Le fact-checking en France, une réponse en condensé du journalisme face aux transformations numériques des années 2000 et 2010
Résumé
Cet article interroge la part prise par la pratique professionnelle du fact-checking en France dans les mutations profondes du journalisme contemporain. À partir d’une revue de littérature approfondie, il est ici examiné dans quelle mesure les transformations – techniques, économiques et structurelles – liées au numérique ont été particulièrement incarnées par les cellules de vérification de l’information mises en place par plusieurs médias. Ces dernières se sont appropriées les potentialités offertes par les dispositifs numériques, qu’il s’agisse des outils et compétences, des liens avec les publics, ou encore de la (re)définition de stratégies économiques et réputationnelles, incluant le dilemme des relations avec les géants du numérique.
Mots clés
Vérification de l’information, debunking, fake news, journalisme de données, Les Décodeurs (Le Monde), CheckNews (Libération)
In English
Title
« Fact-checking in France, a condensed response from journalism to the digital transformations of the 2000s and 2010s decades »
Abstract
This article questions the part played by the professional practice of fact-checking in France in the profound changes in contemporary journalism. Based on an in-depth literature review, it examines to what extent the transformations – technical, economic and structural – linked to digital technology have been particularly embodied by the information verification units set up by several media. The latter have appropriated the potential offered by digital devices, whether in terms of tools and skills, links with the public, or even the (re)definition of economic and reputational strategies, including the dilemma of relationships with digital giants.
Keywords
News verification, debunking, fake news, data journalism, Les Décodeurs (daily Le Monde), CheckNews (daily Libération).
En Español
Título
« El fact-checking en Francia, una respuesta condensada ante las transformaciones digitales del periodismo en los años 2000 y 2010 »
Resumen
Este artículo cuestiona el papel desempeñado por la práctica profesional del fact-checking en Francia en un contexto de intensos cambios en el periodismo contemporáneo. A partir de una profunda revisión bibliográfica, se examina aquí en qué medida las transformaciones -técnicas, económicas y estructurales- vinculadas a la tecnología digital han sido particularmente encarnadas por las unidades de verificación de información puestas en marcha por varios medios. Estos últimos se han apropiado del potencial que ofrecen los dispositivos digitales, ya sea en términos de herramientas y habilidades, vínculos con el público, o incluso la (re)definición de estrategias económicas y reputacionales, incluyendo el dilema de las relaciones con los gigantes digitales.
Palabras clave
Verificación de la información, debunking, fake news, periodismo de datos, Les Décodeurs (Le Monde), CheckNews (Libération)
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Nicey Jérémie, , « Le fact-checking en France, une réponse en condensé du journalisme face aux transformations numériques des années 2000 et 2010 », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°23/1, 2022, p.67 à 79, consulté le mercredi 18 décembre 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2022/dossier/05-le-fact-checking-en-france-une-reponse-en-condense-du-journalisme-face-aux-transformations-numeriques-des-annees-2000-et-2010/
Introduction
Apparue en France avec les cellules « Désintox » de Libération (2008) et « Les Décodeurs » du Monde (2009), la spécialisation de vérification de l’information, en particulier des propos des personnalités politiques, fondée sur les faits et dite de fact-checking (Bigot, 2019), ne figurait pas en tant que telle parmi l’arsenal des pionniers du journalisme numérique des années 1990. Or, si les pratiques médiatiques ont été profondément transformées depuis un quart de siècle, cela s’est révélé encore plus vrai à la fin des années 2000 et durant les années 2010 ; nous proposons dans cet article d’examiner dans quelle mesure le fact-checking y a contribué.
Depuis son éclosion en France, cette pratique a connu un profond essor, notamment avec les créations des unités « Le Vrai du Faux » de France Info (2012) ou du « Le Vrai-Faux de l’Info » d’Europe 1 (2012), « L’Œil du 20 heures » de France 2 (2014), « Le Vrai-Faux des Échos » (2016), « Fake Off » du journal 20Minutes (2017), « AFP Factuel » de l’Agence France-Presse (fin 2017) ou, plus récemment, « Les Vérificateurs » de TF1 (2019) et la plateforme « Vrai ou fake » de France Télévisions (2019). En ce début de la décennie 2020, le nombre de médias proposant de tels contenus continue de progresser, aussi bien en France qu’ailleurs dans le monde, dépassant désormais les 300 unités (Stencel et Luther, 2020) ; un tel développement a, plus encore, été constaté lors d’échéances électorales (Nicey et Bigot, 2019) ou lors de crises, qu’elles soient sociales, économiques ou encore sanitaires. La vérification de l’information, consubstantielle au métier de journaliste, n’est pas née avec le numérique. Pourtant, sa légitimité renaissante (Dobbs, 2012 ; Sauvageau et al., 2018) repose sur des modalités, des pratiques et des technicités qui se sont redéfinies et recomposées avec la prégnance de l’information en ligne, particulièrement dans les années 2010. En d’autres termes, alors que la vérification de l’information constitue l’essence du journalisme en tant que champ professionnel, il semble qu’on a assisté à sa « réinvention » (Bigot, 2017), de fait illustrée par les moyens que lui accordent les rédactions, à tout le moins les plus illustres d’entre elles. Ainsi, le relatif succès éditorial du fact-checking semble répondre autant aux évolutions technologiques du journalisme qu’à des choix rédactionnels et à des stratégies organisationnelles. En outre, la pratique des fact-checkers a elle-même en partie muté, exerçant le « debunking » (démontage ou démystification de rumeurs et autres contenus trompeurs en ligne) pour des intérêts divers qu’il convient d’approfondir.
Dès lors, une interrogation s’impose : alors que les mutations liées au numérique ont constitué une sérieuse remise en cause – technique, économique et structurelle – du journalisme contemporain, quel rôle le fact-checking a-t-il joué dans ces adaptations, et avec quelles intentions des rédactions concernées ? Nous proposons ici d’y répondre en procédant à une revue de littérature approfondie sur cette spécialité journalistique, avec l’ambition d’un recul critique sur les connaissances en la matière, françaises et internationales, ces quinze à vingt dernières années. Nous formulons l’hypothèse suivante : alors qu’il faisait, et fait toujours, l’objet de bouleversements profonds et de critiques face à ses faiblesses, le journalisme professionnel s’est, en testant, en accentuant et en promouvant les contenus de vérification de l’information, révélé triplement opportuniste, à savoir sur les plans technique/adaptatif, utilitaire/serviciel et économique/concurrentiel. Nous allons ainsi examiner dans quelle mesure l’essor progressif du fact-checking et ses évolutions en France incarnent autant une synthèse des transformations des rédactions médias ces deux dernières décennies qu’une réponse stratégique aux larges enjeux du numérique : d’abord au niveau des outils et compétences ; puis dans les relations avec les publics ; enfin vis-à-vis d’acteurs économiques puissants pesant de façon ambiguë et croissante sur la profession.
Les pratiques des journalistes fact-checkers : appropriation complète des potentialités numériques
Comme cherche à le montrer le présent dossier, que ce soit structurellement ou conjoncturellement, l’environnement numérique a transformé en vingt-cinq ans les modalités d’exercice du journalisme (Tessier, 2007 ; Degand et Grevisse, 2012 ; Mercier et Pignard Cheynel, 2014 ; Witschge et al., 2016). Or, la pratique spécifique du fact-checking a emprunté plusieurs des potentialités – techniques et éditoriales – offertes par les dispositifs numériques.
Notons en premier lieu l’utilisation des ressources chiffrées et des infographies (y compris dynamiques – non figées comme en presse imprimée) : qu’elle ait concerné des données open source ou issues des institutions et organisations privées (renouvelant par là même la question de la dépendance aux sources : Parasie et Dagiral, 2013), et qu’elle ait traduit visuellement des récits journalistiques avec une certaine efficacité ou qu’elle les ait rendus plus consensuels et moins éditorialisés (Roumanos, 2020), cette utilisation s’est révélée croissante. Il est d’ailleurs notable que plusieurs unités de vérification aient été lancées par une hybridation avec le data journalism ou journalisme de données (Vauchez, 2019).
À l’instar de ce qu’avaient déjà pu observer Chris Paterson et David Domingo (2008) dans leur ethnographie de rédactions une dizaine d’années après leur appropriation du web, nous relevons par ailleurs, pour les unités journalistiques dédiées à la vérification de l’information, une évidente agilité numérique de leurs (jeunes) agents. Ces derniers, depuis les premiers temps du fact-checking, démontrent par exemple plusieurs capacités devenues, depuis, des fondamentaux pour la majorité des journalistes : la mobilisation des réseaux socio-numériques (Mercier et Pignard-Cheynel, 2018) ; l’utilisation d’outils spécifiques en ligne ; une écriture fondée sur l’environnement numérique lui-même, par exemple respectant les stratégies du référencement web (ou SEO – Search Engine Optimisation), soignant l’attractivité de leurs titres jusqu’à créer des techniques langagières qui leur sont spécifiques (Bigot et Nicey, 2021) et permettant des lectures et découvertes de proche en proche, en particulier via l’intégration d’hyperliens, abolissant de fait la linéarité et le cloisonnement des supports médiatiques traditionnels (de Maeyer, 2013) ; ou encore des compétences d’exploration de sources nouvelles et de terrains innovants.
C’est d’ailleurs leur familiarité avec de telles pratiques numériques qui, le plus souvent, a conduit ces jeunes praticiens à leur recrutement comme fact-checkers, comme a pu le montrer notamment Laurent Bigot (2019, p. 69-71). Si, en l’absence d’étude plus précise, il est peu aisé d’établir le commun et le singulier au sein des trajectoires de ces journalistes, on relèvera tout de même plus largement que leurs approches différentes des récits, des temporalités et des sources via le numérique ont justement adapté le travail de vérification des informations traditionnellement existant (a priori et avant publication/diffusion, d’abord en interne aux rédactions) : elles ont précisément généré ledit fact-checking, à savoir la vérification cette fois a posteriori (Bigot, 2019) des déclarations dans l’espace public, c’est-à-dire leur mise à l’épreuve et leur mise à distance (voir infra).
Autre pratique facilitée par le numérique : le travail collaboratif. Les journalistes spécialisés dans la vérification l’ont adopté, voire développé, à différents niveaux. Ce fut le cas entre confrères fact-checkers appartenant à divers médias avec lesquels, rompant les habituels principes de concurrence, ils ont par exemple expérimenté une coalition lors de l’élection présidentielle de 2017 (Smyrnaios, Marty et Chauvet, 2019 ; Nicey et Bigot, 2020). Surtout, est à souligner une autre collaboration : celle avec les publics. Bien plus que le traditionnel courrier des lecteurs, le journalisme des années 2000 a incité ses publics à participer en adressant en ligne leurs éléments ou réflexions concernant l’actualité (Rosen, 2011), promouvant même les contenus générés par l’utilisateur – ou user generated content. Qu’il se soit agi de stimulation des commentaires, par exemple à l’occasion d’événements politiques inattendus (Marty, Pignard-Cheynel et Sebbah, 2016 ; Degand et Simonson, 2012), ou de contributions portant sur un matériau visuel d’actualité, en particulier photographique (Allan, 2017 ; Nicey, 2012), le journalisme participatif s’est répandu par la suite (Singer et al., 2011), selon de multiples modalités qui ont même interrogé l’identité des rédactions professionnelles. En témoigne le statut ambigu des productions, notamment qualifiées de « pro-am » à l’aube des années 2010 (Bruns, 2011). Or pour le fact-checking, particulièrement depuis 2017, ces mécanismes de la participation ont été réactivés par l’appel aux alertes et aux interpellations de ses lecteurs, ce que la transformation en « CheckNews » de la cellule et rubrique initialement intitulée « Désintox » de Libération symbolise le plus parmi les unités françaises (Nicey, 2020) ; son slogan « Le moteur de recherche humain » et la formule « Posez vos questions, nous y répondons » illustrent une telle démarche.
On constate donc avec ces multiples appropriations des potentialités du numérique par les fact-checkers un double phénomène de (dis)continuités. D’une part, ces journalistes spécialisés dans la vérification de l’information ont poursuivi la marche enclenchée vers les technologies digitales par leurs proches aînés depuis le milieu des années 1990 (quel que soit leur champ d’activité – généralistes ou spécialistes d’une thématique). Mais d’autre part, durant les années 2000 et plus encore 2010, ils ont particulièrement saisi les opportunités techniques et adaptatives (pushs sur les réseaux socio-numériques, titres attractifs, maîtrise du référencement, etc.) au point d’intensifier les pratiques numériques et d’en proposer de nouvelles (fouille de données, recherche de sources plus confidentielles, etc.), rompant avec l’exercice du métier tel qu’il était effectué par les collègues et confrères plus anciens. Avec pour conséquence principale et signifiante de ces transformations le positionnement des journalistes eux-mêmes, c’est-à-dire leurs relations vis-à-vis des publics et vis-à-vis du personnel politique, comme nous allons désormais le voir. Il n’est ainsi pas étonnant que les dirigeants de médias aient promu les fact-checkers, indépendamment de leur expertise technique : ils ont trouvé par leur biais un moyen d’améliorer l’image globale de leur média.
Réputation, utilité et lien avec les publics : le fact-checking comme étendard des rédactions
Au-delà de leur appropriation des moyens techniques offerts par le numérique, dont on a pu voir dans quelle mesure ils en ont fait une utilisation cumulative et exacerbée – voire ont contribué à en renforcer la pratique à l’intérieur des rédactions qui les emploient – les fact-checkers se retrouvent investis de diverses missions et rôles qui dépassent le simple cadre d’écriture de l’actualité. En cela toutefois, ils incarnent plusieurs transformations dans les stratégies de communication des médias, durant ce dernier quart de siècle.
Le contexte est, on le sait, celui d’une défiance accrue vis-à-vis des entités professionnelles et établies du journalisme. Du côté des dirigeants des médias et de leurs services de communication, les visées de lutte contre une telle défiance sont donc passées ces dernières années par une valorisation de leur unité de vérification de l’information, pour ceux en possédant une : en l’occurrence en insistant sur la primauté de la factualité et sur l’extrême rigueur concernant les informations collectées ; en soulignant le travail effectué en amont avec (et sur) les sources, et en aval sur les productions diffusées ; en mettant parfois l’accent sur le repère que peuvent constituer leurs productions face aux rumeurs en ligne (voir supra). Ces opérations de communication, qui entrent en réelle résonance avec celles, antérieures, autour du médiateur de la rédaction chargé de gérer et de soigner le « capital journalistique » (Champagne, 2000), sont opérées soit sur l’espace même du média, soit dans des interviews accordées à des confrères spécialisés, soit dans des salons ou débats publics, soit dans des campagnes d’e-mailings de « reconquête et légitimation [s’appuyant sur] le capital symbolique [de la cellule] » (Jaubert et Rivron, 2021). Elles sont le plus souvent destinées à inciter les utilisateurs à s’abonner – puisque l’abonnement s’avère la stratégie économique la plus sûre (voir infra). Dans la même veine, rappelons que les médias dotés d’unité de fact-checking ont mené ces dernières années des opérations de marketing éditorial, destinées à démontrer leurs efforts en matière de transparence (Petters, 2020 ; Nicey et Bigot, 2020). Alors qu’ils le faisaient peu à l’origine quand certaines de ces cellules ou rubriques apparaissaient davantage sous la forme de blog, ils ont désormais compris l’intérêt d’utiliser et de promouvoir le fact checking comme argument de fiabilisation voire de certification de leurs contenus d’actualité, dans leur intégralité. Ce qui est en jeu ici dépasse donc le cadre strict de l’équipe de vérification et de sa notoriété plus ou moins avérée : il s’agit de la réputation de l’ensemble du média. D’une certaine manière, il s’agit même, via l’enquête, de rendre au journalisme ses lettres de noblesse, quitte à frôler une dimension mythifiée : nombreux sont les professionnels du métier à souligner en effet que la définition pure du journalisme doit être traversée par l’investigation et la recherche de la vérité (Marchetti, 2000 ; Kovach et Rosenstiel, 2004 ; Dubied, 2018 ; Plenel, 2021).
Parallèlement, regagner la confiance des publics a passé et passe toujours par la prise en compte des discours critiques vis-à-vis des médias, en particulier ceux d’une trop grande bienveillance, voire d’une connivence (Lévrier, 2016) avec les entités instituées et leurs représentants – que ces derniers soient politiques, économiques ou culturels. On pense ici, par exemple et parmi d’autres, aux reproches formulés à l’égard des journalistes politiques classiques, dans leurs récits des coulisses des stratégies électorales et à la récurrence de la rhétorique du « cynisme politique » (Saitta, 2008, p. 123-124). À ce stade, aucune étude en France n’a fait émerger d’enseignements concernant les pratiques différenciées des fact-checkers en matière de sujets traités ou d’angles, par rapport à leurs collègues traditionnels. En revanche, nous avons pu montrer dans le cadre d’autres travaux que les rédactions de fact-checking proposent à leurs lecteurs « non plus une diction mais une contradiction des propos des gouvernants ou des personnalités, une mise en doute, à tout le moins une mise à distance » (Bigot et Nicey, 2021, p. 155). De « gate keepers » (White, 1950), c’est-à-dire de leur capacité traditionnelle à choisir les sujets d’actualité et à les agencer en déterminant ainsi la teneur du débat public, ils sont passés à une activité de « gate watching » (Bruns, 2005 ; Amazeen et al., 2019). En d’autres termes, ils relèvent ainsi le défi sain et citoyen de « distanciation » (Kovach et Rosenstiel, 2014 ; Kaciaf, 2014 ; Graves et al., 2016). Ce positionnement se traduit par l’utilisation de titres attractifs – lesquels conviennent par ailleurs parfaitement à l’environnement du web (voir supra). De tels titres, par leur caractère explicite (de démenti, tout en restant factuel : « Non, … ») voire corrosif, c’est-à-dire comprenant des qualificatifs peu tendres et empreints de « radicalité » vis-à-vis des politiques et de leurs déclarations erronées ou abusives, sont devenus la « marque de fabrique » du fact-checking, plus encore pour Libération et son unité « Désintox » ; au-delà des pratiques d’écriture, un tel positionnement conduit à une réflexion dans les autres services plus traditionnels, voire à un agacement vis-à-vis de ces jeunes collègues qui, sans l’exprimer pour autant, semblent leur faire la leçon – celle d’une plus grande mise à distance du champ politique (Bigot et Nicey, 2021, p. 156-160).
Dans un mouvement contraire, soulignons un rapprochement avec les publics, à l’image de ce que nous indiquions plus haut concernant la transformation en 2017 de la cellule de vérification de Libération (dès lors renommée « CheckNews »). Ce processus correspond à des visées tantôt commerciales (espoirs de conversions à l’abonnement là encore, voir infra ; mais aussi community management sur les réseaux socio-numériques), tantôt citoyennes : dans ce dernier cas, on relève à la fois la participation des fact checkers aux processus d’éducation aux médias et à l’information, et la production d’articles pédagogiques (qui informent non plus seulement sur les faits mais sur les mécanismes de circulation des nouvelles en ligne, sans se limiter aux publics jeunes ou scolaires). Outre le fait qu’à cette occasion, comme nous avons pu déjà le montrer (Bigot et Nicey, 2021, p. 160-162), les articles mis en ligne ont eu tendance à voir leur calibre s’allonger par rapport aux normes habituelles, particulièrement entre 2015 et 2017 pour les deux rédactions pionnières (« Désintox » de Libération et « Les Décodeurs » du Monde), on retiendra ici en quelque sorte l’intégration par les professionnels concernés de leur utilité au service des publics. En d’autres termes, pour résumer sur ce point, les fact-checkers ont façonné leur production comme relevant d’une activité utilitaire ou servicielle. De surcroît, relevons que si les médias dotés d’une cellule de fact-checking l’ont portée en étendard, c’est aussi que les retours des publics sont généralement positifs vis-à-vis de cette pratique, dans un contexte global marqué, lui, par des bouleversements et des incertitudes – ces dernières ayant été en outre financières pour les médias, comme nous allons désormais le voir.
À la recherche d’un modèle économique : tâtonnements et perspectives vis-à-vis des géants du numérique
En dehors de la numérisation des pratiques professionnelles concrètes au quotidien et en dehors des efforts en direction des publics, dont nous avons pu faire état ci-dessus, le fact-checking a également incarné – et continue d’incarner – les atermoiements des rédactions journalistiques en matière de stratégies économiques. Nous allons ici exposer et examiner plusieurs éléments qui en attestent.
Arrêtons-nous en premier lieu sur les interrogations profondes auxquelles ont été soumis les médias – quel que soit leur support – concernant le modèle économique en ligne le plus adéquat à adopter, dans un cadre dominé par les régimes numériques et dans un contexte devenu hyperconcurrentiel. Comme l’ont souligné plusieurs travaux (Lyubareva et Rochelandet, 2016 ; Sonnac et Gabszewicz, 2013, p. 57-84), la mise en disponibilité des contenus d’actualité sur les espaces numériques a bouleversé les équilibres traditionnels des industries médiatiques et a conduit à opposer deux logiques. D’un côté, on trouve la logique du paywall (ou mur à péage), en d’autres termes le paiement par l’utilisateur, soit via l’abonnement directement imposé (hard paywall), soit via l’achat d’articles à l’unité (formule en réalité peu utilisée, hormis par les professionnels dans leur propre secteur) ou la consultation « offerte » de quelques articles avant abonnement (metered paywall). De l’autre côté, c’est la logique d’accès « gratuit » pour l’utilisateur. Pendant près de vingt ans l’information médiatique professionnelle déployée en ligne a en réalité a été marquée par une troisième logique, mêlant les deux premières, à savoir le modèle freemium. Mais depuis le milieu des années 2010, face à des ressources taries – suite, notamment, à un marché publicitaire en ligne accaparé par des géants, pour la plupart états-uniens (voir infra) – les rédactions médias ont de plus en plus privilégié les contenus payants. Dans ce paysage et au milieu de telles évolutions, le fact checking fait figure d’exception : l’accès gratuit aux contenus de vérification a le plus souvent été privilégié. Outre le levier de réputation qu’ils constituent (voir supra), c’est ici leur utilité et, en quelque sorte, le « service public » (donc démonétisé) qu’ils apportent dans un environnement numérique mêlant informations sérieuses et informations douteuses, qui expliquent ce choix d’un accès non payant. Avec l’espoir, in fine, de convaincre les lecteurs fidèles de ces espaces de finir par s’abonner au média.
Dans un autre registre, les unités de fact-checking ont, comme d’autres équipes, expérimenté les ressorts de la relation complexe avec les plateformes numériques. Les débats, internes et externes aux rédactions, sur les rapports à établir avec les « infomédiaires », en particulier Google, Facebook et Twitter (Rebillard et Smyrnaios, 2010, 2019 ; Sire, 2013 ; Nielsen et Ganter, 2017), continuent d’ailleurs d’animer les esprits : comme nous avons pu le montrer dans d’autres travaux, les divers partenariats noués par les fact checkers avec les géants numériques, certes en bénéficiant au passage des outils techniques de ces derniers (Beers et al., 2020), renforcent en réalité une relation « intégrative et asymétrique » où ces journalistes spécialisés dans la vérification de l’information en ligne servent de caution et apportent à la fois leur réputation et leur expertise (Nicey et Bigot, 2020). Ce, contre rétribution, conduisant même certaines marques médias prestigieuses, parmi lesquelles l’Agence France-Presse (et sa cellule AFP-Factuel, constituée de plus de 100 journalistes dans 80 pays), à considérer qu’elles trouvent là un « relais de croissance » (Schmitt et Madelaine, 2020) – après une dizaine d’années complexes d’accaparation de ses contenus par divers acteurs numériques, notamment Google Actualités, ayant donné lieu à une lutte sur les droits voisins (en France comme en Europe). Toutefois d’autres rédactions, au premier rang desquelles « CheckNews » de Libération, ont au contraire, à la suite de plusieurs réflexions sur de telles (inter-) dépendances et sur les contraintes de tels partenariats, décidé de s’en désengager (Moullot, 2021) – décision dont il faudra suivre si elle fait tache d’huile auprès des unités encore collaboratrices des plateformes.
Les questionnements – passés, récents et à venir – des médias concernant la monétisation de leurs contenus et activités, et des clients ou partenaires à privilégier pour installer un modèle d’affaires pérenne, selon des modalités bien distinctes de ce qu’elles connaissaient traditionnellement avant l’arrivée du numérique, sont donc ressentis et vécus directement par les équipes de fact checking. Si aucune de ces dernières n’est amenée à les résoudre de manière autonome, puisqu’elles appartiennent toutes en France à un média-amiral, elles travaillent en concertation avec leurs directions pour définir les stratégies financières les plus pertinentes, voire les guident quand les opportunités de revenus – et d’image, nous l’avons vu – sont existantes et intéressantes, pour peu qu’elles ne conduisent pas à une dilution des objectifs éditoriaux. En clair, les fact-checkers ont progressivement pris place, pour les médias qui en emploient, au cœur des positionnements économiques et concurrentiels, et il conviendra ainsi de suivre, durant la prochaine décennie voire durant le prochain quart de siècle, dans quelle mesure ces unités de vérification de l’information conservent leur place stratégique dans les orientations des médias concernés, autant que dans les médias qui réfléchissent à en créer, toutes échelles géographiques et toutes thématiques confondues.
Conclusion
Au terme de cette revue critique de la littérature sur les cellules de fact-checking, il convient de retenir que ces dernières se sont retrouvées au croisement des nombreuses mutations vécues par la presse ces vingt-cinq dernières années : d’aucuns admettront même qu’à certains égards elles semblent en être la réponse en condensé – même si nous n’avons nullement cherché ici à en exemplifier la pratique ni les acteurs. En définitive, comme nous avons pu l’examiner, les rédactions journalistiques ayant installé en leur sein des unités de vérification factuelle de l’information ont mis en œuvre un triple opportunisme : un premier en s’appropriant techniquement les potentialités du numérique et en en développant de nouvelles par leur biais ; un deuxième en offrant une place aux publics et à leurs interrogations sur l’actualité, et en ambitionnant d’y répondre, rejoignant dès lors une stratégie de réputation fondée sur les dimensions d’utilité et de service ; un troisième, enfin, en se servant en partie de ces unités comme poissons-pilotes pour exploiter des ressources financières dans un environnement dominé par les plateformes, entreprises à la fois concurrentes et partenaires.
Cette combinaison ou conjonction de transformations médiatiques, avec ses vertus et ses vices comme nous l’avons vu, conduit les professionnels concernés – les fact-checkers – d’une part à défendre leur manière d’enquêter, d’autre part à se voir en partie érigés comme symboles voire comme instruments de réputation, notamment à travers la promotion de leur propre participation à la lutte collective contre les fausses informations (Joux et Pélissier, 2018). Un tel glissement ne laisse pas d’interroger : cela soulève en effet plusieurs enjeux, plusieurs limites et plusieurs risques. Notamment dans les adaptations récentes du fact-checking et dans sa valorisation (Graves et Mantzarlis, 2020), cette fois comme figure ou effigie, voire parangon du journalisme, dans un contexte de troubles de l’information en ligne (Wardle et Derakhshan, 2017).
De fait, le travail, la réputation et la portée relative du fact-checking suscitent des convoitises. D’abord de la part des plateformes, comme on a pu le montrer : en sous-traitantle « nettoyage » de leurs espaces aux fact-checkers, elles ont redéfini les rôles et choix éditoriaux de ces derniers. De même, les velléités des pouvoirs politiques – nationaux et supranationaux – à soutenir les unités de vérification de l’information, ont été constatées, et d’ailleurs rejetées aussi bien par la corporation que par une partie des publics. Pour s’en convaincre, pensons entre autres, durant la première phase de la période de crise sanitaire de la Covid-19, au printemps 2020, à l’exemple du gouvernement français et de sa rubrique web d’agrégation de contenus médias de vérification (« Désinfox Coronavirus », abandonnée après sa puissante dénonciation par la profession), ou à l’Union européenne, à l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et à leurs espaces respectifs dédiés, là aussi, à informer factuellement sur le coronavirus et sur les préconisations médicales le concernant. Notons au passage que cet intérêt renforcé vis-à-vis des productions accessibles des fact checkers s’est produit dans un contexte où la pandémie de Covid-19 a accéléré la numérisation des organisations médiatiques (Newman, 2021).
Or, de telles convoitises dessinent des pistes intéressantes pour de futures recherches sur le sujet. En premier lieu et à un niveau français, il pourrait se révéler fécond d’approfondir les questions de cohérence et d’harmonisation – ou non – des pratiques professionnelles de vérification : une quinzaine d’années après leur apparition dans le paysage national, les fact-checkers ont-ils des intentions, des modalités de production et des trajectoires semblables à celles de leurs aînés ? Et ces éléments sont-ils convergents entre rédactions consœurs ou au contraire soulignent-ils une hétérogénéité destinée à faire du fact-checking un produit distinctif, d’une part entre médias concurrents, d’autre part vis-à-vis d’acteurs non journalistiques cherchant à s’approprier cette pratique voire à l’institutionnaliser ? Analyses de contenus, observations ethnographiques et nouvelles séries d’entretiens semi-directifs permettraient d’y répondre. Enfin, d’un point de vue technique, dans quelle mesure la vérification de l’information sera-t-elle amenée à intégrer les nouvelles expérimentations et potentialités numériques ? S’il a déjà été démontré que le fact-checking automatisé présente autant de promesses que de limites (Graves, 2018), les développements de travaux académiques interrogeant la place de la robotisation, déjà testée dans d’autres activités en journalisme (Dierickx, 2019), voire celle de l’intelligence artificielle (Roy, Brin, Gramaccia, 2021) et de ses défis ultérieurs, seront assurément à suivre durant la prochaine décennie.
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Auteur
Jérémie Nicey
Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Tours et membre de l’unité de recherche PRIM (Pratiques et Ressources de l’Information et des Médiations). De 2018 à 2022, il a coordonné le projet ANR-VIJIE (« Vérification de l’information dans le journalisme, sur internet et dans l’espace public ») portant sur les fausses informations et le défi sociétal qu’elles constituent tant pour les professionnels que pour les publics ordinaires.
jeremie.nicey@univ-tours.fr