-

Quelle réflexivité médiatique pour les Humanités Numériques ? La numérisation des manuscrits littéraires

15 Sep, 2015

Résumé

Les projets de recherche menés en Humanités Numériques nécessitent que ses acteurs définissent des dispositifs de représentation des nouveaux objets textuels que sont les archives numérisées et leur traitement. Les médiations numériques qui donnent à voir et à interpréter les collections engagent une variation des qualités même des objets culturels en fonction d’univers d’organisation des connaissances instituants et pluriels. L’article fait l’analyse de la valorisation numérique de manuscrits dans le cadre d’un programme de recherche : le projet « Manuscrits de Stendhal » (Université Stendhal de Grenoble 3, Bibliothèque Municipale de Grenoble).

Mots clés

Humanités numériques, manuscrit, médiation, institutions du savoir, média.

In English

Title

The Digitalization of Literary Manuscripts: Which Media Reflexivity for the Digital Humanities?

Abstract

Research projects conducted in Digital Humanities require to define new representation devices textual objects: the digital archives and their treatment. The digital mediations that give to see and interpret the collections undertake a variation of the qualities of cultural objects based on differents institutions and various epistemologies. The article analyzing the transformation of manuscript’s cultural values as part of a research program: the project « Stendhal Manuscripts » (Stendhal University of Grenoble 3, Grenoble Municipal Library).

Keywords

Digital humanities, manuscript, medium, digitalization, knowledge institutions.

En Español

Título

La digitalización de los manuscritos literarios: reflexividad medios de Humanidades Digitales

Resumen

Los proyectos de investigación llevados a cabo en Humanidades Digitales exigir nuevos dispositivos de representación de los objetos de texto: los documentos digitales y su tratamiento. Las mediaciones digitales  comprometen una variación de las cualidades  culturales de los objetos basadas en instituciones diferentes y diversas epistemologías. El artículo analiza la transformación de los valores culturales de manuscritos como parte de un programa de investigación : el proyecto « Stendhal manuscritos » (Stendhal Universidad Grenoble 3, Grenoble Biblioteca Municipal).

Palabras clave

Humanidades digitales, manuscritos, mediación, instituciones culturales.

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Bonaccorsi Julia, «Quelle réflexivité médiatique pour les Humanités Numériques ? La numérisation des manuscrits littéraires», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°16/2, , p.83 à 98, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2015/dossier/06-reflexivite-mediatique-humanites-numeriques-numerisation-manuscrits-litteraires/

Introduction

Traiter des médiations(1) des dispositifs de valorisation des collections numériques à partir du cadre des programmes de recherche en Humanités Numériques forme le projet de cet article. La numérisation des sources et des archives s’effectue en effet dans ces contextes de recherche en impliquant non seulement les acteurs de la recherche mais également des institutions patrimoniales : s’y engage, nécessairement, une réflexion croisée sur les visées et cibles des projets, parfois de manière concurrente ou divergente. L’objet de notre travail est ici de considérer les implications pour les pratiques de recherche de ces configurations spécifiques au cadre des projets en Humanités Numériques. Plus précisément, nous nous intéresserons aux valeurs que les acteurs donnent aux objets des collections numérisées, en faisant l’analyse des « lieux de médiation » qui les convertissent en objets interprétables, manipulables, montrables : des bases de données, des sites web, etc.

Deux hypothèses soutiennent la recherche :

  • d’abord, les caractéristiques des Humanités Numériques en tant qu’organisation du travail (mode projet, pluridisciplinarité et multi-partenaires) impliquent des modalités de valorisation de la recherche qui relèvent d’une médiatisation ;
  • ensuite, le processus de numérisation modifie les statuts et les valeurs culturelles des archives, non seulement du point de vue de l’accès aux collections mais également du point de vue des qualités matérielles et médiatiques des sources elles-mêmes (et par là, de la connaissance qu’elles rendent possible, scientifique comme profane).

La problématique porte ainsi sur des « politiques » de numérisation d’objets culturels en Humanités Numériques. Nous nous centrerons sur une dimension thématique des Humanités Numériques définie par un domaine particulier, la littérature, par des acteurs et des projets. Mille précautions sont donc prises, pour nous arrêter sur un angle très singulier et partiel de la question des Humanités Numériques, dans un environnement de publications et de discours pléthoriques portant sur les transformations des pratiques de recherche et de production de la connaissance par et avec les outils et infrastructures numériques.

Les Humanités Numériques sont appréhendées comme un secteur (un « monde » dirait Howard Becker) : les spécialistes qui s’y rencontrent définissent et ajustent des dispositifs de représentation des nouveaux objets textuels que sont les archives numérisées et leur traitement (Dacos, Mounier, 2014). Du point de vue théorique, les recherches portant sur l’analyse des médiations en jeu dans les relations médiatisées aux objets culturels nourrissent une approche sémiologique portée sur les médiations documentaires et les processus numériques de représentation et d’édition des objets culturels (Després-Lonnet, 2009, 2012 ; Jeanneret, 2004). Nous interrogeons en particulier les effets de sens de cette nouvelle matérialité des textes – aux sens physique, plastique, formel, symbolique – en nous focalisant sur les manuscrits. Une place transversale sera accordée aux projets et aux acteurs : nous nous intéressons particulièrement aux modalités scientifiques et/ou publiques d’accès aux archives.

Dans cet article, la valorisation numérique de manuscrits sera plus spécifiquement analysée à travers l’étude d’un programme de recherche : le projet « Manuscrits de Stendhal » (Université Stendhal de Grenoble 3, Bibliothèque Municipale de Grenoble – BMG)(2).

Une première partie mettra en relief certains facteurs explicatifs de la place occupée par les dispositifs de valorisation dans les projets en Humanités Numériques, ceux-ci pouvant être vus comme des artefacts, véritables « objets-frontières » (Star, Griesemer, 1989) de la recherche collective, lieu du compromis dans l’innovation (Flichy, 1995). Les médiations numériques qui donnent à voir et interpréter les collections engagent, comme nous le verrons dans une seconde partie, une variation des qualités mêmes des objets culturels (comme expôts, comme sources) en fonction d’univers d’organisation des connaissances instituants et pluriels.

Politiques des Humanités Numériques et médiations : des « mondes », des projets et leurs objets-frontières

Partant de notre première hypothèse, nous explorons dans cette première partie les logiques communicationnelles dues aux propriétés organisationnelles des projets et aux stratégies des acteurs impliqués.

Les opérations de « livraison » du travail scientifique

La réflexion porte ici spécifiquement sur les représentations des collections numériques dans le contexte d’activités scientifiques qui relèvent des Humanités Numériques, c’est-à-dire, d’une part, les activités qui engagent la production de connaissances sur la base d’un traitement archivistique, éditorial et interprétatif d’objets numérisés (images, textes, etc.) ; d’autre part, les activités qui engagent une réflexivité sur les outils de collecte, de traitement et d’analyse de corpora numériques (Berra, 2012). « Le numérique comme instrument de recherche ; le numérique comme outil de communication ; le numérique comme objet de recherche. C’est de ce complexe là que les Humanités Numériques se saisissent (…). » (Dacos, Mounier, 2014, p. 6). Marin Dacos et Pierre Mounier soulignent par ces trois niveaux un enchâssement qui fait le cœur des Humanités Numériques ; surtout ils intègrent la dimension communicationnelle. De fait, quelles que soient les entrées et les disciplines impliquées (qu’il s’agisse de réaliser une édition savante, de mobiliser la fouille de données de corpus web, de produire la reconstitution 3D d’un site archéologique, etc.), les propriétés structurelles des projets scientifiques nécessitent une « livraison » du travail scientifique. Celle-ci relève à la fois de publications académiques ainsi que de modalités de représentation du projet, variées certes, mais qui répondent toutes aux mêmes problématiques communicationnelles : rendre visible le projet, rendre accessibles les résultats. Comme le décrit Jean-Christophe Plantin, il faut relever « les modes de valorisations hétérogènes dans les projets et les centres de digital humanities (tels un site web, une archive, ou un outil ) (…). Cette concurrence entre les modes de valorisation peut amener les chercheur(e)s en digital humanities à doubler ces réalisations d’une production scientifique plus traditionnelle, afin de se conformer aux critères de l’avancement des carrières (…). » (Plantin, 2014, 15).

Ainsi, Plantin met-il en évidence deux dimensions des logiques communicationnelles de la valorisation. La première dresse le constat d’une bifurcation enre les modes de valorisation de la recherche en Sciences humaines et sociales et les enjeux de légitimation et de reconnaissance y incombant. La seconde pointe une spécificité des projets scientifiques menés dans le cadre des Humanités Numériques : leur caractère composite et intrinsèquement pluridisciplinaire, ce que Plantin désigne comme une « déterritorialisation ». On peut discuter, et nous le ferons en conclusion, cette qualification englobante des enjeux des Humanités Numériques et qui ne s’y résume pas. Cependant, il faut bien constater que cette caractéristique est un facteur explicatif de la production d’outils de valorisation et de communication, dans le processus même de la recherche. De fait, les conditions économique et organisationnelle de la recherche en Sciences Humaines et Sociales impactent, et ce n’est plus à prouver, les pratiques et les formats de production. Pour le pire, comme pour le meilleur : « Par une certaine ironie, tenter de nouveaux agencements postdisciplinaires peut avoir pour conséquences d’accentuer une montée de la précarité dans le monde académique (…). Cette temporalité peut également amener une survalorisation des résultats rapidement communicables (par exemple les visualisations de données) et l’indexation de la recherche à des effets de mode, allant à l’encontre d’une visée à long terme de la recherche ». (Plantin, 2014).

L’autre facteur est ainsi lié à l’organisation même des projets qui impliquent plusieurs types de partenaires, académiques ou non, comme c’est le cas des institutions patrimoniales qui nous intéressent dans le cadre de cet article. Nous les désignons comme des « mondes » que le projet de recherche fait interagir, un espace délimité, animé par des forces sociales et fondé sur l’ajustement et la négociation. Les acteurs y « développent graduellement leurs lignes d’activité, prenant note de la façon dont les autres répondent à ce qu’ils font, et en ajustant ce qu’ils vont faire de manière à essayer de faire en sorte que cela convienne à ce que les autres ont fait et vont probablement faire. » (Becker, 2006, p. 13).

Les médiations des « objets-frontières »

A partir des ces premiers jalons contextuels, nous pouvons considérer que les « mondes » des Humanités Numériques se structurent et convergent à partir d’autant d’ « objets-frontières ». Parmi eux les sites web et les visualisations de données « supportent » (au sens premier du terme, « soutiennent ») les projets. Morgan Meyer a suggéré la notion de « projets-frontières » pour définir une banque de données co-élaborée par le Musée d’Histoire Naturelle du Luxembourg et certains amateurs. Il souhaitait ainsi analyser précisément la construction des objets c’est-à-dire leur dimension processuelle ainsi que les interprétations variables et le sens que donnent les acteurs aux objets-frontières (Meyer, 2009) : « À travers la banque de données, des mondes sociaux différents sont entremêlés. Les informations mises en réseau peuvent traverser les frontières sociales et techniques de différentes communautés épistémiques (…). » (Meyer, 2009, p. 71). C’est in fine à une analyse des médiations techniques et sociales que Meyer s’attelle, mais la prédominance de l’analyse stratégique de l’acteur-réseau laisse totalement dans l’ombre les effets de sens qui se jouent à travers les « objets-frontières ». Or, ces médiations sont au contraire centrales pour nous et si les sociologues de l’innovation ont pointé la focale de l’analyse plutôt du côté des acteurs sociaux, nous défendons une analyse fine des effets de sens opérés par la nouvelle matérialité des manuscrits (à la fois leur numérisation et leur médiatisation). L’histoire du livre nous conduit à défendre, ainsi, un point de vue attentif au « sens des formes »  (Chartier, 1989).

Cette dimension est particulièrement importante du point de vue des Sciences de l’Information et de la Communication pour comprendre les tensions et dynamiques épistémologiques que rencontrent les projets en Humanités Numériques, et qui relèvent de la problématique de l’ « outil » comme technologie intellectuelle (Robert, 2010). On « développe des choses » nous disent Stephen Ramsay et Geoffrey Rockwell : des artefacts, dont les pouvoirs signifiants sont différemment appropriés et investis (Sack, 2013).

Les enjeux médiatiques et éditoriaux des modes de valorisation des projets

Les modes de valorisation des projets en Humanités Numériques sont ainsi pris dans ce paradoxe qui engage la production de technologies intellectuelles comme outils et en même temps comme médias.

En effet, dans le cas de la numérisation de sources, la connaissance scientifique s’élabore à la croisée de l’encodage, du traitement, de l’indexation, de l’enrichissement documentaire, de l’analyse et de l’interprétation académique mais aussi de la visibilité médiatique désirée par l’ensemble des partenaires, selon des objectifs différenciés. A ce sujet, Claire Bustarret et Serge Linkes évoquent les divergences entre deux projets portant sur l’archive littéraire, l’un visant à une démocratisation grand public des archives (OPTIMA), l’autre plus restreint mais souhaitant répondre à des objectifs scientifiques précis, notamment trouver des solutions sémiotiques au lissage des singularités formelles des archives manuscrites dans la numérisation (ARGOLIDE). « Le projet OPTIMA de l’ITEM sélectionné par l’ANR souhaite répondre à l’intérêt grandissant que porte le public à l’archive littéraire en s’attelant au projet d’une vaste édition numérique des manuscrits littéraires. De ce point de vue, les ambitions d’ARGOLIDE sont plus modestes : cet outil doit seulement faciliter la démarche éditoriale en permettant l’exportation des données (texte, image, appareil critique…) pour réaliser des éditions papier ou numériques, voire des bases de connaissances consultables sur Internet. » (Bustarret, Linkes, 2008).

Comment éviter l’iconicisation des objets numérisés ? Comment garder/enrichir les propriétés matérielles des objets, c’est-à-dire garantir leur capacité à être manipulés, et maintenir autant de savoirs possibles sur les manuscrits ? Comment répondre à la « segmentation et (…) la désincarnation du document » (Westeel, 2004) ? Comment produire de nouvelles normes éditoriales, véritablement augmentées en regard des documents papier ? « La mise en ligne (…) est complexe puisqu’elle nécessite un travail de présentation des documents manuscrits dans leur dimension matérielle et intellectuelle et l’établissement d’un paratexte critique standardisé dans la forme – par la normalisation inévitable de la mise en ligne – mais particulier à chaque manuscrit dans le fond – du fait de l’hétérogénéité intrinsèque de l’objet. » (Ibid.)

Ainsi, la problématique éditoriale est reconfigurée par un renforcement de l’indexation documentaire des manuscrits numérisés et par une augmentation de la production de métadonnées, selon une normalisation qui souhaite remplacer les informations physiques identifiables par la manipulation de l’original. Le « paratexte critique standardisé » appareille l’archive pour en conserver la singularité en tant qu’objet et pour contourner sa transformation en « image ».

On saisit l’importance d’examiner le statut culturel des collections numérisées modifié par leur transformation matérielle et symbolique à travers les mises en visibilité dans l’écran. Elles convoquent ainsi une culture numérique (Dufrêne et al., 2013). Nous nous penchons à présent sur un projet situé au prisme de ce questionnement sur la médiatisation numérique.

Sources manuscrites et médiatisation : les lieux de médiation numérique des manuscrits de Stendhal

Le temps du projet et ses objets-frontières

L’étude du programme de numérisation des « Manuscrits de Stendhal » vise à décrire le rôle des différents « lieux de médiation » numérique dans le projet, et à comprendre l’opérativité sociale et symbolique de la « mise en média » des archives manuscrites.

Que recouvre ce programme ? Il importe pour commencer, de tracer brièvement quelques grandes lignes du projet. L’observation que nous en faisons en 2014 est le résultat d’une longue histoire : les strates de celles-ci concernent aussi bien la diversité des acteurs investis que les médias mobilisés. Parmi les acteurs, figuent la Bibliothèque Municipale de Grenoble, les chercheurs de l’Université Stendhal (le laboratoire Traverses 19-21 spécialisé en littérature et le laboratoire LIDILEM pour la partie informatique et linguistique) une entreprise de numérisation, la MSH de Grenoble : « Cette plateforme collaborative réunit une vingtaine de personnes (chercheurs littéraires, informaticiens et linguistes) coordonnées par Cécile Meynard, en partenariat avec la Bibliothèque municipale (chargée de la numérisation des manuscrits) » (Lebarbé, Blanchard et Meynard, 2009a)

Particulièrement attentifs aux transports médiatiques dans la mise en œuvre d’une plate-forme d’édition numérique des archives numérisées, les porteurs du projet définissent les contraintes techniques de la plate-forme à partir d’une réflexion articulée autour de la tension entre manuscrit et livre. Parmi les objectifs scientifiques, il s’agit de produire une nouvelle normalisation technique qui « répare » le traitement physique qui avait été réalisé pour réunir le fonds en volumes à la fin du XIXème siècle : autrement dit, défaire des assemblages dans des volumes reliés selon des choix résultant, par exemple, du format initial des feuillets. En 2001, Gérald Rannaud, Serge Linkès et Jean-Yves Reysset créent un prototype de base de données informatisées avec FileMaker Pro permettant de décrire physiquement chaque page et de réaliser une transcription.

Remettre de l’ordre, d’abord, tel est bien le sens du projet CLELIA(3) qui est un travail de transcription sémantique des pages de manuscrits : « L’objet Page de manuscrit est transcrit dans un formalisme XML dont la grammaire a été conçue en étroite collaboration entre informaticiens et littéraires afin de la conformer à la terminologie du domaine et de la rendre accessible aux transcripteurs, quelle que soit leur aisance avec les outils informatiques. En résulte un ensemble de fichiers XML où l’information est structurée hiérarchiquement, chaque unité textuelle de la page de manuscrit est clairement identifiée, associée aux corpus textuels lui correspondant, enrichie d’annotations critiques et génétiques. L’intérêt d’une telle représentation formelle est qu’elle peut être transformée automatiquement vers des représentations visuelles ou conceptuelles. » (Lebarbé, Meynard, 2009b). Dans l’article dont est extraite cette citation, Thomas Lebarbé et Cécile Meynard pointent pas à pas les enjeux complexes et parfois paradoxaux liés aux décisions relevant de la mise en visibilité des manuscrits dans le projet, depuis l’encodage des données jusqu’à la production d’affichages différenciés en fonction des publics. La « diversité des représentations du même objet » (Lebarbé, Meynard, 2009b) ressort comme une question particulièrement sensible, du fait des partenaires impliqués.

D’abord, la Bibliothèque Municipale de Grenoble soutenue par le Ministère de la Culture, fait appel à une société de numérisation, Arkhênum qui « met à disposition les manuscrits des six cahiers « Bérès » du Journal de Stendhal, qu’elle a numérisés sous forme de livres virtuels, la souris se substituant au doigt pour corner puis tourner la page, la présentation en Flash étant agrémentée du bruit de la page que l’on tourne. » (Lebarbé, Meynard, 2009b). Le modèle surplombant du livre et de la page qui sous-tend ces visualisations apparaît contradictoire avec le projet scientifique. Les chercheurs qualifient d’ailleurs cette représentation d’ « esthétique et ludique », à mille lieues d’une représentation scientifique. Le « feuilletage » est présenté sur le site web de la BMG comme une modalité de lecture d’œuvres « emblématiques ». Or, la sémiotisation visuelle de cette modalité de lecture (la page qui tourne) et sonore (le bruit du papier) est perçue par les chercheurs comme une opacité informationnelle.

Ensuite, en réponse à cette modalité éditoriale, un autre type d’affichage rend compte du travail scientifique produit dans le cadre de CLELIA. Plus exactement, les chercheurs définissent des « granularités » différenciées : la page (juxtapositions des pages paires et impaires) ; la planche contact présentant un ensemble de pages ; la transcription associée à l’image de la page. Ainsi, la transcription fait l’objet de plusieurs niveaux de présentation : celle, complète, intégrant « les informations critiques et analytiques enregistrées par les transcripteurs », celle, partielle, à destination du « visiteur occasionnel », enfin, la dernière destinée aux transcripteurs. Les chercheurs donnent ainsi à la transcription un statut médiatique variable, devant répondre à un double enjeu de représentation et de visibilité : représenter la page (dans sa forme et son organisation) ou le résultat du processus d’écriture. Le codage XML est mobilisé de manière à produire ce que les porteurs scientifiques du projet nomme « transcription pseudo-diplomatique », les visées principales étant la pérennité du stockage et la possibilité d’une information stockée dans la base de données et affichée en format XML :

La méthode consistant à encoder les transcriptions en XML selon une grammaire précise présente aussi un avantage non négligeable. L’information étant structurée et contrainte, il est possible de découper les fichiers de transcription en fonction des critères de la base de données. Nous disposons donc d’une parité parfaite entre la base de données et les fichiers XML de transcription.
(Lebarbé, Blanchard, Meynard, 2009a)

Dit autrement, CLELIA engage un double processus de représentation des données qui intègre à la fois un enjeu d’accès aux métadonnées décrivant les feuillets, et celui d’une « visualisation » de la transcription, en raison d’un affichage « conforme aux intentions des transcripteurs » (Ibid.). La plate-forme ainsi réalisée, hébergée par la MSH-Alpes, se veut collaborative. Elle est investie du pouvoir d’intégrer plusieurs modalités de consultation, en fonction de catégories d’utilisateurs préfigurées : grand public, public spécialisé. L’interface, qui a été pensée et discutée dans l’article de 2009 comme un véritable geste éditorial, résulte d’une problématique organisationnelle liée au projet et à ses acteurs, et conduit à une réflexivité forte sur les sources de données et leur stockage :

L’ensemble du système a été prévu de manière à bien séparer les données :

  • les images, propriétés de la Bibliothèque municipale de Grenoble ;
  • les transcriptions et données XML, créées par les membres de l’équipe « Manuscrits de Stendhal » ;
  • la base de données – reprenant différemment les données de transcription – et l’interface logicielle – développées par le laboratoire LIDILEM.

(Lebarbé, Blanchard, Meynard, 2009a)

Ces différents éléments constituent autant de décisions techniques mais aussi énonciatives qui d’une part, font converger des modes de valorisation et qui d’autre part, reflètent une négociation entre les acteurs, cette dernière s’ajustant à partir de la séparation des données décrites ci-dessus.
Cependant, ces ajustements sont invisibles pour les utilisateurs. A rebours de la présentation du projet que nous avons réalisée jusqu’à présent, nous proposons d’aborder la médiatisation des archives numérisées selon une posture interprétative novice : celle du visiteur arrivant « par curiosité ou par hasard » sur le site web présentant le fonds Stendhal, à partir du site de la BMG (Paganelli, Mounier, Pouchot, 2011).

Les manuscrits de Stendhal : une triple exposition ou des objets différents ?

Première entrée : sur le site web de la BMG, depuis l’onglet Stendhal (parmi les 5 principaux onglets de la page d’accueil), le visiteur(4) est confronté à une pluralité de médiations autour de l’écrivain : un Musée comme lieu d’origine (appartement Gagnon/natal) ; un itinéraire historique dans la ville (lieux stendhaliens) sur les pas de… ; des films sur Stendhal (« en relation » est-il précisé) ; une présentation des fonds comme trois « visages » de la collection (manuscrits, imprimés, pièces muséales) ; un accès à des textes numérisés comme des livres numériques (Stendhal numérisé est à « feuilleter »).


Figure 1 – Page d’accueil de la Bibliothèque municipale de Grenoble,
http://www.bm-grenoble.fr/596-stendhal.htm, consultée le 15 janvier 2015.

Depuis ce portail principal, la médiatisation des manuscrits s’opère selon des niveaux de valorisation différents.


Figure 2 – « Stendhal numérisé » Site de la BMG
http://www.bm-grenoble.fr/853-stendhal-numerise.htm, page consultée le 15 janvier 2015.

Nous relevons les trois niveaux principaux : l’accès à la Base Manuscrits de Stendhal développée par les chercheurs (MSH) (Figure 3) ; les manuscrits numérisés en volumes (Journaux et Vie d’Henry Brulard) par Arkhenum (Figure 4) ; l’ensemble des manuscrits en « images » consultables sur Pagella (Patrimoine grenoblois en ligne) (Figure 5).


Figure 3 – Site web « Manuscrits de Stendhal »
http://www.manuscrits-de-stendhal.org/, page consultée le 15 janvier 2015.

 
Figure 4 – Site web BMG « Les manuscrits de Stendhal, Journal »
http://stendhal.bm-grenoble.fr/journal/, pages consultées le 15 janvier 2015.

 
Figure 5 – PaGella, http://pagella.bm-grenoble.fr/, pages consultées le 15 janvier 2015.

Une des caractéristiques sémiotiques de l’écran numérique est de constituer une scène d’affichage : le projet de numérisation de ces manuscrits apparaît dans la page d’accueil (Figure 2). Dans chacun des sites, le lecteur peut occuper des « lieux »  différents (Després-Lonnet, 2009) et endosser des postures contrastées qui définissent des statuts variants pour les manuscrits : livre à lire (le recueil à feuilleter) mais aussi document et curiosité à regarder (les images de pages) ou encore source et trace à consulter (l’analyse génétique et la transcription).

Si les trois sites web comprennent une fonctionnalité promettant une proximité avec l’écriture manuscrite de Stendhal, sa valeur est diversement qualifiée, en fonction des objectifs du projet. Le visiteur est surpris un instant par l’oiseau bleu du logo du réseau social Twitter. Un instant seulement : car cette industrie de la communication qu’est Twitter n’a de sens ici qu’en tant qu’elle constitue une énonciation du programme scientifique, et qu’elle fait lien avec ses propres logiques communicationnelles. En effet, il ne s’agit pas d’un espace de redocumentarisation des manuscrits (comme le propose Gallica-BnF) mais d’un lieu d’information sur l’activité scientifique (colloques, etc.). La suggestion d’une « connexion » converge avec cette interprétation : par l’objet-frontière qu’est le site, s’ajustent les logiques scientifiques (se connecter pour produire le codage), communicationnelles (rendre visible le projet), diffusionnelles (éditer, transmettre).

 
Figure 6 – Site web « Manuscrits de Stendhal »
http://www.manuscrits-de-stendhal.org/, page consultée le 15 janvier 2015.

Les transports médiatiques en jeu dans la numérisation des manuscrits conduisent enfin à fabriquer de nouveaux objets dans les trois énonciations médiatiques des sites web : des images (à visualiser), mais dont la texture de l’écran ne parvient pas à annuler les marques de la pratique scripturale (support, encre) (Beyaert-Geslin, 2004). Le texte numérisé présenté à l’écran doit faire avec les signes de sa surface « originelle » et est placé en relation intersémiotique et intermédiatique avec d’autres objets, d’autres « expôts ». C’est le cas du site web  « Manuscrits de Stendhal » ( Figure 6) qui, en diversifiant les modes d’affichage, génère des proximités différentes : selon les types de transcription (capture de gauche), selon la présentation des feuillets (capture de droite).

Le portrait ovale qui orne la bannière supérieure du site fait l’objet d’une duplication si le visiteur du site y place le curseur de sa souris : triple portrait même, qui est présenté dans un encadré comportant des éléments d’information sur deux images, comme un cartel. De même, des contiguités plastiques se produisent quand, en activant le « vidéoprojecteur», l’espace paratextuel s’inscrit dans un nouveau fond artefactuel, qui n’est pas un support (un fond) mais bien une couche supplémentaire (celle du codage) qui pointe vers une modalité de monstration agrandie du site (celle de la vidéoprojection pour une présentation) : du fond noir de lecture, on passe à un fond clair (capture de droite).

Ainsi, les médiations numériques engagent non seulement un cadre (une surface) mais aussi une texture : une propriété de la surface résultant de la coopération des trois instances, support, matière et manière (Beayert-Geslin, 2008, p. 101). Par exemple, les procédés de zoom et d’agrandissement des textes par les supports informatisés permettent l’affichage logiciel de nouvelles formes culturelles définies par une rhétorique du détail. Le détail peut-être celui de la matière de la peinture ou du dessin, ou celui de l’extrait de texte écrit en quelques mots, voire en quelques lettres. Cette rhétorique focalise sur certains éléments du texte et établit de nouvelles frontières entre la vision (voir de près comme jamais) et l’interprétation (redimensionner pour lire, définir les relations entre le détail et l’ensemble). Dans le cas de la numérisation de manuscrits littéraires, le procédé de zoom renvoie, également, à l’outil du chercheur : la loupe. Comme un « programme d’action » pour le spectateur (site PaGella, Figure 5), ce procédé incite à détailler, c’est-à-dire à se rapprocher pour distinguer un élément dans l’ensemble (Arasse, 2009) : une médiation numérique, qui s’appuie sur une texture élastique et convoque une rhétorique du détail, celle qui conduit le lecteur/spectateur à la « surprise » ou la « récompense » (Ibid., p. 8).

Enfin, les rééditorialisations successives ou simultanées des manuscrits conditionnent une intermédialité qui en redéfinit le sens culturel (Bonaccorsi, Labelle, 2009). Nous pourrions dire que les « interfaces » réalisées – pour reprendre le terme employé par les chercheurs de ce projet – conduisent à un travail de l’intermédiaticité particulièrement complexe, qui inscrit et matérialise l’investissement dans le projet des « mondes » concernés. Or, la dimension médiatique du numérique masque les points d’ambiguïté et de contradiction au premier abord : l’étude fine du procès de la numérisation à partir des états des manuscrits permet de souligner les médiations nouvelles engagées par les pratiques médiatiques numériques. Les modèles de l’expographie, de la « galerie virtuelle », de la génétique du texte et de l’archive impliquent une pensée du média entendu au sens sémiotique (Davallon, 1992), et qui relève d’épistémologies, d’institutions, de valeurs et de pratiques médiatiques très différenciées.

Conclusion : de l’intérêt du média, comme une prudence

En guise de synthèse, on peut souligner plus particulièrement deux caractéristiques qui interrogent l’iconicité renforcée par la médiation de la numérisation et la visualisation qu’elle anticipe. Le média numérique est d’une part, un dispositif sémiotisant (Badir, 2008) : il définit des contraintes et ressources pour la communication non seulement en préparant des usages, mais également par les transformations formelles, plastiques et symboliques qu’il produit pour les objets numérisés. D’autre part, le site web intègre ou agrège autant de médias sémiotisés comme la page du « Journal » de Stendhal, sa reliure cartonnée, un diaporama, etc. Ainsi, le processus de représentation des manuscrits numérisés analysé met en évidence la réflexivité médiatique qui s’effectue, non seulement à l’issue du projet (le site web) mais à toutes ses étapes et conditionne certains choix techniques.

Les formes de mise en visibilité à l’écran relèvent bien d’une nécessaire interrogation sur la définition médiatique des « lieux de médiation » que les formes renouvelées des pratiques de recherche par le numérique ne peuvent éluder. Le croisement interdisciplinaire du projet « Manuscrits de Stendhal » a largement nourri ce questionnement comme les publications afférant au projet le montrent, soulevant en particulier la problématique de la médiatisation dès l’amorce du programme : coder, analyser, montrer. Cette étude souligne à quel point les Humanités Numériques ont besoin de l’analyse des médiations dans toutes leurs dimensions sociales, documentaires, symboliques, esthétiques, pour penser de manière critique les nouveaux statuts culturels que l’on donne aux objets numérisés, dans un espace médiatique (ou des espaces médiatiques) caractérisés par l’intermédiaticité et la circulation.

Si l’on sait depuis longtemps que la Science se fait dans la dynamique de la circulation de ses inscriptions, il apparaît au terme de cet article que les Humanités Numériques concentrent cette dynamique de manière radicalement synchronique et matérielle en intégrant dans un même média, objets, théories, méthodes, publications, valorisations sociétales. Plutôt que la « déterritorialisation » décrite par Plantin à propos des Humanités Numériques (2014), nous voyons au contraire une inscription médiatique du projet à travers les objets-frontières qui le rendent possible. Les institutions et leurs épistémologies s’écrivent et se formalisent ainsi dans des ajustements techniques, économiques et sémiotiques. Elles « re-territorialisent » les acteurs et leurs objectifs par les médias qu’elles produisent. On perçoit l’enjeu d’une prudence en regard du média, seule garante d’une réflexivité scientifique interrogeant les formats mêmes de la production de la connaissance. Souhaitons que ces questions innervent les Humanités Numériques : elles concernent la représentation des corpora numériques en tant qu’objets culturels dotés de nouvelles valeurs et pris dans une réflexivité médiatique propre aux projets.

Notes

(1) On entendra « médiation » au sens défini par Jean Davallon comme « l’articulation d’éléments (information, sujets sociaux, relation, etc.) dans un dispositif singulier (texte, média, culture) » (2004, p. 54).

(2) Université Stendhal-Grenoble3 (TraversesLidilem), http://www.manuscrits-de-stendhal.org/

(3) Acronyme de « Corpus Littéraire Et Linguistique assisté par des outils d’Intelligence Artificielle ». Le projet porte sur un fonds de 40 000 pages.

(4) Il ne s’agit pas ici de caractériser un usage des sites web, mais, selon une perspective sémiologique, d’interroger les parcours interprétatifs possibles en établissant des hypothèses d’effets de sens (Bonaccorsi, 2013).

Références bibliographiques

Arasse, Daniel (2009), Le détail : pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris : Flammarion.

Badir, Sémir (2008), « La sémiotique aux prises avec les médias », Visible, n°3, p. 173-189.

Becker, Howard S., Pessin, Alain, « Dialogue sur les notions de Monde et de Champ », Sociologie de l’Art 1/2006 (OPuS 8), p. 163-180.

Berra, Aurelien (2012), « Faire des Humanités Numériques », in Une introduction aux Humanités Numériques, Mounier, Pierre (dir.), Read/Write Book 2., Marseille : OpenEdition Press, p. 25-43.

Beyaert-Geslin, Anne (2004), « Crénelage, capiton et métadiscours (où l’image numérique résiste à la ressemblance) », Protée, vol. 32, n° 2, p. 75-83.

Beyaert-Geslin, Anne (2008), « De la texture à la matière », Protée, vol. 36, n° 2, p. 101-110.

Bonaccorsi, Julia, Labelle, Sarah (2009), « Raymond Queneau en photomaton : la réécriture du corps photographié comme médiation littéraire », in Raymond Queneau et le corps, Delbreil, Daniel (dir.), Paris : Editions Calliopées, p. 241-252.

Bonaccorsi, Julia (2013), « Approches sémiologiques du web », in Analyser le web en Sciences humaines et sociales, Barats, Christine (dir.), Paris : Armand Colin, p. 125-141. (collection « U »)

Bustarret, Claire, Linkès, Serge (2008), « De MUSE en ARGOLIDE, ou la codicologie à l’ère du numérique », Recherches & Travaux [En ligne], http://recherchestravaux.revues.org/97

Chartier, Roger (1989), « Le sens des formes » Le Monde, 11 oct., p. 56-57.

Dacos, Marin et Mounier, Pierre (2014), Humanités Numériques : État Des Lieux et Positionnement de La Recherche Française Dans Le Contexte International. Institut français, [En ligne] http://www.institutfrancais.com/sites/default/files/if_humanites-numeriques.pdf.

Davallon, Jean (1992), « Le musée est-il vraiment un média ? », Publics & Musées, n°2, pp. 99-123.

Davallon, Jean (2004), « La médiation, la communicarion en procès », MEI, n°19, p. 37-59.

Després-Lonnet, Marie, (2009), « L’écriture numérique du patrimoine, de l’inventaire à l’exposition : Les parcours de la base Joconde », Culture & Musées,  n°14, p. 19-38.

Després-Lonnet, Marie (2012), « La « dématérialisation » comme délocalisation du contexte interprétatif », Communication & Langages, n° 173, p. 101-112.

Dufrêne, Bernadette, Ihadjadene, Madjid, Bruckmann, Denis (2013), Numérisation du patrimoine : quelles médiations ? Quels accès ? Quelles cultures ? Paris : Hermann.

Flichy, Patrice (1995), L’innovation technique. Récents développements en sciences sociales, vers une nouvelle théorie de l’innovation, Paris : La Découverte.

Jeanneret, Yves (2004), « Le procès de numérisation de la culture, un défi pour la pensée du texte », Protée, n°32/2, p. 9-18.

Lebarbé, Thomas, Meynard, Cécile (2008), « CLELIA : un modèle documentaire et une plateforme de gestion de manuscrits », DocSoc 2008 – Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigme, éditions ADBS, Collection « Sciences et techniques de l’information », p. 317-334.

Lebarbé, Thomas, Blanchard, Alexia, Meynard, Cécile (2009a), « Manuscrits de Stendhal », Recherches & Travaux, [En ligne] http://recherchestravaux.revues.org/94

Lebarbé, Thomas, Meynard, Cécile (2009b), « Nouvelles pratiques éditoriales, nouvelles lectures : les enjeux de l’édition électronique de manuscrits littéraires », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, [En ligne] https://www.erudit.org/revue/memoires/2009/v1/n1/038635ar.html

Meyer, Morgan (2009), « Objet-frontière ou Projet-frontière ? », Revue d’anthropologie des connaissances, [En ligne] http://www.cairn.info/revue-anthropologie-des-connaissances-2009-1-page-127.htm

Paganelli, Céline, Mounier, Evelyne, Pouchot, Stéphanie (2011), « Du papier au numérique : étude exploratoire des usages des collections de presse ancienne et des pratiques afférentes », Congrès international ACSI (association canadienne des sciences de l’information). Les intersections : gens, lieux, information, 2-4 juin 2011, [En ligne] http://www.cais-acsi.ca/proceedings/2011/28_Paganelli_Mounier_Pouchot.pdf

Plantin, Jean-Christophe (2014), « Les Digital Humanities. Accomplissements et défis Pour un agencement post-disciplinaire », Les cahiers du numérique,
[En ligne] http://lcn.revuesonline.com/article.jsp?articleId=19808

Ramsay, Stephen, Rockwell, Geoffrey (2012), « Developing Things: Notes toward an Epistemology of Building in the Digital Humanities », Debates in the DH, University of Minnesota Press, [En ligne] http://dhdebates.gc.cuny.edu/debates/text/11

Robert, Pascal (2010), Mnémotechnologies, pour une théorie générale critique des technologies intellectuelles, Paris : Lavoisier.

Sack, Warren, (2013), « Une machine à raconter des histoires : Propp et les software studies », Les Temps Modernes [En ligne] http://www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2013-5-page-216.htm.

Star, Susan Leigh, Griesemer, James (1989), “Institutionnal ecology, ‘Translations’, and Boundary objects: amateurs and professionals on Berkeley’s museum of vertrebate zoologie”, Social Studies of Science,19(3), p. 387-420.

Westeel, Isabelle (2004), « Patrimoine et numérisation. La mise en contexte du document », in Colloque EBSI/enssib. Montréal 13-15 octobre 2004, [En ligne] http://www.ebsi.umontreal.ca/recherche/colloques-congres-journees-d-etude/ebsi-enssib/pdf/westeel.pdf

Auteur

Julia Bonaccorsi

.: Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Lyon 2 Lumière et membre d’ELICO (EA4147). Ses travaux portent sur la culture écrite et les transformations médiatiques du texte et de l’image, à partir d’analyses situées des formes signifiantes, à la croisée de la sémiologie et de l’ethnographie.