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Les rhétoriques de l’information en ligne : l’affaire de la « théorie du genre » à l’école

25 Mai, 2016

Résumé

L’étude s’intéresse aux différentes manières d’informer sur le web. Elle met en perspective les différentes formes d’écriture textuelle, iconique ainsi que les différents usages des dispositifs éditoriaux par les médias dominants et les sites qui prétendent proposer une information alternative. L’analyse porte sur un corpus de publications sur internet concernant la mobilisation de parents craignant l’introduction de « la théorie du genre » dans les écoles en France au début de l’année 2014. L’étude vérifie l’existence de rhétoriques différenciées qui confortent les liens des publics avec leurs sites d’information. Les sites d’information « alternatifs » s’inspirent du modèle de la presse d’opinion alors que les médias dominants privilégient une énonciation en apparence plus « neutre », basée sur l’enquête et l’argumentation.

Mots clés

Information, internet, rhétorique, mobilisation, théorie du genre.

In English

Title

The Rhetoric of Online Information: the Case of « Gender Theory » in School

Abstract

The study looks at different ways of informing on the web. It puts into perspective the various forms of textual and iconic writing, as well as the different uses of editorial features by mainstream media and sites that claim to offer alternative information. The analysis focuses on a corpus of internet publications about the mobilization of parents fearing the introduction of « gender theory » in schools in France at the beginning of 2014. The study verifies the existence of differentiated rhetoric that reinforces the links between publics and their news sites. « Alternative » news sites are inspired by the model of the opinion press while the mainstream media prefer an enunciation apparently more « neutral » based on investigation and argumentation.

Keywords

Information, internet, rhetoric, mobilization, gender theory.

En Español

Título

Retórica de información en línea: el caso de la « teoría de género » en la escuela

Resumen

El estudio analiza las diferentes formas de informar en la web. Se pone en perspectiva las distintas formas de escritura textual, icónico, y también los diferentes usos de los dispositivos editoriales por los principales medios de información y sitios que dicen ofrecer información alternativa. El análisis abarca un corpus de publicaciones en Internet en relación con la movilización de los padres temerosos de la introducción de la  » teoría de género  » en las escuelas en Francia a principios de 2014. El estudio averigua la existencia de retóricas diferenciadas que refuerzan los vínculos entre los usuarios y sus sitios de información. Los sitios « alternativos » de noticias se inspiran en el modelo de la prensa de opinión mientras que los principales medios prefieren una enunciación aparentemente más « neutral », basado en la investigación y la argumentación.

Palabras clave

Información, internet, retórica, movilización, teoría de género.

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Touboul Annelise, «Les rhétoriques de l’information en ligne : l’affaire de la « théorie du genre » à l’école», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°17/3A, , p.225 à 236, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2016/supplement-a/16-rhetoriques-de-linformation-ligne-laffaire-de-theorie-genre-a-lecole/

Introduction

Situation choisie et questionnements

Le 24 janvier 2014, de nombreuses écoles maternelles et primaires de Lyon, Rennes et Strasbourg voient leurs classes désertées par près d’un tiers des enfants. Le 27 janvier, c’est au tour d’écoles d’Île de France, Rouen, Nancy et Metz de faire le même constat, suivies le lendemain par des écoles de Marseille, Dijon et Toulon. Les parents montrent aux équipes enseignantes les messages reçus sur leurs téléphones les invitant à retirer leurs enfants de l’école. Ils affichent aussi des pages Facebook et des sites qui affirment que le gouvernement a l’intention d’imposer des cours d’éducation sexuelle « avec démonstration » dès la maternelle ; il y est aussi question d’enseigner « la théorie du genre ». On y voit des photographies d’une « sexbox » contenant des peluches en forme d’organes sexuels, des couvertures de livres pour enfants qui abordent la question du genre ou de l’homoparentalité. Les équipes enseignantes sont d’autant plus perplexes qu’aucune information dans les médias régionaux ou nationaux ne leur permet de comprendre cette mobilisation soudaine.

Ce n’est que le 28 janvier, soit 4 jours après la première journée d’action, et le lendemain de la mobilisation en région parisienne, que les médias nationaux font état de cet absentéisme massif, le présentant comme le résultat d’une « intox »(1), d’une rumeur en lien avec un programme pédagogique intitulé « les ABCD de l’égalité » visant à promouvoir l’égalité entre filles et garçons(2). Cette mobilisation durera jusqu’au début du printemps avant de s’essouffler mais pendant cette période, différentes informations contradictoires coexistent sur la toile émanant des médias d’information dominants ou de sites se présentant comme des sources d’informations alternatives. Cette coexistence d’informations opposées qui toutes prétendent dire la vérité est au centre ? de notre étude.

De nombreux travaux se sont intéressés aux possibilités accrues de contournement du filtre éditorial imposé par les grands médias du fait des prises de parole dans les espaces dits « participatifs », le développement des forums, des commentaires (Rebillard, Touboul, 2010), des réseaux sociaux (Cardon, 2011) permettant notamment aux médiactivistes (Cardon, Granjon, 2013) de devenir média (Blondeau, 2007). Il s’agit le plus souvent de montrer comment les acteurs sociaux parviennent à passer outre les verrous politiques et médiatiques pour rendre public leurs messages, l’internet devenant ainsi un moyen de déjouer les pouvoirs dominants au profit d’une liberté de parole généralement saluée. D’autres recherches, moins nombreuses, s’intéressent à la prolifération des contenus conspirationnistes, racistes, homophobes et djiadistes sur le web (Rastier, 2006 ; Knobel, 2012). La perspective de notre étude se distingue des travaux précités en ce qu’elle met en perspective les publications des journalistes et celles d’activistes qui déclarent faire œuvre d’information voire de « ré-information ». Notre problématique interroge donc l’information médiatique considérée par les journalistes comme un objet distinctif, résultat de leur pratique professionnelle. Mais avec le développement d’internet et les possibilités accrues d’autopublication de contenus variés se présentant comme informatifs, les critères d’objectivité, de rationalité, de vérification des sources suffisent-ils toujours à garantir la crédibilité de l’information ? Permettent-ils de distinguer l’information journalistique des autres types d’information disponibles sur le web ? Notre étude se donne pour objectif de mettre au jour les différentes formes discursives des informations en ligne sur un sujet donné (ici le boycott des écoles) considérant les rhétoriques ainsi que les modalités d’énonciations éditoriales. La thèse que nous souhaitons soutenir est que par-delà la teneur des propos publiés sur les différents sites, les manières d’écrire, de dire, de montrer mais aussi de mobiliser les dispositifs éditoriaux numériques constituent des modalités énonciatives essentielles à la compréhension des différentes stratégies à l’œuvre. Il convient de préciser que dans le cadre de cette étude, nous ne reprenons pas à notre compte l’opposition traditionnelle entre information et opinion. En effet, tous les sites analysés s’inscrivent dans une perspective informative dont la tonalité est à la fois factuelle et engagée, chacun affirmant dire le vrai et être au service du citoyen.

La première hypothèse que nous nous proposons de vérifier soutient que les modalités énonciatives sont fonction des publics visés. Ainsi, les formes verbales, iconiques et dispositives différenciées permettent aux publics concernés d’être confortés dans le lien qui les unit aux sites. Notre deuxième hypothèse envisage que le journalisme d’opinion constitue un modèle de référence imposant, y compris aux acteurs qui affirment leur radicale différence, un registre discursif qui combine engagement énonciatif et argumentation. Enfin, notre dernière hypothèse concerne l’existence de croyances et de valeurs qui fondent la relation entre les publics et les publications auxquelles ils choisissent de donner du crédit, et cela, quels que soient les sites considérés.

Par conséquent, prenant appui sur les propositions d’Emmanuël Souchier concernant l’énonciation éditoriale (1998), nous proposerons une analyse de discours des pages web de notre corpus pour démontrer l’existence de rhétoriques différenciées, de grammaires expressives qui dessinent des identités, des positions sociales, des valeurs et des rapports aux institutions qui sont clairement opposés. La rhétorique est envisagée ici moins comme un art de l’éloquence que comme le pouvoir de persuasion, la capacité à créer l’adhésion par le langage verbal mais aussi l’image, la forme et l’organisation spatiale des contenus. Dans un second temps, nous chercherons les points communs situés en amont des différences manifestes.

Constitution du corpus

L’action désignée par ses instigateurs comme les JRE 2014 (Journées de Retrait de l’École) nous a interpelée pour plusieurs raisons. Tous d’abord, résidant en région lyonnaise, nous avons été informée du phénomène de désertion de certains établissements scolaires dès le 24 janvier alors que les médias sont restés désespérément silencieux sur la question plusieurs jours durant. En l’absence d’informations journalistiques sur le sujet, la recherche sur le web à partir de la requête « boycott de l’école » nous a permis de découvrir une galaxie de sites web faisant référence à cet absentéisme protestataire et surtout aux motivations de l’action. Parmi les billets de blogs, les fils de discussions sur des forums, les pages Facebook, certains sites ont particulièrement retenu notre attention. Il s’agit de sites web qui affirment éclairer les citoyens sur les mensonges médiatiques et politiques et qui publient informations et analyses sur des sujets majoritairement proches des thèmes de prédilection de l’extrême droite (ce qui n’exclut pas des positionnements plus à gauche ou des soutiens à Dieudonné par exemple). Ces sites sont désignés comme des médias de « réinformation » parfois aussi rassemblés sous le terme de « réinfosphère ». Il s’agit cependant d’une catégorisation endogène dont le nom constitue presque un slogan que nous refuserons désormais de mobiliser dans ce travail pour ne pas servir de relais de diffusion à un courant idéologique particulièrement discutable.

La découverte de ce réseau de sites d’information, à l’occasion du mouvement de boycott des écoles nous a permis d’approcher des espaces de publication qui se présentent comme alternatifs aux médias dominants. Ces sites ont, dans le cas qui nous intéresse, devancé les grands médias d’information qui n’ont réagi que tardivement. Par-delà cette chronologie particulièrement intéressante, nous analyserons la présence sur le web d’informations contradictoires dont certaines ont rencontré une résonnance sociale à la fois importante et partiellement mesurable pendant que les autres, publiées par les grands médias se sont appliquées à déconstruire les ressorts de la mobilisation.

Notre corpus qui n’a pas de prétention d’exhaustivité, est constitué de pages web publiées entre janvier et mi-février 2014. Elles ont été enregistrées à partir de plusieurs requêtes adressées au moteur de recherche Google parmi lesquelles « boycott des écoles », « JRE 2014 », « théorie du genre à l’école », « éducation sexuelle à l’école maternelle ». Les requêtes ont permis de collecter une soixantaine de pages traitant de notre sujet que nous avons regroupées en trois ensembles en fonction des positions développées dans les articles ou reportages : (1) soutien assumé de la mobilisation, (2) déconstruction des arguments de la mobilisation et relais des paroles institutionnelles, et enfin (3) soutien indirect de la mobilisation. Le premier ensemble qui est aussi le plus important en nombre est principalement constitué de sites natifs de l’internet et de blogs qui relayent le discours de contestation(3) (soit 34 pages au total dont seulement trois proviennent de sites ayant une version imprimée : Valeurs Actuelles et Causeur). Il s’agit de sites tenant un discours engagé contre le programme des « ABCD de l’égalité », contre le gouvernement et contre les médias dominants. Le deuxième ensemble qui représente un peu plus d’un tiers du corpus (23 pages) rassemble uniquement des sites de médias en ligne(4) (presse, radio, TV). Tous s’opposent au discours qui alimente le boycott des écoles avec une petite nuance pour Le Figaro qui ne peut s’empêcher de laisser entendre que le gouvernement est en partie responsable de la situation. Enfin, le troisième ensemble, relativement marginal (3 pages) se trouve à l’intersection des deux premiers. En effet, il rassemble quelques médias communautaires musulmans(5) qui ne veulent pas donner l’impression de soutenir la mobilisation mais le font de façon indirecte en adoptant une apparente neutralité de ton, tout en relayant les informations à l’origine du boycott des écoles et en justifiant les inquiétudes des familles.

Pour figurer dans le corpus, les pages devaient présenter une dimension informationnelle explicite (en prenant appui sur des faits ou des documents) quelle qu’en soit la tonalité : explication, alerte ou dénonciation. Nous avons exclu les discussions sur des forums car même si ce type de plateforme est utilisé à des fins de diffusion d’informations, il demeure néanmoins que le dispositif ne présente pas les mêmes caractéristiques techno-sémiotiques que les pages de blogs ou de sites d’information.

Enfin, nous avons fait le choix de travailler à partir de captures d’écran, ce qui nous permet d’appréhender l’information dans l’épaisseur sémiotique de son espace de publication. Seront ainsi considérées les dimensions linguistiques mais aussi visuelles des messages informatifs (à la fois iconiques et graphiques) sans oublier les questions relatives à l’architecture et aux formats des publications. Plus précisément, notre approche se situe du côté de la sémio-pragmatique dans la mesure où notre étude de corpus est articulée aux connaissances scientifiques des cadres de production de la presse en ligne et de l’activisme sur internet.

Des énonciations verbales antagonistes

De l’argumentation à l’outrance de la vitupération pamphlétaire

Sur le plan de l’écriture, on observe différentes modalités énonciatives au sein des sites relayant les arguments qui nourrissent la mobilisation. Si on trouve essentiellement des textes argumentés qui semblent s’adosser au modèle médiatique de la presse d’opinion (qu’elle que soit la légitimité et la recevabilité des arguments), il existe aussi quelques écrits plus véhéments, quelques diatribes haineuses n’appelant aucune forme de débat. Dans le premier cas, on retrouve les ingrédients classiques d’une expression engagée, pleinement assumée avec l’usage de qualificatifs souvent péjoratifs, l’usage du pronom personnel « nous » versus « eux » qui nourrissent la polarisation. L’effort d’argumentation et de démonstration est particulièrement manifeste à travers la mobilisation de « preuves » et par la publication de liens donnant accès à des sources(6) diverses (rapport de l’OMS(7) ou Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons à télécharger(8), article de presse, sites étrangers). Ainsi le billet publié sur le site Les moutons enragés qui affiche le slogan « Les moutons en ont marre, ils s’informent »(9) neuf liens hypertextes permettent d’accéder à des informations complémentaires ; sur le site Actu Chrétienne, le texte alerte « Vous comprendrez ce qui va nous arriver » et poursuit prenant appui sur des « conseillers » juridiques travaillant pour le compte d’associations pour « l’Ethique et la protection de la liberté religieuse et de conscience » pour discuter la possibilité de refuser les cours d’éducation sexuelle à l’école(10).

Au sein de cet ensemble de textes opposés aux « ABCD de l’égalité », on peut aussi lire quelques billets, plus rares, où la dénonciation s’exprime de façon outrancière et vulgaire(11). Ainsi, dans Média Libre, le 22 janvier 2014, il est écrit que « le régime liberticide de Hollande Ubu est l’incarnation même de ce concept de gauchiasse. (…) Face à cette nouvelle offensive des pourrisseurs gauchistes, une nouvelle offensive a vu le jour. »(12) Ainsi que nous l’avions montré dans une étude sur l’information en ligne (Touboul, Damian-Gaillard, Marty, 2012), ce type de discours n’est ni nouveau, ni même lié au développement de l’internet. Il se situe dans la lignée de ce que Marc Angenot (1982) désigne comme une parole pamphlétaire qualifiée de « vitupération héritée du XIXè siècle » par Michel Hastings (2009).

S’il importe de reconnaître les filiations idéologiques de ces discours, l’inscription dans une continuité historique ne doit pas nous conduire à ignorer les évolutions des formes contemporaines de l’écriture pamphlétaire. Comme le notent les éditeurs du dossier sur le pamphlet publié dans la revue Mots en 2009, les règles de surveillance des publications imprimées ont conduit les auteurs de ce type d’écrit à se retrancher dans des lieux moins visibles où prospèrent les théories extrémistes et conspirationnistes. La facilité de publication et de diffusion, l’anonymat relatif, les possibilités décuplées de développements réticulaires y compris au niveau international expliquent en partie le foisonnement de ce type de publication sur le web.

L’appel à la raison des médias en ligne

Dans les jours qui ont suivi la mobilisation parisienne, les journaux télévisés, radiophoniques, imprimés ou en ligne ont enfin évoqué le problème auquel étaient confrontés les personnels de l’éducation nationale. Les journalistes ont essayé d’expliquer l’origine du mouvement et désamorcer la crise par un travail de déconstruction argumentée de ce qu’ils ont désigné comme une rumeur. Pour ce faire, ils ont privilégié une énonciation docte et surplombante. Les registres de prédilection furent ceux de l’expertise (celui qui sait) et de l’investigation (celui qui révèle) ce qui confère aux auteurs et à la profession de journaliste en général une supériorité qui ne souffre pas la discussion. Le Nouvel Obs publie l’analyse d’Aurore Van de Winkel, dont l’autorité est affirmée d’emblée en précisant qu’elle est « docteur en info/communication, spécialiste des légendes urbaines ». Le site lui accorde même un pictogramme signalant son statut d’expert de façon à appuyer son propos(13). Dans la même veine, le site propose aussi l’analyse de Guillaume Brossard, annoncé comme expert et co-fondateur du site Hoaxbuster, spécialiste de la vérification des rumeurs sur internet. L’analyse est intitulée : « Théorie du genre à l’école : comment Facebook et les SMS servent à blanchir la rumeur »(14). Dans ces articles, les auteurs dénoncent une « intox », remontent à l’origine du mouvement, révèlent l’identité des initiateurs du mouvement et les situent dans la mouvance d’une extrême droite grossie par les conservateurs catholiques et musulmans mobilisés contre la loi dite du Mariage pour tous.

Par la qualification ou disqualification de l’événement en rumeur, les journalistes s’arrogent le pouvoir de ceux qui détiennent la vérité et désignent les manipulateurs (F. Belgouhl/A. Soral), expliquent la situation (la crise de confiance, la montée en puissance de la contestation à l’occasion de la loi sur le Mariage pour Tous). Ils tentent aussi de dénouer les amalgames (les gender studies n’ont rien à voir avec la « Théorie du genre » qui n’existe pas) (15), se moquent des parents crédules(16) ou leur trouvent des excuses en les présentant comme des victimes de la désinformation, de peurs ancestrales et d’un malaise social(17). Les seuls locuteurs autorisés à prendre la parole sont les experts, les responsables politiques (« après des boycotts, Peillon dément tout enseignement du « genre » à l’école » – Le Monde)(18) et les personnels de l’éducation nationale (« Masturbation à l’école, théorie du genre : un directeur d’école raconte ce qui s’est passé dans son établissement » – Huffington Post)(19).

Si l’étude des formes textuelles permet de distinguer différents registres énonciatifs, l’étude des images révèle des usages encore plus nettement opposés.

L’écriture visuelle de l’information

L’étude du corpus révèle rapidement que l’image est un élément essentiel du discours pour les sites qui s’inscrivent contre les médias d’information dominants. Elle est mobilisée pour appuyer les textes et pour accueillir ces derniers au sein d’une interface visuellement signifiante. Sous forme de séquences audio-visuelles, elle peut aussi se suffire à elle-même et se substituer à l’écrit, touchant ainsi d’autres publics tout en augmentant le potentiel de circulation de l’information. Dans cette catégorie de sites, on constate aussi une grande diversité de formes et de formats mobilisés parmi lesquels des photographies dont certaines sont détournées, et retravaillées graphiquement, de la vidéo(20), des pêle-mêle de figures symboliques(21) pour constituer le cadre graphique de la publication. Au sein de cette catégorie de sites, les deux modèles discursifs identifiés dans la partie précédente font un usage différencié des images. Ainsi, pour les sites qui s’inspirent de la presse d’opinion, on constate une certaine sobriété du cadre graphique, l’image est essentiellement mobilisée à titre de monstration. Tout à la fois index et indice, elle se présente comme une preuve de vérité. Pour les blogs inscrits dans le cadre d’une communication de type pamphlétaire, l’image permet de situer le propos dans un environnement graphique surchargé de symboles, figures, couleurs nationales, personnes célèbres. Elle est aussi un moyen d’expression supplémentaire pour moquer, discréditer et insulter.

À l’opposé, les médias en ligne présentent des images sans intérêt informatif, participant plus d’une démarche d’illustration ou d’aération du texte que d’une volonté de signifier voire tout simplement de montrer. En effet, quelles informations, quels discours véhiculent ces images montrant des jambes et une enfant de dos traversant une rue avec son cartable ou bien un panneau du code de la route indiquant la présence proche d’une école(22) ?

Considérant les usages plutôt minimalistes que les médias en ligne font des images, les médias qui se disent alternatifs exploitent plus librement les potentialités discursives de l’image. Le besoin impérieux de démontrer, la hargne et l’outrance trouvent avec l’image un moyen d’expression complémentaire à l’écriture. Le dessin et la caricature sont moins utilisés que la photographie qui est mobilisée avec force. Même retouchée, l’image photographique semble conférer de l’autorité au discours en présentant l’évidence indiscutable de la preuve d’existence. 50 ans après le constat de Barthes concernant la capacité de l’image enregistrée à naturaliser le message symbolique puisque « la technique […] fournit les moyens de masquer le sens construit sous l’apparence du sens donné » (1964, p. 47), la photographie conserve ce pouvoir de « dire le vrai » pour les rédacteurs de billets qui se posent en alternative aux médias dominants. Ils osent aussi la vidéo, ce que les grands médias ne font qu’avec parcimonie se contentant de publier des séquences en provenance d’autres médias (radios et TV) comme autant de citations inter-médiatiques.

Pour les activistes, l’image donne corps au message politique par le biais d’un adressage direct « les yeux dans les yeux » ; elle impose la vérité d’une présence et permet l’inscription dans la mémoire de l’archive. Les conférences et interviews de F. Belghoul sont abondamment publiées, partagées donnant à son message un visage et une présence permanente. La puissance de l’art oratoire s’enrichit ainsi des potentialités du dispositif qui autorise tout à la fois la permanence du stock et l’ubiquité de la diffusion multi-support.

Le dispositif éditorial, une modalité énonciative

Par dispositif éditorial, nous entendons ici un espace de publication caractérisé par des moyens techniques, un mode d’organisation des contenus mais aussi plus largement, par des modalités de diffusion spécifiques. Sur ce plan, les usages différenciés du dispositif entre les sites des médias dominants et les autres sont particulièrement intéressants.
Ainsi, si l’on considère la gestion des contenus, on constate que les sites d’opposition aux « ABCD de l’égalité » publient des textes longs nécessitant de faire défiler la page, celle-ci étant souvent allongée par les nombreux commentaires qui apparaissent sans qu’il soit nécessaire de cliquer sur un lien pour y accéder. Cette mise en valeur des échanges suscités par les informations publiées valorise non seulement l’auteur du billet qui peut ainsi vérifier qu’il a été lu et que l’information qu’il propose ne laisse pas indifférent mais elle valorise aussi les rédacteurs des commentaires qui bénéficient ainsi d’une forme de publication et donc de visibilité malgré le relatif anonymat lié à l’usage des pseudonymes(23). À l’inverse, les médias en ligne se contentent d’annoncer le nombre de réactions à l’article et n’affichent que les commentaires les plus récents. Ce type de mise en page accorde une place prépondérante au texte du journaliste puisque les commentaires ne sont accessibles que si on en manifeste clairement le souhait.

Il est par ailleurs intéressant de noter le soin et la place accordés aux différentes modalités de citations et de reprises partielles ou totales de contenus iconiques ou textuels. Les blogs ou sites d’information qui se présentent comme des alternatives aux médias de masse sont particulièrement soucieux d’indiquer leurs sources qu’il s’agisse de reprises sur des sites de même sensibilité politique ou des dossiers d’institutions à combattre (l’OMS, le ministère de l’Éducation Nationale, etc. ). Les auteurs n’hésitent pas à reproduire des pans entiers de textes en indiquant les pages qui permettent de vérifier l’exactitude de leurs assertions ou à se servir de petites phrases décontextualisées, placées entre guillemets. Cela participe de ce que De Certeau (1990) prédisait en écrivant que « la citation sera l’arme absolue du faire croire. » (p. 274). Le site Fdesouche, site emblématique de cette mouvance nationale-populiste et complotiste (Taguieff, 2012, 2013) présente d’ailleurs la curieuse particularité d’opter pour un effacement énonciatif qui se manifeste à travers une activité d’agrégation de sources presque sans aucun commentaire. L’engagement n’apparaît donc pas à la lecture des textes et vidéos publiés, mais à partir du travail de sélection des sujets, modalité essentielle de l’énonciation éditoriale.

Enfin, il semble que les acteurs de la mobilisation contre les « ABCD de l’égalité » maîtrisent parfaitement les dispositifs connexes aux blogs et aux sites web comme le réseau social Facebook, la plateforme de microblogging Twitter ou encore les plateformes de vidéo Youtube et Dailymotion. Ainsi, la présence systématique de pictogrammes qui permettent de partager les informations sur les réseaux socio-numériques, la valorisation des articles les plus envoyés par e-mail (« le top des envois » – Média Libre), les plus commentés (ou encore « les plus chauds » – Croah), la publication des derniers tweets du blog ou de ses amis sans oublier les étoiles qui permettent de noter les textes (Égalité & Réconciliation) tout cela contribue à la valorisation, à la diffusion et au partage des contenus. L’organisation des pages facilite par ailleurs la mise en réseau des publications avec la présence quasiment systématique d’une liste de blogs amis (blog roll). Il en va de même avec le rappel permanent des grands dossiers ou la vente d’ouvrages qui tissent les liens idéologiques entre différents sites. La capacité des activistes à user de tous les outils de diffusion possibles est d’ailleurs pointée du doigt par les journalistes qui mentionnent, l’envoi massif de textos comme point de départ du mouvement. Si l’envoi de textos a pu agacer certains parents, d’autres au contraire ont immédiatement donné du crédit à l’information diffusée de façon directe, interpersonnelle, appréciant le parfum de clandestinité et d’urgence attaché à ce type de communication. La mobilisation fait donc suite à une campagne particulièrement bien orchestrée qui combine les différents composants de la communication numérique.

Des différences vraiment radicales ?

Si différentes rhétoriques et registres énonciatifs peuvent être distingués, il existe aussi des ressemblances, des liens et des valeurs partagées entre les espaces pourtant antagonistes de l’information en ligne. Ainsi, de part et d’autre, on constate la présence d’argumentation, la présentation de « preuves », etc. Dans les deux camps, chacun s’estime habilité à éclairer les citoyens victimes de rumeurs ou de mensonges ; chacun revendique une forme d’expertise sur laquelle prendre appui pour ne pas se laisser tromper et dénouer le vrai du faux. Les sites de soutien à la mobilisation convoquent des autorités intellectuelles, publiant et re-publiant par exemple la conférence de Patrice André « magistrat qui a pris un nom d’emprunt par devoir de réserve » (le Monde, 25/5/2013), citant des textes officiels (rapport de l’OMS, site de présentation du programme des « ABCD de l’égalité »), montrant des couvertures de livres supports du travail pédagogique comme autant de preuves de la vérité, de la cohérence et de la solidité de leurs affirmations. Dans les deux camps également, on désigne nommément des coupables individuels ou collectifs. Pour les uns, Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem sont en première ligne mais en arrière-plan on retrouve les figures honnies de Daniel Cohn-Bendit, Frédéric Mitterrand ou encore Jack Lang qui incarnent « l’État socialiste », la franc-maçonnerie, les sionistes, les lobbies juif, médiatique et pédophile qui sont les démons obsessionnels de cette mouvance nationale populiste. Du côté de la presse en ligne, les noms de Farida Belghoul, et Alain Soral reviennent régulièrement, parfois rapprochés de celui de Dieudonné. Derrière ces individualités, « la Manif pour Tous », l’extrême droite ou certaines mouvances religieuses radicales sont pointées du doigt. Finalement, malgré le rejet des médias dominants par les sites partisans et artisans de la mobilisation, c’est bien le modèle de la presse d’opinion qui s’impose avec un registre discursif qui combine information et engagement, qui se présente comme un gage d’authenticité et de vérité.

Notre étude, vérifie enfin que l’écriture de l’information quelle qu’elle soit sa nature, suppose un lecteur modèle, un lector in fabula (Eco, 1985) et le postulat de valeurs partagées avec le lectorat. Il ne s’agit pas ici, de s’inscrire dans un relativisme mou, dans une perspective d’équivalence. Il s’agit simplement d’admettre avec Frédéric Lambert (2013) que quel que soit le registre énonciatif ou la rhétorique mobilisée, il existe une part de croyance, un terrain ou un terreau qui préexiste à l’information que nous consultons et qui en oriente la réception ; ce qu’il désigne comme une « antériorité du croire » (p. 139). Certes valeurs et croyances ne sont pas identiques de part et d’autre, mais elles fonctionnent de la même manière en conditionnant la recevabilité de nos lectures. D’un côté, les journalistes croient dans les vertus d’un rationalisme éclairé, dans la possibilité d’une écriture objective (Koren, 2004) et sont convaincus qu’ils sont les gardiens de la démocratie. De l’autre côté, les auteurs des blogs et sites d’information dits alternatifs clament leur droit à « la libre parole » dans la continuité du titre (et du slogan) du journal dirigé par le polémiste antisémite Édouard Drumont à la fin du XIXè siècle. Pour ces derniers, l’adhésion se fait autour des combats à mener contre l’emprise des journalistes, des politiques, des élites et des lobbies pour sauver le pays d’une « décadence certaine ».

Épilogue et conclusion

En juin 2014, le rapport d’évaluation du ministère de l’éducation nationale(24), considère que le mouvement a eu une ampleur limitée. Il reconnaît cependant qu’il a occasionné une violence symbolique extrême pour les personnels de l’Éducation Nationale profondément choqués par la défiance exprimée vis-à-vis de l’institution scolaire dans son ensemble. Le rapport qualifie la communication de ce mouvement de boycott de « puissante, créant la surprise et l’inquiétude ». Il reconnaît aussi des maladresses de la part du Ministère : le manque d’information à destination des fédérations de parents d’élèves, le choix de termes jugés inappropriés comme la notion d’expérimentation inquiétante s’agissant d’enfants et d’éducation. Les médias relayeront les conclusions du rapport annonçant quelques jours plus tard la suspension des « ABCD de l’égalité » (juin 2014). Dans le même temps, ils se feront l’écho des critiques adressées à F. Belghoul par ses anciens alliés(25), des révélations concernant sa vie privée peu conforme avec ses prises de positions publiques(26) et des actions intentées par son administration(27), l’intéressée ayant délibérément enfreint diverses règles attachées à son statut d’enseignante.
Avec ce rapport et le relais médiatique dont il bénéficie, le ministère de l’Éducation Nationale reprend la parole dans l’espace public et montre ainsi que le pouvoir a intégré, digéré la crise désormais considérée comme un accident, une affaire classée parce qu’elle est disséquée, analysée, expliquée. Pour le pouvoir, la page semble tournée mais la crise, nourrie par un discours néo-populiste, reconnaissable à ses thématiques et à son style (Taguieff, 2004) n’est probablement que provisoirement calmée. Ce style et cette rhétorique se sont exprimés dans les thèmes, l’écriture verbale et visuelle mais aussi au travers d’une mobilisation efficace du dispositif, véritable artisan techno-sémiotique de co-construction du discours. À travers cette intense activité discursive nous avons mis au jour deux « manières de faire » (de Certeau, 1990) et surtout d’informer qui co-existent sur le web : celle des médias de masse, à la fois puissante et stratégique qui a le dernier mot même si elle souffre d’être contrainte et normée ce qui la fragilise parfois face à des discours plus affranchis ; et celle des médias dits alternatifs, plus tactique, calculée, rapide, rusée et habile. Ces derniers se plaisent dans le rôle d’outsiders, dans le maquis confortable d’une posture de dénigrement systématique, de défiance vis à vis des institutions et de toute forme de représentation qu’elle soit médiatique ou politique. « De la prise de parole à la parole reprise » comme l’analyse de Certeau au sujet de Mai 68, il serait facile de conclure à la victoire du pouvoir sur un mouvement qui s’est progressivement épuisé.
Cependant, les efforts déployés par les médias dominants pour déconstruire les ressorts de la mobilisation ont probablement rassuré des citoyens déjà convaincus de la loyauté et de la légitimité des institutions. Ainsi, pour salutaires qu’ils soient, ces efforts manifestés par le nombre et la tonalité des publications paraissent un peu désespérés s’agissant des publics concernés par l’absentéisme volontaire des enfants. En effet, ces publics qui sont les plus enclins à se sentir exclus et à dénoncer la partialité des médias dans le traitement de l’information sont probablement peu touchés par les analyses expertes publiées par les grands médias. Seule une étude des pratiques d’information comme celle dont rend compte l’ouvrage « S’informer à l’ère numérique » (Jouët, Rieffel 2013) ouverte plus largement à toutes les catégories de populations et toutes les formes d’information pourrait permettre de vérifier nos suppositions.
Doit-on conclure à une absence de dialogue exacerbée par la communication numérique, à une augmentation du débat par dissociation comme le soutient Gilles Gauthier (2015) ou bien plutôt considérer l’existence des polémiques comme un fait nécessaire et normal dans une société démocratique (Amossy, 2014) ? À ce stade de l’étude, rien ne permet de trancher ; pour ce faire il conviendrait d’étudier plus finement la circulation des discours, en observant notamment les phénomènes de reprises et de citations ou bien encore d’étudier les pratiques des acteurs pour mettre au jour l’attention accordée à l’Autre dans le processus d’écriture de l’information sur le web.

Notes

(1) http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/28/cinq-intox-sur-la-theorie-du-genre_4355738_823448.html

(2) Ce programme initié par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits de la Femme, et Vincent Peillon, ministre de l’Éducation Nationale, était expérimenté depuis la rentrée 2013 dans 600 classes d’écoles maternelle et primaire.

(3) On y trouve notamment les sites suivants : Actus France, le meilleur de l’actualité, Bd Voltaire, Média Libre, Les Moutons enragés, Actu Chrétienne, Égalité et Réconciliation, Nouvelles de France, Fdesouche, Novopress, 24h actus, Gloria TV, Réinformation TV, Contre-info.com.

(4) Y figurent des articles issus des sites du Figaro, Le Monde, Huffington  Post éd. française, Nouvel Obs, Midi Libre, Glamour, Libération, BFM TV, Le Figaro, France 3, Europe 1.

(5) Nous avons notamment enregistré les articles publiés par Al Kanz, blog qualifié par Rue 89 de pilier de la « muslimspère », SaphirNews qui se présente comme « média leader sur le fait musulman » et Zaman France déclinaison française d’un média turc.

(6) Toutes les pages du corpus auxquelles nous renvoyons ont été consultées pour la dernière fois le 25/10/2015. Nous ne le mentionnerons plus pour ne pas alourdir les notes de bas de page.

(7) http://www.egaliteetreconciliation.fr/OMS-la-masturbation-pour-tous-a-la-maternelle-22778.html

(8) http://www.bvoltaire.fr/aristideleucate/theorie-du-genre-le-gouvernement-ment-sciemment-aux-francais,50438

(9) http://lesmoutonsenrages.fr/2014/01/22/allemagne-prison-pour-parents-refusant-les-cours-sur-le-gender/

(10) https://actualitechretienne.wordpress.com/2014/01/27/en-allemagne-35-parents-ont-ete-condamnes-pour-leur-refus-du-gender/

(11) Ces billets représentent environ 10% de l’ensemble des articles pro-mobilisation. Parfois seul le titre ou un passage du texte est particulièrement vulgaire et outrancier, ce qui rend délicat un décompte précis. Il nous paraît plus juste d’affirmer que ce type d’expression est nettement minoritaire.

(12) http://www.medialibre.eu/france/grande-journee-retrait-jre-contre-la-theorie-du-genre-imposee-par-le-regime-dans-les-ecoles/14496

(13) http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1139124-theorie-du-genre-a-l-ecole-ce-que-cette-rumeur-revele-des-peurs-de-certains-parents.html

(14) http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1138487-theorie-du-genre-a-l-ecole-comment-les-reseaux-sociaux-servent-a-blanchir-la-rumeur.html

(15) http://www.bfmtv.com/societe/ii-nexiste-pas-une-theorie-genre-698030.html

(16) http://www.liberation.fr/societe/2014/01/28/non-vos-enfants-ne-devront-pas-se-masturber-a-la-maternelle_976035

(17) http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1139124-theorie-du-genre-a-l-ecole-ce-que-cette-rumeur-revele-des-peurs-de-certains-parents

(18) http://www.lemonde.fr/education/article/2014/01/28/apres-des-boycotts-peillon-dement-tout-enseignement-du-genre-a-l-ecole_4355885_1473685.html

(19) http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/28/masturbation-ecole-theorie-genre-temoignage-directeur-etablissement_n_4680951.html

(20) La page de Actus de France, le meilleur de l’actualité, propose un florilège de ce qu’il est possible de faire : plusieurs images présentent F. Hollande jouant à la marelle, V. Peillon maquillé et portant un petit nœud dans les cheveux, ou le  détournement d’une couverture d’un livre de la série « Martine » la montrant en train de dessiner un sexe masculin, etc… http://bestofactus.blogspot.fr/2014/01/theorie-du-genre-la-franc-maconnerie.html

(21) Voir par exemple la bannière du site Egalité & Réconciliation, http://www.egaliteetreconciliation.fr/

(22) http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/28/cinq-intox-sur-la-theorie-du-genre_4355738_823448.htmlhttp://www.europe1.fr/societe/theorie-du-genre-cette-rumeur-qui-affole-les-parents-d-eleves-1784155

(23) Certains sites ont renoncé à cette pratique suite aux procès intentés au nom de la responsabilité éditoriale, du fait de propos tenus par des commentateurs anonymes. Ainsi, pour accéder aux commentaires sur les sites de F. Desouche ou de Média Libre, il est désormais nécessaire de s’inscrire.

(24) http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/40/7/2014-047_evaluation_du_dispositif_experimental_-_ABCD_de_l_egalite_335407.pdf

(25) http://www.egaliteetreconciliation.fr/Farida-Belghoul-histoire-d-une-imposture-32632.html

(26) http://www.lexpress.fr/education/la-militante-de-la-famille-traditionnelle-farida-belghoul-a-ete-pacsee-a-une-femme_1608145.html

(27) http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/09/22/97001-20140922FILWWW00263-procedure-disciplinaire-contre-farida-belghoul.php

Références bibliographiques

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Auteur

Annelise Touboul

.: Annelise Touboul est Maître de Conférences en SIC à l’Institut de la Communication de l’Université Lyon 2. Membre du laboratoire ELICO, ses recherches portent essentiellement sur l’offre d’information d’actualité sur le Web dans ses dimensions visuelles et langagières avec une approche sémiotique et socio-discursive. Elle s’intéresse en particulier à l’interactivité et aux phénomènes de dissémination de l’information, qu’il s’agisse de journalisme participatif ou citoyen, des nouvelles formes de médiation dans l’information santé ou des stratégies de mobilisation militante. Plus largement, elle interroge l’impact des dispositifs techniques sur la nature des communications ainsi que sur la forme et le sens des messages.