Les blogs du Monde, des outils de management non-conventionnel
Résumé
À l’aune d’une baisse d’intérêt des médias pour les blogs, cet article réinterroge les enjeux éditoriaux, socio-professionnels et organisationnels rencontrés par la rédaction du Monde au regard de la liminalité (Turner, 1995) qui caractérise sa plateforme de blogs (Salles, 2010). Cette liminalité a-t-elle favorisé l’émergence de nouvelles productions journalistiques, de nouvelles pratiques et la réorganisation des rédactions ? Par le biais des blogs, ce sont les journalistes, mobilisés de façons plus ou moins objectivées, qui repensent le journalisme à l’heure du numérique. Les blogs se trouvent ainsi mobilisés dans les transformations de l’identité éditoriale du journal, de l’identité professionnelle du journaliste et de l’organisation de l’entreprise de presse, et ce à l’initiative de leurs auteurs journalistes.
Mots clés
Blogs, journalisme, autonomie, management, pratiques.
In English
Title
Le Monde’s blogs, non-conventional management tools
Abstract
In the fall of media blogs’ popularity, this article questions the editorial, socio-professional and organizational challenges met by Le Monde’s newsroom in the light of its liminality (Turner, 1995; Salles, 2010). Does this liminality take part in the advent of new journalistic forms, new practices and the reorganization of the newsroom? Journalists have involved blogs in rethinking the way they produce news in the digital context. Thus, blogs have taken part in the transforming of the media’s editorial identity, the journalist’s professional identity as well as the media’s organization.
Keywords
blogs, journalism, autonomy, management, practices.
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Salles Chloë, «Les blogs du Monde, des outils de management non-conventionnel», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°17/1, 2016, p.63 à 73, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2016/varia/05-blogs-monde-outils-de-management-non-conventionnel/
Introduction : Les blogs du Monde, un espace de liminalité
En 2004, lemonde.fr créé une plateforme de blogs offrant la possibilité à ses journalistes et à ses abonnés de s’y exprimer. Ce sont 761 blogs de journalistes, d’experts, de lecteurs, et « d’académiciens » (dans le cadre du projet Monde Académie) qui sont créés en plus de dix ans. En 2016, les blogs ont été chassés par d’autres tendances poursuivies par le journalisme en ligne, et pour preuves Le Monde supprime son poste d’éditeur de blogs début 2014, et en janvier 2016 le New York Times ferme Bits et City Room, deux blogs ayant précédemment connu une très forte audience allant jusqu’à concurrencer certaines rubriques du journal en ligne (« The New York Times gets rid of Bits as a standalone blog« , Laura Hazard Owen, 10/02/2016, The Nieman Lab).
À l’aune de la baisse d’intérêt des médias pour les blogs, et dans un contexte d’intense diversification de la production d’information (Miège, 2010), cet article propose de réinterroger les enjeux soulevés par les blogs au sein de la rédaction du Monde. La plateforme de blogs paraît avoir ouvert un espace de liminalité au sein du journal, en dehors « des positions assignées par la loi, la coutume, la convention » (Turner, 1969 : 95). Caractérisée par des contenus très variés et variables publiés par divers acteurs aux postures elles-mêmes dynamiques (Salles, 2010), la plateforme de blogs correspond à la définition que Victor Turner dresse des « entités liminales ». Ces dernières sont dotées « d’attributs ambigus et indéterminés qui s’expriment par le biais d’une riche variété de symboles dans les sociétés qui ritualisent les transitions sociales et culturelles » (Turner, 1969 :95). Les transitions que les blogs ont favorisées au sein de l’entreprise de presse s’illustrent dans les formes éditoriales nouvelles et renouvelées, dans les pratiques journalistiques, et jusque dans l’organisation interne du journal. Cela alors même que la plateforme de blogs du Monde ne faisait l’objet d’aucune stratégie spécifique de la part des cadres (Salles, 2010), et a plutôt participé à révéler la posture tactique du journal vis-à-vis des développements sur l’internet, au « coup par coup » (de Certeau, 1990). Ainsi, notre analyse révèle les évolutions éditoriales, socio-professionnelles et organisationnelles au détour desquelles la plateforme de blogs a été mobilisée avec une implication plus ou moins grande des chefs de rédaction ou des cadres dirigeants en fonction des projets. Dès lors, cet article interroge le dispositif technique comme outil de management non-conventionnel ouvrant un espace d’autonomie à des journalistes et d’autres professionnels au sein de l’entreprise de presse.
Notre recherche est basée sur trois monographies réalisées en juin 2015 portant sur des projets du Monde articulés à la plateforme de blogs : Les Décodeurs, Une année en France et Le Monde Académie. Guidées par l’analyse des évolutions éditoriales, socio-professionnelles et organisationnelles accompagnées par les blogs, ces monographies croisent avec la genèse de chacun des projets des entretiens semi-directifs avec six journalistes impliqués (dont un rédacteur en chef et la journaliste précédemment en charge de l’édition de la plateforme de blogs), et l’analyse de leurs identités éditoriales. Cette dernière prend à la fois en considération la forme des blogs, les discours qu’ils produisent, et les discours qui les accompagnent selon la grille proposée par Roselyne Ringoot dans Analyser le discours de Presse (2014).
Cet article vient développer l’hypothèse de Domingo (2008) selon laquelle les blogs serviraient de show case à de potentiels nouveaux genres journalistiques. Cependant il prolonge la problématique de l’activité expérimentale aux pratiques du journaliste et à son statut dans l’entreprise de presse. Il illustre ainsi les capacités de reclassement des journalistes (Pailliart, Salles, Schmitt, 2016) et donc la porosité des frontières (Ruellan, 2007) et l’évolution de l’identité de la profession (Le Cam, 2006 ; Ruellan, 2011 ; Leteinturier, 2013) qui s’opèrent au sein même de l’entreprise de presse.
Dans un premier temps l’article présente les trois projets analysés. Dans un second temps, la liminalité qui caractérise les blogs est interrogée au regard de ces projets, en fonction des évolutions qu’ils ont amorcé en termes de productions éditoriales, de pratiques journalistiques et de l’organisation interne de l’entreprise de presse.
Éléments contextuels : présentation des trois projets analysés
Les Décodeurs, Une année en France, et Le Monde Académie ont été développés par des journalistes aux statuts et parcours variés, motivés par des missions différentes. C’est ainsi que tour à tour, les blogs sont entretenus par des journalistes de la rédaction et des journalistes extérieurs à l’entreprise de presse, spécialistes du web, du papier, de la photographie, de la politique, ainsi que des acteurs non-journalistes.
Les Décodeurs (2009 – aujourd’hui)
Les Décodeurs est un blog crée en 2009 et inspiré « par quelques sites, les Américains Politfact ou Factcheck.org ou par les désormais célèbres Désintox de Libé. » (« Les Décodeurs vont disparaître, info ou intox », 28/02/2014, Les Décodeurs). C’est Nabile Wakim, alors responsable de la cellule politique du Monde.fr, qui le crée avec pour objectif de déceler le vrai du faux dans les discours des politiciens. Progressivement, le blog s’est ouvert à la contribution d’autres journalistes et professionnels du Monde qui souhaitaient participer à ces vérifications, faites à partir de l’initiative des journalistes et des lecteurs. Le blog est en ce sens décrit comme « participatif » par ses créateurs. Le 10 avril 2014, le blog est fermé et la rubrique Les Décodeurs (une sous-rubrique de la rubrique « Politique ») est créée. Les journalistes concernés décrivent alors la création d’une marque (« Les Décodeurs, c’est fini, Place aux décodeurs ! », 7/03/2014, Les Décodeurs). Ils jouissent désormais d’une visibilité importante sur la page d’accueil du monde.fr, par le biais d’un bandeau horizontal qui leur est dédié. En fonction des actualités du moment, ce bandeau se trouve parfois placé jusque sous les actualités chaudes. « La charte des décodeurs » (« La charte des Décodeurs », 10/03/2014, lemonde.fr), la seule charte spécifique à une rubrique dans le journal, explique les missions de « la marque » : donner le contexte aux faits, vérifier les informations et déclarations publiques, raconter l’information autrement que par le texte, traiter l’information en fonctions de ses données, mentionner leurs sources, la mise à jour constante de l’information, le partage des informations, leur publication sur les réseaux sociaux, et la relation avec les lecteurs. Au moment de notre analyse, huit journalistes travaillaient pour les Décodeurs : trois rédacteurs dont le coordinateur, deux datajournalistes, deux infographistes et un « éditeur de réseaux sociaux »(1) (« L’équipe des Décodeurs », 10/03/2014, lemonde.fr). Et en prévision des présidentielles françaises de 2017, l’équipe recrutait un journaliste codeur en septembre 2016.
Une année en France (2011-2013)
Sous la houlette de la rédaction en chef, Une Année en France a été créé en juin 2011 inspiré par deux blogs à succès créés en 2010 : les journalistes Aline Leclerc et Antonin Sabot ont couvert la vie en banlieue et à la campagne pour leurs blogs respectifs La Courneuve, Urbains sensibles et Mézère, la récolte d’après. Une année en France proposait pour contrat de lecture de « raconter le pays et ses habitants » (« Une année en France, la fin et la suite », 29/06/2012, Erik Israelewicz, lemonde.fr) durant l’année précédant la présidentielle française de 2012. « Le principe : envoyer en immersion huit journalistes (et deux photographes volant d’un blog à l’autre) dans autant de communes de France, grandes ou petites. La manière, ensuite : donner à lire et à voir sans coller à une actualité particulière, écouter sans toujours poser toutes les questions. Le but, enfin : réaliser une photographie du pays à « hauteur d’homme », dans cette période toujours révélatrice d’une nation qu’est une élection présidentielle. » (« Une année en France, la fin et la suite », Erik Israelewicz, 29/06/2012, lemonde.fr). La moitié des journalistes provenaient de la rédaction papier, l’autre moitié du web, et les photographes étaient free-lance. Lors d’un entretien (3/06/2015), l’un des journalistes du projet nous a expliqué que les journalistes de l’équipe communiquaient beaucoup entre eux sur leurs choix de sujets, d’angles et de photos, et proposaient parfois des articles co-signés. Ces derniers paraissaient dans le blog, mais ils jouissaient parfois d’une bonne visibilité sur la page d’accueil, voire étaient publiés dans le journal papier. Au terme d’une première saison, le succès de ce blog lui a valu deux publications sous formes d’ouvrage et de webdocumentaire. L’opération a été renouvelée, mais la deuxième année d’existence n’a pas eu le succès de la première, décrite comme telle par Erik Izraelewicz, directeur de la rédaction à l’époque: « Rarement aventure journalistique association les rédactions « web » et « papier » du Monde aura engendré autant d’enthousiasme, à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison » (« Une année en France, la fin et la suite », Erik Israelewicz, 29/06/2012, lemonde.fr).
Le Monde Académie (2012-aujourd’hui)
En 2012, Serge Michel et Florence Aubenas créent Le Monde Académie, un projet sponsorisé par Google et EDF, visant à favoriser la diversité des journalistes et des contenus du journal : « Afin que la presse ressemble un peu plus aux personnes dont elle parle et auxquelles elle s’adresse, nous accueillons, depuis 2012, au sein de la rédaction, des jeunes de 18 ans à 25 ans, d’horizons aussi divers que possible […] ne sortant pas seulement d’écoles de journalisme, qui viennent de province… Des profils qui estiment d’habitude que la presse n’est pas un métier pour eux » (« Le Monde Académie, c’est reparti ! », Séverin Graveleau, 15/02/2016, lemonde.fr). Les deux fondateurs du projet sont des journalistes reconnus. Serge July est le créateur du Bondy Blog, un média en ligne fondé en 2005 à la suite des émeutes des banlieues. Son objectif était de donner de la visibilité aux populations généralement peu présentes dans les médias. Florence Aubenas, quant à elle, est grand reporter connue notamment pour sa couverture de zones de conflits et ses travaux réalisés en immersion. Les deux premières saisons du Monde Académie comptaient une soixantaine de candidats. La consigne donnée à ces derniers était d’alimenter leur blog pendant une année, chacun guidé par un journaliste de la rédaction. Les trois lauréats de la saison ont chacun été récompensés par un CDD d’un an au Monde. Après un an d’arrêt, le Monde Académie a redémarré en février 2016 avec seulement vingt-cinq candidats sélectionnés selon des compétences plus précises : l’écriture, la vidéo, le graphisme, l’infographisme et le code informatique (« Le Monde lance la troisième saison du Monde Académie », 16/02/2016, lemonde.fr).
Chacun de ces projets articulés avec la rubrique Blogs du monde.fr a donné lieu à des évolutions au sein des deux rédactions du Monde et du monde.fr.
Une liminalité au service d’expérimentations
La plateforme de blogs du Monde est caractérisée par la diversité et la dynamique des productions, des pratiques et des acteurs qui l’animent. Le caractère liminal de la plateforme de blogs, contrainte seulement par la charte des blogs (calquée sur la charte des droits et devoirs des journalistes du SNJ, 1918, 1938, 2011) et les limites du dispositif technique, est ce qui permet l’expérimentation de nouvelles formes de l’information en dehors de tensions liées aux injonctions des cadres sur les transformations du journal. « Lorsque les blogs ont été introduits au Monde, les relations entre les journalistes du papier et ceux du web étaient compliquées. Les blogs ont offert un espace à tous en ligne. » (entretien, 2/06/2015). Les propos du rédacteur en chef décrivent un espace en ligne en dehors du fonctionnement des rédactions web et papier.
Expérimentations éditoriales
Dans les entretiens, la plateforme de blogs est décrite comme permettant de contourner des contraintes techniques, administratives et des politiques éditoriales. Cela se manifeste d’abord par la possibilité de publier depuis l’extérieur des locaux du Monde. Jusqu’à l’été 2015, le Content Management System (CMS) n’était pas accessible en dehors des locaux du journal alors que les blogs l’étaient. Ceci s’est avéré profitable pour Une Année en France et Le Monde Académie, puisque les journalistes, photographes et académiciens en correspondance dans différentes villes de France pouvaient publier leurs productions sur le blog et donc sur le site du monde.fr depuis le terrain. Certains rubricards, soit des journalistes ayant affirmé leur légitimité au Monde par la spécialisation dans une rubrique, telle Pascale Robert-Diard chroniqueuse judiciaire, se sont mis à publier sur le site depuis le terrain et donc avant leur retour à la rédaction. Pour les journalistes de ces blogs, ceci a participé à modifier le circuit de l’information vers une logique de « digital first » (pour le web avant le papier) plutôt que pour le papier d’abord, et ce sans que cela soit une injonction provenant de leurs cadres.
Une Année en France a incité les journalistes du projet, travaillant conjointement avec des photographes, à expérimenter avec l’image. Aussi, les journalistes se sont familiarisés à l’illustration de leurs propres articles, une pratique de cumul d’activités courante dans l’écriture pour le web, alors que le choix des photos était précédemment réservé aux secrétaires de rédaction. L’un des journalistes interviewés décrit cette pratique comme l’ayant encouragé à interroger la place donnée à la photographie dans l’illustration des articles. En a découlé une place accrue pour la photographie dans ce projet, notamment par le biais de diaporamas, la production d’un webdocumentaire et la publication d’un ouvrage.
Samuel Laurent, responsable de la rubrique des Décodeurs, décrit aussi l’opportunité de « contournement » dont ont relevé les blogs : « [ils] servaient à contourner les enjeux techniques sans être alourdis par les procédures techniques ou administratives. » (Samuel Laurent, Les Décodeurs, Le Monde, 2/06/2015). Cette souplesse a permis à son équipe d’expérimenter avec différents formats : graphiques, tableaux, illustrations animées, GIFs, une diversité aujourd’hui caractéristique de l’identité éditoriale de leur blog. « Le texte n’est qu’une option pour raconter l’information. Si un graphique explique mieux un sujet qu’un texte, nous choisirons le graphique. Les informations peuvent souvent être racontées en graphes, en données ou en vidéo » (La Charte des Décodeurs, 10/03/2014). Peu de temps après que le blog des Décodeurs ait fermé en 2014 pour rouvrir sous forme de rubrique, un nouveau blog a été ouvert au sein de cette dernière. Selon Samuel Laurent, lors de notre entretien, ce blog a permis de poursuivre les tests de la forme, mais aussi de ton et d’angles, contournant ainsi les politiques éditoriales du journal.
Pour d’autres journalistes, le contournement des politiques éditoriales a permis le renouvellement de certaines spécialités. Dans une vidéo du Monde diffusée à l’occasion des vingt ans du site en décembre 2015, Pascale Robert-Diard, rubricarde spécialisée dans la justice, décrit les blogs comme « un détour qui a permis de renouveler une très vieille pratique du journal qui est la chronique judiciaire, […] l’une des plus grandes traditions de la presse écrite » (« 20 ans du Monde : les blogs font leur apparition sur le site », Pascal Robert-Diard, Josefa Lopez, lemonde.fr, 20/12/2015). Selon la journaliste, l’absence de limitations dans la longueur des textes, conjuguée à leur succès, a permis de réassurer la place de cette rubrique dans les publications du journal, qu’elles soient en ligne ou sur support papier.
Le Monde Académie s’est emparé des blogs pour contourner les normes éditoriales et les procédures techniques et administratives liées à la publication sur le site, et ce au profit d’une mission annoncée : diversifier Le Monde. « Tous les types de reportages sont les bienvenus : webdocs, Internet, séries de photos légendée, reportages vidéo, BD-reportages et, bien sûr, des textes. Quant aux sujets, c’est la grande inconnue et aussi ce qui nous rend impatients : de quoi les jeunes de 18 à 25 ans ont-ils envie d’entendre parler en termes d’information ? » (« Tout ce que vous voulez savoir sur le Monde Académie », lemonde.fr, 6/07/2012). Explicitement utilisée comme « brouillon » de nouveaux formats en marge de la rédaction du Monde, le caractère liminal de la plateforme de blogs est institutionnalisé dans le cadre du Monde Académie.
Ces exemples montrent que la plateforme de blogs participe à l’évolution de l’identité éditoriale du journal en termes d’identité graphique, de hiérarchie de l’information, et de genres favorisés. Suite à leur succès auprès des journalistes concernés qui se sont davantage investis dans les projet, mais aussi suite à leur succès d’audience, ces expérimentations entreprises au sein des blogs ont été légitimées par leur intégration dans les logiques de production de la rédaction : davantage de place a été donnée à la photographie (notamment par la multiplication de diaporamas pour illustrer certaines actualités) ; certaines rubriques ont pu réacquérir de la place dans le journal ; et les genres spécifiques aux Décodeurs ont été institutionnalisés au sein de l’offre éditoriale du journal par la transformation du blog en rubrique.
Pratiques nouvelles et renouvelées
L’expérimentation de l’offre éditoriale du Monde, au sein des blogs, participe à faire émerger de nouvelles pratiques journalistiques et d’en renouveler d’autres.
Selon l’un des rédacteurs en chef du monde.fr (entretien, 4/06/2015, Le Monde), les blogs ont favorisé, sans qu’ils n’aient été envisagé pour cela, l’introduction de journalistes aux pratiques de production pour le web (en juillet 2016, lemonde.fr compte 119 blogs de journalistes, actifs et non-actifs confondus) : l’utilisation d’un back-office, l’introduction de liens à un article, la publication, l’illustration (le choix de la photo, son redimensionnement, etc.). Et inversement, Une Année en France a aussi été l’occasion pour certains journalistes web, habitués du desk (soit à la recherche et la production journalistique depuis les locaux du journal), de rencontrer le terrain nécessaire au reportage et à l’immersion, renouvelant ainsi la présence de ces genres au sein du journal.
La charte des Décodeurs énonce des pratiques journalistiques confortées: « Certains des points énoncés ci-dessous paraîtront évidents ; ce sont les fondamentaux du métier de journaliste. D’autres en revanche sont plus spécifiques » (La Charte des Décodeurs, 10/03/2014). Ces étapes énoncées par Les Décodeurs comme « fondamentales » dans la production journalistique, et qui sont habituellement invisibles aux lecteurs, telles la recherche documentaire et la vérification de l’information, sont inscrites dans la charte de déontologie professionnelle des journalistes (« Charte d’éthique professionnelle des journalistes », Syndical National des journalistes, 1918/38/2011). Dans le cadre du blog ces pratiques sont relégitimées par leur érection en genres journalistiques avec les dénominations « fact-checking », dont la traduction littérale est « vérification de faits », et « curation », soit recherche et veille d’information.
Le Monde Académie mobilise les blogs avec l’intention explicite de tester de nouvelles pratiques journalistiques. C’est ainsi que la troisième saison du Monde Académie, lancée en février 2016 avec un effectif réduit à vingt-cinq académiciens, requérait des candidats aux compétences dans les cinq domaines suivants : écriture, vidéo, code, graphisme, infographie. Dans un entretien publié dans Le Monde, Florence Aubenas précise que « cela va aussi permettre de fabriquer des objets journalistiques différents et innovants » (« Le Monde Académie, c’est reparti », Séverin Graveleau, 15/02/2016). Le Monde Académie s’affirme ainsi clairement comme un laboratoire de nouvelles compétences, pratiques et configurations d’équipes journalistiques au sein des blogs, soit en dehors des rédactions du journal.
D’autres pratiques légitimées par le biais des blogs ne sont pas nouvelles. C’est le cas du « data-journalisme » dont les pratiques remontent au « computer-assisted reporting » dans les années 70 (Parasie et Dagiral, 2013), et que les Décodeurs ont fait leur au sein du Monde. « Le datajournalisme – le traitement et la mise en forme et en scène de données – constitue l’un des axes que nous privilégions pour traiter l’information » (« La charte des Décodeurs », lemonde.fr, 10/03/2014). L’analyse de donnée investie par les Décodeurs n’est pas seulement un exemple de l’intensification de certaines pratiques au sein du journal, il est également révélateur du glissement des compétences qui s’effectue d’autres métiers vers le journalisme. C’est ainsi que le blog, puis la rubrique, réunissent des compétences de graphisme, d’infographisme, d’analyse de données, et de communication au sein de leur équipe rédactionnelle. A « l’éditeur de réseaux sociaux » est reconnue une spécialité dont la légitimité journalistique a été affirmée par la création d’un service de trois personnes dont l’une est rédacteur en chef du monde.fr. Les missions(2) de ces éditeurs sont de communiquer directement avec les lecteurs, publier les articles du journal sur les réseaux sociaux accompagnés d’un texte de présentation adapté à la plateforme, utiliser des outils permettant la mesure de l’audience d’un article, former les autres journalistes à l’utilisation des réseaux sociaux. Et si ces missions relèvent de la communication, voire du bench-marking, l’éditeur de réseaux sociaux précise pourtant : « […] on est journaliste du Monde avant tout. On fait des reportages comme les autres. » (février 2016). La légitimité journalistique des pratiques introduites au sein de la rédaction par les Décodeurs est renforcée par le passage du blog au statut de rubrique d’une part, et par l’énumération des compétences dans la charte de l’équipe d’autre part : explication, analyse de données, data-visualisation, vérification, communication.
Les caractères hétérogène et évolutif des pratiques journalistiques observées illustrent le brouillage et l’atomisation de l’identité professionnelle des journalistes que décrit Christine Leteinturier dans son étude de l’environnement journalistique français (2013 :54). Cette recherche témoigne du déploiement au sein même de la rédaction de motivations personnelles et diverses qui concourent à la collaboration des journalistes avec des acteurs aux statuts professionnels variés, puis à l’intégration de ces derniers dans la rédaction, voir l’absorption de leurs compétences par les journalistes.
Une organisation en mutation
L’émergence et le renouvellement au sein de la rédaction de pratiques testées au sein de la plateforme de blogs se concrétisent par la réorganisation des missions des journalistes, de la gouvernance au sein de la rédaction et de l’articulation des services de l’entreprise de presse.
Les blogs, tel Une Année en France, ont permis l’introduction sinon la reconversion de certains journalistes papier aux pratiques du web sans que cela soit une demande provenant des ressources humaines. Les Décodeurs et le Monde Académie participent également à multiplier et diversifier les pratiques des journalistes (analyse de données, animation de communauté, etc.). L’évolution des compétences qu’entrainent ces productions originales interroge la configuration des équipes, elle aussi testée au détour des blogs : les binômes journaliste – photographe (Une Année en France); l’équipe journaliste – datajournaliste – graphiste – éditeur de réseaux sociaux (Les Décodeurs, Le Monde Académie) ; ou encore l’introduction de compétences vidéo au sein de la rédaction (Le Monde Académie). La légitimité de certaines collaborations a été assise par la création d’une rubrique pour Les Décodeurs en 2014 et la création d’un service au sein de la rédaction, tel que pour la vidéo en janvier 2014.
L’implication de la direction dans les statuts managériaux acquis par certains des journalistes impliqués dans ces blogs est variable en fonction des projets. Dans le cas des Décodeurs, l’initiative provient essentiellement des motivations personnelles de ces derniers et non d’injonctions de la direction. On constate alors un espace d’autonomie créé par les journalistes à partir de leurs propres affinités. Ainsi les journalistes en charge du blog ont progressivement réuni de nouvelles compétences à partir des parcours et affinités de chacun, et en recherchant la collaboration avec des acteurs dédiés à d’autres services de l’entreprise de presse (tels que les graphistes ou l’éditeur de réseaux sociaux). Les reconversions initiées dans le cadre de ce projet ont eu lieu de façon progressive à l’échelle du blog d’abord, et donc à l’initiative même des acteurs concernés, avant de s’épanouir au sein de la rédaction sous l’auspice des cadres.
Lors de la troisième saison du Monde Académie, le projet est moins focalisé sur les origines sociales que sur des compétences précises, extra-journalistiques. L’ambition du projet de se constituer en laboratoire de nouvelles pratiques, avec une ouverture vers l’extérieur de l’entreprise de presse, est clairement exprimée. Il s’agit de s’imprégner de l’originalité et de la créativité des candidats à l’aune des réorganisations affectées à l’entreprise de presse par les cadres. Dans un entretien publié sur Le Monde, Florence Aubenas, grand reporter en charge du projet, explique qu’il « n’a pas toujours été facile d’intégrer ces profils atypiques. Ce n’est pas toujours évident pour les jeunes journalistes de la rédaction, formés en école après cinq ou sept années d’études, de voir débarquer un jeune de 18 ans ou 20 ans, qui a besoin d’un encadrement un peu plus important ». Pour cette nouvelle saison, « nous espérons que cette ouverture va « décomplexer » les gens, permettre de croiser encore davantage les profils et les candidats, faciliter leur intégration dans les rédactions. » (« Le Monde Académie, c’est reparti », Séverin Graveleau, 15/02/2016). Le Monde Académie s’improvise ainsi un rôle assumé de ressources humaines, en se donnant pour mission la recherche de profiles « atypiques » (dont les seuls prérequis cités précédemment sont l’écriture, la vidéo, le graphisme, l’infographisme et le code), et leur intégration dans les rédactions du journal.
Cependant, si l’implication de la direction dans les projets du Monde Académie et une Année en France paraît moindre, les journalistes (responsables, et parrains et marraines des académiciens) n’ont pas bénéficié d’un aménagement des services dans le premier cas, et une grande liberté éditoriale a été laissée aux journalistes dans le second cas, elle est toutefois identifiable dans la posture de « bon employé » (Demers, 1989) endossée par les acteurs de ces blogs. François Demers observe ce modèle de « bon employé » dans la réduction de l’autonomie des journalistes dans les rédactions au Québec. En effet, dans un contexte de crises économique et politique (suite au référendum québécois de 1980) au début des années quatre-vingt, les journalistes ont endossé une responsabilité entrepreneuriale dans le souci de la réussite de leur entreprise, compromettant ainsi la liberté intellectuelle qu’il leur était incombée d’entretenir de façon autonome dans le contrat les liant à leur journal (Demers, 1989).
Une Année en France a été inspiré par des initiatives individuelles et isolées dans l’entreprise de presse, mais même si la conduite expérimentale du projet a laissé une grande liberté éditoriale, il a en amont fait l’objet d’une organisation décidée par la direction, et en aval été félicité par cette même direction pour « l’enthousiasme [suscité] à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison » (« Une année en France, la fin et la suite », Erik Israelewicz, 29/06/2012, lemonde.fr). L’autonomie complète des journalistes investis dans ce projet est ainsi discutable, le succès du blog étant non seulement évalué en fonction de l’audience, mais aussi au regard des coopérations créées au sein de l’entreprise de presse, donc au regard du bon fonctionnement de cette dernière. Quant au Monde Académie, il a dès son lancement été sponsorisé par Google et EDF. Si l’initiative est impulsée par les expériences et motivations propres à ses deux instigateurs, elle apparaît toutefois répondre à une responsabilité entrepreneuriale qui n’est pas traditionnellement celle des journalistes : renouveler des compétences dans l’entreprise de presse afin d’en assurer la bonne santé. En outre, le projet est sponsorisé par deux entreprises privées dont l’une, Google, impose toujours davantage son autorité à l’industrie des médias en définissant les contraintes de leur visibilité en ligne (Smyrnaios, Rebillard, 2011).
Ces exemples montrent comment la réflexion sur la relation d’emploi (Renoux 2011) peut être amorcée par les journalistes eux-mêmes. Ils viennent réinterroger la perte d’autonomie des journalistes qui se prononcerait progressivement face aux consultants (Marie Brandewinder, 2009). La reconversion des journalistes et des autres professionnels investis dans ces blogs s’est parfois faite à partir de leurs propres initiatives et affinités originales et créatives dans les formats et les configurations d’équipe produites, avant d’être reconnues par les décideurs (rédacteurs en chef et cadres dirigeants).
Conclusion : la plateforme de blogs, outil de management non-conventionnel
Les blogs ne sont pas désignés comme le cœur ou la condition des évolutions de l’organisation interne des journaux. Mais ils se révèlent toutefois un outil de management non-conventionnel, parfois en dehors des circuits bureaucratiques de l’entreprise de presse, parfois en dedans des protocoles entrepreneuriaux mais de façon indirecte. Par le biais des blogs, ce sont les journalistes, mobilisés de façons plus ou moins objectivées, qui repensent le journalisme à l’heure numérique : les compétences requises, les acteurs qui les endossent, et l’articulation de ceux-ci dans et en dehors des locaux de la rédaction. Les blogs se trouvent ainsi mobilisés dans les transformations de l’identité éditoriale du journal, de l’identité professionnelle du journaliste et de l’organisation de l’entreprise de presse.
Cet article expose la porosité des frontières de la profession journalistique au sein même de l’entreprise de presse. Les bricolages (De Certeau, 1990) entrepris dans la plateforme de blogs peuvent faire évoluer la carrière de leurs auteurs : de journaliste web à celui de journaliste politique, de journaliste rubricard reconnu sur le papier à celui d’un journaliste suivi sur les réseaux sociaux, de graphiste ou d’ingénieur informatique à journaliste, etc. Par le biais de ces expérimentations, certains journalistes sont susceptibles d’acquérir du pouvoir. Plutôt que de provenir des instances décisionnelles de l’entreprise seulement, la recherche d’audience qui s’est traduite par la multiplication de nouvelles formules dans la presse depuis les années 1990, souvent orchestrée par des consultants (Cabrolié, 2012), est ici entre les mains de quelques journalistes guidés par des ambitions diverses. L’autonomie de certains « bon employés » (Demers, 1989) est à remettre en cause selon le cadre entrepreneurial dans lequel se déploie leur projet. Pour d’autres, le blog reste un espace de liberté et d’indépendance au sein duquel tester ce qui leur semble être le « bon journalisme ». Ils affirment ainsi une part d’autonomie au sein même de l’entreprise de presse qui les emploie, et tour à tour « bon employé » et « bon journaliste, ils révèlent le caractère stratège qui les caractérise (Pailliart, Salles, Schmitt, 2016).
Notes
(1) Au Monde, le community manager est appelé « éditeur de réseaux sociaux » afin de distancier de la communication et de rapprocher de l’information d’actualité les pratiques de ce professionnel.
(2) En février 2016, Mégane Guillaume, étudiante en Master journalisme à l’Ecole de Journalisme de Grenoble (EJDG), Université Grenoble-Alpes, a mené des entretiens sur les pratiques des éditeurs de réseaux sociaux de cinq médias de la presse français dans le cadre d’un projet de recherche-action Narrer l’actualité pour mobiles : création journalistique sur les réseaux socionumériques (NaMo).
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Auteur
Chloë Salles
.: Chloë Salles est Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, département journalisme de l’Institut de la Communication et des Médias à l’Université Grenoble-Alpes, France. Elle est membre du laboratoire GRESEC, dans la même université.