« L’ antisystème » : de la formule à la posture médiatique
Résumé
Partant du constat que le terme « antisystème » circule dans les sphères médiatiques et académiques sans pour autant faire l’objet d’une conceptualisation précise, cet article propose quelques pistes pour déconstruire ce terme flou et difficile à saisir. Il s’agit de cerner dans un premier temps les diverses définitions de l’« antisystème » et des études qui lui ont été dédiées, à l’appui d’une enquête sémantique, étymologique et scientifique du terme. Et ce, avant de proposer dans une seconde étape une analyse détaillée de ses usages médiatiques au sein de la presse nationale française, permettant de faire émerger la diversité et les caractéristiques des acteurs se revendiquant ou étant qualifiés d’« antisystème ».
Mots clés
Antisystème, posture antisystème, médias, analyse de discours, politique
In English
Title
« anti-system » : from a term to a media posture
Abstract
Starting from the observation that the term «anti-system» circulates in the media and academic spheres without being the subject of a precise conceptualization, this article proposes to deconstruct this vague term. The first step is to identify the various definitions of the “antisystem” and the studies that have been dedicated to it, in support of a semantic, etymological and scientific investigation of the term. And this, before proposing in a second step a detailed analysis of its media uses within the French national press, making it possible to bring out the diversity and the characteristics of the actors claiming to be/or being qualified as “anti-system”.
Keywords
Antisystem, posture, media, discourse analysis, politics
En Español
Título
El « anti-sistema » : de una fórmula a una postura mediática
Resumen
Partiendo de la constatación de que el término «anti-sistema» circula en los medios y ámbitos académicos sin ser objeto de una conceptualización precisa, este artículo propone algunas vías para deconstruir este término vago y de difícil comprensión. El primer paso es identificar las diversas definiciones del “antisistema” y los estudios que se le han dedicado, en apoyo de una investigación semántica, etimológica y científica del término. Y esto, antes de proponer en un segundo paso un análisis detallado de sus usos mediáticos dentro de la prensa nacional francesa, que permita poner de manifiesto la diversidad y las características de los actores que afirman ser/o ser calificados como “anti-sistema”
Palabras clave
Antisistema, postura, medios, análisis del discurso, Política
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Raymond Lucie, « « L’ antisystème » : de la formule à la posture médiatique », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°23/3, 2022, p.55 à 67, consulté le mardi 15 octobre 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2022/varia/04-l-antisysteme-de-la-formule-a-la-posture-mediatique/
Introduction
« Une spirale de défiance s’est installée dans l’opinion publique. Elle sécrète un état d’esprit : le positionnement anti-système. Celui-ci est difficile à cerner à travers des statistiques ou des enquêtes, mais il rampe de manière souterraine et de plus en plus d’individus, des politiques de l’extrême droite et de l’extrême gauche, mais aussi des anonymes, s’en réclament » (Dagnaud, 2014), écrivait la sociologue Monique Dagnaud sur le site Slate.fr. Ce « positionnement antisystème », qui « rampe » et semble se dérober à toute conceptualisation, est ici au cœur de notre propos. Depuis une dizaine d’années, le terme « antisystème »1 circule de plus en plus dans notre environnement médiatique, s’accrochant à des personnalités variées telles que Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour, Alain Soral, Dieudonné M’Bala M’Bala, ou encore Didier Raoult. Nous proposons ainsi, dans le cadre de cet article, de lever le voile sur le flou discursif qui entoure ce terme en interrogeant sa place au sein des discours circulants. Notre objectif est de préciser les contours des positionnements « antisystème » et de comprendre ce qui permet à des personnalités, des partis et des mouvements très éloignés sur les plans idéologique et politique, de se définir et d’être définis par un même terme.
Car le terme « antisystème » est souvent utilisé et pourtant rarement questionné dans la sphère médiatique mais également dans la sphère académique. Or, l’effort de théorisation relève d’une nécessité à la fois scientifique, éthique et politique : loin d’être un « allant de soi », l’« antisystème » implique une déconstruction permettant d’éviter le flou définitionnel qui l’entoure et de faire ainsi le jeu de sa circulation médiatique et du discours d’escorte des acteurs dont nous allons analyser les positionnements. Cette déconstruction passe par l’étude des acceptions du terme et de leur actualisation ou non actualisation dans les discours médiatiques, selon les personnalités et selon les contextes. Le positionnement de recherche appelle ainsi un propos plutôt théorique conjugué à une approche inductive. Car l’« antisystème » ne se laisse pas immédiatement saisir comme objet concret (Davallon, 2004) : il a cette particularité d’être un objet à la fois visqueux2 en ce qu’il se colle et s’attache à un individu, un mouvement ou un parti par lequel il s’incarne, et volatil en ce qu’on en trouve des manifestations plurielles au sein de différents espaces médiatiques, par le biais de pratiques, de stratégies communicationnelles, de discours, etc. Nous proposons ainsi, à l’image des travaux menés par Yves Jeanneret et Emmanuel Souchier sur la notion d’« usage », « de contribuer à un examen critique de la notion, d’un point de vue particulier dans lequel la prise en compte de la dimension langagière et signifiante de la réalité médiatique intervient comme condition première de définition des pratiques » (Jeanneret, Souchier, 2002, p. 7).
Nous présentons ici les résultats d’une recherche menée sur le long court sur ce que nous avons choisi d’appeler la « posture antisystème ». Nous considérons celle-ci comme une posture médiatique et pas seulement politique. Il s’agit donc de cerner dans un premier temps les diverses définitions de l’« antisystème » et des études qui lui ont été dédiées, à l’appui d’une enquête sémantique, étymologique et scientifique du terme. Et ce, avant de proposer dans une seconde étape une analyse détaillée de ses usages médiatiques au sein de la presse nationale française, permettant de faire émerger la diversité et les caractéristiques politico-médiatiques des acteurs se revendiquant ou étant qualifiés d’« antisystème ». C’est ce cheminement en deux étapes qui permet enfin de poser l’hypothèse de l’existence d’une « posture antisystème », posture médiatique et communicationnelle partagée par des acteurs très divers, et d’en identifier les caractéristiques.
Qu’est-ce que l’« antisystème » ? Les difficultés d’une approche scientifique
Le terme « antisystème » pose problème : composé du préfixe « anti » qui indique une opposition à « la notion désignée par la base »3, et du nom « système », défini comme un « ensemble de méthodes organisées, de pratiques, de procédés destinés à assurer une fonction définie », il échappe à toute tentative de définition. Sa signification est relative au contexte de son emploi : pour comprendre le sens du terme « antisystème », le destinataire doit savoir à quel « système » se réfère le locuteur.
La première définition du terme « antisystème » que nous avons trouvée en français apparaît dans Le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré (XIXe siècle). Dans ce document, il est défini comme le « système financier opposé au système de Law, dit par excellence le Système ». À cette époque, l’« antisystème » se réfère donc au domaine économique et permet de qualifier un système économique alternatif au système monétaire dominant de l’époque.
L’entrée « antisystème » disparaît ensuite des dictionnaires, pour réapparaitre deux siècles plus tard, dans le Larousse 2017 avec la définition suivante : « Adj. Inv et n.: Se dit de quelqu’un, d’un groupe, d’un parti qui s’oppose au système politique en place, avec ses formations légales et leurs élus professionnels : La montée en puissance des candidats antisystème ». Ainsi, l’« antisystème politique » du XXIe siècle n’a plus grand-chose à voir avec l’ « antisystème économique » du XIXe.
Ces deux définitions témoignent de l’instabilité sémantique du terme et de la difficulté à le définir en dehors du cadre qui détermine son contexte d’utilisation. Il existe en effet un grand nombre de « systèmes » qui régissent l’activité politique, économique ou sociale au sein d’une nation ou d’un groupe de pays. Le terme de « système » peut être employé en référence à un système économique4 (libéral, bancaire, capitaliste, fiscal, etc.), ou à un système politique (démocratique, électoral, féodal, socialiste, communiste) et social5 (patriarcal, judiciaire, etc.). La signification accordée au terme « antisystème » dépend donc de ce qui sera communément entendu comme étant le « système ».
Nous sommes ainsi en présence d’un terme conjoncturel : parler d’« antisystème » présuppose l’existence d’un « système » identifié et identifiable. De manière à avoir une vision théorique des différentes formes que peut revêtir l’« antisystème », nous avons choisi d’observer à présent la manière dont les sciences sociales ont abordé cette question.
De façon surprenante, nous n’avons trouvé aucune étude proposant une conceptualisation de l’« antisystème » inscrite dans la discipline des sciences de l’information et de la communication6. Si le terme apparaît dans plusieurs travaux, il n’est jamais questionné en profondeur. Il l’est, en revanche, au sein de travaux en science politique qui proposent de l’étudier dans son rapport avec, d’une part, le pouvoir étatique établi, d’autre part, le fonctionnement du système de partis. Nous verrons néanmoins que l’approche en science politique, si elle tente de poser un cadre théorique à l’étude des partis « antisystème », semble échouer à en faire une catégorie pertinente à l’analyse scientifique des revendications « antisystème » actuelles.
Le politologue italien Giovanni Sartori, dans son étude des systèmes de partis (Sartori, 1976 ; Sani et Sartori, 1983), utilise le terme « anti system » pour qualifier les partis qui ne reconnaissent pas la légitimité du pouvoir en place (Abedi, 2003). La notion de « parti antisystème » a ainsi été définie par le chercheur italien en 1976 comme un parti qui « mine la légitimité du régime contre lequel il se dresse »7. À cette époque, le terme apparait également chez d’autres auteurs utilisant alors la catégorie « antisystème » pour décrire certains types de partis qui ont pour objectif de renverser le régime démocratique et les valeurs qui lui sont liées, tels que les partis fascistes, nazis et communistes.
Ilana Kaufman, dans une étude des partis arabo-palestiniens en Israël, dresse une revue de littérature des travaux consacrés aux « partis anti-système ». Elle souligne ainsi que, depuis les premières études réalisées par Giovanni Sartori dans les années soixante-dix, les critères de l’« anti-systèmité » d’un parti ont évolué. « La rupture conceptuelle au sein de la recherche, nous dit-elle, a été de concevoir l’“anti systémité ” comme un attribut relationnel » (Kaufman, 2011 : 29). En effet, cette dernière dépend du point de vue de chacun des acteurs, et non plus d’une opposition stricte au régime démocratique :
« [Pour] l’État ou les partis en compétition pour le pouvoir – certains partis sont vus comme subversifs et anti-système ; du point de vue des partis en question, les tentatives visant à contrecarrer leurs actions sont appréhendées comme des moyens illégitimes et antilibéraux dont le but est de réduire au silence une opposition et une participation politique légitimes. » (Kaufman, 2011, p. 29)
Cette idée de « rupture conceptuelle » se retrouve dans les travaux de Giovanni Capoccia ; s’inspirant de la définition de Stratori, il propose une distinction entre l’« antisystémie relationnelle » et l’« antisystémie idéologique » (anti-démocratique) d’un parti (Capoccia, 2002, p. 10 11). L’enjeu principal de cette distinction est, pour lui, de clarifier l’emploi de la qualification « anti-système » au sein de la littérature scientifique. Un parti « anti-système » n’aura pas les mêmes caractéristiques en fonction du cadre au sein duquel il est étudié. Sa signification change selon que l’on se place dans la perspective d’une analyse des systèmes de parti ou dans celle d’une analyse empirique des aspects plus généraux de la vie des régimes démocratiques :
« L’anti-systémie, en fait, est un concept qui a souffert d’un « étirement » considérable (Sartori, 1970a), notamment en raison de son application indifférenciée dans deux domaines d’analyse distincts : l’étude des systèmes de partis, d’une part et l’analyse empirique des aspects plus larges de la vie des régimes démocratiques, d’autre part. Je soutiens que le concept d’anti-systémicité, appliqué aux partis, fait référence à des réalités différentes se chevauchant partiellement dans les deux domaines. Dans l’analyse du système des partis, le concept s’oriente vers la différence idéologique d’un ou de plusieurs partis dans le système, tandis que dans l’analyse plus générale des régimes démocratiques, la référence principale est le caractère idéologique inhérent au parti ». (Capoccia, 2002, p. 10, notre traduction)
L’auteur rappelle que le concept d’« anti-système » a été utilisé par différents auteurs pour définir des partis ou des groupes divers qui pouvaient aussi bien se caractériser par leurs idéaux non- démocratiques, que par le fait qu’ils étaient plus ou moins « isolés » et marginalisés par les autres acteurs du champ politique. Giovanni Capoccia exprime ainsi le problème conjoncturel que nous avons déjà évoqué en précisant qu’il est nécessaire de définir le cadre d’analyse – c’est-à-dire de définir le « système » contre lequel s’oppose un parti dit « antisystème » – lorsqu’on étudie ce phénomène en science politique (Capoccia, 2002, p. 19).
Capoccia propose une typologie permettant de cerner au mieux les significations données au terme. Il explique que, dans le cadre de l’analyse des systèmes de parti, « l’antisystème » est « relationnel » dans la mesure où le parti dit « antisystème » l’est vis-à-vis des autres partis qui dominent le champ politique en question. En d’autres termes, lorsqu’il conserve une grande distance envers les autres partis sur le plan idéologique et se caractérise ainsi par une propension à l’isolationnisme. En revanche, dans le cadre d’une analyse de l’idéologie des partis, le « système » se réfère au système démocratique. Dès lors, les partis qui sont qualifiés d’« antisystème » relèvent de ce que le politologue appelle « l’anti-systémie idéologique » : ils ne s’opposent pas uniquement au pouvoir politique en place mais aux valeurs démocratiques.
L’« antisystème idéologique » est donc « anti-démocratique ». Cette conception rejoint les premières théorisations du terme qui permettaient de désigner les partis fascistes ou nazis. Un problème se pose alors à l’utilisation du terme « antisystème ». Selon les approches théoriques, un « parti antisystème » pourra aussi bien, au sein d’un régime démocratique :
- s’opposer au système démocratique lui-même,
- faire figure de dissidence,
- ou avoir un effet polarisant, par rapport aux positions des partis politiques adverses sans pour autant remettre en cause le régime et les valeurs démocratiques.
Ainsi la typologie proposée par Capoccia, qui s’appuie sur l’opposition antisystemness relational / ideological antisystemness, offre la possibilité de clarifier les diverses formes que prennent ces partis politiques sans pour autant proposer une définition stable et constante de l’« antisystème ». Cette étude apporte un éclairage sur les différentes utilisations du syntagme « parti antisystème » au sein de la littérature scientifique et permet de mieux appréhender les diverses approches dans leurs spécificités théoriques et conceptuelles.
Néanmoins, si l’analyse met en avant le fait qu’il n’existe pas une mais plusieurs formes de partis « antisystème », le fait qu’elle s’inscrive strictement dans le cadre de l’analyse du système de partis est regrettable. Cette limitation du cadre de l’analyse – qui aborde l’« antisystème » exclusivement comme une catégorie de partis et non comme une posture politique et médiatique, individuelle ou collective – occulte partiellement la question des pluralités des formes d’« antisystème » et, avec elle, l’analyse de phénomènes sociétaux plus larges. C’est en ce sens qu’une approche communicationnelle de l’« antisystème » est susceptible de renouveler la compréhension de ce terme et de la réalité qu’il désigne. Elle offre la possibilité de ne plus le considérer comme une catégorie politique (dont on a bien vu le manque de pertinence pour désigner des acteurs très différents) ni comme une étiquette transparente, mais comme un processus complexe de mise en scène de soi au travers de discours et de stratégies médiatiques.
Les emplois médiatiques du terme
Nous l’avons vu, il est particulièrement inconfortable de « poser » une définition satisfaisante et générale du terme « antisystème ». Il semble se mouvoir dans une herméneutique insaisissable qui force le lecteur, l’auditeur ou l’allocutaire à en « supposer » le sens. Face à ce flou sémantique et conceptuel, il est intéressant d’observer les divers contextes d’utilisation du terme au sein de la presse nationale française. L’objectif étant, par cette analyse, de constituer une typologie des « antisystème » définissant de ce terme.
Le média d’information peut être défini, à la suite de Maurice Mouillaud, comme un reflet de la société et des pratiques langagières qui s’y développent, un objet à travers lequel « on voit le monde » (Mouillaud, 1968, p. 61-63) ; cette caractéristique se donne à voir par les titres des journaux qui revendiquent souvent leur statut de témoin, d’« observateur » du monde (Le Monde, L’Obs, etc.). Toutefois, les discours d’information ne se contentent pas de décrire le réel, mais ils produisent également la réalité sociale du monde (Charaudeau, 2005 ; Dalibert, 2013). Ainsi, pour rendre compte de la ou des significations politiques et sociales de l’« antisystème », il est nécessaire d’en observer les usages médiatiques, les discours de presse paraissant le lieu idéal pour l’observation de la construction et de l’évolution du sens d’un mot.
Nous avons choisi, dans un premier temps, d’adopter une approche diachronique permettant d’observer l’évolution de l’emploi médiatique du terme et d’avoir une visibilité sur sa fréquence d’utilisation à travers les époques. Dans un second temps, nous avons analysé les spécificités de ces emplois pour en déterminer le contexte d’énonciation et identifier les personnalités ou les collectifs qualifiés d’« antisystème » au sein des discours médiatiques.
Approche méthodologique
de la presse nationale française, comprenant au moins une occurrence du terme « antisystème ». La première à y être référencée date de 1984. Pendant la période allant de 1984 à mai 2017, date de notre recherche, l’outil a fait émerger plus de 1 500 documents. Un travail de tri visant à écarter les documents non pertinents (sommaires de journaux, doublons), a permis de réunir un corpus de 972 articles8, publiés entre l’année 1984 et le mois de mai 2017. Pour l’analyse, nous avons procédé à un dépouillement manuel, relevant dans chacun des articles les occurrences du terme « antisystème », afin d’en déterminer le contexte d’utilisation.
Nous adoptons une démarche « abstractivante » en ce sens que notre analyse se concentre sur le processus de cristallisation de la matière linguistique. Ce que nous cherchons à analyser est la manière dont, à travers les discours de presse, l’« antisystème » s’est construit comme une lexis, ou « une matrice au statut complexe, à mi-chemin entre le notionnel et ce qui est véhiculé par les contraintes lexicales » (Fisher et Verón, 1986, p. 73-74). Nous identifions de quelle manière la modalité énonciative propre aux discours de presse a construit l’« antisystème », en lui donnant un sens en lien avec un contexte particulier, un « réel » caractérisé, sans nous attarder sur la question de l’énonciation. Le terme « antisystème » apparaît en effet, au sein du corpus, aussi bien sous la forme d’un discours direct, lorsqu’il est employé par le journaliste auteur de l’article, que sous la forme du discours rapporté, lorsque les journalistes reprennent les déclarations de personnalités politiques – ou de membres de leur campagne –, de « manifestants » anonymes, ou de spécialistes et universitaires formulant une analyse de l’actualité politique. Ainsi, les acteurs qui émergent de notre étude de corpus ont-ils selon les cas :
- été qualifiés d’« antisystème » par un ou plusieurs journalistes, par une personnalité politique, ou un « représentant » quelconque ;
- choisi de se présenter comme tel, formulant publiquement leur appartenance à cette « catégorie ».
Nous ne rendons pas compte, en détail, de ces différents cas de figure, mais nous évoquerons les cas les plus représentatifs d’auto qualification d’« antisystème », ou, au contraire, de qualification émanant des journalistes à propos de groupes ou de personnalités qui se défendent d’appartenir à cette catégorie d’acteurs. Cette tension entre « qualification médiatique » et « auto-proclamation » est intéressante en ce qu’elle relève déjà d’un enjeu communicationnel autour du terme et de son utilisation.
Pour rendre compte des résultats de ce travail, nous avons réalisé un tableau répertoriant l’ensemble des articles de notre corpus. Les caractéristiques principales que nous avons mises en avant sont d’une part, les personnalités et formations politiques qualifiées d’« antisystème » ou qui revendiquent leur appartenance à cette catégorie, d’autre part, les noms communs auxquels se réfère le terme « antisystème » lorsqu’il est utilisé comme adjectif qualificatif.
Nous présentons les résultats de notre analyse de corpus en proposant, dans un premier temps, une catégorisation des « antisystème » constituée à partir des emplois médiatiques observés dans les articles, puis en cherchant, dans un second temps, à spécifier certaines de ces catégories à la lumière des données recueillies.
Un terme de plus en plus médiatique
L’étude du corpus permet tout d’abord d’observer l’évolution des emplois médiatiques du terme « antisystème » au cours du temps. Il apparaît ainsi que sa fréquence d’utilisation au sein des médias a nettement augmenté depuis les années 80 (voir Figure 1).
Reportées sous forme de graphique, les données extraites mettent en évidence le fait que les usages médiatiques du terme connaissent une nette augmentation en période de campagne électorale. En effet, les périodes 2006-2007, puis 2011-2012, sont caractérisées par des pics d’utilisation accompagnés d’une forte augmentation de la présence du syntagme « candidat antisystème ». Ce premier élément tend à conforter l’hypothèse d’un « antisystème » de posture, qui donne la possibilité aux candidats politiques de se présenter comme le candidat de l’opposition.
Figure 1 : Graphique de l’évolution de la fréquence des emplois du terme « antisystème »
au sein de la presse nationale française entre 1984 et mai 2017
Il convient toutefois de noter que, si l’augmentation de l’usage médiatique du terme « antisystème » est indiscutable au vu des résultats de notre étude, les pics observés lors des événements électoraux restent à contextualiser. Il est en effet logique que la présence de ce terme augmente au cours des périodes électorales car la part d’articles de presse dédiés à la politique connait un accroissement conséquent et systématique à l’approche de ce type d’échéance. Néanmoins, les résultats de ce travail mettent en lumière une augmentation significative de l’usage médiatique du terme « antisystème » depuis les années 80, ainsi qu’une cristallisation de ses emplois autour des périodes électorales.
Par ailleurs, une étude plus fine de cette évolution de l’usage médiatique du terme fait également émerger des pics liés à des polémiques (affaire Dieudonné – 2013-2015) ou des évènements politiques internationaux (Brexit – 2015, élection de Donald Trump – 2016).
Classer les « antisystème » : proposition d’une typologie
La question de l’identité des personnalités et partis qualifiés d’« antisystème » reste à élucider. Le corpus a fait émerger une grande diversité d’acteurs, qualifiés ou auto-proclamés comme « antisystème » au cours de la période étudiée. Ces résultats sont présentés sous forme de graphique, en écartant néanmoins les entités totalisant moins de 5 occurrences dans l’ensemble du corpus (voir Figure 2).
Figure 2 : Graphique représentant les partis, mouvements et personnalités politiques présentés
comme « antisystème » au sein de la presse nationale française entre 1984 et mai 2017
Il apparaît que, d’une part, des entités très hétérogènes (personnalités, mouvements, partis, manifestations citoyennes) se retrouvent sous la bannière de l’« antisystème », et que, d’autre part, certains groupes se distinguent par la fréquence à laquelle ils sont qualifiés comme tels au sein de la presse nationale. Il semble toutefois qu’une tentative de classification d’ordre typologique soit envisageable. En effet, les personnalités, les partis et les mouvements politiques les plus souvent qualifiés d’« antisystème » peuvent être divisés en quatre groupes :
Groupe 1 – L’« antisystème » classique
Ce groupe se compose des partis ou mouvements situés aux « extrêmes » de l’échiquier politique :
- des partis conservateurs ou nationalistes, dont certains sont considérés comme
appartenant à la catégorie politique de l’extrême droite : Front national (FN) et Rassemblement national (RN), UKIP, Tea Party, Aube Dorée, Ligue du Nord ; - des partis anti-libéraux, plutôt considérés comme appartenant à la frange politique de l’extrême gauche : le Mouvement 5 étoiles (M5S), La France insoumise (LFI), Podemos, Syriza ;
- ou les leaders de ces différents partis ou mouvements considérés comme « extrêmes » ou « radicaux », et souvent, nous y reviendrons, « populistes », (Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen, Donald Trump, Pawel Kukiz, Ollanta Humala, Beppe Grillo, Bernie Sanders, Jean-Luc Mélenchon, Alexis Tsipras et Pablo Iglesias).
Cette première catégorie réunit des personnalités et des mouvements et partis politiques qui se positionnent en rupture avec le « système » politique établi en formulant une critique « du système » comprenant souvent un ensemble de systèmes, ou de sous-systèmes inter-reliés : système médiatique, système économique, système politique. Sont ainsi réunis dans ce groupe des entités qualifiées de ou autoproclamées « antisystème », en France, ou « anti-establishment » à l’étranger.
Groupe 2 – L’« antisystème » ponctuel
Ce groupe réunit :
- Les leaders des partis se présentant comme centristes (François Bayrou, Emmanuel Macron) qui affirment vouloir rompre avec le « bipartisme »,
- mais également les personnalités politiques qui ponctuellement se réclament de l’ « antisystème » pour incarner la « rupture » (Nicolas Sarkozy).
Ces « antisystème » peuvent être qualifiés de « ponctuels » en ce qu’ils adoptent ce que nous postulons être une « stratégie antisystème » en période électorale. Ils développent un discours critique vis-à-vis des autres personnalités du champ politique, et parfois également à l’encontre des médias, pour incarner le « candidat de la rupture ». Ils affichent ainsi leur volonté de rompre avec « la vieille politique » dans une intention d’incarner la modernité. Dans cette catégorie, se côtoient ainsi un grand nombre d’acteurs politiques qui adoptent une « posture antisystème » pour critiquer leurs opposants. Il s’agit d’un positionnement stratégique ponctuel lors de campagnes électorales.
Groupe 3 – l’« antisystème » citoyen contestataire
Ce groupe renvoie aux mouvements citoyens qui échappent aux classifications partisanes classiques. Nous avions supposé, avant de procéder à l’étude de corpus, que de nombreux mouvements de ce type (les Indignés, Occupy Wall Street, Nuit debout, ou encore les mouvements du « Printemps arabe ») seraient qualifiés d’« antisystème ». Or, parmi ces différents exemples, seul le mouvement des Indignés est qualifié comme tel au sein de la période étudiée9. Et cette qualification est sujette à la critique : en effet, une analyse plus précise du contexte d’utilisation de la qualification « antisystème » à propos de ces mouvements a révélé une tension autour de ce terme. Alors que les observateurs médiatiques et politiques qualifient volontiers ce mouvement d’« antisystème », certains manifestants interrogés expriment quant à eux leur désaccord, expliquant par exemple : « On n’est pas antisystème. C’est ce système qui est antinous »10. De plus, la quasi-inexistence de qualification « antisystème » concernant les mouvements du « Printemps arabe » soulève la question de savoir pour quelle raison les mouvements liés aux « révolutions arabes », qui, par définition, s’opposent à un système politique dans l’acception large du terme, ne sont pas gratifiés d’une telle appellation. L’« antisystème » ne pourrait se développer, du point de vue des observateurs médiatiques français, que lorsqu’il s’organise à l’encontre d’un régime démocratique. C’est-à-dire, selon la classification de Giovanni Capoccia, soit par le biais d’un « antisystème idéologique » qui porte une volonté anti-démocratique, soit par le biais d’un « antisystème relationnel » qui déstabilise le système partisan en démocratie.
Groupe 4 – L’« antisystème » satellite
Ce dernier groupe renvoie aux personnalités qui ne se revendiquent d’aucun parti et n’ont pas, ou alors ponctuellement, l’ambition d’occuper une fonction politique. Dans le cadre de notre étude, deux personnalités apparaissent principalement : Dieudonné M’Bala M’Bala et Alain Soral.
La différence notable entre les partis et les personnalités des groupes 1 et 2 est que les premiers, les « antisystème » classiques, soutiennent des idées politiques qui ne sont pas, ou peu, représentées par les autres partis. Ils prônent des changements politiques économiques et sociaux radicaux tels que la sortie de l’Union européenne, la fermeture des frontières, l’établissement d’un revenu universel, la création d’assemblées constituantes, etc. Cela n’est pas le cas des personnalités du groupe 2 qui se positionnent en rupture avec le clivage traditionnel entre la gauche et la droite, ou avec ce qu’elles qualifient de « vieille politique », sans revendiquer une volonté de changements sociaux et politiques radicaux.
Enfin, les comportements des personnalités issues de ces deux groupes divergent lors de leur accession au pouvoir. En effet, les personnalités et les leaders des partis du groupe 1, lorsqu’ils accèdent au pouvoir, entretiennent leur positionnement « antisystème », notamment par leurs rapports conflictuels avec les grands médias, par leur rhétorique victimaire et par leur désignation de l’ennemi (L’Union Européenne, la mondialisation, l’Otan, les « étrangers » ou immigrés, etc.)11. En revanche, les personnalités du groupe 2 abandonnent cette posture lorsqu’elles remportent une élection présidentielle (Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron).
Ces éléments posent la question de l’existence d’une « posture antisystème », comme un ensemble de comportements et de stratégies médiatiques par lesquels les acteurs de l’« antisystème », qui divergent sur de nombreux points, se mettent en scène.
Conclusion : une « posture antisystème »
Finalement l’« antisystème » peut être étudié non comme une idéologie ou une catégorie politique mais comme une posture médiatique.
Par le terme de « posture », nous soulignons un positionnement des acteurs qui s’incarne dans l’attitude physique et dans la gestuelle du corps, mais également dans la manière dont ils se donnent à voir par les mots et par le langage. Les travaux d’Alain Viala et de Jérôme Meizoz sur la « posture d’auteur » ont inspiré la proposition de cette expression de « posture antisystème ». La « posture » implique « les conduites non verbales de présentation de soi et l’éthos discursif » (Meizoz, 2004). Elle permet en ce sens de construire et de véhiculer un message, notamment politique. Toujours médiatique, car médiatisée, la posture met également en jeu un récit de soi, un parcours et une identité. Notre approche rejoint, en ce sens, les travaux menés sur « l’ethos de rupture » (Krieg-Planque, 2019 ; Guérin, Charles, Jean-Marc Leblanc, Jordi Pià-Comella et Guillaume Soulez (dir.), 2022).
« L’idée d’une rupture repose la question de la nature même de la présentation de soi, de son inscription dans une continuité temporelle et dans un contexte culturel, et de sa capacité non seulement à changer radicalement l’image du locuteur, mais encore à transformer à travers ce renouvellement les attentes du public, voire les normes et valeurs en place. » (Amossy, 2022)
De même, la « posture » n’est pas liée à la volonté d’un seul acteur : elle découle d’un processus plus complexe, d’une négociation entre la place accordée à cet acteur dans un champ spécifique, et la place que ce dernier se construit. En ce sens, la posture, ici la « posture antisystème », est une co-création entre un acteur présent dans l’espace médiatique, les médias et les autres acteurs du champ au sein duquel il évolue.
Toutefois, la posture telle que nous l’entendons s’étend au-delà de l’ethos et se déploie également par des trajectoires, des usages et des modes de production médiatiques particuliers. L’expression « posture antisystème » renvoie ainsi à un certain type de positionnement médiatique qui résulte d’un ensemble d’éléments discursifs et non-discursifs, allant du langage à la mise en scène de soi, en passant par le choix des formes d’expression et des dispositifs médiatiques utilisés pour diffuser un discours12.
Ainsi, l’étude de la circulation médiatique du terme « antisystème » offre la possibilité d’en déconstruire l’apparente simplicité pour mettre en évidence ses implications politiques et communicationnelles. Le flou sémantique qui fait de l’« antisystème » une notion ambigüe semble comparable à celui qui accompagne la notion de « populisme ». En effet, la définition du « populisme » ne fait pas consensus, aussi bien au sein des discours médiatiques que des discours politiques ou scientifiques. Comme le souligne Alfio Mastropaolo,
« il suffit de quelque vague ressemblance, ou de la récurrence d’un terme, et voilà que l’on saisit l’ccasion d’un fait social singulier pour fabriquer une classe entière de phénomènes. Quand ce n’est pas l’autodéfinition d’un mouvement qui est ensuite appliquée avec désinvolture à d’autres, aussi éloignés soient-ils de l’original. Le cas du populisme est à ce titre exemplaire. » (Mastropaolo, 2001, p. 61)
La réflexion que pose ici Alfio Mastropaolo sur le « populisme » nous semble correspondre aux évolutions constatées de l’utilisation du terme « antisystème » qui s’inscrit dans une forme de désémantisation (Taguieff, 1997, p. 4) notamment due à son « suremploi ». Ces deux termes ont souvent servi à classer « une grande diversité de phénomènes dont le principal point commun était précisément, et paradoxalement, qu’ils étaient difficiles à classer » (Mastropaolo, 2001, p. 62). L’« antisystème », par son caractère conjoncturel, et par la diversité des formes politiques qu’il désigne, n’a pas de définition stable qui puisse en faire une catégorie scientifique pertinente. En conséquence, il semble davantage s’apparenter à une posture politique et médiatique, conjuguant un ensemble d’arguments et de procédés discursifs repérables et identifiables comme tels. Et c’est lorsqu’il fait l’objet d’une théorisation en ce sens que son usage dans les travaux de recherche, en particulier en sciences de l’information et de la communication, conduit à en faire une catégorie analytique propre, sans se faire le relais des phénomènes qu’on prétendrait analyser.
Notes
[1] Nous choisissons d’écrire le terme « antisystème » en un seul mot (et non dans sa forme composée « anti-système ») car c’est sous cette forme qu’il apparaît au sein de notre corpus de presse. Nous le plaçons entre guillemets pour souligner que nous le considérons comme une structure sémantique figée proche de la formule (Krieg-Planque, 2009). Par ailleurs, afin d’éviter toute confusion avec l’idée d’une opposition à une pluralité de « systèmes », nous faisons apparaître le terme sous une forme invariable aussi bien lorsqu’il est employé comme adjectif que dans sa forme nominale. Car le mot « antisystème » est ici la contraction de l’expression « contre le système » et non contre un système particulier et théoriquement défini. Il y a dans cette expression l’idée d’un système dominant, LE système, celui contre lequel il faudrait lutter. L’opposition au « système » est en effet centrale dans la posture des personnalités étudiées qui ne précisent jamais ce qui constitue concrètement ce « système » décrié.
[2] Nous nous inspirons ici de l’une des caractéristiques que donne Thimoté Morton de l’« hyperobjet », Cf. Timothy Morton, « Hyperobjets », Multitudes, vol. 72, no. 3, 2018, pp. 109-116.
[3] Voir la définition du préfixe « anti » sur le site du Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales : https://www.cnrtl.fr/
[4] Coll. Dictionnaire de politique, le présent en question. Larousse, 1976, p. 316-317. Un système économique se définit comme un « mode particulier de réalisation de la production économique et plus généralement d’unification de différents aspects de la vie sociale ».
[5] Coll. Dictionnaire de politique, le présent en question. Larousse, 1976, p. 318-319 : « définit un type de régime politique, et se comprend comme « un ensemble d’éléments en interaction (institutions, organisations, processus politiques qui produisent des décisions et allouent des ressources à l’intérieur des frontières), mais en communication avec l’environnement qui ne peut manquer de les influencer (…) »
[6] À l’exception des récents travaux menés sur « l’ethos de rupture » (voir Krieg-Planque, 2019 ; Guérin, Charles, Jean-Marc Leblanc, Jordi Pià-Comella et Guillaume Soulez (dir.), 2022), nous y reviendrons.
[7] Cité par Antoine Roger dans « Les partis anti-système dans la Roumanie post-communiste », Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol. 31, 2000.
[8] Le Monde, Le Monde diplomatique, Libération, Le Figaro, L’Humanité, La Croix, L’Express, Marianne, Le Nouvel Observateur, Les Échos, Le Point, Le Figaro, La Tribune, Courrier international, AFP (Infos françaises et mondiales).
[9] Il convient de préciser que cette étude de corpus, réalisée en 2017, est antérieure au mouvement des Gilets jaunes.
[10] « Et si tout ça était plutôt bon pour la (vraie) gauche ? », Libération, 27 mai 2011.
[11] Voir par exemple les comportements à l’égard des médias et du « système politique » de Donald Trump, Matéo Salvini (La Ligue du Nord), Luigi Di Maio (le Mouvement 5 étoiles), etc. après leur élection ou leur accession à un gouvernement.
[12] L’étude détaillée de cette « posture antisystème » a fait l’objet d’une autre partie de notre thèse de doctorat, qu’il n’est pas possible de restituer ici en détail, mais qui se trouve être complémentaire, dans la mesure où elle engage une analyse plus fine des modes d’incarnation de cette « posture ».
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Auteure
Lucie Raymond
Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Institut Catholique de Paris, chercheuse à UR «Religion, Culture et Société » (EA 7403) et chercheuse associée au GRIPIC (CELSA, Sorbonne Université).
l.raymond@icp.fr