Médias ethniques et pratiques médiatiques des Somaliens au Canada
Résumé
L’expérience migratoire, loin de constituer la perte d’identité de l’immigrant, engendre souvent de puissantes formes de mobilisation culturelle et sociale. Cette mobilisation est de plus en plus visible de nos jours, en raison de l’accès facile aux différents moyens de communication. Les Somaliens au Canada, par leur utilisation quotidienne des vidéos, de la télévision et de la radio, tentent de maintenir leur identité culturelle. Les pratiques médiatiques de la communauté somalienne expriment la volonté de se créer un espace permettant à la fois de développer un point de vue négocié et critique sur sa représentation dans l’espace public canadien et de proposer une vision spécifique du monde vécu. Le processus de conception de cet espace correspond à la nécessité de créer des « traces » pour la reconstruction symbolique de la Somalie ravagée par la guerre depuis deux décennies.
In English
Abstract
The experience of migration, far from being the loss of identity of the immigrant, often results in powerful forms of cultural and social mobilization. This mobilization is more visible today due to easier access to different means of communication. Somalis in Canada are trying to maintain their cultural identity through daily use of videos, television and radio. The media practices of the Somali community show the desire to create a space both to develop a negotiating point of view, critical to its representation in the Canadian public space, and to propose a specific vision of the world lived. The design process of this space reflects the need to create « traces » for the symbolic reconstruction of war-torn Somalia.
Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :
Charmarkeh Houssein, « Médias ethniques et pratiques médiatiques des Somaliens au Canada« , Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°13/1, 2012, p.45 à 60, consulté le samedi 23 novembre 2024, [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2012/varia/03-medias-ethniques-et-pratiques-mediatiques-des-somaliens-au-canada/
Les médias ethniques
Aux États-Unis, de nombreuses études ont montré l’augmentation accrue des médias ethniques et de leurs audiences (Johnson, 2010; Jeffres, 2000). Pourtant, le domaine de recherche portant sur les médias ethniques, situé au croisement des médias, minorités et immigration, reste peu développé en Europe (Rigoni, 2008), ce qui expliquerait la confusion autour des concepts « médias communautaires » et « médias ethniques ». Dans la perspective française, à la place du concept d’ethnicité, tout un arsenal d’euphémismes a été construit pour servir de répertoire sémantique décrivant le même phénomène (Bako-Arifari, 2007), même si ce dernier a été largement défini (Amselle et M’bokolo, 1985 ; Otayek, 2001). Cette confusion serait due au désintérêt des sciences sociales françaises à l’égard de l’étude des problèmes de minorités et des relations interethniques et ce, en raison de multiples facteurs (Streiff-Fenart, 1997). Il serait donc important de clarifier ces ambigüités. Les médias ethniques et les médias communautaires se sont déployés dans la conjonction de trois phénomènes : la migration internationale ; la privatisation et la commercialisation accrue de l’espace public ; et enfin, le développement des technologies de l’information et de la communication.
Le développement des médias communautaires est lié au phénomène de la privatisation et de la commercialisation accrue de l’espace public. Agissant à la marge des médias « mainstream », ils se présentent comme une troisième voix du système mass-médiatique, après les secteurs privé et public (Beauchamp et Demers, 2009). Dans cette troisième catégorie, on retrouve aussi les médias ethniques et alternatifs.
De plus, l’augmentation de la population migrante, de par le monde, fait l’objet d’une mise en scène médiatique particulière et de discours administratifs et politiques qui sont en étroite relation avec les représentations sociales des faits migratoires (Belarbi, 2004 ; Garzón, 2007). Au Canada, comme ailleurs dans le monde, les discours sur l’immigration contribuent à la construction de l’image des migrants auprès de la population. Des voix plurielles s’opposant à ces discours, rappellent souvent que les migrants, loin de constituer des victimes, sont aussi des acteurs luttant pour les droits sociaux, économiques et politiques (Gayet et al., 2011). Ces luttes, constituant de multiples formes de résistance et de « ruses », se déploient dans un espace où le dominé devient le producteur d’un univers symbolique. Cet espace, facilité par les médias, est le lieu de la production de nouvelles formes culturelles liées à la mobilité. Sous cet angle, l’expérience migratoire est analysée dans le prisme de l’altérité, c’est-à-dire la matrice liée aux modes de la différenciation et de la catégorisation sociales s’opérant suivant l’origine, l’appartenance culturelle et ethnique, le sexe et la classe sociale. L’utilisation du concept d’ethnicité ne signifie pas ici de présenter les énoncés identitaires sous les traits du particularisme ou de l’universalisme, comme le souligne Jocelyne Streiff-Fenart, mais c’est précisément de « rappeler que les cultures et les identités ne portent pas leur explication en elles-mêmes, et de dévoiler les conditions sociales de leur production, de leur usage et de leurs fonctions sociales » (Streiff-Fenart, 1997, p. 65).
Comment les Somaliens gèrent-ils à distance et au quotidien, l’absence, depuis deux décennies, d’un État viable et ses conséquences, la guerre civile et la famine ? Dans ce contexte, comment les Somaliens vivent-ils cette double contrainte, à savoir la gestion du quotidien dans la société d’accueil et celle du pays d’origine ? Comment cette gestion de la double contrainte s’articule t-elle dans les usages des médias ? Malgré l’émergence des études sur la communauté somalienne du Canada (Stewart et al., 2006 ; Danso, 2001 ; Anamoor et Weinberg, 2000), très peu de recherches existent sur l’analyse des usages des médias par les Somaliens, surtout dans le contexte domestique. Pour ce faire, nous tenterons de comprendre le rôle qu’occupent les médias ethniques dans la communauté somalienne. Dans un premier temps, nous dresserons le portrait des Somaliens au Canada, ensuite seront présentées la méthodologie et l’analyse des usages des médias ethniques.
Les somaliens au Canada
Il est d’abord important de distinguer ici les nuances qui existent ente les appellations : le nom « Somali » correspond à l’ethnie tandis que « Somalien » fait référence à la nationalité des habitants de la Somalie (De Montclos, 1998). Les Somalis sont des nomades couchitiques et représentent la majorité de la population en Somalie (6 à 7 millions d’habitants), les deux tiers de la population de Djibouti (environ 500 000 personnes), constituent des minorités importantes en Éthiopie (plus d’un million dans les provinces de Haud et Ogaden) et au Kenya où ils sont environ 300 000 personnes dans la région du Nord-Est (Piguet, 1998).
Après la chute du régime du président Siyaad Barré en décembre 1991, les Somaliens quittent leur pays ravagé par la guerre civile en grand nombre. Ils fuient les milices armées qui, profitant de l’absence de l’État somalien, terrorisent les populations affamées. Durant les vingt dernières années, les principales villes du Sud ont été secouées par des combats acharnés successifs qui ont opposé plusieurs acteurs. Près d’un million de Somaliens ont dû abandonner leur foyer (UNDP, 2009). Une diaspora somalienne s’est alors formée dans les pays scandinaves (Norvège, Danemark et Suède), en Hollande, en Angleterre et en Amérique du Nord. Au Canada, les Somaliens forment le plus grand groupe originaire de l’Afrique subsaharienne, après les Égyptiens et les Sud-Africains (Statistique Canada, 2006). Leur nombre est estimé à 37 790 personnes (Statistique Canada, 2006 ; Bjork et Kusow, 2007). Dans certaines villes, Ottawa en particulier, où on en dénombre 13 000 (Young et al., 1999), ils forment une des communautés immigrantes les plus importantes. Au Québec, dans le recensement de 2006, 95 Somaliens résidaient dans la ville de Gatineau (MICC, 2006). Même si le ministère de l’Immigration et communautés culturelles (MICC) joue un rôle clé en matière de sélection et de politiques d’intégration des immigrants au Québec, il peine à lutter efficacement contre la discrimination à l’emploi (Chicha et Charest, 2008).
Tableau 1: Somaliens au Canada, 2006
Canada | Ontario | Toronto | Ottawa | |
Né en Somalie | 20 160 | 16 020 | 10 230 | 4 005 |
Groupe ethnique Somali | 21 685 | 17 325 | 10 615 | 4 665 |
Majoritairement musulmans et noirs, les Somaliens participent à la pluralisation culturelle de la population canadienne, qui reste majoritairement européenne et de tradition chrétienne, à l’instar de la presque totalité des immigrants jusqu’aux années 1970. Cette différence importante place les Somaliens dans une position multiplement minoritaire, mais aussi dans un rapport potentiellement discriminatoire avec la société canadienne et ses principales institutions. Certains membres de la communauté somalienne confirment cette possibilité et décrivent les difficultés persistantes de leur vie au Canada, après plus de deux décennies de présence (Sharrif, 2008). Une telle situation ressemble à celle que l’on retrouve dans plusieurs pays européens, où les migrants de la première et deuxième génération font face à des préjugés, surtout après les événements du 11 septembre : « As these events have unfolded, large Somali communities have formed in European countries such as the United Kingdom, the Netherlands, Norway, Denmark, and Sweden. (…) This massive immigration has created numerous cultural contact zones that are often marked by fear, stereotypes, and discrimination, largely in connection to race and religion. Somalis and other Muslims in Western societies often endure islamophobia, which is cultivated by much ignorance and fuelled by a powerful public discourse that depicts all Muslims as extremists and fundamentalists » (Bigelow, 2008, p. 27).
Au Canada, les Somaliens ont rencontré des obstacles dans la bureaucratie canadienne, et plus particulièrement au ministère de l’Immigration et de la citoyenneté. En raison de l’absence de documents officiels suite à l’effondrement de l’État somalien, les réfugiés somaliens se sont vu refuser, pendant plusieurs années, l’obtention du statut de résident permanent (Adan, 1992). Le gouvernement canadien exigeait des refugiés de présenter « des pièces d’identité satisfaisantes » pour que soit octroyée la résidence permanente (Conseil canadien pour les refugiés, 2000). Par ailleurs, les Somaliens et les Afghans ont été les seuls groupes visés par une loi du ministère de l’Immigration canadien qui stipulait qu’ils devaient attendre au moins cinq ans avant de se faire attribuer le statut de résident permanent. Les autres communautés réfugiées de la Convention de Genève n’attendaient que 18 mois pour se voir octroyer un statut légal. Après une longue bataille juridique des associations somaliennes et afghanes, la justice canadienne, notamment la Cour suprême du Canada, a contraint l’annulation de cette pratique discriminatoire afin de permettre à ces deux communautés de recevoir leur statut dans les délais prévus par la loi.
Données et méthodes
Les données empiriques de notre recherche reposent sur un questionnaire distribué directement aux Somaliens et un entretien approfondi individuel. Les questionnaires ont été distribués de mai à septembre 2009 aux Somaliens résidant à Ottawa et à Toronto. Une deuxième phase de la recherche a eu lieu en juin 2011 et consistait à réaliser des entretiens. La sélection des participants à notre recherche a été possible grâce à la méthode d’échantillonnage « boule de neige ». Même si cette méthode se veut non-représentative et aléatoire, les participants ont été choisis dans le but d’avoir des profils divers, autant sur le plan du milieu socioprofessionnel que sur celui du sexe et de l’âge. Au total, 55 Somaliens de la première et deuxième génération ont participé à la présente recherche. Parmi eux, 44 ont rempli le questionnaire et 11, dont 3 producteurs de médias, ont pris part à un entretien individuel approfondi. Ces deux méthodes combinées servent à interroger les significations attribuées par les acteurs aux usages et au processus migratoire. À la consultation du profil des enquêtés, nous avons remarqué que le niveau d’éducation est très élevé pour la première génération et la deuxième génération. Nos données sont similaires aux recherches qui ont montré qu’une majorité des Somaliens arrivés au Canada dans les années 1990 (entre 53% et 60%) avait fini l’école secondaire en Somalie et 43 % avaient reçu un diplôme universitaire de l’Université nationale de Somalie (Kusow 1998 ; Opoku-Dapaah, 1995). En raison de ce niveau d’éducation, la première génération a fortement influencé la seconde pour poursuivre des études postsecondaires. Cela pourrait expliquer le niveau élevé d’éducation de la première et deuxième génération. Toutefois, ces données ne représentent pas la diversité des parcours des Somaliens.
Tableau 2: Variables démographiques
Âge | Pourcentage |
18-29 | 48 |
30-39 | 17 |
40+ | 35 |
Total | 100 |
Sexe | |
Homme | 32 |
Femme | 68 |
Total | 100 |
Éducation | |
Maîtrise | 26 |
Baccalauréat (licence) | 22 |
Pas de diplôme | 7 |
Diplôme école secondaire |
45 |
Total | 100 |
Les médias ethniques des somaliens au Canada
Tableau 3 : Usages des médias ethniques des Somaliens produits au Canada
Âge |
% |
Télévision (*) % | Radio % |
Journal % |
Pas d’usage % |
Non disponible % |
18-29 | 30 | 13 | 0 | 0 | 10 | 10 |
30-39 | 10 | 18 | 6 | 0 | 3 | 3 |
40 et plus | 6 | 25 | 29 | 0 | 0 | 10 |
Total | 46 | 56 | 35 | 0 | 13 | 23 |
* Par usage de la télévision, nous entendons le visionnage des émissions de télévision de la communauté somalienne et des vidéos de mariage et pièces de théâtre sur le magnétoscope.
D’après le questionnaire distribué, les membres de la première génération (40 ans et plus) mobilisent tout d’abord les médias traditionnels disponibles, surtout les télévisions et radios à travers l’utilisation spécifique des programmes télévisuels et radiophoniques mis à disposition par les télévisions et radios privées : les exemples les plus visibles sont Radio Golis, transmis par le biais de Canadian Multicultural Radio ; Somali Voice à la radio CKCU; Muuqaalka Soomaalida diffusé par Chin Radio et en ce qui concerne les émissions télévisuelles, Muuqaalka Soomaalida et Dhaqan Somali, deux émissions transmises par Omni Television, la télévision communautaire de Rogers. Les émissions télévisuelles peuvent être regardées dans toute la province de l’Ontario. Les radios desservent uniquement les villes. Les médias des Somaliens au Canada se donnent pour objectif de diffuser de l’information à tous les Somalis, peu importe l’origine régionale :
Nous avons appelé notre émission Muuqaalka Soomaalida qui signifie la voix des Somalis. Nous voulons diffuser de l’information à tous les Somalis qui vivent à Djibouti, au Kenya en Éthiopie et en Somalie bien sûr. Nous ne voulons pas nous concentrer uniquement sur la diffusion d’informations concernant uniquement la Somalie. C’est pour cette raison que nous avons des correspondants qui couvrent pour nous toutes les villes où les Somalis habitent. Ces correspondants, salariés de mon émission, sont basés à Djibouti, Borama, Hargeissa, Nairobi, Addis-Abeba et dans d’autres villes.
(Propos du journaliste de l’émission Muuqaalka Soomaalida, Chin Radio, Toronto).
Les propos exprimés par le journaliste de l’émission Muuqaalka Soomaalida reflètent la volonté d’unifier une communauté somalienne divisée et dispersée dans différents pays de la Corne. Après la guerre civile, les Somaliens ont importé les conflits en Occident, causant des tensions claniques au sein de la communauté au Canada (De Montclos, 2003). Cette stratégie de vouloir unifier une communauté hétérogène n’est pas spécifique aux Somaliens. D’autres communautés connaissent le même phénomène. Par exemple, la communauté hispanophone, composée de populations d’origine diverse, était encore largement imaginaire aux États-Unis dans les années 1990 (Ben Amor-Mathieu, 2000). Elle est devenue une communauté politique « inventée». Pour Leïla Ben Amor-Mathieu, deux facteurs ont largement contribué à l’homogénéisation des hispanophones : les stratégies commerciales des télévisions ethniques et la volonté politique de l’État fédéral américain d’instituer pour le recensement une nouvelle catégorie de minorité culturelle « panethnique ». La communauté « hispanique », se voyant ainsi assignée une nouvelle identité construite de « toutes pièces », a su tirer profit de ce nouvel espace de débats et de modes d’expression culturelle et accéder au rang de « joueur à Washington ». Le poids numérique et économique de la population hispanique justifie l’attention portée par le gouvernement américain à leur égard. Néanmoins, les médias des hispanophones aux États-Unis, comme ceux des Somaliens au Canada, « mettent en scène en permanence, et dans ses propres termes, la communauté qu’[ils] contribuent à créer » (Ibid., p. 267). Même si la communauté somalienne n’est pas numériquement et économiquement comparable à la communauté hispanophone des États-Unis, dans les deux cas l’utilisation des médias joue un rôle social crucial dans la croissance et le développement des deux communautés. Dans cette stratégie de « mise en scène » de la communauté somalienne, les producteurs (2) des médias accordent de l’importance aux programmes télévisuels et radiophoniques qui portent (1°) sur les bulletins d’informations couvrant la région de la corne de l’Afrique et le Canada ; (2°) les débats autour des enjeux sociaux et culturels liés à l’intégration des Somaliens dans la société d’accueil ; (3°) et enfin les récits religieux et différentes formes de divertissement. Un travailleur autonome âgé de 52 ans et une infirmière de 38 ans racontent :
J’écoute les informations diffusées par les chaînes de radio. Ces informations relatent en langue somali les événements nationaux et internationaux. Les journalistes de ces radios mettent l’emphase sur les informations concernant la situation des Somaliens au Canada. Par exemple, grâce aux informations diffusées par ces radios, je peux être au courant des événements importants de la communauté comme l’arrivée de personnalités politiques ou de grands chanteurs somaliens. Comme c’est en langue somali, une personne qui vient d’arriver peut très bien comprendre et recevoir des informations utiles. J’encourage ces médias à diffuser des informations sur le Canada, surtout les lois et le mode de vie canadien. (…) Par contre si les informations sont diffusées en anglais ou en français, une personne qui vient d’arriver aura du mal à les comprendre et aura de la difficulté à s’adapter rapidement dans la société canadienne. Cette personne perdra un peu de temps pour bien s’intégrer (…).
J’écoute la radio CKCU pour la diffusion de la publicité des entreprises des Somaliens (…). J’écoute aussi les informations sur la Somalie et surtout celles relatives à la situation des Somaliens qui vivent ici au Canada. J’aime connaître ce qui se passe dans la communauté.
Des études ont montré que la diffusion par les médias des nouvelles locales et des informations pratiques sur le pays d’accueil facilite l’adaptation des migrants dans leur nouveau pays (Aksoy et Robins, 2000). Pour Isabelle Rigoni, les médias ethniques « réalisent un double travail : favoriser l’intégration de leurs audiences à la société dominante, que cette intégration soit civique, politique ou économique; et construire et homogénéiser la « communauté» dont ils dépendent (Rigoni, 2010, p. 11). Pour que l’intégration puisse avoir lieu, il est important que les migrants trouvent un lieu pour affirmer leur identité. Dans ce sens, Guilbert (2001) souligne que l’affirmation de l’identité est le facteur déterminant de l’intégration des migrants et des réfugiés dans leur société d’accueil. Or, l’identité est « partiellement formée par la présence ou l’absence de la reconnaissance de celle-ci, ou encore par la mauvaise perception qu’en ont les autres » (Taylor, 1994, p. 41). Cette non-reconnaissance peut « constituer une forme d’oppression et emprisonne certains dans une manière d’être fausse, déformée et réduite » (Ibid., p. 42). Une employée du gouvernement de 36 ans raconte :
Ces derniers temps, il y a eu le problème des pirates somaliens. Les médias ont beaucoup parlé des pirates qui ont pris en otage des bateaux. Parler toujours de pirates somaliens, c’est montrer aux gens un mauvais exemple de la communauté. Au début, quand les Somaliens se sont installés au canada il y a de cela 20 ans, on ne les connaissait pas très bien. Maintenant, on est devenus des pirates.
Dans le même sens, un travailleur social somalien de 44 ans observe:
Les médias décrivent les Somaliens de façon négative comme par exemple les médias locaux canadiens telle que la radio appelée CFRA dans l’émission animée par Lowell Green. Cet homme, quand il parle des immigrants, on dirait qu’il s’intéresse uniquement aux côtés négatifs. Il cible souvent les communautés musulmane et somalienne. Ce n’est pas sain car quand les gens vont écouter ses propos, alors qu’ils n’ont jamais rencontré un seul somalien, ils vont alors stigmatiser toute la communauté. C’est dangereux pour l’avenir de la communauté. Par contre les informations diffusées par la radio CBC restent équilibrées quand ça concerne la communauté. La chaîne accorde une place importante à la voix des somaliens et parle des enjeux qui concernent la communauté, diffuse les événements organisés par la communauté et décrit en général la communauté de façon positive. La radio considère les Somaliens comme des membres qui contribuent à la société. Les médias dépendent de la façon dont on comprend les informations diffusées et surtout des gens qui les contrôlent.
Le journaliste de l’émission Muuqaalka Soomaalida sur Chin Radio à Toronto nous a confié qu’il a interviewé dans son studio un homme d’origine somalienne et de nationalité américaine et suspecté par les Américains d’avoir recruté à Minneapolis des jeunes Somaliens pour se battre aux côtés de la milice Al-Shabaab(3). Hasan Jama est venu prêcher dans les mosquées de Toronto et les médias canadiens ont publié un bon nombre d’articles à son sujet. Voici la réponse du journaliste de l’émission Muuqaalka Soomaalida :
La chaîne CBC a fait un reportage sur Hasan Jama qui était suspecté de recruter des jeunes Somaliens à Minneapolis pour aller se battre en Somalie avec le groupe Al-Shabaab. Cet homme se trouvait à Toronto. Nous lui avons demandé si ces allégations étaient vraies. Il a nié toutes les accusations. (…) L’objectif principal de notre mission est premièrement d’unir tous les Somalis peu importe d’où ils viennent et deuxièmement de promouvoir, faire du lobbying, protéger l’identité, la langue, les traditions somalienne mais aussi l’image positive et la bonté de la communauté. En gardant notre identité et notre héritage culturel, nous pourrons ainsi nous intégrer dans la société canadienne. À cause de la guerre et de l’absence d’un État en Somalie, les médias accusent les Somaliens d’être tous des terroristes. Par exemple, on accuse nos mosquées de participer à des activités terroristes mais les mosquées constituent un espace communautaire puisque y sont organisés les obsèques et les mariages. En même temps, nous conseillons les mosquées de s’ouvrir à la société canadienne et surtout de répondre aux questions des journalistes. Parfois les mosquées refusent de parler aux médias canadiens et cela pourrait empirer la situation. Je suis souvent contacté par les journalistes de CBC, Globe and Mail ou Toronto Star et ils me demandent à propos des mosquées. J’essaye toujours de prévenir les gérants des mosquées pour qu’ils se préparent à répondre aux questions des journalistes.
Les propos du producteur de l’émission Muuqaalka ainsi que de ceux interrogés dans le cadre de cette recherche sur le rôle de leurs médias soulignent la question de la représentation des minorités au sein de l’espace public médiatique. La télévision est devenue le lieu de cristallisation d’enjeux sociopolitiques contemporains et constitue « comme l’un des espaces privilégiés où se trouve posée la question du rapport entre la société majoritaire et ses composantes minoritaires » (Nayrac, 2011, p. 1). Cette question est d’autant plus cruciale que les pays riches connaissent une augmentation des groupes minoritaires. Au Canada, 16 % de la population est composée de minorités visibles et ce chiffre n’a cessé de s’accroître au cours des 25 dernières années (Statistiques Canada, 2006). Pourtant, les médias canadiens véhiculent une image souvent stéréotypée et négative des minorités et des aborigènes (Jafri, 1998 ; Murray, 2002 ; Henry et Tator, 2002). En France, les mêmes écarts de traitement sont observés sur la non-représentation des femmes, des milieux populaires et des groupes non-Blancs (Macé, 2006 ; Mills-Affif, 2008).
Les rapports de domination liés au genre existent également au sein des médias ethniques des Somaliens : les femmes sont peu représentées dans la production des contenus médiatiques et les discours véhiculés transmettent une vision masculine du monde. Néanmoins, en ce qui concerne les médias ethniques des minorités noires en France, Marie-France Malonga (2007) a démontré que l’une des stratégies majeures mises en place pour gérer leur exclusion télévisuelle et surtout leurs représentations dévalorisantes se traduirait par une forte consommation des vidéos de musique et de films africains. Dans ce contexte, les médias ethniques semblent être un lieu offrant un espace qui permet la négociation entre son identité personnelle et l’identité assignée. Les témoignages des médias ethniques revendiqueraient ainsi « une vision plus véridique, infiniment plus proche de la réalité et plus sensible au vécu des populations immigrées que le discours, souvent stéréotypé, de la société d’accueil »(Lüsebrink,2007, p. 179). Cette vision donne à la communauté somalienne l’occasion de développer un point de vue négocié et critique sur sa représentation dans l’espace public canadien, ce qui correspond à la capacité de chaque acteur social à proposer sa vision spécifique du monde vécu. Pour Daniel Dayan, les études de réception des médias(4), s’intéressant aux stratégies des acteurs à négocier leur identité, permettent d’« entrer dans l’intimité [des] récepteurs et [d’] envisager que les univers de signification qui y sont élaborés puissent être caractérisés autrement qu’en termes d’aliénation ou de déficit » (2000, p. 435). Critiquant les travaux qui attribuent aux médias la capacité d’avoir des effets directs sur les individus, les études de réception s’inscrivent dans une perspective considérant les individus possédant une certaine marge de manœuvre puisqu’ils passent les messages médiatiques « au filtre de l’ironie, de la colère, de l’humour et de la résistance » (Appadurai, 2001, p. 240). Loin de se présenter comme des victimes passives, les minorités sont « capables de mettre en œuvre des formes subtiles de résistance et de visibilité » (ibid., p. 209). De nombreuses critiques ont depuis été adressées à l’égard des études de réception. Celles-ci mettent en garde notamment contre les tentations de survalorisation de la résistance culturelle des individus et l’évacuation de toute référence à la mise en évidence de rapports de domination entre acteurs sociaux (George, 2004). Tout en reconnaissant l’intérêt que représente l’étude de la réception, Bernard Miège rappelle que « l’approche de la communication ne saurait ignorer le niveau macro-sociétal, et en particulier les logiques d’action correspondant aux stratégies des acteurs dominants » (2000, p. 11).
Les données recueillies (voir tableau 3) auprès des jeunes de la deuxième génération montrent que ces derniers utilisent moins les émissions radiophoniques et télévisuelles de la communauté et vont souvent sur Internet pour s’informer sur la Somalie. Quand les jeunes de la deuxième génération consomment les médias de la communauté, c’est à travers une pratique familiale et dans un contexte de stratégies identitaires parentales. Quand on leur a demandé par quels moyens ils se tenaient informés sur la Somalie, ils ont répondu en premier que c’est par l’intermédiaire de leurs parents, ensuite sur Internet et les nouvelles dans les médias « mainstream ». La deuxième génération garde des liens avec la Somalie de façon sporadique à travers des liens émotionnels, notamment avec la médiatisation du phénomène de la piraterie sur les côtes de la Somalie et de la famine. Une jeune femme arrivée avec ses parents à l’âge de 10 ans au Canada et maintenant âgée de 30 ans décrit :
Pendant longtemps, j’ai essayé d’éviter de lire les nouvelles de la Somalie. À cause de la tristesse vécue là-bas, des blessures de la guerre et tout ce que j’ai vu, j’ai évité les informations sur la Somalie. Ça me rendait triste de voir des enfants blessés et des gens qui se battent tout le temps. C’est une guerre qui n’a pas de fin. (…)Toutefois, je vais de temps en temps sur les sites web pour lire les informations.
Les tensions politiques qui ont lieu dans le pays d’origine peuvent influer sur les habitudes d’utilisation des médias des jeunes de la deuxième génération (Sinardet et Mortelmans, 2006). La notion de « génération post-mémoire » (Hirsch, 2008, p. 103) caractérise la relation entre la seconde génération et les expériences puissantes, parfois traumatisantes, qui ont précédé leur naissance mais qui ne leur ont pas été transmises d’une façon profonde. La deuxième génération de la diaspora somalienne semble, à sa façon, reconstituer cette mémoire en regardant avec la famille, dans la salle de séjour, les pièces de théâtre, les comédies et les vidéos de mariage de la communauté.
Pratiques médiatiques : la salle de séjour comme espace de (re)construction identitaire
L’analyse du contexte familial et de l’organisation sociale autour notamment de la salle de séjour est essentielle pour appréhender les significations symboliques attribuées par les Somaliens aux outils de communication utilisés dans leur univers domestique. Dans la présente recherche, les pratiques médiatiques de la famille somalienne montrent que la salle de séjour revêt une importance symbolique considérable en tant que lieu de convergence de la vie familiale. La majorité des participants (48) a déclaré avoir toujours eu la télévision dans la salle de séjour et non dans les chambres pour un usage individuel ; un nombre appréciable de Somaliens (15) a affirmé utiliser l’ordinateur placé dans la salle de séjour pour regarder sur Youtube, avec leurs enfants, des vidéos réalisées en Somalie. La consommation de la télévision et des vidéos se fait en famille dans le salon, espace qui constitue le noyau central de cette activité, alors que des recherches ont montré que le salon était devenu un espace de plus en plus déserté au profit de la chambre et dans laquelle l’expérience du privé est une priorité, c’est-à-dire passant par la propriété personnelle d’un poste de télévision et des technologies domestiques comme la téléphonie mobile et l’ordinateur (Silverstone, 2002 ; Livingstone, 2003). Ces études ont montré qu’il fut un temps où la télévision rassemblait la famille autour du foyer. A présent, les technologies domestiques permettent à ses membres de se disperser dans différentes pièces ou de se livrer, dans la même pièce, à des activités différentes. Un père de quatre enfants raconte :
J’encourage mes enfants à regarder les vidéos de mariage avec moi car ils peuvent apprendre les poèmes et les chants traditionnels. Dans ces vidéos, ils peuvent voir des enfants qui chantent et récitent des poèmes. Quand ils regardent ces vidéos, ils imitent et essayent de faire la même chose que les gens qu’ils voient. Nous regardons aussi à la maison des vidéos de pièce de théâtre réalisées en Somalie et des films tournés en Amérique du Nord. Les films tournés en Amérique du Nord relatent les expériences de la communauté somalienne établie au Canada. En regardant ces genres de vidéos, mes enfants peuvent comparer la vie qu’ils mènent ici et celle qui existe en Somalie. Ainsi on leur explique par exemple l’histoire de la Somalie ainsi que les animaux gardés en élevage, ses fleuves et l’Océan Indien.
Les parents Somaliens tentent de transmettre l’identité culturelle à leurs enfants nés ou grandis au Canada à travers les pratiques médiatiques. Il s’agit pour les parents de conserver une trace du patrimoine culturel et de transmission mémorielle. À cet égard, des recherches ont montré comment, sous les effets de la migration, les groupes diasporiques sont en « constantes négociations culturelles » (Mattelart, 2009). Parmi ces recherches, l’étude ethnographique la plus emblématique reste celle de Marie Gillespie (1995) sur la consommation de la télévision et des vidéos de la diaspora penjabie de Southhall. L’auteure, explorant comment la télévision et les vidéos sont impliquées dans la construction identitaire au sein des familles, explique que « la télévision comme objet et comme expérience sociale est enracinée dans la vie familiale et que les relations entre les membres de la famille s’expriment dans et à travers la situation de réception » (ibid., p. 98). Dans ce sens, un parent nous confie :
J’encourage mes enfants à regarder avec moi des vidéos sur Youtube via l’ordinateur situé dans le salon. Ces vidéos ont été réalisées en Somalie avant la guerre et sont essentiellement des pièces de théâtre. Nous regardons ces vidéos pour que mes enfants, tous nés au Canada, puissent apprendre la langue somali. Ils ne peuvent pas apprendre la langue somali que nous parlons car dans celle-ci il y a beaucoup de mots en anglais. Par contre, les conversations dans les pièces de théâtre ont été écrites par des linguistes Somaliens et utilisent un vocabulaire très riche. C’est ce bon vocabulaire que j’aimerais que mes enfants apprennent. Moi-même, qui suis né et grandi en Somalie, mon vocabulaire commence à s’appauvrir et donc ces vidéos m’aident à l’améliorer.
Les pratiques de visionnage de vidéos par les parents somaliens avec leurs enfants constituent des stratégies de transmission de l’identité ethnique. Quand la filiation culturelle de l’enfant est appuyée par les institutions de la société, des recherches nous précisent que « les appartenances de l’enfant paraissent aux parents évidentes et ne semblent pas à ce moment être l’enjeu des stratégies parentales particulières » (Meintel et Khan, 2005, p. 137). Deux jeunes filles âgées de 22 ans et 24 ans commentent :
Quand j’étais toute petite à Mogadiscio, nous regardions souvent à la télévision des pièces de théâtre, des chansons et des comédies. Arrivés au Canada, nous cherchions à regarder les mêmes pièces de théâtre. Ça nous évoquait des bons souvenirs. Ces vidéos me permettent de raviver les bons moments de mon enfance à Mogadiscio. Ces vidéos m’aident aussi à améliorer la langue somali parce que je parle tout le temps en anglais. Le niveau de la langue somali n’a pas progressé depuis mon enfance. D’ailleurs, ma tante qui vient d’arriver de la Somalie se moque souvent de mon niveau de connaissance de la langue.
Mes sœurs, mes parents et moi nous écoutons la radio CKCU, surtout pendant la période du ramadan et autour des repas dans le salon ou la salle à manger. Quand mes amies viennent me voir chez moi, nous regardons ensemble les vidéos de mariage. C’est la même chose que les vidéos des pièces de théâtre ou de chansons parce que c’est divertissant et amusant.
La popularité des vidéos de mariage n’est pas en soi inattendue. D’après les informations que nous avons recueillies auprès de la communauté somalienne, l’origine de la circulation des vidéos de mariage dans les années 1980 coïncident avec l’apparition des magnétoscopes dans les foyers aisés des grandes villes somaliennes et l’immigration des Somaliens dans les pays limitrophes et les pays occidentaux. En effet, les familles envoyaient aux parents installés dans des pays étrangers les images de la célébration du mariage de leurs enfants. Ainsi devenues populaires en Somalie, les images des vidéos de mariage constituent comme un « système de coordonnées visuelles qui prévaut dans une formation sociale quelle qu’elle soit » (Walter, 2007, p. 34). Le mariage est aussi un lieu de rencontre et de réseautage entre les jeunes de la deuxième génération. Selon les témoignages recueillis auprès de la communauté somalienne, les mariages ne seraient pas arrangés par les familles. Pour Mulki Al-Sharmani (2007), dans le mode de vie occidental où l’on travaille des longues heures, les jeunes Somaliens n’ont pas souvent l’occasion de se faire des réseaux sociaux qui peuvent les aider à trouver des partenaires dans leur environnement immédiat et ils les chercheraient plutôt sur Internet ou dans les vidéocassettes de mariage qui circulent dans la diaspora. Dans un autre registre, ce genre de vidéos, même si elles circulent dans la sphère privée, « en proposent une autre, celle d’objet culturel communicant : en effet la vidéo contribue à faire découvrir “ sa ” culture à l’Autre (voisin, collègue, camarade de classe) » (Thiéblemont-Dollet, 2007, p. 134). Indépendamment de la volonté de faire reconnaître leur culture par autrui, les Somaliens soulignent l’importance de laisser des « traces » en utilisant les différentes techniques médiatiques. Dans l’approche des sciences de l’information et de la communication, la notion de « trace » est considérée non pas comme une simple empreinte des faits et des souvenirs, mais comme une construction symbolique destinée à être interprétée dans le contexte précis de sa production (Galinon-Mélénec, 2011). La production et la réception de vidéos et des émissions radiophoniques et télévisuelles de la communauté somalienne correspondent à autant de « traces » pour reconstruire de façon symbolique la Somalie.
Conclusion
Les médias des Somaliens jouent un rôle important dans le contexte de la double contrainte, à savoir l’adaptation à la société d’accueil et la situation difficile du pays d’origine. Dans les foyers somaliens, la réception de ces médias se fait dans la salle de séjour, lieu où parents et enfants interagissent autour des images, des témoignages et des souvenirs de la Somalie. Les médias ethniques constituent autant un moyen d’expression qu’un lieu d’archivage de la mémoire. Ils contribuent à l’émergence d’une formation sociale somalienne, perpétuant certaines de ses traditions et intégrant en même temps de nombreux aspects des diverses sociétés où elle s’est dispersée. Dans le cas présent, la reconstruction identitaire complexe dans laquelle sont engagés les Somaliens au Canada se réalise à partir d’un assortiment complexe de messages véhiculés par des outils médiatiques. Il s’agirait, en fait, plutôt d’une forme d’engagement médiatique multiple, qui convie l’usager à évaluer et à négocier ses propres valeurs, appartenances et traditions, en lien avec d’autres membres de cette communauté et d’autres niveaux sociopolitiques. Pour des recherches futures sur les usages des médias, il serait judicieux de mieux saisir les systèmes de reproduction de la domination masculine structurant les médias ethniques des diasporas.
Notes
(1) L’auteur remercie chaleureusement Judith Sribnai et Nicholas Harvey pour leurs précieux commentaires formulés sur une première version de cet article.
(2) Les producteurs de ces médias perçoivent des revenus générés par les annonces publicitaires commanditées par les commerces de proximité détenus par les membres de la communauté ainsi que les informations provenant des associations culturelles.
(3) La milice Al-Shabaab contrôle le sud et le centre de la Somalie et lance des attaques souvent meurtrières contre la population civile, l’armée du gouvernement fédéral de transition somalien et les soldats de l’Union africaine (AMISOM)..
(4) Pour une synthèse des études de réception, voir Breton et Proulx, 2002.
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Auteur
Houssein Charmarkeh
.: Houssein Charmarkeh est doctorant en sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne Nouvelle, Paris III. Il est également chercheur associé au centre de recherche MIC (Médias, Identité et Communauté) de l’Université d’Ottawa et chargé de cours au département de communication de la même université. Ses recherches portent sur les usages des médias dans le contexte du processus d’adaptation des migrants Somaliens en France et au Canada.