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Introduction – Colloque MEOTIC

15 Nov, 2007

Résumé

Article d’introduction inédit faisant suite à une communication au colloque MEOTIC, à l’Institut de la Communication et des Médias (Université Stendhal), les 7 et 8 mars 2007.

Pour citer cet article, utiliser la référence suivante :

Goffi Jean-Yves, «Introduction – Colloque MEOTIC», Les Enjeux de l’Information et de la Communication, n°08/2, , p. à , consulté le , [en ligne] URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2007/supplement-a/00-introduction-colloque-meotic

Introduction

On peut mesurer la fécondité d’un Colloque à la distance entre les intentions de ses organisateurs et les communications effectivement présentées le moment venu, ainsi que les discussions auxquelles elles ont donné lieu. Le risque de distorsion est d’autant plus grand lorsqu’il s’agit d’un colloque interdisciplinaire, réunissant des philosophes et des spécialistes de la communication, chacun avec ses codes, sa culture disciplinaire, ses références et ses rapports aux objets. Et d’ailleurs, quels objets ? Sans doute, si l’on adopte une position résolument irénique, pourrait-on dire que les uns et les autres ont affaire au langage. Mais cette position n’est pas loin de se réduire à une tentative pour adopter le tant décrié point de vue de Sirius. Il serait sans doute naïf de s’imaginer que les philosophes s’intéressent au langage en son essence, tandis que les spécialistes de la communication s’attachent à ses pratiques et à ses effets. S’’il y a une leçon que la situation contemporaine ne se lasse pas d’enseigner, c’est bien que de telles généralités sont sans intérêt. Au demeurant, l’intitulé du Colloque mentionnait explicitement les objets techniques et leur mode d’existence, en libre référence à l’oeuvre capitale de Gilbert Simondon. Mais ce mode d’existence a ceci de particulier qu’on cherchait à le saisir à l’ère de l’information et de la communication. Il s’agissait donc, en première intention, d’examiner les processus objectaux initiés par les TIC, pour autant qu’elles constituent l’horizon indépassable de notre époque. Mais à l’ère de la communication et de l’information, sauf à s’imaginer que certains objets bénéficient d’une sorte d’exception d’insularité, n’importe quel artefact, même le plus humble, même le moins sophistiqué – un peigne, une brouette – ,  voit soit statut modifié. Aussi, le concept même d’artefact devait, préalablement à tout le reste, examiné. Enfin, comme on ne produit pas de choses, même en régime de haute technologie, sans produire de sens ou d’interprétations, la dimension symbolique et imaginaire de toute cette affaire ne pouvait être négligée.

À lire les textes qui constituent la trace écrite du colloque MEOTIC, on a l’impression que ces objectifs ont été pour une part excédés et, pour une autre part, non réalisés. Non réalisés parce que le mode d’existence des objets techniques est aussi un mode de venue à l’existence de ceux-ci ; mode perpétuellement agissant, perpétuellement susceptible de subvertir et de déborder le discours par lequel on tente de le saisir et auquel on ne saurait assigner pour terme que l’épuisement des ressources naturelles qui le rendent possible et l’alimentent. En ce sens, donc, le dire est en retard sur le faire et la réalité a le dernier mot. Mais on sait bien également que dire c’est faire. En cet autre sens, la réalité du colloque a excédé les attentes de ses organisateurs : le caractère singulier des objets examinés, l’émergence de rapprochements inattendus, la vivacité et parfois la virulence des débats ont conduit la discussion bien au-delà de ce qui avait été initialement envisagé.

Au total, c’est à chacun d’évaluer en son propre jugement les textes qui suivent. Ils ont voulu donner à voir, dans leur caractère d’invention et d’émulation, les tentatives de philosophes et de spécialistes de la communication, s’essayant à penser ce qui est.

Auteur

Jean-Yves Goffi

.: Professeur de philosophie générale et de bioéthique au Département de Philosophie de l’UFR Sciences Humaines  de l’Université Pierre Mendès France-Grenoble 2.
Il a publié La Philosophie de la Technique (1988) et a été président de la  « Société pour la Philosophie de la technique » (1999-2004).