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D’un prétendu dévoiement des médias : les origines philosophiques d’un discrédit…

25 Oct, 2007

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Bryon-Portet Céline, «D’un prétendu dévoiement des médias : les origines philosophiques d’un discrédit…», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°08/1, , p. à , consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2007/varia/02-dun-pretendu-devoiement-medias-origines-philosophiques-dun-discredit

Le diable médiatique…

Nombreux sont ceux qui accusent aujourd’hui les médias d’engendrer tous les maux de la terre, ou peu s’en faut. On diabolise ces outils de transmission de l’information comme s’ils agissaient de manière autonome, indépendamment des êtres qui leur ont donné le jour, qui les alimentent et les animent quotidiennement. L’on se trouverait ainsi confronté à une sorte de machine infernale, qui aurait la capacité de s’émanciper de son créateur en produisant ses propres signes et en devenant sa propre finalité ; dont la délétère emprise serait quasi infinie, et à laquelle l’homme ne parviendrait pas à se soustraire.

Au-delà de quelques griefs communs, la critique à l’égard des médias prend des formes diverses et variées. A l’instar de Jean Baudrillard, d’aucuns mettent l’accent sur le déplacement qui s’opérerait du message vers l’instrument de diffusion lui-même, autrement dit du contenu vers le contenant (Sfez et Coutlée 1990). Cette inversion des priorités (le moyen se transformant en une fin en soi, le medium supplantant le message, scénario déjà esquissé par Marshall Mc Luhan dès les années 60), aboutirait à la création d’un univers privé de toute authenticité, balayé par des images auto-centrées semblables à des noix creuses, vidées de leur essence ou, pour le dire avec les mots de Rabelais, de leur « substantifique moelle ». Bref, l’on serait face à des jeux d’apparence pure, des « simulacres », ainsi que les nomme Jean Baudrillard (1985), c’est-à-dire des surfaces sans profondeur, des miroirs qui ne réfléchiraient qu’eux-mêmes et derrière lesquels ne se cacherait aucune vérité.

Régis Debray rejoint ce point de vue lorsqu’il exhorte ses contemporains à « communiquer moins, transmettre plus » (2001 ; 1997). Cet auteur part du principe que la sphère médiatique actuelle privilégie la communication, c’est-à-dire un système d’informations éphémères, évoluant sur un axe spatial horizontal, favorisant donc la synchronicité et l’ubiquité, plutôt que la diachronicité et la pérennité des valeurs, apanage de la transmission, qui préfère l’axe temporel vertical. La première approche engendre une société où les individus sont apparemment plus proches, grâce aux médias qui permettent une télé-présence, soit une présence virtuelle ; mais ils sont, de fait, plus étrangers les uns aux autres pour cette seule raison que cessant d’être rattachés à une histoire commune par la mémoire des chaînes générationnelles, qui garantit le partage d’un patrimoine et la conservation des traditions, ils n’échangent que de manière fragmentaire et superficielle, sans pouvoir vraiment vivre ensemble. Là encore, les moyens de diffusion se verraient dépouillés de leur substance, et la communication s’érigerait en but ultime de la communication, dans une tendance autophage. Le célèbre médiologue, qui pourtant se fait fort de ne pas se laisser abuser par les mythes qui entourent la médiasphère, poursuit sa réflexion en concédant aux outils technologiques le pouvoir de s’émanciper de leur créateur puis d’agir à leur tour sur lui, en produisant des effets imprévus qui modifient sa façon d’être et de penser (1991, p.105-106).

D’autres, complétant ces vues, orientent leur analyse critique vers la préjudiciable déformation du réel que les médias entraîneraient. Ainsi en est-il de Lucien Sfez (1988), qui souligne, outre cette dénaturation, la confusion qui serait créée, dans l’esprit humain, entre le fait brut et sa représentation, modifiant alors sa faculté de jugement et de discernement. L’ensemble de ces éléments développerait une pathologie caractéristique de nos sociétés médiatiques, le « tautisme », néologisme dont le préfixe et le suffixe révèlent une tendance à la tautologie, c’est-à-dire à l’auto-référenciation, source d’autisme, d’enfermement dans un univers imaginaire.

Le diable médiatique, version moderne et matérialiste de l’être maléfique qui était supposé diviser les hommes et les éloigner de la salvatrice vérité en les plongeant dans l’illusion (tel est le sens étymologique de dia-bolos), en des temps reculés de ferveur religieuse, semble bien avoir succédé aux peurs médiévales de l’esprit… Mais cette influence mortifère des médias ne relève-t-elle pas d’une croyance tout aussi puérile que celle qui amenait nos ancêtres à considérer le Mal comme une entité libre et douée de raison, quand il n’était qu’une production de l’imagination, soucieuse d’expliquer les travers de ce monde et l’origine des humaines souffrances, mais aussi de trouver un bouc-émissaire sur lequel reporter une haine aux effets cathartiques ?

La peur du changement

En fait, une telle mise au ban est rien moins qu’originale. Elle s’inscrit dans la veine de ces tentatives qui visent à excommunier tout ce qui représente, de près ou de loin, une déstabilisante solution de continuité dans le principe de prévisibilité afférent à nos rassurantes habitudes, à nos calculs, à notre capacité d’anticipation. La peur du changement, et par conséquent de la nouveauté (longuement étudiée par Nietzsche (1989, livre V, § 355), n’est-elle pas la cause de ces reproches permanents adressés aux médias, incarnation même de la profusion et de la vitesse, qui sont indubitablement des sources d’incertitude face à l’avenir, et qui témoignent de la précarité de nos existences ?

Les médias nous rappellent peut-être notre instable et mortelle condition avec plus de force, plus de violence qu’aucune autre invention humaine. De nombreux symboles de modernité subissent le même traitement : l’ordinateur, les centrales nucléaires, le micro-onde, la téléphonie portable… Si bien qu’il est difficile d’évaluer la part de mystification, de phantasme phobique que recouvre la dangerosité psychique ou physique dont on affuble ces inventions, et la part de véracité que contient l’opprobre dont ils sont l’objet.
Mais les inventions techniques ne sont pas les seules victimes de ce purisme des origines, loin s’en faut. Les modèles culturels qui s’éloignent peu ou prou du socle stabilisateur des traditions sont jugés tout aussi sévèrement. Ainsi peut-on partiellement expliquer les critiques adressées aux Etats-Unis, symbole de progrès s’il en est, et à l’ensemble des valeurs que cette nation véhicule, ce que l’on appelle son software, de l’american way of life jusqu’à la marque Nike et aux enseignes McDonald’s. En effet, il est difficile de faire accroire que l’attitude hégémonique de cette confédération (qui a toujours été, depuis les origines, impérialiste et expansionniste, pour cette seule raison que pouvoir spirituel et pouvoir temporel y sont intrinsèquement liés, puisque ses fondamentaux religieux exhortent les disciples à une politique messianique, ainsi que l’a montré Max Weber (2004)), suffit à nous éclairer sur les raisons de l’anti-américanisme ambiant ; pas plus que les griefs adressés à la mondialisation, accusée de priver certains états de leur exception culturelle, ou à la « mal-bouffe », prétendument génératrice d’obésité, ne peuvent justifier les arguments des détracteurs de baskets ou de fast food dans leur totalité et épuiser l’ensemble de leurs motivations.

La plupart des mouvements sectaires actuels reposent d’ailleurs sur cette même crainte du devenir. Exploitant l’angoisse du changement ou essayant de la pallier, ces groupes aiment à se rattacher tout à la fois à des dogmes dont le contenu immuable et itératif leur confère un sentiment de stabilité, et à des modèles de vie enracinés dans un lointain passé, sorte de perfection originelle et d’âge d’or purifié des défauts de ce monde, d’où les technologies modernes sont absentes. En effet, hormis quelques sectes, telles l’Eglise de la scientologie ou la communauté des Raëliens, qui se projettent vers un avenir technocratique, ces mouvements refusent la modernité et préfèrent se référer à des modèles anciens, sollicitant l’imagination symbolique plutôt que la pensée rationaliste : élohims, templiers, cathares, alchimistes, égyptiens de la Haute Antiquité sont ainsi remis à l’honneur, et la croyance de ce qui fut, idéalisé par comparaison à ce qui est, tente de façonner ce qui sera…

Il n’est d’ailleurs pas anodin de noter que plus les formes de la modernité, parmi lesquelles figurent en bonne place les médias, se développent et menacent de disparition certains us et coutumes hérités du passé, plus la volonté de réaffirmer ostensiblement ces derniers se fait sentir a contrario. La coexistence paradoxale, ou plutôt l’essor proportionnel de la high tech et de ces sectes millénaristes à la foi obscurantiste, qui se multiplient à l’envi, ne doivent donc pas nous surprendre outre mesure. L’histoire a déjà connu de tels soubresauts, des regains inattendus d’habitus archaïques, que l’on pourrait comparer à des chants du cygne, tandis que d’autres préfèrent y voir un rééquilibrage naturel des fonctions symboliques et de la raison, également nécessaires à l’homme. Toute nouveauté technique semble produire ce même effet de rejet quasi organique, face à l’étrange étrangeté d’un corps que l’on ne connaît point, et qui vient perturber la monotonie apaisante de notre quotidien, tant il est vrai qu’une croyance tenace nous persuade que le malheur ne peut provenir que du dehors…

Technologie et déclin, ou comment on enchaîna Prométhée

On peut déceler les prémices de cette critique qui s’abat sur les médias à travers quelques épisodes significatifs de la mythologie et de la littérature. Il y a, d’abord, le châtiment inaugural de Prométhée, père de la civilisation, personnage qui arracha les hommes à la nature et les éleva au-delà de leur animalité en rendant possible l’art et l’artifice, fondements de la culture. Le Titan fut durement puni par le roi de l’Olympe pour avoir dérobé puis donné à la créature la plus démunie de la création le feu, cet élément d’où découle la technique, ou du moins condition sine qua non de toute technique, en ce qu’il permet de fondre des minerais, de forger des outils, puis de fabriquer des armes, enfin des machines et bientôt des médias…

L’on se méprendrait en interprétant l’auguste sentence de Zeus comme un sort justement réservé à celui qui a enfreint la loi et violé un interdit. Prométhée n’est pas un simple voleur, il y a plus qu’une transgression dans son acte transgressif, il y a, latentes mais inévitables, une perversion, une ascension qui est aussi une déchéance. En les humanisant, il a également privé les hommes de leur prime innocence, aussi leur progression intellectuelle peut-elle être envisagée comme une régression si l’on prend le bonheur comme étalon de mesure, ce que sous-entend d’ailleurs la suite du mythe, lequel se clôt par l’envoi de Pandore et de sa fameuse boîte, d’où sortiront tous les malheurs qui accablent l’humanité. Et de même que l’accession d’Adam et Eve à la connaissance a entraîné leur chute en ce qu’elle les a exilés de la douce inconscience attachée au paradis terrestre, de même la possession du feu (qui peut symboliser les lumières de la connaissance par opposition aux ténèbres de l’ignorance) correspond-elle, chez Hésiode, à la fin de l’âge d’or gouverné par Cronos et au commencement d’une ère plus tourmentée (1). Comme Icare, Prométhée incarne l’hybris, la démesure, source de malheur, inhérente à la science.

Le second mythe, plus explicite encore quant aux rapports qu’il entretient avec la lointaine apparition des médias et à l’ambivalence de cette découverte, est celui relatif à la naissance de l’écriture, rapportée par Platon dans Phèdre (274 b – 275 b). Socrate y explique que Thot (dieu égyptien assimilé au demi-dieu grec Hermès, figure tutélaire de la communication), inventa cet art afin de trouver un remède au défaut de mémoire et aux lacunes de la science. Mais lorsqu’il présenta sa trouvaille à Thamous, roi de Thèbes, ce dernier la jugea mauvaise en ces conséquences, affirmant qu’elle engendrerait le contraire de ce qu’elle prétendait combattre, et que le thériaque, inversant ses vertus par une sorte d’alchimie à rebours, se transformerait en poison. Dans cette mise en garde est déjà perceptible l’accusation que l’on porte, de nos jours, contre les médias, à savoir une dépossession qui se traduirait par une extirpation des qualités inhérentes à l’être humain, un affrontement entre une intériorité supposée idéale et un processus d’extériorisation via une projection matérielle vécue sur le mode d’une dégradation : « Cet art produira l’oubli dans l’âme de ceux qui l’auront appris, parce qu’ils cesseront d’exercer leur mémoire : mettant, en effet, leur confiance dans l’écrit, c’est du dehors, grâce à des empreintes étrangères, et non du dedans, grâce à eux-mêmes, qu’ils feront acte de remémoration ; ce n’est donc pas de la mémoire, mais de la remémoration, que tu as trouvé le remède. »

Citant Victor Hugo, et plus précisément un chapitre de Notre-dame de Paris intitulé « Ceci tuera cela », Daniel Bougnoux a longuement commenté le blâme que l’on a adressé, en des termes assez semblables, à l’imprimerie, lorsque celle-ci est venue détrôner, à la fin du moyen âge, ces livres de pierre qu’étaient les cathédrales (2002, p. 54). Il ne s’agissait plus tant d’incriminer l’écriture que sa généralisation, sa standardisation par la technologie, préjudiciable pour l’art sacré des bâtisseurs. Quelle ironie de constater qu’aujourd’hui, ce sont les médias modernes qui sont accusés de tuer le livre, le téléphone et l’ordinateur qui sont suspectés de tuer l’écriture, jadis incriminée d’avoir tué l’oralité d’une parole qu’on voulait croire éternellement vive parce qu’elle était éternellement vivante dans la mémoire et dans la bouche des hommes qui se la transmettaient… Cela devrait suffire à nous rendre suspecte cette nouvelle attaque menée contre les nouveaux venus sur la scène des médiations technologiques ! Mais ce qui importe avant tout, c’est la compréhension des causes profondes de cette haine viscérale à l’égard de telles médiations.

Une conception platonicienne du monde

Dire que la peur du changement est à l’origine de cette haine nous éclaire, certes, sur les motivations qui poussent au rejet de nombreuses inventions technologiques, mais lesdites motivations trouvent, à leur tour, leur raison ailleurs. La réponse nous renvoie donc à une autre question : qu’est-ce qui est à l’origine de cette peur ? N’est-ce pas la croyance, utopique, en la possibilité du non-changement, c’est-à-dire en un monde idéal de la permanence, où la vérité serait immuable et où toute chose jugée bonne serait nécessairement soustraite au devenir, et par conséquent à la matière, dont nul ne méconnaît le caractère instable et périssable ?

Une recherche étiologique sur ce qui pourrait être une maladie humaine, trop humaine, pour reprendre une terminologie nietzschéenne, mais qui pourrait tout aussi bien exprimer une maladie culturelle, plus contingente donc, nous mène inévitablement à la piste platonicienne. Il est difficile, en effet, de ne pas entrevoir dans ce procès intenté aux formes les plus avancées et les plus répandues de la technologie, la rémanence d’un système de valeurs dualiste, de type platonicien, dévalorisant le monde terrestre et ses éléments visibles au profit du monde intelligible et des productions de l’esprit. Dans la faute, imputée aux médias, relative à une déformation du réel, on retrouve, à peine voilée, l’anathème que le fondateur de l’Académie jetait sur le poète mais aussi sur le peintre, et, plus largement, sur les artistes, réprouvés parce qu’ils imitaient trop habilement la nature, engendrant ainsi une confusion entre la réalité et la fiction (Platon, 1993, livre II 363c, livre III, 398a-b ), ainsi que le prouve l’exemple des pigeons de Zeuxis, célèbres à l’époque antique, et que l’on peut considérer comme l’un des premiers trompe-l’œil de l’histoire.

Toute la philosophie de Platon s’érige en contemptrice de la Mimesis, c’est-à-dire de toutes les techniques d’imitation, fondées sur le principe de la duplication. Dans ce cadre, la critique de l’Imago occupe une place de premier ordre. L’imagination est l’une de ses cibles, de même que toute image, appréhendée comme la copie d’une réalité plus essentielle, et par conséquent productrice d’illusion. Son ouvrage La République est riche en illustrations. Ainsi en est-il de l’allégorie de la caverne mais aussi de la fameuse analogie de la ligne, symbolisant le partage du monde en quatre segments d’inégale valeur, on l’on trouve, decrescendo, celui des Idées, celui des abstractions mathématiques, celui des objets matériels et enfin celui des représentations (1993, livre VI, 509c-511e, et livre VII, 514-522). Comprenons, avec Socrate, que l’essence d’un arbre est noble, alors que sa définition grâce à des mesures et des figures géométriques, bien que relevant toujours de la sphère intelligible, est un peu moins parfaite puisqu’elle constitue une simple copie de l’original. Quant aux arbres tels que nous pouvons les voir et les toucher autour de nous, ils sont la copie d’une copie, engluée dans la matérialité plurielle et mouvante. Enfin, leur représentation picturale ou littéraire, voire leur reflet dans l’eau, perdant encore en authenticité, n’ont plus que de lointains rapports avec l’idéalité première.

S’il nous est permis de faire quelque anachronisme, sans trahir néanmoins la pensée du dialecticien grec, nous inscrirons donc nos médias modernes dans cette dernière catégorie, parmi les reflets mensongers, les montreurs de marionnettes, sophistes et illusionnistes en tous genres dénoncés au livre V de La République. Platon aurait sans doute bannis nos médias de la cité idéale du philosophe-roi au même titre que les poètes et autres fabricateurs d’images redoublant le réel et voilant, par-là même, la salvatrice vérité. Que font la presse, la télévision et les sites du réseau internet, en effet, sinon dupliquer les événements en les représentant ou en créant des réalités virtuelles ? Le défaut des médias serait donc dû à la fois à leur trop grande vraisemblance et au fait qu’ils sont trop éloignés du vrai (leur vraisemblance étant précisément la cause du fait qu’on les croit vrais). Car, ainsi que le souligne très justement Boileau, suivi par Maupassant qui développera la théorie naturaliste en littérature, « le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable ». Quant au vraisemblable, il peut quelquefois n’être pas vrai… Cette problématique se pose avec force à l’ère de la photographie et de la télévision, capables d’un réalisme extrême.

Le IVeme avant Jésus-Christ est capital dans l’histoire de la culture occidentale. Il opère une rupture radicale avec les convictions idéologiques antérieures, que l’on qualifie de « pré-socratiques », afin de signifier clairement la distance théorique qui les sépare et le renouveau intellectuel qui s’opère à partir du socratisme. Là se trouve l’origine du discrédit jeté sur l’apparence, concept dont l’invention prend sens par opposition à une essence qui lui préexisterait (2)… Les médias n’auraient peut-être pas connu un tel discrédit si Platon lui-même n’avait pas cédé à la tentation médiatique d’écrire les enseignements de son maître, et si avait triomphé la pensée de certains de ses prédécesseurs, chez lesquels les structures eidétiques ne prédominaient pas puisque n’existait pas encore la scission admise postérieurement entre ontologie et phénoménologie. Ainsi en est-il, par exemple, des fragments d’Héraclite d’Ephèse, philosophe du mouvement et de la contradiction, qui admit une réalité prise dans des jeux d’apparence et de miroirs dont il ne dévalorisait guère le caractère perpétuellement changeant.

Il est d’ailleurs instructif de noter que les mythes de Prométhée et de Thot, participant indirectement à fonder la critique technologique et la critique médiatique, qui se rejoindront l’une l’autre à l’ère de la modernité, sont tous deux relatés par Platon. Or, si l’histoire du frère d’Epiméthée n’est pas exclusivement un récit platonicien, puisque Hésiode, Eschyle et Démocrite la recontent également, il n’existe, à notre connaissance, aucune mention du discours de Thot et de Thamous antérieure ou même contemporaine de celle qu’en fait le père de l’Académie… Il n’est donc pas exclu qu’il en soit l’inventeur, d’autant que le débat qui s’instaure entre les protagonistes porte sur la matérialité de l’écriture, perçue par l’un d’eux comme copie mortifiante de l’oralité, point de vue qui corrobore parfaitement les vues de Socrate et anticipe les déclarations pauliniennes : « la lettre tue et l’esprit vivifie ».

« L’homo representans » : contre l’utopie d’un réel vierge

Héritage de deux mille quatre cents ans de philosophie occidentale inspirée de Platon, la critique qui s’abat actuellement sur les médias repose sur un postulat de base, postulat selon lequel il existerait un réel vierge, un univers authentique, qui serait accessible à l’homme sans médiation… Cet aspect de la critique envisage donc un monde non médiatisé. Le deuxième aspect de la critique, sorte de pis-aller par rapport à ce monde vierge précédemment évoqué, se fonde sur l’idée que si les hommes doivent vivre avec les médias, étant entendu qu’il est difficile de régresser et d’aller à l’encontre de ce qui a été créé, alors ces derniers doivent garantir l’intégrité des messages qu’ils véhiculent, ou plutôt du contenu desdits messages. Par conséquent, on présuppose également qu’il y a une intégrité du message en dehors de sa représentation, une sorte de « vérité » de la parole et de l’événement dont il serait possible de rendre compte à l’aide d’un canal sans que ce canal lui-même interfère ou dénature ces derniers…

Mais ces deux postulats ne sont-ils pas fallacieux ? Est-il possible d’exiger une fidélité absolue des médias par rapport au réel, et, d’autre part, la notion même de réel vierge a-t-elle un sens ? Qu’est-ce que le réel, pour l’homme, sinon une chose qui lui sera à jamais inaccessible dans sa pureté objective, sachant que le regard de celui qui l’observe ou qui le pense se projette involontairement au point de le déformer, en tout cas de le modifier, ainsi que le démontra Einstein dans sa théorie de la relativité, mais aussi les théoriciens de la physique quantique ? Un philosophe tel que Berkeley (1999 a; 1999 b) allait même jusqu’à soutenir que le réel n’existe pas en dehors de la représentation que nous en avons (« l’âme n’est pas dans le monde mais le monde est dans l’âme »), que les substances matérielles et les qualités sensibles se réduisent à la perception que nous en avons. Sans aller jusqu’à adopter une position aussi extrême, il faut accepter, aux côtés de Kant (2004), que les « noumènes » ne puissent être saisis par l’esprit humain autrement qu’à travers leurs manifestations sensibles, à savoir les phénomènes.

Daniel Bougnoux (2002, chapitre IV) affirme que les médias introduisent la dimension du différé dans nos existences humaines, par opposition à ce qui relèverait d’un rapport direct et qui serait la « norme » naturelle. Mais on oublie par là que tout acte humain est inscrit dans une relation de distance vis-à-vis de ce qui l’entoure car la culture se définit par une logique de sur-naturalité. Ce n’est qu’à ce prix que l’homme se dépasse lui-même, perpétuellement, à la différence de l’animal chez lequel l’inné prime sur l’acquis, le patrimoine génétique sur l’éducation, l’immédiateté de l’instinct sur la capacité à se projeter dans l’avenir. L’essence entière de l’humanité s’exprime par ce travail de distanciation.

Par exemple le langage, que l’on s’accorde à considérer comme le propre de l’homme, procède d’un redoublement artificiel les objets qu’il nomme. Telle était déjà, dans Cratyle, la remarque d’Hermogène, défenseur de la thèse relative au nominalisme et au conventionnalisme des mots, à l’absence de coïncidence entre le langage et l’essence des choses qu’il désigne. Quant à la conscience, également reconnue comme l’apanage de l’être humain, elle procède d’une réflexivité identique à un miroir reflétant sa propre image. Ce n’est pas en vain que Lacan parle, à propos de l’enfant, d’un « stade du miroir ». Tout n’est que re-présentation, tout est différé en nous, opérant un dédoublement ou un redoublement entre objet réel et objet perçu.

La poésie n’est pas plus artificielle que l’art de penser, et Platon a peut-être tort de dénigrer ce qui a trait à la représentation puisque, selon ses propres affirmations, la pensée, qui fait usage de la raison, faculté suprême qu’il place au centre de la dialectique, est un « dialogue de l’âme avec elle-même ». Ferdinand de Saussure (1995) a magistralement montré ce processus de duplication à l’œuvre tant dans le langage que dans la pensée, d’ailleurs indissociables. Le signe linguistique, arbitraire puisqu’il varie d’une langue à une autre, est composé d’un signifiant et d’un signifié, c’est-à-dire d’une image acoustique et d’un concept qui sont comme le recto et le verso d’une feuille de papier, extérieurs au référent et différents de lui.

L’on a pour habitude de distinguer les termes « information » et « communication ». En effet, l’un serait relatif à la diffusion objective et unilatérale d’une donnée brute ; tandis que l’autre impliquerait une intentionnalité de la part de l’émetteur (Wolton, 1991, p. 159-163) et une interaction avec le récepteur, par conséquent une vision plus subjective des événements transmis, caractéristiques qui participent de l’opprobre jeté sur les médias. Pourtant, nos précédentes références à la nature des mots et des idées, qui se définissent d’emblée comme des constructions factices modelant notre univers et nous donnant prise sur lui, paraissent remettre en question la possibilité même d’atteindre à la sphère informationnelle, au sens actuel du terme.

Les messages qui semblent s’y conformer au plus près, remplissant ce que Roman Jakobson (1970) appelle la « fonction cognitive » ou « fonction référentielle », ne peuvent échapper complètement à ce travail de remodelage du réel. Un message oral tel que « le tremblement de terre a fait 1000 morts », exclusivement objectif en apparence, révèle pourtant cette évidence. Nulle part, dans ce que l’on baptise « la réalité », nous ne rencontrerons le chiffre 1000, les nombres étant une production de l’esprit humain. Ne faut-il pas abandonner l’espoir d’un domaine informationnel qui entretiendrait encore l’illusion d’un rapport privilégié avec une quelconque vérité ? Un retour à l’étymologie du terme « information » apparaît nécessaire. Issu du latin « informare », il signifie initialement « donner forme » à une matière. Il signale donc un pouvoir structurant, à la base de la production du savoir, une capacité organisatrice, condition sine qua non de toute connaissance…

En ce sens, il n’a pas fallu attendre l’invention des médias, ni même de l’outil, ce prolongement des membres qui repousse les limites de la puissance humaine, pour que le réel soit façonné, dupliqué, informé ou déformé. Et s’il est vrai que grâce à l’essor de la technique l’homme va progressivement « se rendre comme maître et possesseur de la nature », ainsi que le soutient Descartes, dès la fin du moyen âge, les transformations qu’il impose à cette dernière remontent à l’aube de l’humanité. Dès lors qu’il a pensé et dit la nature, l’homme a commencé à la dé-naturer. Le livre, ancêtre de nos médias modernes, a peut-être été un instrument de déformation du réel, ainsi que le prouve l’héroïne de Gustave Flaubert, dont le destin tragique est en partie dû à un décalage trop important entre les idéaux que produisent certaines fictions médiatiques et la réalité. Mais Don Quichotte n’a pas eu besoin d’abreuver de romans l’imagination d’une enfance solitaire pour forger des représentations éloignées des faits, qui le pousseront à se battre contre des moulins à vent et à vouloir ressusciter les valeurs chevaleresques.

« Homo loquens », « homo sapiens », « homo faber », l’homme est à lui seul, dans son intégralité, un medium complexe. « Homo representans », telle est probablement sa caractéristique la plus fondamentale. Ainsi que le montre Schopenhauer, notre monde est un « monde comme volonté et comme représentation »…. Cela étant admis, quel crédit accorder à des ouvrages comme La Guerre du faux, d’Umberto Eco ? Car si la vérité ainsi que la conçoit Platon, éternelle, éthérée et immuable, est une invention, alors l’est également la fausseté de la sphère matérielle et de ses images. Telle est la conclusion de Nietzsche, qui entreprit l’immense tâche de déconstruction du dualisme platonicien et des catégories logiques d’Aristote, auxquels il tenta de substituer les voiles de Maïa, une multitude de voiles qui ne fait que cacher une multitude d’autres voiles, à l’infini.

Du vrai rôle des médias, miroirs de l’homme

Dans cette perspective, il convient de se poser la question suivante : des médias ou des représentations médiatiques, lesquels ont précédé les autres ? Luttant contre une idée reçue qui voudrait que les secondes soient une conséquence des progrès technologiques, Philippe Breton montre que bien souvent, c’est l’inverse qui se produit. Les réflexions de Wiener et de Von Neumann, la pensée cybernétique et les conceptions sociales de l’ordinateur, ont précédé les inventions matérielles qui leur sont afférentes, lesquelles ont ensuite donné naissance à la société de l’information et de la communication dans laquelle nous vivons aujourd’hui (Breton, 2004).

Il faut donc peut-être reconsidérer le problème d’une pseudo déformation de la réalité, dont on aimerait imputer la faute aux médias. Ladite déformation, loin d’être le fruit passif d’avancées technologiques que l’homme ne maîtriserait pas, s’avère être, au contraire, à l’origine du développement pléthorique des médias et au centre de notre humanité. La notion même de représentation « dévoyée » (dont nous avons tenté de démontrer qu’elle ne recouvrait aucun sens puisque nulle appréhension fidèle de notre environnement ne lui préexiste), précède l’outil et l’enfante. L’outil, qu’il soit de nature médiatique ou non, est faussement conçu comme un objet de corruption qui se rendrait maître de notre destin.

Toute une littérature et une cinématographie, en effet, se plait à vouer aux gémonies les machines et le machinisme sous toutes leurs formes. De Frankenstein aux Temps modernes, et des Temps modernes à 2001, l’Odyssée de l’espace, on aimerait nous faire croire que l’homme est asservi par ses propres créations, créations qui, supplantant leur créateur, finissent par devenir autonomes et être dotées d’une « intelligence artificielle », formule pour le moins antinomique. Or, c’est l’homme qui asservit l’homme, qui s’aliène soi-même. Ses objets reflètent la perception qu’il a, ou qu’il veut avoir, de lui et de ses semblables. En ce sens, objet et sujet se confondent. L’homme crée l’outil, et l’utilise ensuite en fonction de ses besoins ou de ses envies, consciemment ou inconsciemment. Nous sommes les acteurs d’une réalité qui correspond à nos aspirations et change avec ces dernières.

Il est probable que la trop grande fidélité dont les médias témoignent vis-à-vis de notre propre nature nous pousse à les rejeter de la sorte. Ceux-ci semblent cristalliser nos phobies, exacerber nos défauts, à la façon d’un miroir grossissant. Et il n’est jamais agréable de contempler l’image de ses propres errements. Dans un même temps, ils exorcisent ces peurs et nous aident à les expulser par leurs vertus cathartiques, fonctionnant tout à la fois comme un poison et un remède. Nos médias ne forgent pas notre culture, mais ils en sont issus et véhiculent nos valeurs. Nous alimentons, dirigeons, décodons nos médias, et si les messages en apparaissent creux, semblables à des formes pures privées de contenu, il importe de se demander si notre culture actuelle n’est pas une culture de formes, voire une culture de la vacuité, en proie au nihilisme, à une perte totale de repères.

De la même manière, la saturation d’images et d’informations souvent évoquée à leur propos, et qui constitue certainement leur aspect le plus nocif pour le cerveau humain, coïncide parfaitement avec la vie moderne, la société de consommation qui est la nôtre, les rapports que nous entretenons avec un temps accéléré. Certes, la télévision bombarde les téléspectateurs de couleurs, de formes et de sons, Hong Kong peut succéder à New York en un dixième de seconde sur le petit écran, internet met en relation des individus vivant aux deux extrémités de la planète, tout s’enchaîne à une vitesse artificielle, mais notre quotidien lui aussi ressemble à une course effrénée. Nos moyens de transport nous permettent de traverser les océans en quelques heures quand il fallait des mois pour les franchir, par le passé. Et ces moyens de transport sont les produits directs de la philosophie des Lumières puis du positivisme, qui favorisèrent la révolution industrielle en instaurant une nouvelle culture scientifique, une conversion du regard, bref un nouveau « paradigme », au sens où l’entend l’épistémologue Thomas Samuel Kuhn.

Le phénomène d’auto-référenciation ne décrit donc pas un parcours allant de la machine vers la machine, mais de l’homme vers l’homme, via la machine qui matérialise nos idéaux. La preuve en est que les médias américains ne ressemblent pas tout à fait aux médias indiens, qui se différencient à leur tour des médias africains et des médias européens. Il est primordial de ne pas inverser la cause et l’effet. Bien entendu, l’effet peut à son tour devenir une cause, pris dans un mouvement circulaire où les éléments se stimulent réciproquement. Nul ne peut raisonnablement nier l’interaction homme-machine-machine-homme, qu’un auteur tel que Régis Debray met en avant dans nombre de ses ouvrages, ni le fait que nos créations puissent modifier certains de nos comportements, puisqu’ils s’intègrent dans notre environnement proche, au même titre que le climat ou les guerres, qui influencent notre humeur, nos mœurs et nos pensées. Mais il y a danger à présenter ce qui n’est qu’un feedback à travers un processus d’autonomisation où la machine agirait indépendamment de l’homme, car cela dégage ce dernier de toute responsabilité.

Le media n’est pas plus autonome que le geste, même involontaire, ne l’est du bras, ou la parole trop vite prononcée de l’humiliation produite sur un interlocuteur : simplement, l’homme ne prévoit pas la totalité des effets qu’engendrent ses actes, pour cette seule raison qu’il n’est guère omniscient, d’une part ; et que, d’autre part, il agit dans un environnement qu’il ne maîtrise que partiellement, environnement qui lui résiste et qui réagit à ses in-put (d’ailleurs, il n’est pas certain que la distinction même entre une cause et son effet ne soit pas autre chose qu’une fiction de l’esprit, une de ces catégories logiques encouragées et fortifiées par les structures grammaticales « sujet-verbe-prédicat », comme le relève Nietzsche). En ce sens, la virtualité de Second life nous en apprend davantage sur l’homme contemporain que sur nos médias.

Ce constat ne doit pas nous encourager à souscrire au relativisme, concluant, à l’instar du sophiste Protagoras, que si « l’homme est la mesure de toute chose », alors tout se vaut et tout s’équivaut. Simplement, cette prise de conscience, cette lucidité accrue doivent nous amener à prendre quelque distance vis-à-vis de ce prétendu maléfisme des médias. S’il est vrai qu’on juge l’arbre à ses fruits, alors peut-être doit-on juger l’homme à ses médias. Nous pourrions déclarer, à propos des médias, ce que Nietzsche affirmait à propos des grecs dans son ouvrage Le Gai savoir, à savoir qu’ils sont « superficiels par profondeur ». L’image, loin de se réduire à un simple paraître, révèle également, en sa surface, la nature profonde de l’être. Au lieu de condamner, de désapprouver et de fustiger, réclamons donc, à l’instar de Faust, « un masque, un autre masque, un dernier masque »…

Notes

(1) Sur cette invention platonicienne opposant être et paraître, on se reportera avec profit à l’analyse que Nietzsche en a faite, notamment dans Crépuscule des idoles, où il tente une réhabilitation des philosophies pré-socratiques en mettant en avant le caractère fallacieux de la dichotomie socratique, qui recouvre une dualité esprit / corps.

(2) A noter cependant que certaines versions du mythe divergent, et que ces divergences sont d’ailleurs très éloquentes : en effet, si certains auteurs, tels Hésiode et Platon, considèrent le processus de civilisation qui s’ensuit comme un déclin, une déperdition de bonheur et d’authenticité car il introduit une séparation par rapport aux dieux et à la nature, d’autres (Eschyle ou Démocrite, notamment), présentent le geste de Prométhée comme un acte positif, philanthropique, qui aurait tiré l’homme de conditions de vie très rudes et peu enviables. Le mythe cristallise donc à lui seul les positions ambivalentes que suscitent la technique, tour à tour perçue comme planche de salut ou découverte destructrice.

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Auteur

Céline Bryon-Portet

.: Céline Bryon-Portet est professeur de communication à l’école de l’air de Salon de Provence (13). Chercheur associé à l’Esid (UMR 5609 CNRS-Montpellier3), docteur ès lettres, titulaire d’un DEA de philosophie (Sorbonne) et d’un DESS de communication (Celsa), elle s’intéresse tout particulièrement au domaine de la communication, ainsi qu’aux questions de défense et à la sociologie militaire.