les acteurs interrogés. Elle se réalise au contraire dans l’action. Afin de la reconstituer pour les principaux espaces Facebook de la lutte de Sivens, au moment où la conflictualité était au plus haut, nous avons opté pour la combinaison de méthodes d’enquête qualitatives. 

La première démarche a consisté en l’étude des Pages et Groupes Facebook créés ad hoc puis éditorialisés (Vitali-Rosati, 2020) par les groupements militants de Sivens (détail cf.infra). Notre enquête vise alors à :  

  1. Lever le voile sur les objectifs qui sous-tendent l’animation de ces espaces pour leurs administrateurs.
  2. Analyser les  principaux cadres d’interprétation (Benford, Snow, 2000).
  3. Identifier les sources des publications « partagées » et comprendre le rapport à la médiation journalistique.
  4. In fine, reconstruire l’identité politique figurée par cette animation éditoriale, puis les éventuelles passerelles existant entre les groupements en lutte organisés en ligne.

En ce qui concerne les données présentes sur ces espaces, dont la récolte commence à l’été 2017, nous n’avons pas disposé de solution technique permettant l’absorption automatique des posts. Nous avons donc entrepris de remonter le temps par scrolling puis screenshots jusqu’aux moments-clés de cette mobilisation. Une telle archéologie en ligne comporte plusieurs limites. Tout d’abord, dépendant de la puissance de notre ordinateur, nous n’accédons pas à la totalité des données (publications tronquées voire manquantes, commentaires inaccessibles). Le navigateur Internet peut également « planter » sous le poids de l’accumulation des datas. Lorsque cela survient, nous sommes contraint de recommencer la démarche au présent de la collecte. Dans ces conditions, même si le corpus constitué d’environ 200 publications par espace s’avère riche, il reste lacunaire et temporellement hétérogène (cf. détail infra). Pour tenter de pallier les failles de cette archive morcelée, deux méthodes d’enquête complémentaires ont été déployées.

La première méthode combine l’étude des usages de Facebook avec celle des deux sites Internet militants des collectifs en lutte 2, afin de percevoir leur ligne éditoriale sur le temps long et continu de la mobilisation. Cette étude a été précieuse pour notre compréhension de l’éditorialisation des espaces Facebook de la lutte de Sivens, dans la mesure où celle-ci dépend en bonne partie du contenu de ces deux sites.

La seconde méthode vise à recueillir le verbatim rétrospectif des administrateurs en charge directe-indirecte de l’éditorialisation de ces dispositifs ou, à défaut, de militants attentifs à leur actualisation. Pour ce faire, nous avons mené des entretiens semi-directifs portant sur la trajectoire des acteurs, s’intéressant à leur rapport vis-à-vis de la mobilisation et de sa médiatisation pour comprendre les objectifs associés aux usages de Facebook, ainsi que sur les opérations éditoriales menées dans le cadre du mouvement. Afin de conférer une densité aux usages investigués, notre approche s’est donc voulue « écologique » (Badouard et al., 2016), en réinsérant la conception et la mise en œuvre des stratégies éditoriales dans leur contexte. Nous avons cherché à questionner les acteurs sur leur rôle dans les « processus de construction du sens et de l’expérience collective » (Badouard et al., 2016). Dès lors, pour satisfaire cette ambition, nous avons opté pour la posture épistémologique de la sociologie pragmatique, de telle sorte que l’on : « ‘‘suit’’ les acteurs, on ‘‘décrit’’ leurs contraintes et leurs ressources, on ‘‘restitue’’ leurs discours et leurs actions, on ‘‘colle’’ au plus près des dispositifs et des situations, on ‘‘met à distance’’ ou ‘‘entre parenthèses’’ toute interprétation et l’on s’exerce à ‘’mettre à plat’’ et à ‘‘clarifier’’ les appuis critiques, les formes de jugement ou d’évaluation, en portant une attention particulière aux catégories et aux instruments » (Chateauraynaud , 2015, p.5). Lors de nos entretiens, les acteurs interrogés n’ont pas tenté de passer sous silence les désaccords – parfois même les conflits – internes à la mobilisation. Ils n’ont pas non plus cherché à héroïser cette dernière, malgré son issue tragique. Par conséquent, cette capacité des acteurs à revenir avec lucidité sur leur activité de militance justifie le statut accordé à leurs propos, « sans chercher à révéler une réalité masquée ou enfouie sous les situations et les processus étudiés » (Chateauraynaud, 2015, p.5). Pour étayer empiriquement notre analyse, nous nous appuierons donc tantôt sur les publications, tantôt sur des extraits d’entretiens. Voici le détail des espaces numériques et des acteurs étudiés : 

Tableau 1. Espaces numériques Facebook étudiés

 

Tableau 2. Acteurs rencontrés

Facebook, un appui à la fabrique de chaque groupement

La Page Facebook « Collectif pour la sauvegarde de la Zone Humide du Testet »

Tout au long du conflit, le Collectif Testet, premier groupement constitué, fait du répertoire médiatique l’un des principaux leviers de son action collective. Ainsi, sa priorité est de publiciser son argumentaire contre le barrage dans la presse locale. Le Collectif s’y emploie en cherchant à intéresser les médias régionaux (Thiong-Kay, 2021). Cependant, pour le groupement militant, la communication du Département du Tarn et la couverture journalistique pro-barrage du quotidien régional dominant (La Dépêche du Midi), forment une concurrence trop importante. Cette configuration défavorable incite progressivement le Collectif Testet à développer son potentiel d’autonomie médiatique avec la création d’un site Internet. Dans un premier temps, le Collectif ne perçoit pas Facebook comme un dispositif politiquement pertinent pour médiatiser la cause. Pour son porte-parole, le réseau n’apparaît que sous sa vocation première à organiser les sociabilités privées. En mars 2014, une militante prend malgré tout l’initiative d’y créer la Page du Collectif. Elle y republie rigoureusement, via liens hypertextes, les billets qui actualisent le site Internet dudit Collectif. Cet espace numérique publicise alors son travail pédagogique, technique et légal.

Le Collectif Testet construit son argumentaire contre la supposée vocation du projet à servir l’intérêt général 4. Il cible ses dommages environnementaux et dénonce la mauvaise gestion financière du département. Or ces griefs ne signifient pas une défiance envers les procédures de l’action publique locale. Au contraire, ils s’inscrivent dans une croyance dans la rationalité des politiques publiques : pour ce groupement militant, si le projet ne peut se justifier sur les plans écologique et économique, il sera alors abandonné. Son porte-parole explique :
« J’ai fait partie des gens qui ont dit : ‘’ce serait une erreur de vouloir occuper le terrain maintenant, ce serait mal perçu’’. Pour nous, la stratégie, c’est tant qu’on peut convaincre par le dialogue, les rapports, que le projet est mauvais, il s’agit pas de basculer dans une confrontation sur le terrain » (Porte-parole du Collectif Testet).

Le Collectif Testet cherche alors à déplacer les termes de la controverse sur le terrain de la transparence. La Page Facebook et le site Internet acquièrent ainsi une dimension métaphorique. Leur éditorialisation formalise en effet une critique en actes de l’action publique, dont l’opacité est dénoncée :
« II y avait un enjeu d’être ceux qui donnent accès à l›information. Parce que comme nous on n›avait pas accès à l›information justement auprès du département ou de la préfecture, qui refusait de nous donner les rapports officiels etc, nous, tout ce qu’on obtenait, on le mettait en ligne » (Porte-parole du Collectif Testet). 

Plus spécifiquement, en ce qui concerne la bataille de la définition du projet évoquée précédemment, la Page s’inscrit dans une panoplie d’outils tels que les réunions d’informations ou les tracts distribués durant les manifestations. L’objectif est d’entrer dans une lutte technique, sémantique et symbolique avec les justifications de l’exécutif départemental. La Page Facebook expose souvent ces dernières pour les contester ou les tourner en dérision, comme l’indique cette publication du magazine institutionnel « Atouts Tarn ».

Figure 1. Publication : critique de la communication départementale

L’animation éditoriale de cette Page Facebook cherche, de même, à rallier les habitants du territoire. L’ensemble de la couverture journalistique du projet est utilisée en s’appuyant majoritairement sur les articles de la presse dominante régionale (La Dépêche du Midi, France 3 Tarn), puis nationale (Libération, Le Monde, France Inter). À un degré moindre, la Page partage les articles d’entreprises de presse plus dominées dans le champ journalistique, comme des médias papiers et radiophoniques locaux (Le Tarn Libre, Radio 100%) ou les articles des pure-players d’informations situés à gauche comme Reporterre ou Mediapart. De même, la Page n’hésite pas à faire la promotion des interventions médiatiques de son porte-parole, ou de certaines figures politiques nationales, comme José Bové, Cécile Duflot, etc. En mettant l’accent sur la presse et l’intervention de figures instituées, l’objectif du Collectif est de montrer que « Sivens » fait « l’événement ». Or ce recours important aux acteurs et productions des champs politique et médiatique a aussi une visée stratégique. En effet, pour le Collectif Testet, l’événementialité de la mobilisation est également pensée comme la glace déformante de ses ressources et, surtout, de sa véritable capacité à remporter le conflit :
« C’est aussi une stratégie volontaire […] qui était de dire le site  survalorise ou, comment dire, donne une surestimation de nos forces réelles. C›est-à-dire qu›avec un site Internet suffisamment dynamique, on a l›impression que ça bouge, les gens se mobilisent, y›a un nouveau communiqué, on montre une action, on parle d›un rapport qui vient de sortir, ça donne vraiment l›impression que c›était déjà une opposition qui était assez structurée et assez costaud. […] Pour moi ça fait partie de la stratégie pour essayer de faire reculer l›adversaire » (Porte-parole du Collectif Testet).

Figure 2. Publication. Le Collectif Testet et la couverture journalistique de la mobilisation

Le Groupe privé de la ZAD

Parallèlement à l’action politique et médiatique du Collectif Testet, le Collectif « Tant qu’il y aura des Bouilles » se structure et accompagne l’installation de la ZAD du Testet. Ce collectif et les militants de la ZAD mobilisent alors eux-aussi les affordances des techniques numériques. Toutefois, les militants du Collectif « Tant qu’il y aura des Bouilles » et de la ZAD s’accordent sur le paradoxe d’utiliser les dispositifs numériques, qui leur apparaissent comme des « options sous pression » (Williams, 1980 ; cité dans Milan, 2015). En effet, Internet et les réseaux socio-numériques constituent des moyens idéologiquement paradoxaux pour des luttes anticapitalistes. Cependant, in fine, les militants reconnaissent leur potentiel de coordination de la mobilisation pour un mouvement situé loin des forces militantes urbaines. Dans un communiqué qui justifie la création de son WordPress, le Collectif concède un recours au dispositif « à l’état d’esprit utilitariste » qui «  ne s’est donc pas fait sans contestation et certains s’y sont résolus la mort dans l’âme », puisqu’« une telle infrastructure requiert inévitablement le fonctionnement d’un système techno-capitaliste mondialisé ». L’un de ses principaux administrateurs explique lors d’un entretien :
«  Sur le petit texte que je t’ai envoyé tout à l’heure, […]tu vois bien qu’on ne va pas se précipiter sur Facebook ou ce genre d’outils, même si ça a été à chaque fois une discussion… C’était un peu générationnel entre les vieux comme moi […] où on est assez critique et les jeunes qui baignent là-dedans et qui ne comprennent pas pourquoi il n’y avait pas de Page Facebook de la ZAD ou ce genre de chose » (Administrateur du site « Tant  qu’il y aura des Bouilles »).

Pour les militants de la ZAD, des considérations politiques finissent toutefois par autoriser ce recours à Facebook. Leur éthique préfigurative donne la possibilité de reléguer certaines considérations théoriques sur un Internet « partie-intégrante du système » au profit d’une action menée «  ici et maintenant ». En ce sens, l’utilité du dispositif l’emporte. Le Groupe Facebook de la ZAD est ainsi créé par ce militant, qui en explique la genèse :
« J’arrive là-bas, j’ai du mal à trouver, il n’y a pas de site Internet, que « Tant qu’il y aura des bouilles » pour faire le lien avec Sivens, c’est compliqué. Du coup, l’une des premières choses que je dis c’est : ‘’il faut créer un site Internet ou un Groupe Facebook pour pouvoir informer, machin’’. Les gens, ils disent non. […] Je me suis dit : ‘’fuck off, je le fais’’» (Automédia, ZAD). Avant tout, le Groupe de la ZAD a pour vocation d’équiper la lutte au présent : appels à occupation, demandes de matériel pour les constructions, covoiturages, indication de la présence de la gendarmerie sur place, etc. Il se fonde essentiellement sur l’actualisation du site Internet « Tant qu’il y aura des Bouilles ». Le Groupe bénéficie d’une discussion privée où se débattent la nécessité et la pertinence de valider telle ou telle publication, entre administrateurs qui ne sont pas tous, « hors ligne », présents à Sivens ni même en région Occitanie :
«  On était d›accord pour dire que tout est politique. […] À partir de là, c›est du débat politique, et tu argumentes. […] Il y a des trucs sur lesquels tout le monde était d›accord : ça, ça passe ; ça, ça passe pas, et une fois que tu passes la grille d’élimination là ton post est publiable. L’année où ça a été chaud sur la ZAD du Testet, bah il n’y avait rien d’autre que l’actualité de la ZAD du Testet » (Administrateur du Groupe Facebook de la ZAD).

Parallèlement à cette volonté de soutenir la logistique quotidienne de la ZAD, l’animation éditoriale du Groupe Facebook s’adosse aux imaginaires culturels et esthétiques de ses administrateurs et de ses publics. Il s’y trouve notamment des publications régulières de musique anti-autoritaire ou de street-art qui veulent produire un sentiment d’appartenance.  Politiquement, l’animation vise à réduire les risques de confusionnisme idéologique (Corcuff, 2021), de conspirationnisme et d’infiltration par les adversaires. De même, les militants de la ZAD se construisent en opposition aux logiques institutionnelles et politiques de la représentation. Une gestion éditoriale que l’administrateur résume comme suit :
« Les gens qui venaient racoler pour Mélenchon, tu dégages. Les moutons enragés, tu dégages. […] J’étais le Ghostbuster du Groupe. […] Il y a eu des trucs de capitalisme vert trop abusés, des commentaires sexistes ad hominem qui nous ont obligés à virer des gens du Groupe » (Administrateur du Groupe Facebook de la ZAD).

Si le Collectif Testet formalise essentiellement sa critique contre l’action publique départementale, le Groupe de la ZAD privilégie de son côté une lecture du conflit par le master-frame (Snow, Benford, 1992) militant de la « convergence des luttes ». L’objectif est de mobiliser le soutien d’un public idéologiquement situé et constitué. Très présent sur Facebook à travers une constellation de Pages, ce public estime que les mobilisations contre les autres « Grands Projets Inutiles et Imposés » (GPII), la situation des migrants à Calais, les mouvements de grève, les manifestations antifascistes et la dénonciation des violences policières, entre autres, doivent entrer en résonance. Par le truchement de publications médiatisant cette actualité plurielle, l’éditorialisation du Groupe concrétise cette « disjonction croissante entre territoire, subjectivité et mouvement social politique. Cette disjonction, due en particulier à la force et à la forme de la médiation électronique, déstabilise les relations entre voisinages spatiaux et voisinages virtuels » (Blondeau, Allard, 2007, p.241-242). L’animation éditoriale du Groupe travaille ainsi une « convergence des représentations subjectives » afin que s’opère une « similarité des situations objectives » (Ferron, 2012). Dans le même ordre d’idées, l’activité des administrateurs participe d’une solidarité entre les militants et les publics du Groupe, sensibles à la diversité des « carrières occupantes » (Dechezelles, 2017). Comme l’explique un militant ayant pris part aux activités automédiatiques de la ZAD :
« Sur Toulouse j’ai fréquenté beaucoup de squats. Fin par rapport à mon vécu […] en galère de taffe, faire des intérims, se retrouver avec le chômage ou avec le RSA, ou sans rien du tout. […] L’information a commencé à se propager autour de Sivens, les premières vidéos sur Internet, de l’expulsion à La Bouillonnante. […] Et donc moi j’ai été au courant de ce qui se passait là-bas, en mars, et à ce moment-là j’étais en camion sans projet, si ce n’est faire ma route quoi, et du coup ma route m’a amené à aller à Sivens » (militant de l’occupation).

D’un point de vue médiatique, un tel cadrage élargi bénéficie de ses propres sources. Tout d’abord, le Groupe de la ZAD est le support numérique des vidéos auto-médiatiques militantes réalisées sur zone, (Thiong-Kay, 2020). Ces contenus permettent aux militants de livrer un contre-récit aux représentations péjoratives qui caractérisent le « zadiste » dans l’espace public. Dans ce contre-récit qui vise à « renverser le référentiel dominant pour ne plus présenter [la mobilisation] en partant du projet, mais en se basant sur le territoire et l’expérience de vie quotidienne que représente son occupation » (Mabi, 2016), les militants médiatisent une occupation marquée par la vétusté et les conditions météorologiques souvent éprouvantes. Ce qui relève donc d’un « partage de l’indignité » (Riboni, 2016) sert de « support à la constitution et [à la] consolidation des liens sociaux mais aussi d’outils de lutte pour la visibilité » (Riboni, 2019). De même, plusieurs années avant le mouvement des Gilets jaunes qui les ont popularisés, ces contenus restituent déjà les affrontements avec les forces de l’ordre en illustrant l’asymétrie du rapport de force à l’œuvre. L’objectif est de documenter les violences sur le registre du copwatching, mais également, dans un but médiatique, de susciter l’indignation de « manière stylisée et dramatisée » (della Porta, Diani, 2006), tout en construisant une « martyrologie » (Granjon, 2022) de la mobilisation. 

Du côté des relations entretenues avec le champ journalistique, le Groupe de la ZAD privilégie non pas la médiation de la presse dominante locale et nationale, à laquelle elle est hostile (Mabi, 2016), mais plutôt la galaxie des « médias alternatifs ». Leur hétérogénéité a été bien étudiée, mais leur position au sein ou aux frontières du champ journalistique reste un défi analytique (Ferron, 2006), tant ces initiatives médiatiques se situent entre le registre de l’information journalistique et celui de la communication militante. Le Groupe de la ZAD du Testet partage les productions militantes et participatives s’inscrivant dans le sillage d’Indymédia (Rebellyon, Paris-luttes.Info), des publications du site « ZAD Nadir » de Notre-Dame-des-Landes ou du blog « Mouvement Anarchiste Marginal ». Il s’appuie également sur une médiation de type journalistique, en ayant recours, comme le Collectif Testet mais avec une intensité plus marquée, à la couverture des pure-players d’informations en ligne favorables aux mouvements sociaux. En effet, la défiance vis-à-vis de la profession journalistique est nettement plus prononcée sur la ZAD qu’au sein du Collectif Testet. Mais sur place, le conflit s’enracinant, les militants de la ZAD développent progressivement des relations de confiance avec les journalistes de Mediapart, Reporterre, Taranis News et Basta!. Des représentations et des critiques en commun (au sujet du fonctionnement économique des médias, de la gouvernementalité néolibérale ou du paradigme aménageur) expliquent en partie cette proximité.

Dans cette première partie, nous avons donc repéré que les entités en lutte contre le barrage de Sivens étaient très différentes en termes de composante idéologique, de rapport à la puissance publique ou de préférences médiatiques.  À côté d’autres pratiques offline, Facebook leur a permis de construire leur propre cohérence politique et tactique. Or de manière concomitante, l’utilisation du réseau socio- numérique a également conféré une matérialité à leur recherche d’intégration.

Facebook, un dispositif pour l’intégration de toute la mobilisation

Autonomie des acteurs et complémentarité des répertoires d’action

La description des espaces Facebook investis par les groupements de Sivens a permis d’analyser le lien concret qui existe, pour chacun d’entre eux, entre activité en ligne et action hors ligne. En revanche, pour éviter que cette description ne schématise la réalité sociale, notre analyse du numérique doit rester rigoureusement positionnée à l’aune de la configuration située du mouvement et de la trajectoire plus générale de la controverse. Les militants de Sivens ont des conceptions différentes sur la manière de lutter efficacement contre le projet. Cette « lutte » n’a pas toujours les mêmes significations entre acteurs. Des oppositions tactiques voire des rancœurs s’enracinent entre groupements. Ces difficultés sont bien réelles. Mais en dépit de ces dernières, les militants ont conscience qu’il est dans leur intérêt stratégique a minima de dialoguer, a maxima de coordonner leurs différentes actions. 

Différentes caractéristiques de la mobilisation rendent cette perspective possible. Tout d’abord, les forces militantes de Sivens se trouvent majoritairement sur un territoire micro-local où règne une forte interconnaissance. La forme du « Collectif », faiblement institutionnalisée, autorise la mobilité et le multi-positionnement (Ion, 2012) des acteurs. Leur culture politique s’inscrit ainsi dans la continuité de l’altermondialisme, connu comme un moment de cohabitation entre les militants pour l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, écologistes, anarchistes, autonomes, etc. (Dupuis-Déri, 2005). À Sivens, en dépit des oppositions, une dynamique de « convergence » est à l’œuvre. Les entités mobilisées échangent ainsi, à intervalles réguliers, durant l’assemblée générale de toute la mobilisation sur la ZAD. Une complémentarité des répertoires d’action est alors envisagée et surtout appréciée par les militants :
« Moi je suis pragmatique. […] Il faut des gens pour aller au tribunal, comme à Roybon où y aura pas Center Parcs, mais pendant les deux ans et demi de procédure,  c’était cool qu’il y ait des gens dans les bois, dans les cabanes pour tenir » (Administrateur du Groupe Facebook de la ZAD).

La configuration spatiale de la mobilisation et la politisation des acteurs favorisent la construction puis le partage de leurs cadres d’injustice : légalité du projet contre légitimité de l’action collective, action publique anti-démocratique, violences d’État, adoption du slogan « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », etc. Par ailleurs les épisodes qui ponctuent et modifient la trajectoire du conflit concernent les deux entités en lutte. L’organisation de rassemblements et d’actions, les décisions de justice, l’avancée des travaux, l’état de santé des militants en grève de la faim et bien sûr l’affaire Fraisse forment une actualité en commun. Ces cadres et cette événementialité partagés – qui se trouve médiatisés sur les deux espaces numériques étudiés ici – ne signifient pas que les groupements abandonnent ce qui les caractérise. Mais ils leur permettent de minorer ce qui les différencie, car pour une mobilisation « l’essentiel n’est pas tant qu’il y ait un alignement des cadres, mais que le désalignement puisse être suffisamment occulté pour qu’on puisse faire croire à un tel alignement » (Contamin, 2020, p.49).

Concomitamment aux stratégies éditoriales décrites en première partie, l’utilisation de Facebook aide les groupements à réduire ce désalignement, voire à l’exploiter. Du côté du Groupe de la ZAD, sa charte précise : « aucune personne qui gère le groupe n’encensera ou condamnera chacune des formes de résistance choisie. Ce sont nos différences qui font notre force ». Également, l’expertise du Collectif Testet offre un stock d’arguments juridiques et techniques aux militants de la ZAD, en conflit idéologique avec les « institutions » mais contraints de justifier les formes souvent illégales de leurs actions. Le site du Collectif pro-occupation, dont on a pu voir qu’il était la principale source du Groupe de la ZAD, écrit notamment :
« le projet de barrage de Sivens a été analysé sous toutes ses coutures (et fort bien démonté) par le collectif pour la Sauvegarde de la Zone Humide du Testet. Le site de ce collectif présente toutes les infos techniques sur ce projet inutile et imposé ainsi que l’historique des démarches -juridiques notamment- et actions entreprises par le Collectif Testet ». Du côté de ce dernier, la communication ponctuelle des objectifs de l’occupation permet d’être solidaire de la ZAD, bien qu’officiellement, elle ne soutienne pas les modalités de son action.

De même, avant la mort de Rémi Fraisse, les violences des forces de l’ordre contre les occupants de la ZAD ont pu provoquer de brefs déplacements éditoriaux, comme le prouve par exemple cet appui du Collectif Testet sur un contenu automédia de la ZAD. Si ce recours aux contenus de l’autre entité mobilisée semble dicté par l’explosion de la conflictualité, il témoigne cependant de leur relative solidarité :

Figure 3. Publication : utilisation des vidéos automédias de la ZAD par le Collectif Testet

 

La Page Facebook « Soutien Testet »

Pour terminer, cette stratégie militante prend plus explicitement la forme de « l’articulation » ou de « l’intégration » au moyen d’un troisième espace Facebook 5 :

Figure 4. Publication : migration de la Page

 

Les supports de l’opposition au barrage de Sivens font preuve de réflexivité en actant la forme « mosaïque » de la mobilisation. Ils tentent alors de conjurer l’éparpillement des informations relatives à cette dernière sur Internet.

Figure 5. Publication : mise en valeur des ressources info-communicationnelles des différents groupements

Cette Page « Soutien Testet » est numériquement la plus importante de la mobilisation, en étant suivie par plus de 19000 utilisateurs. Son éditorialisation consiste d’abord à rapprocher symboliquement des pans entiers de la contestation : entre entités liguées contre le barrage de Sivens, mais également entre mobilisations disséminées en France et ailleurs ; par conséquent dans une double logique intra-lutte et inter luttes. En termes d’animation éditoriale, la Page vise à valoriser les informations tirées des deux sites Internet militants principaux du conflit. 

Nos données témoignent ensuite d’une volonté d’aiguiller les soutiens, dans une perspective pratique. C’est pourquoi l’on retrouve mis en valeur des informations décrivant la situation sur place, et relayant les contenus automédias. Aussi, et bien que l’animation éditoriale générale de cette Page s’apparente donc davantage à celle du Groupe de la ZAD, elle semble moins rétive aux formes conventionnelles de la représentation, ou méfiante vis-à-vis des risques de « récupération politique ». En effet, comme le Collectif Testet, la Page actionne un certain levier de politisation, à savoir la prise de parole d’Hommes politiques qui dénoncent le bien-fondé du projet et les termes de sa mise en œuvre.

La Page « Soutien Testet » est ainsi particulièrement attentive à la couverture journalistique dont bénéficie le mouvement. D’un point de vue éditorial, elle s’appuie sur les sources journalistiques des deux espaces Facebook décris en première partie. Comme le Groupe de la ZAD, elle mobilise les médias alternatifs (Paris Luttes Infos, Taranis News, Lundi Matin). Elle partage de même beaucoup les pure-players au cœur de la couverture du conflit, déjà mis en valeur par les deux espaces étudiés précédemment, comme Reporterre ou Mediapart. Mais comme la Page du Collectif Testet, elle a aussi un recours normalisé et régulier aux médias dominants de la presse écrite nationale et locale.

Enfin, à l’instar de la Page du Collectif Testet et du Groupe de la ZAD, la Page « Soutien Testet » fait la promotion d’événements transversaux. Elle est également un « lieu numérique de rassemblement », de synthèse et de débats, comme en attestent différentes publications sur le thème de l’action directe ou, au contraire, sur le droit comme ressource pour les causes environnementales. 

Conclusion

Dans cet article, nous avons analysé la manière dont l’opposition au barrage de Sivens a utilisé Facebook, selon deux modalités. D’une part, cette utilisation accompagne la structuration des entités mobilisées : transcription en ligne de leurs répertoires d’action collective, soutien logistique, publicité de leurs propres cadres d’interprétation, recherche de visibilité, rapports au champ journalistique. D’autre part, et dans le même temps, la cohabitation voire la convergence qui est travaillée hors ligne entre les différents groupements trouve une matérialité sur Internet grâce à la mise en valeur d’une événementialité commune, l’appui réciproque sur des ressources argumentatives et communicationnelles, jusqu’à la création d’une Page figurant, par une animation éditoriale synthétique, leur intégration dans un mouvement contre le projet. 

Pour la communication militante de chaque entité, ce second objectif relève du danger permanent. Du côté du Collectif Testet, l’affichage régulier de son soutien à la ZAD pourrait le rendre illégal aux yeux de ses adversaires, entachant la crédibilité de son action collective. Chez les occupants de la ZAD, une approche trop technique ou précisément légale pourrait l’exposer à la critique de « l’institutionnalisation », rendant factice la dimension agonistique de son identité politique. Si la communication militante est bien ici constitutive de l’organisation, elle fut également, à Sivens, une activité sous tension.

Notes

[1] La mobilisation contre le barrage de Sivens ne cessera alors de monter en conflictualité : expulsions – réoccupations de la ZAD, affrontements sur place entre militants et forces de l’ordre, mais également entre militants et agriculteurs pro-barrage. Le conflit se nationalisera après la mort de Rémi Fraisse, le 26 octobre 2014. L’abandon du projet initial sera acté en 2015.

[2] https://www.collectif-testet.org/ et https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/

[3] Nous avons eu accès au point de vue de plusieurs acteurs pertinents pour la Page du Collectif Testet et le Groupe de la ZAD. En revanche, les administrateurs de la Page « Soutien Testet », contactés via Messenger, ont décliné nos approches. Toutefois, nous disposions de l’essentiel des publications temporellement pertinentes pour cet espace de publication.

[4] Le département du Tarn avance que le barrage doit permettre le maintien du débit d’étiage de la rivière du Tescou et diluer les pollutions d’une laiterie industrielle. Pour le Collectif, il vise principalement à emmagasiner des ressources en eau pour soutenir l’agriculture intensive pratiquée par une trentaine de producteurs.

[5] Publication en date du 16 septembre 2014 sur l’ancêtre de cette Page intitulée « non au barrage du Testet ». (désormais inactive). Notons que si la charte du Groupe Facebook privé de la ZAD déclare que cette Page Soutien Testet constitue « sa Page publique », ces espaces sont gérés par deux équipes éditoriales distinctes.

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Auteur

Laurent Thiong-Kay

Docteur en Sciences de l’information et de la communication. Enseignant-chercheur contractuel à l’Université de Lille, chercheur au LERASS (Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales).
laurent.kay@gmail.com