Les réseaux socionumériques et la reconfiguration de l’espace public en Russie post-soviétique : la plateforme de blogs LiveJournal comme espace numérique de débats
Résumé
Notre article questionne la place que les dispositifs numériques d’information et de communication occupent dans la reconfiguration de l’espace public contemporain post-soviétique. Dans le contexte post-soviétique, les « nouveaux » médias numérisés reproduisent la fracture sociale et politique dans la société et épargnent à l’espace public officiel, les discours et les débats oppositionnels. En même temps, ces dispositifs contribuent à l’apparition de nouveaux acteurs des débats et de la production de l’information, et au maintien de la diversité des opinions. De ce fait, les dispositifs numériques de communication peuvent être insérés dans les espaces sociaux différents et accompagner les pratiques de libération et de domination.
Mots clés
Espace public, blog, TIC numérisés, Russie post-soviétique, Internet.
In English
Title
Social Networks and Reconfiguration of Public Sphere in post-Soviet Russia: LiveJournal Blogging Platform as Digital Space for Debate
Abstract
Our article questions the place of digital media in the reconfiguration of the post-Soviet contemporary public sphere. In the post-Soviet context, the « new » digitized media maintain social and political divide in the society and save the official public sphere from the oppositional discourses and debates. At the same time, these media contribute to the appearance of new actors of debates and production of information, and maintain the diversity of opinions. As a result, the digital devices of communication may be inserted in different social spheres and may accompany the liberation and domination practices at the same time.
Keywords
Public sphere, blog, digital ICT, post-Soviet Russia, Internet.
En Español
Título
Las redes sociales y la configuración del espacio público en la Rusia postsoviética: plataforma de blogs LiveJournal como un espacio digital de debate
Resumen
Nuestras preguntas del lugar que los dispositivos digitales de la información y la comunicación ocupan en la reconfiguración del espacio público contemporáneo postsoviética artículo. En el contexto post-soviético, el « nuevo » apoyo de los medios digitalizados en fractura social y política en la sociedad y el ahorro de los espacios públicos discursos y debates de oposición oficiales. Al mismo tiempo, estos dispositivos contribuyen a la aparición de nuevos debates actores y producción de información, y el mantenimiento de la diversidad de opiniones. Por lo tanto, los dispositivos de comunicación digitales se pueden insertar en diferentes espacios sociales y de acompañamiento de las prácticas de liberación y la dominación de forma simultánea.
Palabras clave
Espacio público, tecnologías de la información y la comunicación (TIC), blog, la Rusia postsoviética, Internet.
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Kondratov Alexander, «Les réseaux socionumériques et la reconfiguration de l’espace public en Russie post-soviétique : la plateforme de blogs LiveJournal comme espace numérique de débats», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°17/3A, 2016, p.129 à 141, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2016/supplement-a/09-reseaux-socionumeriques-reconfiguration-de-lespace-public-russie-post-sovietique-plateforme-de-blogs-livejournal-espace-numerique-de-debats/
Introduction
Cet article est une synthèse de nos réflexions sur le rôle politique des techniques de l’information et de la communication (TIC) numérisées en Russie post-soviétique(1) et leur rôle au sein de l’espace public russe national.
Actuellement, en Russie, nous observons un paradoxe remarquable. Malgré l’offre médiatique et culturelle importante, il existe une forte emprise de l’espace médiatique et public par l’État. Les médias de masse, qui constituent la partie dominante de l’espace public russe, sont soumis au système de censure complexe et sont de plus en plus mobilisés comme outils de la communication politique et de la propagande (Kachkaeva, Kiriya, Libergal, 2006 ; Koltsova, 2006 ; Oates, 2007 ; Hutchings, Rulyova 2010). En même temps, nous observons la généralisation rapide des pratiques liées à l’Internet et aux réseaux socionumériques qui ont été très vite appropriées par les acteurs politiques et sociaux. En 2014, selon les recherches de Mail.ru group, sur 65,9 millions des russes qui utilisent l’Internet, 90 % sont inscrits sur un ou plusieurs réseaux sociaux (Mail.ru group 2014). D’après l’étude de la société Brand Analitics, l’hiver 2014-2015, 53 millions de russes ont utilisé au moins une fois par mois le réseau social Vkontakte, 38,7 millions ont été sur Odnoklassniki et 24,5 millions ont utilisé Facebook. Ces usagers ont laissé 620 millions d’entrées par mois dont 40 % étaient consacrés à des événements sociaux et politiques (Brand Analytics 2015). Outre des raisons culturelles, sociales et économiques, cet usage intense des réseaux socionumériques s’explique par la transformation des pratiques au sein de l’espace public russe.
Dans le contexte d’un espace public officiel restreint et limité, certains acteurs sociaux se voient refuser l’accès à cet espace. Ils cherchent à utiliser les dispositifs numériques « alternatifs », non-conventionnels par rapport aux médias dominants, pour se rendre visibles dans l’espace public, créer des formes nouvelles de cet espace de sociabilité, d’échange et influencer les décisions du pouvoir. En tant qu’objet de notre recherche, nous avons choisi des blogs politiques éditoriaux post-soviétiques dont le rôle est encore peu étudié. Dans les conditions de « verrouillage » de l’espace médiatique au milieu des années 2000, ces blogs étaient l’espace principal des débats et de la production et la circulation des opinions alternatives (Etling, Alexanyan, 2010).
Les formes historiques de l’espace public russe
Le concept d’espace public nous paraît pertinent pour saisir les mouvements et les mutations de la société post-soviétique contemporaine. Le philosophe allemand Jürgen Habermas décrit l’espace public comme un espace social de médiation entre l’État et la société où l’opinion publique se forme grâce au principe de la « Publicité » (Öffentlichkeit), qui est l’acte de rendre public (Habermas, 1978). Néanmoins, ce modèle de l’espace public bourgeois restait normatif car il a décrit la situation précise des sociétés européennes de XVIIIème et XIXème siècles. Comme Peter Dahlgren indique, « il a existé d’autres forums qui ont façonné la conscience politique des individus, servi de réseaux d’échanges de l’information et fourni un cadre d’expression» (Dahlgren, 1994). Plusieurs chercheurs ont complété l’approche d’Habermas pour étudier les autres formes que revêtent les espaces publics dans les contextes nationaux par exemple les concepts de « l’espace public oppositionnel » (Negt, 2007), « l’espace public illégitime » (Benrahhal et Matuszak, 2009) et « les micro-espaces publics » (Dacheux, 2009).
Dans l’étude du cas russe, la question qui se pose essentiellement porte sur la possibilité de l’existence de l’espace public dans la société où l’État et ses agents ont souvent recours à la violence physique et symbolique des acteurs non-conventionnels (Koltsova, 2006 ; Volkov, 2002). Jürgen Habermas supposait que l’espace public aurait existé non seulement dans les sociétés démocratiques mais aussi dans les conditions de la « participation limitée ». Cela permet à Bernard Miège de montrer que certaines formes de l’espace public peuvent exister dans des régimes non-démocratiques et semi-démocratiques (Miège, 2010). La période soviétique de l’histoire de la Russie a été marquée par la domination de l’État-parti sur toutes les formes de la vie sociale et par le total conditionnement des individus à l’idéologie imposée par le régime. Les recherches menées sur des formes possibles de l’existence de l’espace public dans le contexte socio-politique de type soviétique décrivent l’espace public en l’URSS comme une forme particulière de cet espace, la sphère publique « officielle » dominante. Cette sphère ne représentait pas un lieu de communication mais était une arène avec le spectacle de pouvoir, un espace d’apprentissage de la vie à la soviétique (Gabor, Rittersporn, 2003). L’espace public officiel, nommé l’espace public de façade, instrumentalisé par l’État, représentait le projet et l’enjeu principal de l’État-parti. Dans ses travaux sur les médias transfrontaliers, Tristan Mattelart suppose la formation en l’URSS dans les années 1970-1980 de ce qu’il appelle « un espace public parallèle ». Cet espace échappait au contrôle d’État et ouvrait une brèche dans la continuité de l’espace public officiel. Les médias transnationaux nourrissaient de l’extérieur les pratiques internes d’auto-information et diffusaient des représentations du monde différentes, notamment via l’entertainment (Tristan Mattelart, 1995). Ce modèle de double système des espaces publics disparaît vers la fin des années 1980 avec l’éclatement du régime soviétique. La fin des années 1990 marque un tournant de centralisation et de renforcement du rôle de l’État post-soviétique. Cela a permis à Ilya Kiriya d’affirmer qu’actuellement en Russie contemporaine s’observe l’éclatement de l’espace public unique et le retour au modèle de double espace public : l’espace officiel « dominant », constitué en grande partie des médias audio-visuels, de la presse écrite nationale et des partis politiques institutionnalisés, et l’espace « parallèle » constitué des « nouveaux » médias numériques (Kiriya, 2012). La situation montre la persistance des formes et des configurations de l’espace public dans la société malgré les changements économiques et sociaux importants.
Dans notre travail, nous avons étudié les mutations contemporaines des sphères officielle et parallèle, à travers les ancrages des réseaux socionumériques de communication. Selon notre hypothèse, les dispositifs numériques de communication sont utilisés pour la fabrication d’une opinion indépendante qui se présente comme alternative à la médiatisation classique. L’apparition des « nouvelles » questions sociétales dans les débats publics s’explique par la multiplication et l’accroissement des stratégies des acteurs politiques et sociétaux, à la marge de l’espace public officiel. Dans ce contexte, l’Internet représente un outil qui stabilise et rend visible la configuration des acteurs et les rapports de force déjà existants. Les dispositifs numériques de communication peuvent être insérés dans les espaces sociaux différents et accompagner les pratiques de libération et de domination.
Croisement des méthodes de recherche en SIC en vue d’analyse des espaces numériques participatifs du web post-soviétique
Afin de confirmer notre hypothèse, nous proposons de recourir à différentes méthodes d’analyse. Tout d’abord, nous avons mobilisé la méthode cartographique des relations entre les acteurs par la visualisation des liens sortants. Ce type d’enquête permettait d’examiner l’espace numérique des débats et des échanges par l’étude de ses caractéristiques formelles et mesurables. La modélisation des hyperliens avec les outils de graphes offre la possibilité de comprendre les relations entre les blogueurs en tant qu’acteurs de l’espace public parallèle. D’après notre hypothèse, les liens sortants des blogs politiques (citations des sources, médias de masse, d’autres blogs) désignent les résultats de choix éditoriaux des acteurs, des voix de circulation des discours et de l’information. En même temps, nous nous sommes rendu compte que cette méthode possédait plusieurs limites. La cartographie des liens hypertextuels réduit et simplifie la réalité sociale observée. Cette méthode propose l’analyse des phénomènes sociaux à partir de leur forme et non de leur contenu, analyse qui semble insuffisante (Merclé, 1994). Selon Franck Rebillard, la cartographie des liens risque de ne pas prendre en compte les modalités complexes des interactions entre les acteurs au sein des espaces sociaux (Rébillard, 2011). De ce fait, nous avons donc utilisé cette méthode avec précaution, en la croisant avec les entretiens semi-directifs, une autre méthode de recherche en sciences humaines et sociales. Nous avons réalisé neuf entretiens semi-directifs avec des bloggeurs sur leur pratique de la rédaction en ligne et sur les modalités des débats qu’ils mènent dans l’espace social « parallèle ».
Comme objet de notre recherche, nous avons choisi les blogs politiques éditoriaux de la plateforme de blogs en ligne LiveJournal (souvent abrégé en LJ). Cette plateforme de blogs intimes personnels a été créée en 1999 aux États-Unis, par le développeur américain Brad Fitzpatrick. Le premier billet en langue russe est rédigé en février 2000. Depuis 2004, la partie cyrillique (les blogs en langues qui utilisent l’alphabet cyrillique) de LiveJournal est devenue la deuxième de la plateforme (8,15 %), derrière la partie latine (les blogs en langues qui utilisent l’alphabet latin) (90 %), selon les statistiques de la plateforme (Gorny, 2009). En octobre 2006, à la suite de ce développement rapide du secteur cyrillique, la société américaine Danga Interactive, cède la gestion du segment cyrillique de la plateforme à la société russe SUPMédias. En décembre 2007, le SUP avait racheté la totalité de LiveJournal aux États-Unis. Ce qui est intéressant pour notre recherche, c’est le fait que, depuis le milieu des années 2000, cette plateforme est devenue la plus populaire en Russie post-soviétique, hébergeant la majorité, voire la totalité de blogs politiques (93%). (Etling, Alexanyan, Kelly, 2010).
Nous avons procédé en trois étapes afin de constituer notre corpus d’analyse. Premièrement, nous avons établi trois périodes d’étude. La première s’étend du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2006. La deuxième période va 1er janvier 2007 au 31 décembre 2009. Enfin, la troisième période couvre les trois années qui vont du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2013. Notre deuxième démarche consistait en l’établissement d’une liste de blogs mobilisés pour notre analyse. Nous avons choisi le seuil de 3 000 lecteurs comme niveau minimal pour inclure un blog dans notre corpus. À la troisième étape, nous avons trié les blogs choisis afin de sélectionner uniquement des blogs éditoriaux politiques. Ces blogs ont été définis par le pourcentage du contenu politique et social. Ce pourcentage a été calculé selon les mots-clés indexant les billets des blogs (« faits », « tribunal » et « solidarité », « politique », « Poutine », etc.) et les liens sortants vers les médias au contenu politique. Nous avons considéré un blog comme politique lorsque son contenu était au minimum à 30 % consacré au contenu politique. Nous avons identifié 78 blogs de la plateforme LJ comme politiques, qui constituent notre corpus. Ils se répartissent selon les trois périodes de la façon suivante : 19 blogs pour la période 2004-2006 ; 28 blogs pour 2007-2009 ; 31 blogs pour 2010-2013. Après avoir établi le corpus, nous avons téléchargé le contenu des blogs choisis, en format html. Pour réaliser cette tâche, nous avons utilisé le script Ljsm, conçu spécialement pour les téléchargements des contenus des blogs de LJ. Puis, nous avons utilisé parser, un programme informatique spécifique, pour extraire du contenu téléchargé, les hyperliens. Nous avons ensuite éliminé les hyperliens sur les articles de blogs qui possédaient moins de dix liens et sur les sites qui n’étaient pas liés à un contenu politique (sites de divertissement, sites sportifs, etc.). Ainsi, nous pouvons décrire les liens sortants comme les liens politiques. Pour terminer, nous avons utilisé le logiciel Gephi (version 0.8.2.) de visualisation de réseaux sous forme de cartographie.
Période | Nombre de liens sortants des blogs étudiés | Nombre d’objets |
2004-2006 | 28 837 liens sortants | 2 437 objets |
2007-2009 | 66 470 liens sortants | 8 526 objets |
2010-2013 | 104 219 liens sortants | 68 objets |
Tableau 1 : Nombre de liens sortants des blogs politiques éditoriaux étudiés entre 2004 et 2013
Blog post-soviétique comme espace clos et restreint de débats : les modalités et les limites de débats en ligne
La première période étudiée, entre 2004 et 2006, correspond à la constitution et au renforcement de la blogosphère post-soviétique. Cette période était marquée par l’arrivée massive dans la blogosphère des acteurs politiques et sociaux exclus de l’espace public officiel. Nous avons observé l’apparition des hommes politiques d’opposition (blog de Sergei Aleksashenko en 2008 ; blog de Leonid Gozman en 2007 ; blog d’Ilya Ponomarev en 2005 ; blog de Boris Nemtsov en 2007). Depuis 2005, l’acteur novayagazeta, le blog du journal d’opposition Novaïa Gazeta (« Nouveau journal »), se présente très activement dans le LiveJournal. Ainsi avons-nous repéré le changement de la ligne éditoriale des blogs non-politiques. Ces blogs, comme dolboeb, le blog d’Anton Nossik, manager de projets éditoriaux de web, et comme drugoi, le blog éditorial d’information de l’ancien journaliste, Rustem Adagamov, ne traitaient les sujets politiques qu’occasionnellement à leur création. Dans les périodes étudiées, nous avons repéré l’augmentation des liens avec les sources d’information politique que ces acteurs donnaient dans leurs blogs.
Figure 1 : visualisation des liens sortant des blogs étudiés dans la période entre 2004 et 2006 correspondant à l’arrivée dans la blogosphère des acteurs exclus de l’espace public officiel et la politisation de cette sphère.
Nous avons confirmé l’existence du noyau de discussion avec une grande densité des hyperliens. Dans la période entre 2008 et 2010, par exemple, 284 liens sur 870 possibles relient entre eux les blogs étudiés (le taux de connexion étant de 32%). Cette période correspond à l’arrivée de la blogosphère à « maturité » et à sa formation en tant qu’espace de débats et de production de contenus médiatiques alternatifs à la médiatisation dominante. Les résultats obtenus ont aussi validé notre hypothèse concernant la déconnexion de cette sphère du système médiatique traditionnel. Nous avons également identifié un nombre très important de liens hypertextes faisant la promotion de blogs, représentant jusqu’à 30 % de l’ensemble des liens sur les blogs. Par exemple, entre 2004 et 2006, nous avons comptabilisé 9 159 liens provenant de blogs qui conduisaient au contenu des mêmes blogs sur 28 837 (ou 31,76 % de la totalité des liens sortants). Cela témoigne d’une porosité de cet espace numérique de débat. En effet, ces discours et ces débats optionnels ont été enfermés dans les micro-espaces des blogs séparés. Ces micro-espaces des blogs se présentent comme imperméables par rapport aux autres espaces. Ainsi, ces discours optionnels quittent rarement ces espaces et n’entrent pas dans l’espace dominant. Dans ce contexte, ils ne représentent pas de menace pour les acteurs dominants. Nous considérons que cette faiblesse de liens entre les acteurs témoigne de la fragmentation de l’espace public parallèle post-soviétique (Miège, 2010). Cet espace parcellé est divisé en plusieurs espaces clos avec de faibles liaisons entre eux. Paradoxalement, nous avons fixé le taux de liens trop faibles avec les sites d’opposition politique. Entre 2007 et 2009, nous avons relevé 72 liens sur le site du parti politique institutionnel d’opposition iabloko, (yabloko.ru) et 36 liens sortant sur le site du parti communiste kprf.ru, ce qui représente moins d’un pourcent de la totalité des liens. L’analyse des discours des blogueurs interviewés a révélé la méfiance par rapport aux partis politiques d’opposition. Ces acteurs les considéraient comme corrompus et sous l’emprise du pouvoir.
L’analyse montre une autre particularité des blogs post-soviétiques : leur forte proximité avec les médias d’opposition. Le pôle des médias d’opposition s’est révélé très présent à chaque période de notre analyse. En 2007-2009, 81,3% des liens sortants conduisent à des médias d’opposition (numériques ou traditionnels) relevant de l’espace public parallèle. Il s’agit des médias en ligne, des sites d’information newsru.com, gazeta.ru, lenta.ru, colta.ru, des sites des médias traditionnels d’opposition Echo de Moscou, journal quotidien national Novaya Gazeta, la chaîne télévisée câblée Dojd (tvrain.ru). Nous avons également observé des liens forts avec d’autres plateformes et services de médias sociaux, Facebook, YouTube, Twitter. La visualisation montre qu’entre 2004 et 2009 les blogs politiques étudiés ne donnent pas de liens sur les médias officiels historiques, les chaînes télévisées généralistes Pervyj Kanal, RTR et NTV, ni vers des journaux ou radios (2%). Ainsi, ils sont déconnectés de l’espace public dominant. L’analyse des entretiens avec les blogueurs montre que dans leur politique éditoriale, ces acteurs fonctionnent comme gatekeepers (Barbeau 2014) de l’espace parallèle. Dans le choix éditorial du contenu, les blogueurs cherchent à établir un agenda alternatif des actualités par rapport à l’agenda des médias traditionnels (Koltsova, Koltsov 2013). Le blogueur Oleg Kozyrev explique que l’espace du blog constitue un espace protégé, dont le premier objectif est de barrer l’entrée au discours officiel propagandiste. Selon Kozyrev, « c’est une sorte de protection. L’État avait déjà envahi l’espace des gens, l’histoire des blogs, c’est un peu l’histoire forcée pour eux »(2).
En outre, l’espace numérique étudié est détaché des réseaux sociaux postsoviétiques, dont la majeure partie relève de l’espace dominant, Odnoklassniki (« Camarades de classe »), VKontakte (« En Contact ») et Moj Mir (« Mon univers »). La seule exception, c’est Facebook. Dans la période entre 2004-2006, nous avons recensé 10 536 liens, soit presque 36,53% de la totalité des liens observés sur Facebook. Dans les autres périodes, ce nombre de liens n’a cessé graduellement de baisser jusqu’à ne plus constituer que 926 liens en 2010-2013. Cela confirme notre hypothèse sur la dégradation de LiveJournal en tant que plateforme de débats et la migration des acteurs sur Facebook. Nous avons observé le détachement de l’espace parallèle des débats non seulement de l’espace officiel politique dominant mais aussi de l’espace médiatique occidental. Nous avons comptabilisé le nombre marginal de liens sur les sites des médias occidentaux : par exemple, entre 2007 et 2009, ce chiffre ne dépasse pas 131. Nous n’avons trouvé aucun lien sur les blogs occidentaux. La dernière tendance observée, c’est l’apparition de liens sur les médias officiels de l’espace public dominant, à la fin de la période étudiée depuis 2010. Cette période concerne l’affaiblissement de la blogosphère en tant qu’espace de débats et son emprise par les acteurs de l’espace public dominant. La marginalisation et le déclin de LiveJournal en tant que sphère de débat s’expliquent par la montée en puissance des blogs commerciaux et les stratégies des acteurs étatiques et proches de l’État post-soviétique. Ces derniers se sont saisi des pratiques de communication numérique pour conserver leur monopole sur la production de l’information et pour promouvoir le discours étatique au sein de l’espace public parallèle. La pression des acteurs de l’espace public officiel sur la blogosphère se manifeste aussi par des attaques par déni de service (DoS-attack) (3) de hackers contre l’infrastructure numérique de la plateforme, l’endommagement de l’infrastructure numérique et le blocage temporaire de la plateforme. Ce déclin de la plateforme est accompagné par l’augmentation du nombre de liens sur les sites du web institutionnel. Par exemple, en 2007-2009, nous avons identifié 0,6% des liens (263) sortants sur les médias dominants (chaînes télévisées, journaux). Le développement du web étatique officiel s’est manifesté dans le fait que le nombre de liens sur le site de l’agence de presse étatique RiaNovosti a augmenté huit fois et est passé de 24 (entre 2004 et 2006) à 179 (2007-2009) et 198 (2010-2013). Nous considérons que cette pénétration des discours propagandistes dans la blogosphère a été véhiculée par les blogueurs pro-pouvoir financés par l’État, qui se sont lancés massivement dans la blogosphère dans cette période.
Figure 2 : La cartographie des liens sortants sur les sites des médias traditionnels non-officiels en 2010-2013 (visualisation faite avec le logiciel Gephi)
D’après les acteurs que nous avons interrogés, la raison principale de la politisation rapide de la plateforme LiveJournal au milieu des années 2000, réside dans son affiliation et son hébergement aux États-Unis. De fait, même si c’est une société russe qui possède la plateforme, la publication des contenus est régie par la législation américaine. Les gestionnaires de la plateforme n’ont pas le droit de fournir l’identité des blogueurs, même s’ils sont inculpés par la justice russe. Les débats et les échanges sur la plateforme ont donc pu se développer grâce à la protection de ces acteurs. Comme Ilya Dronov, directeur de la société LiveJournal Russia, l’explique dans son entretien :
« La plateforme est sous la protection des lois américaines, et de plus, nous avons un statut qui nous permet de ne pas prendre la responsabilité pour le contenu de l’utilisateur même en cas de violation du droit d’auteur. Il faut que le détenteur des droits fasse appel à nous. Dans ce cas, nous allons immédiatement avertir les utilisateurs et bloquer le contenu. Les procédures sont bien décrites. En Russie, il n’y a pas de procédures. Elles sont non-formelles. Ici, quand un juge décide, alors ainsi soit-il »(4).
Dans les discours des acteurs, l’Internet est présenté comme une sphère sans contrôle étatique, dans un espace où ce contrôle est inefficace, voire impossible. En même temps, les conditions du fonctionnement des débats au sein de l’espace public parallèle ne sont pas respectées. La première caractéristique des débats dans l’espace numérique post-soviétique, évoquée par les acteurs interrogés, c’est le rétrécissement de l’accès aux débats pour différents acteurs. En effet, ces débats possèdent un caractère élitiste. Les blogueurs ont évoqué plusieurs fois la capacité de mener des débats « intéressants » et « argumentatifs » attribués au cercle restreint des acteurs. Les échanges d’opinions sur les blogs se réalisent donc entre des acteurs qui partagent des avis identiques. Il n’y a ni confrontation de points de vue, ni nécessité de défendre ses positions et ses propos. De ce fait, les espaces de débat sur les blogs se présentent comme des espaces de reproduction de points de vue similaires, d’idées circulant dans l’espace parallèle. Les débats en ligne se caractérisent, en deuxième lieu, par beaucoup d’émotions et peu d’arguments. Les acteurs interrogés pointent les défauts de ces débats : l’absence d’une culture de la discussion, le manque de désir de comprendre un point de vue évoqué par autrui et, par conséquent, d’aboutir à un consensus et le non-respect de l’opposant. Les participants aux débats, comme l’indiquent les acteurs, ne cherchent pas à expliquer et à justifier leurs propos mais expriment des avis et des jugements simplifiés, reproduisant très souvent les postulats de la propagande étatique. En troisième lieu, les espaces de discussion dans les blogs deviennent des lieux d’une polémique acerbe et de confrontations agressives concernant les symboles. Les acteurs interrogés attribuent le déploiement des confrontations et la marginalisation des débats à l’expansion des groupes de blogueurs militants pro-pouvoir. Ces groupes de blogueurs interviennent dans les fils de discussion afin d’insulter les participants des débats, de banaliser et de marginaliser les discussions. Comme le bloggeur Sergueï Elkin l’indique, des centaines de ces militants sont abonnés à son blog sur LiveJournal. Ces faux blogueurs militants pro pouvoir peuvent être identifiés par les profils vides de vitrines et des identités fausses: «Tous ces « amis » ont le nom qui commence par une même lettre d’alphabet, par exemple le « M », leurs profils sont comme des copies. Il y a trois ou quatre entrées, une photo du chat, une recette, une publication neutre de la presse people. Et son « ami » aura la même chose. C’est pour cette raison qu’ils sont facilement identifiables. Ces gars-là viennent dans mon blog pour insulter ou provoquer les autres participants. Si je les bloque, ou si je ne fais pas attention, un autre vient ».
Figue 3 : Cartographie des liens sortants des blogs éditoriaux politiques LiveJournal entre 2010-2013 correspondant à l’affaiblissement de la blogosphère post-soviétique, selon notre étude des liens sortants des blogs éditoriaux sur la plateforme LiveJournal. Nous observons le renforcement des pôles des médias officiels dominants en ligne et les sites institutionnels officiels.
De ce fait, les espaces numériques des débats en Russie post-soviétique se transforment souvent en lieux de violence symbolique, de confrontation et de prolongation de l’espace public officiel. D’une manière générale, les activistes du web favorables au pouvoir jouissant de l’anonymat dans les débats en ligne, se font passer pour un participant ordinaire et en profitent pour se moquer insidieusement des autres participants, à travers des messages provocateurs ou sans intérêt. Leur but est de détourner les débats, pour que les débats se lancent autour de leurs interventions et des sujets de débats qu’ils proposent. Ces acteurs cherchent également à lancer les messages qui commentent la gestion du forum au lieu de l’objet de la discussion. Ils diffusent les messages ou d’autres éléments qui sont gravement offensants, indécents, obscènes ou menaçants. Ces messages deviennent un jeu subtil de connivences, de divisions, de recherche d’alliés et d’ennemis. Répétés en boucle, ces communications n’ont qu’un seul but – celui de faire dégénérer la discussion et le débat en usant de tous les moyens possibles : messages insultants, dénigrement de l’adversaire, rumeurs, caricatures, vidéos ou photomontages douteux, voire diffamatoires, mais à fort potentiel viral.
Le format peu innovant des blogs éditoriaux post-soviétiques comme producteur d’information
L’analyse des discours des blogueurs de la plateforme LiveJournal permet de percevoir plusieurs contraintes qui pèsent sur la production du contenu par les blogs. Dans la description de leurs pratiques de rédaction de contenus, les blogueurs insistent à plusieurs reprises sur le fait que leur façon de choisir les contenus est similaire à celle des journalistes professionnels. Le blogueur Oleg Kozyrev l’explique : « Je ne peux pas écrire sur tous les sujets. Il y a des sujets dont je ne suis pas sûr de la vérité. Je ne les touche pas ». Dans les discours des acteurs, le travail de rédaction du contenu des blogs se caractérise par des modalités propres aux travaux des journalistes dans les médias traditionnels. Notamment, par rapport aux questions de périodicité et de rubricage. Le blogueur Muhhamedov décrit ainsi son travail de rédaction, contraint par la nécessité de mettre régulièrement à jour le contenu de son blog : « Je gère mon blog comme un projet. Le blog a besoin de sujets qui durent. Ces sujets m’aident beaucoup. Dès qu’il y a des choses qui se répètent, les clients commencent à s’abonner à mon blog, à le suivre »(5).
Une autre contrainte, que nous avons identifiée, est que les blogueurs interrogés considèrent les blogs éditoriaux à la fois comme leur journal intime, qu’ils créent pour communiquer avec un cercle d’amis proches, et comme un média personnalisé pour produire un discours d’information sur des sujets d’intérêt général. Ainsi, les blogueurs doivent constamment choisir entre un discours subjectif et émotionnel, propre au journal intime, et un discours neutre et distancié sur les événements. Le blogueur Muhhamedov explique cette contrainte : « Moi, j’essaie de rédiger d’une manière neutre et c’est un désavantage de mon blog. Dans le blog, il faut des émotions, les lecteurs suivent la personnalité. Un lecteur a besoin d’un message fort avec des photos, une vue personnelle. « Ceux-là sont des imbéciles », « nos amis se font attaquer », « ceux-là sont des gens biens » – un lecteur aime ça ». Les bloggeursdécrivent la pression de la routine, le besoin de publier régulièrement quelque chose sur le blog sinon, les lecteurs n’ont pas de nouveaux contenus à lire et se désabonnent. « Il arrive très souvent, qu’il n’y a pas de sujets. J’ai rien à prendre en photos aujourd’hui, hier non plus. Et demain, non plus. La dernière publication était dimanche, on arrive à jeudi et je n’ai pas de nouvelles publications, il faut faire quelque chose ». Sergueï Kuznetsov, blogueur skuzn, estime dans son entretien que, pour ces acteurs, l’Internet n’est pas un lieu d’expression, de débats et de production de l’information médiatique mais « le lieu de la création des utopies, des idéologies pour mobiliser les gens et les faire sortir protester sur les rues comme en hiver 2011-2012 ». Ces acteurs sont tiraillés entre la gratuité d’accès au contenu et la recherche de rentabilité et de profit. La logique commerciale et la critique politique s’affrontent. Selon le blogueur Igor Cherski, c’est le contenu « people », les photos glamour qui avaient le plus favorisé la consultation des blogs, étant donné les particularités du support : « le blog est un journal intime et un journal intime c’est une occupation des filles, en général».
Notre étude montre que les blogueurs post-soviétiques avaient reproduit le modèle des médias dominants. Les formats des entrées des blogs sur la plateforme LiveJournal avaient été largement calqués sur les modèles de la presse écrite. Dans tous les cas étudiés, le texte seul et le texte avec l’illustration fixe étaient apparus comme les formats majoritairement retenus. Notre étude montre que les blogueurs interrogés se trouvent toujours sous l’emprise de la vision soviétique et marxiste des médias. Par exemple, le blogueur Kozyrev reproduit la vision instrumentalisée des médias. Il considère que la vocation des blogs est non seulement de faire la couverture des événements mais de s’en servir comme un moyen de propagation des idéologies et comme un organisateur d’initiatives. Dans ce cas, la blogosphère post-soviétique joue un double rôle, consigné dans ces discours : celui du contre producteur de discours d’information qui cherche à renverser la domination des médias officiels, au sein de l’espace de mobilisation, de débats et d’engagement civil. Malgré la critique des médias dominants qui, dans les discours des blogueurs, se présentent comme outils de domination et de diffusion de la propagande, les blogueurs eux-mêmes cherchent à reproduire dans la blogosphère ce système hiérarchique des médias dominants, avec la prise de parole monopolisée par les blogueurs leaders d’opinions, les tysiatchniki, ces blogueurs dont les blogs dépassent un millier d’abonnés. Les acteurs interrogés expliquent que les particularités de la blogosphère post-soviétique consistent dans le fait qu’un petit nombre de blogs accumule la majorité d’audience. Ilya Dronov indique que sur la plateforme LiveJournal, il n’y a que 3 % des blogs qui produisent régulièrement du contenu, et sur lesquels les lecteurs laissent des commentaires.
Conclusion
Comme notre étude le montre, les dispositifs numériques de communication peuvent être mobilisés par les acteurs des espaces sociaux différents pour fournir un cadre d’expression autonome, réactiver les débats, assurer la circulation des pensées critiques et opinions optionnels. En outre, ils contribuent également à renforcer les performances de la communication étatique voire de la propagande, assurer la domination sur les acteurs sociaux et leur aliénation. Nous avons repéré plusieurs lignes de tension à l’intérieur de cet espace. Ces tensions et contraintes n’ont pas permis à la blogosphère de se maintenir comme espace de débats publics et ont conduit à son affaiblissement et à l’appauvrissement des débats. Nous avons identifié des contradictions entre le caractère intime du blog et ses prétentions à produire un discours d’intérêt général. Le blog est à la fois un journal intime, un endroit où le blogueur se met en scène, un espace numérique de débats.
Nous avons aussi identifié des contradictions entre les débats d’intérêt général, la recherche de reconnaissance personnelle et la recherche de la rentabilité. Les acteurs de la blogosphère sont placés dans des stratégies parfois contradictoires de recherche des lecteurs, de recherche de commentaires et de visibilité. L’absence de résultats des débats et l’impossibilité de passer aux actions politiques ont contribué à la déception des acteurs de la blogosphère. Dans la deuxième moitié des années 2000, la blogosphère post-soviétique héberge des acteurs exclus de l’espace public officiel et contribue à l’apparition de nouveaux acteurs dans les débats publics. Parallèlement à l’isolement de la blogosphère de l’espace public officiel, l’espace médiatique renforce le clivage entre l’espace officiel et l’espace parallèle. L’introduction des blogueurs militants pro-pouvoir contribue à l’instrumentalisation de la blogosphère.
Notes
(1) La période post-soviétique débute après l’éclatement officiel de l’État soviétique le 26 décembre 1991. Pourtant, la notion de « post-soviétique » doit être utilisée avec précaution. Comme notre travail le montre, les institutions, les pratiques sociales et les discours soviétiques persistent encore en Russie contemporaine au début des années 2010. L’objet de notre recherche, la Russie post-soviétique, ne représente ni une entité géographique, ni une entité politique. Pour nous, cet objet est constitué de nombreux acteurs politiques et sociaux qui utilisent les outils de la communication numérique. Il s’agit, notamment, des partis officiels institutionnalisés et non-officiels, des médias dominants traditionnels, des médias en ligne, des blogueurs, des cyber-activistes d’opposition et favorables aux pouvoirs, des associations, des communautés sur le web et des activistes civils.
(2) Oleg Kozyrev, scénariste, blogueur oleg-kozyrev, entretien du 20 juillet 2012
(3) Une attaque par déni de service (denial of service attack / DoS-attack) est une attaque informatique ayant pour but de rendre indisponible un service ou de barrer aux utilisateurs l’accès à l’utilisation d’un service, par l’inondation d’un réseau afin d’empêcher son fonctionnement.
(4) Ilya Dronov, directeur de LiveJournal Russia, entretien du 21 mars 2012.
(5) Sergueï Muhhamedov, journaliste, blogueur ottenki-serogo, entretien réalisé le 22 mars 2012.
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Auteur
Alexander Kondratov
.: Né en Russie, Alexander Kondratov est doctorant et attaché temporaire en enseignement et recherche en sciences de l’information et de la communication au Laboratoire GRESEC de l’université Stendhal Grenoble 3. Ses travaux portent sur les enjeux politiques de l’Internet et des réseaux sociaux, la mutation de l’espace public post-soviétique et la socio-économie des médias « nouveaux » et traditionnels.