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Les constructions médiatiques des personnes trans Un exemple d’inscription dans le programme « penser le genre » en SIC

20 Oct, 2014

Résumé

Cette recherche, inscrite au sein des sciences de l’information et de la communication, porte son attention sur les formes de la construction médiatique des transidentités à la lumière des études de genre et des études culturelles. Elle permet de montrer que nos représentations génèrent des modélisations à la fois sociales et médiaculturelles. Cette étude s’est appuyée d’une part sur cinq années d’observation participante du terrain trans-identitaire français, et d’autre part sur un corpus de huit cents documents audiovisuels déposés à l’Institut National de l’Audiovisuel de 1946 à nos jours. Avec cette contribution nous montrons avec quels apports théoriques et quels outils conceptuels nous avons souhaité inscrire ce sujet en SIC.

Mots clés

Médias, télévision, genre, transidentité, représentations médiatiques.

In English

Title

Workplace Health Promotion and the establishment of empowerment : a balancing communication between the individual and the collective

Abstract

This research, undertaken as information and communication sciences, focuses upon different forms of media construction of trans-identities, under the light of gender studies and cultural studies, showing how our representations generate both social and media-cultural models. This study leans on five years of participative field observation of French trans-identities, and also on a body of eight hundred audio-visual documents held by the National Audio-visual Institute, dating from 1946 to the present day. With this contribution we show with which theoretical contributions and which abstract tools we wished to register this subject in the information and communication sciences.

Keywords

Media, television, gender, transgender, media representations.

En Español

Título

Construcciones mediáticas de las personas trans Un ejemplo de inscripción en el programa  » pensar el género  » en ciencias de la información y de la comunicación

Resumen

Esta investigación, inscrita en ciencias de la información y de la comunicación, lleva su atención sobre las formas de la construcción mediática de las identidades trans a la luz de los estudios de género y de los estudios culturales. Este estudio permite mostrar que nuestras representaciones generan modelizaciones sociales y médiaculturales a la vez. La investigación se apoyó de una parte sobre cinco años de observación participante del terreno trans-identitario francés. Y por otra parte, sobre un corpus de ochocientos documentos audiovisuales depositados al Instituto Nacional del Audiovisual de 1946 hasta nuestros días. Con esta contribución mostramos con cuales aportaciones teóricas y cuales herramientas conceptuales deseamos inscribir este sujeto las ciencias de la información y de la comunicación.

Palabras clave

Medios de comunicación, televisión, género, transgénero, representaciones mediáticas.

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Espineira Karine, «Les constructions médiatiques des personnes trans Un exemple d’inscription dans le programme « penser le genre » en SIC», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°15/1, , p.35 à 47, consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2014/varia/03-constructions-mediatiques-personnes-trans-exemple-dinscription-programme-penser-genre-sic

Introduction – Le sujet trans comme figure culturelle

L’analogie entre les personnes trans (transidentités : personnes identifiées ou auto-identifiées comme transsexuelles, transgenres, identités alternatives) et les mutants de la bande dessinée au cinéma est fort pratique pour illustrer et introduire une réalité méconnue. Les héros des comic books américains (Marvels Comics, depuis 1963 ; DC Comics, depuis 1935), proposent des personnages mutants comme les héros du groupe les X-Men, déclinés au cinéma depuis le premier opus de Bryan Singer en 2000. Les séries télévisées ne sont pas en reste sur ce thème peut-être ouvert par Buffy Slayer (1997-2003) et comme l’illustrent encore aujourd’hui les séries télévisées Sanctuary (2007-2012), Heroes (2006-2010), Supernatural (depuis 2005), Being Human (depuis 2011) ou encore True Blood (2008-2014) parmi les plus récentes à développer les thématiques du monstre et du mutant. Ces nombreuses déclinaisons de l’être « transformé » ou « métamorphosé » nous engagent dans l’idée que les mutants représentent l’une des clés de l’équilibre du monde y compris dans leurs combats intracommunautaires (le conflit entre Charles Xavier et Magneto est central dans la saga des X-Men). Les récits suivent une trame précise : errances et rencontres, formation de groupes et des socialités spécifiques interrogeant l’inné et l’acquis au gré d’alliances et de mésalliances.

Le lien que nous réalisons entre mutants et personnes trans prend sa mesure dans le fait qu’il n’est pas rare que des transidentités se retrouvent dans cette analogie. L’affiche de l’Existrans 2008 (marche annuelle des personnes trans à Paris) est à ce propos sans équivoque puisqu’elle reprend les visuels des personnages mutants des comics américains. Devoir se penser mutant ou freak tient lieu pour des personnes trans de positionnement personnel et collectif pour faire front à une majorité. Dans les questionnements existentiels véhiculés ou traduits par la culture populaire, la figure du mutant n’est pas seulement un « anormal biologique » mais il est aussi une singularité psychologique. L’étude de la médiatisation des personnes trans depuis l’après-guerre montre que leur visibilisation et leur acceptation n’ont pas été sans se confronter à ces mêmes questions, engageant ainsi les contours du normal et de l’anormal, du majoritaire et du singulier à travers le mutant comme figure culturelle ; ce que le sujet trans semble être aussi.

En nous appuyant sur les résultats du visionnage et de l’analyse d’un corpus constitué sur les bases de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) regroupant des matériaux audiovisuels sur la période 1946-2010 (886 occurrences par recherche par mots-clés) et les données recueillies durant une observation participante (2008-2012), nous avons éclairé des inégalités de la représentation (les femmes trans sont de loin beaucoup plus présentes dans les médias que les hommes trans par exemple) ; montré l’existence d’une représentation médiatique hégémonique ne correspondant pas à la réalité du terrain associatif transidentitaire (des identités binaires et rassurantes comme modèle dominant dans les médias et opposées à des identités alternatives, vecteurs de « paniques de genre », majoritaires dans l’associatif politisé mais écartées des médias). Nous avons aussi noté des discontinuités de la représentation dominante avec ce que nous avons qualifié de « pic médiatique » (la médiatisation du bois de Boulogne par exemple durant la période 1988-1992) et des glissements sémantiques du lexique médiatique (du fait divers et la marginalité au fait de société et à la question de société, jusqu’à l’inscription dans le mouvement de l’égalité des droits).

Avec cette contribution relatant une recherche de thèse de doctorat, nous proposons de donner des éléments de notre réflexion et de montrer certains des échafaudages qui ont constitué le point de départ de cette recherche tout en engageant un métarécit du type work in progress. Dans un premier temps nous expliquerons la démarche d’inscription de notre travail dans les études de genre, les cultural studies et dans une discipline qui a dû elle-même conquérir sa légitimité au sein de l’académie. Nous avons estimé que l’inscription du sujet en SIC devait être motivée en montrant que cette discipline pouvait permettre cette recherche. Dans un second temps, nous donnerons les principales tendances révélées par ce travail et un aperçu des croisements entre les données du terrain et du corpus. Étudier les transidentités, leurs constructions sociales et médiatiques, leurs mutations et leurs perceptions, nous engage à porter notre attention sur les relations de pouvoir qui structurent individus et sociétés, ainsi que sur les dispositifs de savoirs-pouvoirs à l’œuvre.

Penser le genre en SIC [et plus si affinités]

Le 28 janvier 2011, un article de la revue internet le Nouvelobs.com, en collaboration avec l’Institut National de l’Audiovisuel, [Flashback] Homosexualité, homophobie et télévision, se présente comme le panorama de« l’image des homosexuels à la télévision » et de « leur place dans la société ». Cette initiative témoigne de la possibilité d’une analyse réflexive portant sur les représentations, les « imaginaires sociaux » (Castoriadis, 1975) et les « imaginaires médiatiques » (Macé, 2006). Cet exemple illustre notre axe de recherche appliqué aux transidentités en inscrivant le sujet en sciences de l’information et de la communication.

La seconde inscription du sujet implique les études de genre. Des différents mouvements pour les droits civils et des gender studies anglo-saxonnes ont émergé, dans les années 1990 aux États-Unis, le mouvement transgenre et les transgender studies avec des activistes et/ou des universitaires comme Sandy Stone, Kate Bornstein, Leslie Feinberg, Pat Califia, Jacob Hale, Riki Wilchins, Susan Stryker, entre autres. La théorie défait une notion importante de la médecine légale : le « changement de sexe », expression qui s’est répandue dans le monde dans les années 1950. Penser le genre pour les personnes trans activistes ou universitaires est une réflexion sur ce que toutes les personnes trans ont en commun : le changement de genre. Pour illustrer ce retournement de paradigme, prenons l’exemple de Maud-Yeuse Thomas, qui lors des séminaires Q (organisés par la sociologue Marie-Hélène Bourcier en 1998), expliquait que son changement de sexe avait duré cinq heures sur une table d’opération tandis que son changement de genre lui avait demandé trois décennies.

Notre étude des représentations médiatiques des transidentités est centrée sur la télévision, en raison des différentes formes de création qu’elle propose et diffuse : actualités, reportages, documentaires, débats, divertissements, fictions et cinéma. Nous nous intéressons donc aux modélisations sociales et « médiaculturelles » (Maigret & Macé, 2005). Dans ce travail, il est aussi question de femmes et d’hommes, d’identités autres, transsexes et transgenres. Notre travail est inscrit dans le programme « Penser le Genre » initié par Marie-Joseph Bertini au sein des sciences de l’information et de la communication. Nous considérons bien que le genre se reproduit aussi à travers la télévision et que celle-ci est par conséquent une « technologie du genre » au sens de Teresa de Lauretis (Théorie queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg, 2007).
Les premières questions ont été [et sont encore] nombreuses. Pour n’en retenir qu’une : la possible invention d’un « transsexualisme télévisuel ». En découle un nouveau questionnement : doit-on émettre l’idée d’un donné à voir acceptable et consensuel dans les médias au-delà du voyeurisme, de la spectacularisation, des mises en scène de la vie sociale et des approches dénonciatrices auxquelles la télévision a précisément donné lieu ? Dans l’affirmative, nous avons opté pour une approche compréhensive dudit petit écran suivant l’approche postcritique proposée par Éric Macé en 2006.

Pour le travail de terrain, nous avons réalisé un état des lieux et apporté des éclairages peut-être inédits sur le tissu associatif et militant en décrivant une minorité en position de contre-public et partiellement en lutte sur sa perception dans la société et les médias. Nous retrouvons bien la situation décrite par Éric Maigret quand il explique qu’avec les queers studies, à la suite des subaltern studies et des postcolonial studies, s’ouvrent les frontières de l’espace public et le lien s’établit entre « les représentations dans et hors des médias » (Maigret, 2005, p. 34). Il précise : « Dans la théorie des contre-publics subalternes de Nancy Fraser, il apparaît comme un pont jeté entre les identités en conflit et les institutions, les médias de masse remplissant souvent ce rôle d’interface à travers leur programme. Reprenant le concept d’Hégémonie de Gramsci et Hall, Nancy Fraser observe des groupes en lutte pour leur reconnaissance, accédant à cette dernière par l’image et la voix, utilisées et déformées dans les médias, dans le cadre d’une dénomination vécue mais contestée » (Maigret, 2005, p. 34). Pour nous, c’est par là que peut s’établir un lien entre l’imaginaire social de Cornelius Castoriadis et l’imaginaire médiatique d’Éric Macé.

Penser le genre avec les représentations médiatiques

Dans le dossier « Recherches au féminin en sciences de l’information et de la communication » (2014), de la Revue française des sciences de l’information et de la communication, Marlène Coulomb-Gully écrit : « le caractère tardif de la rencontre entre SIC et Genre est aisément explicable quoique regrettable, la centralité et l’opérativité du concept de Genre dans les processus de communication rendaient cette rencontre aussi indispensable qu’urgente ; le programme de travail désormais entamé est cependant encore largement devant nous » (Coulomb-Gully, 2014, en ligne). Dans ce numéro, on retrouve encore d’autres apports dans la rubrique « Émergences », intitulée « le genre dans la communication et les médias » et il faut noter que ce second dossier est coordonné par Virginie Julliard et Nelly Quemener, qui ont lancé un séminaire « Genre et médias » au printemps 2013. Françoise Bernard et Catherine Loneux, coordinatrices du dossier principal de ce numéro de la RFSIC, expliquent : « des chercheures, encore peu nombreuses il est vrai, donc pionnières à l’échelle de la discipline, travaillent désormais sur ces questions en traçant des sillons et en inscrivant leurs études dans la perspective d’un temps long (…) en se centrant bien souvent sur la question de la construction du genre par les médias et la presse, s’inscrivant ainsi dans la continuité des travaux développés par ailleurs en France et aux États-Unis depuis 50 ans » (Bernard & Loneux, 2014, en ligne). La rencontre entre SIC et études de genre semble inéluctable et pour ainsi dire annoncée depuis une quarantaine d’années.

Aujourd’hui, les SIC tentent aussi de retrouver les pères fondateurs, à travers les différents écrits retraçant une histoire de la discipline. Robert Boure, dans l’ouvrage Quelle histoire pour les SIC ? (2002, p. 179), rappelle l’émergence des expressions « sciences de la communication » et « sciences de l’information », seules dans le microcosme scientifique à faire l’objet d’un usage et avoir un début de traduction institutionnelle. Dans les milieux étudiants le sentiment le plus partagé était que s’engager dans cette filière revenait à s’inscrire dans une discipline nouvelle sinon novatrice. C’est en quelque sorte ce que nous entendons aussi à travers la lecture de ces lignes de Bernard Miège : « La progression de la recherche en communication passe nécessairement par un triple refus – celui de l’empirisme sectoriel, celui du repliement disciplinaire et celui de l’élaboration théorique généralisante » (Miège, 2004, p. 191). Cet engagement est susceptible de concerner des chercheurs soutenant des études de genre au sein de la discipline et qui sont tout aussi conscients que les autres des enjeux de la pluralité méthodologique de tout travail de recherche et de la rigueur du travail interdisciplinaire.

Rappelons que la réflexion sur le contraste entre l’abondance des publications sur les questions de genre (problématiques et débats) et la discrétion des sciences de l’information et de la communication (Fleury & Walters, 2009, p. 112)trouve son apogée à la fin des années 2000, bien que menée depuis le début de la décennie. Comme l’ont souligné Marlène Coulomb-Gully et Marie-Joseph Bertini au long des années 2000, l’introduction des questions de Genre au sein des SIC a bousculé l’assise identitaire de cette interdiscipline. S’ajoutant aux nombreuses préoccupations des féminismes, des débats sur la parité, des rapports entre masculin et féminin, la transidentité vient focaliser une partie des discours et faire naître des recherches en sciences humaines et sociales. Les personnes trans ne sont plus considérées comme sujets singuliers, isolés dans un parcours médical et une errance juridique, mais appréhendées dans un parcours d’existence, une trajectoire sociale et culturelle, par l’ethnopsychiatrie depuis plus de dix ans (le Centre Devereux avec Tobie Nathan et Françoise Sironi, entres autres), la psychologie clinique (Tom Reucher, Marie-Laure Peretti), par l’anthropologie (Laurence Hérault), la sociologie (Éric Fassin, Éric Macé, Arnaud Alessandrin), les trans studies française francophones (Viviane Namaste, Maud-Yeuse Thomas, Maxime Foerster) et désormais en SIC.

Marlène Coulomb-Gully estime que les SIC ne peuvent ignorer la variable genrée (Coulomb-Gully, 2009, p. 144) dans les processus de médiatisation et comme le démontre Marie-Joseph Bertini avec les exemples de son étude des « mécanismes complexes de formation et d’usage des Figures imposées aux femmes par le truchement de la presse écrite plus particulièrement »(Bertini, 2002, p. 241). On retrouve ces mécanismes dans les représentations. Suivant la pensée de Daniel Bougnoux, nous pouvons encore regarder « en direction d’une médiologie » (Bougnoux, 1998, p. 8) pour nous intéresser au médium dans ses aspects sémiologiques et pragmatiques : examiner la télévision comme outil générateur et/ou médiateur de représentations, interroger les termes des retransmissions. Dans notre cas : étudier la façon dont sont diffusées et élaborées les images des transidentités, questionner la réception si possible, définir la part des imaginaires médiatiques et socioculturels, chercher la valeur ajoutée (sociale, morale, esthétique, politique, philosophique). Par conséquent, nous nous intéressons aussi aux « effets symboliques » de la médiatisation des personnes trans sur des critères de genre.

La médiatisation du fait trans concentre un nombre important de symboles mettant non seulement à nu la variable genrée, mais aussi un arbitraire trop longtemps cantonné à la biosphère, au monde biologique. Comment faire entrer l’identité, depuis ses fondements naturalistes et essentialistes, dans la sémiosphère, dans la culture ? Toute identité, et plus encore son expression genrée, est faite de signes. Si nous maîtrisons l’atome, si nous avons contesté le temps, si nous nous sommes arrachés à la gravité, pourquoi maintenir l’invariance du genre ? Cette variable, réellement construite dans le déni de sa propre élaboration culturelle, sert un ordre des genres (Bertini, 2009). « Penser le Genre » revient pour les études de communication à s’intéresser à l’articulation entre sexe et genre dans les modes et dispositifs de communication. Pour Marie-Joseph Bertini, le genre comme premier principe d’organisation sociale et communicationnelle doit s’ajouter aux nombreux programmes de recherches en SIC qui ont pensé le corps et la technique, les sons et les images, les signes et les symboles. Les communications sont aussi structurées par les rapports de sexe et de genre. Cet argument est à notre sens décisif.

Par ailleurs, le genre affecte autant le rapport à la culture des érudits, des « élites », que celui des milieux dits populaires (la culture de masse). Dès les années 1960, les cultural studies (CS) entament les débats et questionnent les enjeux politiques sur les rapports culture-société (les founding fathers : Richard Hoggart, Raymond Williams, Edward Thompson et Stuart Hall sur la période 1957 à 1980). Le genre est compris comme l’une des données intégrées aux méthodes et outils de la critique textuelle et littéraire (Armand Mattelart & Éric Neveu, 2003, p. 28) et appliquées non plus exclusivement à une culture « noble » mais déplacée vers les productions de la culture de masse. De nouvelles compétences culturelles sont bien acquises via la télévision dont les ménages s’équipent en masse depuis l’entrée dans la période des Trente Glorieuses et a fortiori aujourd’hui avec l’hybridation de la télévision et d’Internet dans les modes de production et de diffusion, de réception et de consommation.

Françoise Albertini et Nicolas Pélissier décrivent et analysent cette rencontre entre SIC et CS ; ils écrivent : « Les Cultural Studies, revisitées depuis deux décennies par de nouvelles approches en termes de Genre (Gender studies) et de l’inspiration marxiste des pères fondateurs, pourraient déboucher sur une revitalisation des sciences de l’information et de la communication. Celles-ci sont en effet parvenues à un stade où elles peuvent légitimement revendiquer le fait qu’elles constituent une opportunité privilégiée d’articulation entre Studies anglo-américaines et recherches européennes ancrées dans des disciplines plus traditionnelles » (Albertini & Pélissier, 2009, p. 20). Éric Maigret fait lui usage du concept de médiacultures pour décrire ce que les cultural studies font aux SIC : « Proposé en 2005, le concept de « médiaculture » se veut une invitation à dépasser la schizophrénie contemporaine entre communication de masse (avec minuscules) et Culture (avec majuscule). Les pratiques culturelles de la plupart des contemporains, y compris des plus « cultivés », sont massivement liées aux médias […] mais ne correspondent pas aux idéologies de la séparation culturelle qui enjoignent de rejeter et de dévaloriser les programmes télévisuels, les émissions de radio, la lecture de BD ou de mangas… » (Maigret, 2009, p. 93). Toujours dans la théorie et le récit de cette rencontre entre SIC et CS, Marie-Joseph Bertini qualifie ce mouvement théorique de « pratique irrésistible » (Bertini, 2009).

Triangulations, interdisciplinarité et pluralité méthodologique

Éric Maigret nous montre que nous pouvons restituer la place du chercheur à la lumière des études culturelles : « elles ont permis d’élaborer un schéma d’analyse liant pouvoir et culture, sans rabattre l’un sur l’autre, parce qu’elles ont inscrit le positionnement du chercheur au centre du système interprétatif, recensant le rôle de l’intellectuel et des minorités en démocratie, les cultural studies représentent, sans aucun doute permis, la porte d’entrée dans les médiacultures » (Maigret, 2005, p. 17). Pour appréhender les réalités sociales et culturelles, la posture de recherche doit produire des savoirs rigoureux, novateurs et « répondant en écho au projet nietzschéen appelant la multiplication des points de vue et à la pluralisation de la connaissance qui en résulte » (Bertini, 2009, p. 122). Par conséquent, pour appréhender le paradigme transidentitaire, notre méthodologie propose un positionnement épistémologique par triangulations successives : savoirs situés, observation participante, recherche-action et recherche « auto et rétro observante » (nous désignons ainsi notre statut d’insider et d’outsider au sujet de la recherche). Le principe de l’approche postcritique et médiologique se trouve ainsi appliqué sous trois formes ou nuances : qualitative, constructiviste, interprétationniste.

Françoise Bernard nous invite à voir au-delà du paradigme : « La question du terrain pose un ensemble de questions, parmi celles-ci : celle de la réflexivité et celle du « statut épistémologique de la distance » » (Bernard, 2007, p. 30). Elle précise : « La question de la distance est double : quelle proximité avec les « acteurs de terrain » pour la participation, quelle distance pour l’objectivation et l’interprétation. Cette question renvoie aussi à la question d’une double observation « par le dedans » et « par le dehors » ». Travailler à l’implication dans cette recherche comme insider, et à la distanciation comme outsider était un enjeu méthodologique : éviter le piège et le soupçon de la légitimation d’une toute-puissance subjective d’une part, la transparence du statut de l’auteure de la recherche décrivant les processus et méthodes de mises à distance et de désubjectivisation avec le nécessaire récit d’une hybridation de l’intime et du public d’autre part.

Savoirs situés

Sans jamais dissimuler les échafaudages de cette recherche, la problématique affichée est aussi le récit d’une prise de parole depuis une position minoritaire et disqualifiée, comme l’énoncé des limites de cet affranchissement durant tout le travail de thèse. Dans le cas présent, on l’aura compris, la chercheure ne devient outsider au terrain transidentitaire que parce qu’elle a choisi de faire de la recherche. Et de même, elle ne devient insider à ce même terrain que parce que le changement de genre a précédé cette recherche.

Afin de « se localiser » dans le statut d’insider et d’outsider à la fois, la volonté d’un pluralisme théorique et d’un pluralisme méthodologique est clairement mise en valeur avec réflexivité. Les « migrations conceptuelles » et les « passages de frontières » sont justifiés. La référence aux travaux de Donna Haraway a été précieuse avec ses développements sur les « savoirs situés » (standpoint epistemology). La philosophe Elsa Dorlin explique que Haraway propose une définition « de l’objectivité scientifique qui valorise les savoirs historiquement et socialement situés, les perspectives partielles, la corporéité et la subjectivité du témoin » (Dorlin, 2009, en ligne). La localisation des savoirs rompt avec la connaissance désincarnée tout en n’étant pas pour autant la promotion d’une perspective subjectiviste. Ainsi, nous ne prétendons pas à la neutralité d’un positionnement hérité comme nous le montrons avec différentes triangulations méthodologiques. Plus encore, la perspective offerte par le positionnement, par la localisation, nous permet de réaliser une recherche sur un sujet jusque-là cantonné à la médecine, à la psychiatrie, au droit et parfois à la sociologie. La perspective décrite peut être estimée non seulement comme originale, voire inédite, tout en répondant aux nombreuses exigences du travail scientifique.

N’être ni totalement du « dedans », ni complètement du (et en) « dehors » nous encourage à théoriser cette posture, nous engageant ainsi dans une démarche balisée et estimée transparente.

Tendances révélées par la recherche

Les mouvements du terrain : réforme ou contre-réforme ?

L’état des lieux confirme l’existence de différentes politiques trans et que le terrain associatif et militant est communicant (le « terrain » est parfois appréhendé comme une « entité » : on désigne ainsi les politiques, prises de décision et actions visibles collectives). Les courants sont hétérogènes et parfois contradictoires, les réseaux sont pluriels et mobilisés au nom d’idées et de constructions identitaires souvent adverses ou vécues comme telles. Cette plasticité correspond, quant aux transsexuels et transgenres, au mode herméneutique de l’invention de soi : se nommer et se définir pour exister puisque rien ne semble préexister au sujet transgenre ou transsexuel dans la culture au premier abord. Ce qui explique aussi probablement la recherche d’ancêtres trans dans l’histoire et de cousins plus ou moins éloignés d’autres cultures. On prend ainsi la mesure d’une transidentité co-construite et institutionnalisée entre journalistes et personnes trans. Une certaine pédagogie s’instaure du côté de la « marge » : changer l’image des trans dans la société, formule très souvent entendue au cours des visionnages à l’INA. Les voix les moins notables en télévision contestent cependant l’ordre des genres, le modèle binaire, refusent l’inscription dans ce qu’elles jugent être une société inégalitaire et vouloir changer l’image des trans dans les médias.

L’analogie avec le schisme protestant et la réaction catholique indique une alternative subtile. D’un côté (réforme) on procède à la réorganisation des structures de socialité et de pensée, les pratiques et les dogmes sont questionnés. De l’autre (contre-réforme) on reprend la main et refonde les dogmes, croyant répondre aux aspirations du plus grand nombre. Lequel des deux courants est le plus réformateur ? La recherche sait peu de chose sur le premier courant réformiste engagé par l’associatif trans. Le second courant n’est pas même détecté comme une contre-réforme puisque ses positions, ses messages et ses dogmes sont bien connus depuis des décennies et semblent avoir toujours été là et toujours avoir été les mêmes dans l’espace social comme l’espace médiatique. Optimiste, Maxime Foerster, dans la postface de la réédition en 2012 de L’Histoire des transsexuels en France, revient sur l’évolution de la condition des trans en France depuis 2006, il écrit : « La nouvelle donne est la résultante d’une triple dynamique : premièrement une visibilité plus forte et de meilleure qualité concernant les transsexuels à travers documentaires, sites internet, colloques, publications, travail artistique et création de nouvelles associations, deuxièmement la mise en place d’un consensus sur la reconnaissance de la transphobie comme fléau social et troisièmement le renouvellement du discours sur le transsexualisme qui gagne en pluralité et donne plus d’espace et de légitimité pour parler en leur nom et participer aux débats sur les théories des identités de genre » (Foerster, 2012, p. 213). Nous le suivons sur la question de la médiatisation et donc de la visibilité qui, comme tendance, peut être considérée à la hausse. Quant à la transphobie, le consensus ne semble pas acquis. Des acteurs du terrain parmi les plus conservateurs estiment que la notion est « une erreur de communication ». Quant au troisième progrès encourageant, noté par Foerster, il est en effet vrai que la télévision ne s’intéresse plus seulement aux opéré-e-s pas plus qu’aux seuls témoignages, mais le poids de quatre décennies de modélisation continue à peser, malgré un certain allégement. Le débat théorique, plutôt gagné du côté des trans, ne trouve pas encore de réseaux de diffusion et de valorisation. La « question trans », bien engagée en sociologie, anthropologie, sciences politiques, etc. attend encore de trouver son « efficacité symbolique », qui ne tient pas seulement à une « juste cause » ou « bonne théorie », mais aussi à ses réseaux de diffusion, à ses débats entre défendeurs et détracteurs, ses communications, ses représentations, ses médiations, ses traductions.

Aperçu des croisements entre terrain et corpus

« Défaire le genre », c’est aussi défaire les modélisations. « Changer son image d’abord », dit-on en marketing. Les croisements opérés entre évolution du terrain et des définitions, entre études de genre et politisation des trans, entre inventaire des modélisations sociales et médiaculturelles et état des lieux, montrent les institutions imaginaires à l’œuvre. « Le réel » peut se trouver en coulisses de télévision. Il suffit de poser la question : « Avez-vous déjà rencontré une personne trans au cours de votre existence en dehors de la télévision ? », pour s’apercevoir que le sujet transidentitaire peut devenir une énigme réelle quand la télé seule en dessine les contours.

Paradoxalement cependant, quand psychiatres et chirurgiens parlent en télévision d’« une réponse folle à une demande folle », soupçonnant au passage le média de trop informer et de donner trop de « publicité au sujet » et par conséquent d’« encourager les vocations », ils voient du même coup ces « craintes » réalisées : protocoles, opérations et procédures de changement d’état civil sont de mieux en mieux connus par la bouche même des détracteurs de la médiatisation, et ce, sur les plateaux de télévision. Les visionnages à l’INA le démontrent. Lessiveuse du genre, « la télévision » joue remarquablement — par goût, par hasard ou plus sûrement par intérêt commercial — son rôle d’« avatar médiaculturel » (Maigret & Macé, 2005). Domestiquer les corps et les représentations pour domestiquer les esprits et obtenir des corps et des représentations dociles et utiles. L’entreprise d’orthopédie sociale (Foucault, 1975, p. 318) serait-elle transposable aux modélisations médiaculturelles ? Ces dernières réparent-elles, refondent-elles ou réforment-elles ? Il semble toujours aussi difficile de réfuter l’idée que le genre est aussi un fait de communication.

Le corpus dont nous avons précisé la constitution et peu jusqu’à présent, dont nous avons éprouvé et relaté les difficultés dans plusieurs articles récents nous semble toujours démesuré (cf. Espineira, 2014). Autrement dit, il a exigé que nous nous dépassions. En faire le tour relève de la gageure. Nous avons osé dire que c’est un corpus « pour la vie », qui ouvre encore de nombreuses perspectives d’études : le traitement des FtMs (female to male), de leur invisibilité à leur visibilité ; l’anoblissement et la popularisation du cabaret transgenre avec les figures de Coccinelle, Bambi ou Marie France, entre autres célébrités ; les festivités de fin d’année et les spectacles de cabarets à l’honneur les soirs de fêtes, notamment avec Michou et ses artistes, les émissions estivales de Caroline Tresca faisant la promotion des cabarets de province ; les émissions humoristiques issues du « travestissement de nécessité » depuis La cage aux folles ; le traitement compréhensif puis moraliste de la prostitution des trottoirs de la rue Curiol dans le Marseille des années 1970 jusqu’au bois de Boulogne du Paris des années 1980-1990 ; l’actualité offre encore bien d’autres ouvertures comme le traitement spécifique des « tests de féminité » à l’occasion des Jeux Olympiques, ou la « transsexualité dans le sport » ; les figures médiatiques spécifiques depuis Marie-André parlant des camps de concentration à Andréa Colliaux commentant Kafka, en passant par l’histoire de la médiatisation particulièrement intense de Dana International, égérie de la tolérance et icône d’une trans contemporaine. La présence de Tom Reucher, psychologue clinicien et homme trans, dit-il, interroge encore le statut des personnes trans comme expertes, comme représentantes compétentes et légitimes, voire charismatiques. Avant lui, toute une génération de personnalités MtFs (male to female) : Marie-Ange Grenier (médecin), Maud Marin (avocate), Sylviane Dullak (médecin), Coccinelle (artiste). On sait que Maud Marin sera aussi étiquetée ancienne prostituée et Coccinelle parée de l’insouciance de l’artiste, sinon bohème. Grâce au corpus on constate que les personnes trans médiatisées sont dites hétérosexuelles dans le sexe d’arrivée et qu’elles doivent donner de nombreux « gages à la normalité » (des garanties). La télévision semble avoir nettement privilégié cette représentation, l’établissant en modélisation médiaculturelle (l’institutionnalisation). De là un certain modèle trans : hétérocentré, « glamour » ou « freak ».

L’institution du moindre de nos environnements sociaux n’est plus seulement le résultat sociohistorique de « l’institution imaginaire de la société ». C’est aussi une institution imaginaire de la culture, y compris celle des médias via les médias, autrement dit nous parlons d’une institution imaginaire de la société qui serait aussi une institution médiaculturelle, acceptant l’idée que les imaginaires coïncident, s’imbriquent ou s’entremêlent, ni tout à fait un, ni tout à fait distincts. « La télévision » dit des possibles en réduisant peut-être du même coup le champ de la représentation, des perspectives humaines.

Conclusion – Exister au sein des savoirs, des représentations, des imaginaires ?

Avec l’anthropologue Maurice Godelier, rappelons l’immersion du chercheur qui pratique l’observation participante : « La difficulté est d’instaurer des rapports de confiance avec les personnes étudiées, et de faire en sorte que ces relations soient porteuses de connaissance scientifique. C’est compliqué, car lorsque vous entrez dans un champ pour en prendre les mesures, vous ne savez pas vraiment où vous mettez les pieds. Et l’on vous apprend que vous venez de marcher sur des plantes magiques, sacrées. Alors on vous explique, vous passez du temps avec les gens, vous apprenez si nécessaire leur langue, pour qu’ils finissent par vous adopter. Moi, par exemple, chez les Baruya, j’étais Maurice le Rouge. Non pas pour mes opinions politiques de l’époque, mais pour les coups de soleil qu’attrape l’homme blanc lorsqu’il vit là-bas. Lorsqu’on se voit attribuer un nom, en principe, c’est qu’on a fini par se faire accepter. Et c’est tout l’enjeu de notre métier » (Godelier, 2011, en ligne). En écho au film Albert Nobbs de Rodrigo Garcia (2012), l’historienne Gabrielle Houbre révèle pour sa part que sous le Second Empire des femmes parviennent à vivre comme des hommes, convolant parfois en justes noces : « Bien que conjuguant la double infortune d’être nés femmes et d’humble condition et en bousculant un ordre social particulièrement peu propice à la fluidité des identités sexuelles, François Desvaux et Jean Guimbard sont allés au bout de leur démarche identitaire en embrassant non pas seulement une existence travestie, susceptible de cacher un sexe biologique parfois gênant mais non refusé dans sa globalité, mais bien une existence « transgenre », un changement de sexe social intégral et irrévocable. En prenant tous les risques pour transcender l’intangible, ils ont montré leur étonnante capacité à agir en « hommes » libres » (Houbre, 2012, p. 85). Dans notre propre travail de recherche au sein du terrain transidentitaire, pareillement pavé de « plantes sacrées », les rencontres avec des personnes en capacité d’agir en individus « libres » ont été nombreuses et la connaissance de l’associatif trans conforte la dichotomie entre ce qui est dit, écrit ou imaginé et ce qui est, au-delà même du travail d’immersion et d’observation, voire d’appartenance.

Les personnes trans sont des objets/sujets de la Culture, de la « culture populaire », de la « culture de masse ». Comment les imagine-t-on ? Pour la majorité d’entre nous : elles sont « connues » car nous en avons une représentation mentale, dans certains cas une connaissance. Pourrions-nous raisonnablement affirmer qu’il n’y a pas une seule représentation qui puisse désormais se targuer d’une autonomie totale face à l’industrie culturelle médiatique ? S’intéresser aux traitements médiatiques et culturels du sujet trans dans un contexte social donné demande un travail sur les « effets identitaires » que les franchissements de genre produisent sur l’ensemble de la société avec et au sein des médias.

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Auteur

Karine Espineira

.: Chercheure associée au LIRCES, Université de Nice Sophia Antipolis. Auteure de La transidentité, de l’espace médiatique à l’espace public (L’Harmattan , 2008), ses recherches portent sur la construction médiatique des transidentités et les représentations de genre dans les médias sur la base de corpus audiovisuels. Les approches privilégiées sont les études de genre et les études culturelles. Cofondatrice de l’Observatoire des transidentités et de la revue Cahiers de la transidentité. Associée au programme de recherche « Cultures du témoignage » (UQAM, Canada).